vendredi 19 avril 2024

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Témoignage de Monseigneur Paul Ouédraogo : « Dans ses propos, tantôt, il (général Diendéré) fait corps avec les auteurs de l’arrestation des autorités, tantôt il s’en démarque », dixit le témoin

monseigneur uneIl était au ministère de la Défense nationale et des Anciens Combattants et au camp Naaba Koom II dans la nuit du 16 au 17 septembre 2015 aux côtés de la hiérarchie militaire pour trouver des solutions à la crise née de l’arrestation des autorités de la Transition par des éléments de l’ex-Régiment de sécurité présidentielle (RSP). Monseigneur Paul Ouédraogo, archevêque de Bobo-Dioulasso et président de la conférence épiscopale Burkina-Niger, était ce mercredi 06 mars 2019 à la barre pour témoigner de son vécu cette nuit-là. Sur la position du général Gilbert Diendéré au cours de ces négociations, l’homme de Dieu affirme que tantôt le père spirituel du RSP dans ses propos faisait corps avec les auteurs du coup de force contre les autorités de la Transition, tantôt, il s'en démarquait. Quoi qu’il en soit, le témoin note que l’accompagnement de l’armée dans la consommation du coup d’Etat a été demandé par le général Diendéré, mais il n’a pas eu d’officier supérieur qui l’a suivi dans son raisonnement.

Le général Gilbert Diendéré, président du Conseil national de la démocratie (CND), organe des putschistes à partir du 17 septembre 2015, est-il vraiment le manager du coup d’Etat de septembre 2015 ou a-t-il simplement assumé une décision prise en dessous de lui, c'est-à-dire par les sous-officiers et soldats du RSP ? C’est la réponse à cette question qui pourrait indiquer le niveau de responsabilité du père spirituel du RSP et les vrais auteurs du coup de force perpétré contre les autorités de la Transition. Si le général Diendéré se présente comme un médiateur qui cherchait à décanter la situation, Monseigneur Paul Ouédraogo, archevêque de Bobo-Dioulasso et président de la commission de réconciliation nationale et des réformes politiques, qui a participé dès les premières heures de l’arrestation de Michel Kafando et de ses ministres aux négociations de sortie de crise dit ne pas être en mesure de dire quelle était la position exacte du général. « Personnellement, le sentiment que j’ai eu, c’est que le général pensait qu’il n’y avait d'autre solution que d’entériner ce qui venait de se passer, en assumant une décision prise en dessous de lui, même s’il a insisté pour être accompagné par l’armée. Dans ses propos, tantôt, il fait corps avec les auteurs de l’arrestation des autorités, tantôt il s’en démarque », a-t-il expliqué.

Dans sa narration des faits, il ressort que c’est par la force des choses que le président de la conférence épiscopale Burkina-Niger s’est retrouvé comme médiateur dans cette crise du RSP qui a abouti à un coup d’Etat, car, dit-il c’est le cardinal Philippe Ouédraogo que le général Zagré, alors Chef d’état-major général des armées, souhaitait voir à cette réunion, mais il était en mission aux Etats-Unis. « A mon arrivée dans la salle, peu avant 22h, c’est le général Gilbert Diendéré qui était en train de faire le compte-rendu d’une mission qu’on lui avait confiée. Mais je l’ai entendu dire qu’il était impossible pour les gens du RSP de faire marche arrière. Ça m’a fait tiquer, je suis  alors intervenu pour dire que c’est possible que ce soit difficile, mais pas impossible, car tout dépendrait de ce qu’on leur propose et de ce qu’on met sur la table des négociations… Dans les discussions une délégation a été choisie pour rencontrer les hommes au camp Naaba Koom II pour discuter directement avec eux afin de les convaincre de libérer les otages et de laisser la Transition continuer sa marche. Le général a voulu nous devancer avec le colonel-major Kiéré pour préparer notre arrivée. J’ai été surpris et je n’ai pas apprécié cela. On a regretté par la suite qu’un petit groupe nous ait devancés, car on ne sait pas si les hommes ont été conditionnés avant notre arrivée. Nous avons alors été escortés par la suite au camp. J’étais par ailleurs heureux de l’escorte, car j’ai senti beaucoup de silhouettes armées autour.  Avant que les discussions ne commencent, le capitaine Abdoulaye Dao a pris la parole pour dire qu’il avait deux préalables avec moi : la manière dont nous avions résolu la crise de juillet 2015 n’était pas à son goût, car les éléments du RSP n’avaient pas été satisfaits ainsi que le rapport de la commission de réconciliation nationale et des réformes qui proposait la dissolution du RSP… De façon générale les hommes ont dit que le problème central, c’est l’exclusion de certains partis politiques. J’ai alors sursauté en entendant cela. Si le climat n’était pas aussi tendu, j’allais leur demander si le RSP avait des hommes qui avaient été exclus des élections, mais le climat était tel que je m’en suis abstenu », a expliqué longuement le témoin, qui affirme par ailleurs que lors de cette rencontre au fief du RSP, la délégation a subi des menaces et des propos discourtois et hautains. « Ils nous ont dit que les jeunes même s’ils viennent jusqu’à eux, avec deux grenades seulement, ils allaient finir avec eux et que nous-mêmes, ce n’était pas sûr qu’on quitte le camp vivant », a-t-il précisé.

