Fermeture des écoles en raison du coronavirus : Le calvaire des enseignants vacataires

vacaDepuis le 16 mars, les écoles ont été fermées au Burkina afin d'éviter la propagation du coronavirus. Mais cette mesure sanitaire prise par l’exécutif n'est pas sans conséquences, d’autant plus que certains acteurs du système éducatif comme les enseignants vacataires sont rémunérés à la tâche, pour ne pas dire à l'heure. Le moins qu’on puisse dire, c’est que ces derniers peinent à joindre les deux bouts.

Ousmane Sawadogo est professeur vacataire et dispense des cours d'anglais dans deux établissements privés de la ville de Ouagadougou. Titulaire d'une licence en anglais obtenue à l'université de Ouagadougou, c'est grâce à sa profession d'enseignant vacataire qu'il arrivait à subvenir à ses besoins. Mais depuis la fermeture des établissements scolaires décidée par le gouvernement, il vit dans l'incertitude. La suspension des activités pédagogiques, initialement prévue du 16 au 31 mars, est toujours d'actualité et le bout du tunnel ne semble pas pour tout de suite. Si jusqu'à présent il survit grâce à son dernier salaire et à quelques économies, il se demande de quoi demain sera fait. « J'essaie de rester positif, mais ce n'est pas du tout facile. Je me demande comment je pourrai continuer à subvenir à mes besoins si cette situation perdure. Mes poches se vident chaque jour un peu plus et on ne sait même pas quand les cours reprendront vraiment, d’autant plus que le nombre de personnes infectées ne cesse de croître», lâche-t-il. Même s’il apprécie positivement les mesures d'accompagnement prises par le gouvernement pour aider les couches sociales vulnérables, Ousmane Sawadogo aurait souhaité des mesures spécifiques pour lui et ses pairs enseignants vacataires, dont certains ont plusieurs bouches à nourrir.

Professeur vacataire de mathématiques, Étienne Zabré, lui, dit arriver à s'en sortir en ce temps de crise grâce aux cours à domicile qu'il dispense à deux élèves en classe d'examen. Même si le revenu qu’il en tire n’est pas aussi consistant que celui qu'il percevait mensuellement, il affirme qu'il lui permet de faire face à certains besoins élémentaires. S’agissant de la reprise des cours, qu'il espère pour bientôt, Étienne Zabré se dit tout de même préoccupé par les conditions dans lesquelles elle pourrait se faire. Pour lui, il faut prendre les dispositions nécessaires afin que les enseignants et les élèves soient à l'abri du coronavirus dans les classes. Et si ces dispositions n'existent pas, il ne sert à rien de précipiter les choses car la santé doit l’emporter sur tout.

Armelle Ouédraogo