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Projet 226 Wood : Une autre manière de faire le cinéma au Faso est possible

rodrProduire un film tous les trois mois, c’est le challenge que s’est donné le projet 226 wood qui a été lancé il y a six mois. En ces six mois, deux films ont été produits et sont projetés dans les salles de ciné. Faire des acteurs de film les stars des films au lieu des réalisateurs est l’un des objectifs de 226 Wood qui a été monté par trois réalisateurs réunis. Radars info Burkina est allé à la rencontre d’un des trois, en l’occurrence Rakis Rodrigue Kaboré qui nous en dit davantage.

Radars info Burkina : En quoi consiste le projet 226 Wood ?

Rakis Rodrigue Kaboré : Depuis 6 mois, nous avons lancé le projet dénommé 226 Wood, qui se veut un label de production cinématographique à l’image de Hollywood ou de Nollywood. Dans ce projet, nous sommes trois qui coréalisons les films. Il y a Serges Ouédraogo encore appelé Da Costa qui est un acteur de film connu, Serges Poda qui est dans le milieu de la musique et moi-même Rakis Rodrigue Kaboré du milieu du cinéma et de la musique. Nous sommes partis de la conviction qu’ensemble nous pouvons aller très loin, car les Mossis disent que si avoir une tête c’est bien, deux ou trois têtes réunies, c’est mieux. Mais pour le moment, je suis le seul producteur car plusieurs ne croyaient pas à cette vision des choses. Et j’ai compris qu’il faut d’abord présenter quelque chose pour parvenir à convaincre les gens.

RB : Quels sont les objectifs que vous poursuivez à travers ce projet ?

RK : Le but de ce projet à travers la structure de production appelée Pub Neere, c’est de produire des films tous les trois mois. Pour six mois d’existence, nous avons déjà produit deux films à savoir : docteur folie avec Meiway artiste renommé comme acteur principal, le deuxième qui a eu du succès c’est Faso Furie. Nous nous sommes dit que si un film doit sortir tous les trois mois, il faut repartir à la base. Et la base pour nous, c’est qu’il faut que le film soit économique. Il ne doit pas poser un problème particulier dans sa gestion. De même nous nous sommes dit que l’on ne doit pas être en train d’attendre que le ministère de la Culture, un fonds de développement ou un opérateur économique nous donne de l’argent pour la production de ce film. Il faut que nous fassions au Burkina Faso des industries culturelles réelles. Pour cela, il faut que les films soient de petits budgets supportables par la structure de production Pub Neere. Nous avons fixé comme budget des films de treize à quatorze millions au lieu d’attendre des financements de plus de soixante millions. Par expérience mon dernier film m’a coûté 65% que j’ai mis du temps à récupérer. Comme stratégie nous produisons des films qui sont économiquement viables et dont la rentabilité au bout de trois mois est possible. Grâce ce projet je puis vous assurer que nous avons rouvert des salles à Sinkansé, à Bitou à Ouahigouya et le ciné Sagnon de Bobo Dioulasso et nous pensons le poursuivre pour que cela fasse tache d’huile et que d’autres emboîtent le pas, et surtout que les salles de ciné soient rouvertes.

RB : En trois mois est-ce que techniquement un film peut être produit avec toutes les garanties de qualité ?

rod 2RK : La garantie technique dont vous parlez a été un obstacle pour assez de jeunes réalisateurs car voulant démarrer la première production et être au niveau de réalisateurs comme Idrissa Ouédraogo, Gaston Kaboré, Boubacar Diallo et Sidnaaba. Ces vœux sont bien, mais ce que les gens oublient, c’est que ces réalisateurs n’ont pas commencé la production de leurs trois premiers films excellents et ce n’était pas parfait techniquement parlant. De ce fait, je n’ai pas peur des critiques, je les prends avec humilité et j’essaie d’améliorer pour la prochaine fois. Je suis conscient qu’en commençant ces productions techniquement mes films ne peuvent pas être au top, ça c’est sûr. Je suis conscient aussi que si je veux rester dans ce domaine, je suis obligé de l’améliorer. Sinon c’est le cinéphile qui va me faire disparaître.

RB : Concrètement, comment vous vous y prenez pour faire un film en trois mois ?

RK : Pour faire un film en trois mois, cela demande plusieurs sacrifices, un sacrifice des techniciens, un sacrifice des acteurs. Nous avons vu des techniciens qui sont près et croient en notre projet. A titre d’exemple nous leur avons dit que s’ils prenaient 100 mille francs par film nous ne pouvons payer que 50 mille FCFA. Et cette somme, de manière régulière sera reversée tous les trois mois et sera constante. C’est un des avantages que l’on a pu obtenir des techniciens. Au niveau des acteurs, nous avons pris certains qui sont très connus et expérimentés et d’autres qui sont jeunes nouveaux moins expérimentés. Nous les avons mis ensemble et nous voulons que dans nos films la star ne soit pas les réalisateurs mais les acteurs eux-mêmes. Le problème au Burkina Faso, c’est que les stars des films sont les réalisateurs. Sous d’autres cieux comme au Nigeria, en Inde, aux Etats-Unis ce sont les acteurs qui font le film et les réalisateurs sont dans l’ombre.

Notre manière de fonctionner, nous tournons après des répétitions n’ayant pas assez de temps nous pouvons pendre une semaine de répétition et une semaine de tournage. Autre chose qu’il faut noter, c’est que nous avons fait une entorse à la chose. Nous ne faisons pas de scénarios avec des dialogues écrits et nous laissons une liberté de 80% à l’acteur du film qui improvise ses textes avec quelques orientations que nous donnons. Ce qui fait que tous les films que vous voyez, c’est la capacité réelle de l’acteur. Pour les scénarios, nous ne nous compliquons pas la tâche. Nous nous inspirons des thèmes d’actualité, du vécu quotidien du citoyen. Nous identifions des maux sociaux que nous dénonçons avec humour dans nos films pour attirer l’attention des parents, des politiques. Par exemple, le film intitulé coup d’Etat, nous l’avons tourné dans ces conditions et en quelques semaines d’exploitation nous avons presque récupéré notre investissement.  En février nous allons tourner un film qui va sortir en mars et ainsi de suite. Si Dieu le veut et que le peuple burkinabè continue de nous soutenir en venant suivre les films, nous pensons que le projet tiendra la route.

Propos recueillis par Saâhar-Iyaon Christian Somé Békuoné