« Le vin est tiré, il faut le boire »

De retour au ministère de la Défense, l’homme de Dieu affirme que la délégation a fait le point aux autres participants de l’échec de la mission. monseigneur 2C’est alors que le général selon le témoin leur a notifié que c’était ce blocage et ce non-retour qu’il tentait vainement de leur faire comprendre depuis le début de la rencontre. « Il faut assumer. Le vin est tiré, il faut le boire », a lancé Golf selon le témoin et le général Zagré de répliquer que depuis qu’il était à la tête des forces armées nationales, il s’évertuait à rendre l’armée plus unie et à la maintenir dans son rôle républicain et pour ce faire, il ne pouvait donc pas faire porter un chapeau du coup d’État à l’armée. La réponse du CEMGA face à ce refus de prendre la paternité du coup de force selon Monseigneur était : « Ce qu’il faut alors c’est accompagner, car si on laisse  le pouvoir entre les mains des jeunes, les exactions vont continuer ».A cela, note l’homme de Dieu, le colonel-major Traoré a insisté pour dire que l’armée ne pouvait pas assumer ni accompagner quelque chose dont elle ne connaît pas les tenants et les aboutissants. C’est alors que selon son récit, le général Diendéré a envoyé chercher un document intitulé déclaration que les hommes étaient en train de rédiger. A la lecture du document par le colonel-major Kiéré, le témoin dit avoir noté que le document était plus une proclamation qu’une déclaration, car il faisait cas de la démission du président du Faso, de la dissolution du gouvernement et du Conseil national de la Transition (CNT), représentant l’Assemblée nationale sous la transition et la mise en place d’un nouvel organe dirigeant, à savoir le Conseil national de la démocratie (CND). L’ancien président Jean-Baptiste Ouédraogo qui était le deuxième civil négociateur a alors demandé au général Diendéré selon les dires du témoin, si cela signifiait que le coup d’Etat est consommé et Golf lui aurait répondu par l’affirmative.

Le président de la conférence épiscopale Burkina-Niger à la barre s’inscrit en faux contre les déclarations  qui font état que ce sont les Sages qui, constatant la vacance du pouvoir due à l’arrestation des autorités, ont demandé au général Diendéré d’assumer. « Le pouvoir n’était pas vacant. Nous, on n’était pas habilité à prononcer la vacance du pouvoir. Pour nous, la solution était la libération des otages. La situation était électrique et j’avais l’impression que la vie des otages était en danger. Nous demandions aussi la remise en marche de la Transition », a souligné Monseigneur Ouédraogo, pour rétablir les faits tels qu’ils se sont passés selon lui.

Ces déclarations du témoin montrent que contrairement à ce que martèle le président du CND, la hiérarchie militaire ne l’a nullement accompagné dans la consommation du putsch. Des déclarations que l’accusé rejette en partie, estimant avoir travaillé à ce qu’une solution soit trouvée à la crise et c’est face au blocage qu’il a décidé avec la bénédiction des chefs militaires d’assumer le coup d’Etat, afin d’éviter le chaos.

Candys Solange Pilabré/ Yaro

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