vendredi 3 mai 2024

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Epidémie de méningite au Burkina Faso : 1 335 cas recensés, dont 91 décès

méningiteL’épidémie de méningite déclarée dans certaines régions du Burkina Faso a causé à ce jour 91 décès sur 1 335 cas recensés. La bactérie à l’origine de cette épidémie est le méningocoque C, qui sévit actuellement à Diapaga, dans la région de l’Est. Pour en savoir plus sur la méningite, sur les dispositions pratiques à prendre pour éviter la maladie ainsi que les mesures prises par l’Etat burkinabè pour faire face à l’épidémie, Radars Info Burkina (RIB) a pris langue avec Arnaud Eric Diendéré, médecin, spécialiste des maladies infectieuses et tropicales.

Radars Info Burkina : Qu’est-ce que la méningite et quelles en sont les causes ?

Arnaud Eric Diendéré : C’est une inflammation des enveloppes qui entourent le cerveau. Le cerveau est contenu dans la boîte crânienne et continue plus bas par la moelle épinière. Il y a des enveloppes protectrices du cerveau, à l’intérieur desquelles se trouve le liquide céphalorachidien. Il arrive que par des situations particulières, ces enveloppes se trouvent inflammées, endurcies et gorgées de sang.

Le plus souvent, la méningite est due à des microbes. Quand on parle de microbes, cela fait référence à des virus, des bactéries, des parasites, ainsi qu’à des champignons. Une fois que ces microbes franchissent l’enveloppe qui entoure le cerveau, cela crée la maladie. Le plus souvent, ces bactéries arrivent par les voies respiratoires. Dans les narines, il y a des bactéries et cela est normal. On peut encore inhaler ces bactéries par quelqu’un dans l’entourage qui les portent. On peut également trouver ces bactéries dans les poumons. Les paries du corps les moins fréquentes par lesquelles le microbe peut arriver au cerveau, c’est par exemple le tube digestif ou encore la peau.

RIB : Quelles sont les manifestations cliniques de la maladie ?

AED : Les manifestations sont différentes, selon qu’il s’agit d’un enfant ou d’un adulte. Le diagnostic est beaucoup plus compliqué chez l’enfant qui a moins de deux ans. D’une manière générale, un nourrisson qui pleure sans cesse, qui ne veut pas s’alimenter, qui est agité et irrité et qui a la fontanelle gonflée peut être atteint de méningite. Une fois qu’un enfant présente ces signes, il doit rapidement être consulté et pris en charge comme une méningite jusqu’à preuve du contraire. Cela parce que la méningite chez l’enfant de moins de deux ans se manifeste de manière inhabituelle, alors que c’est une urgence. Chez l’adulte, les manifestations sont beaucoup plus franches et connues. Une fois que l’adulte a des maux de tête qui, a fortiori, ne se calment pas avec du paracétamol ou du Doliprane, des vomissements faciles et sans efforts, des troubles visuels, alors cela doit interpeller l’entourage pour qu’il l’amène rapidement à l’hôpital. Une fois à l’hôpital, ce qui va alerter l’agent de santé c’est que le patient présente ce qu’on appelle une raideur de la nuque. Il ne peut pas fléchir la tête d’avant en arrière, ce qui est tout à fait normal parce que les méninges qui sont dans la tête jusqu’au dos sont devenues tellement raides que lorsque l’on veut faire un mouvement de la tête d’avant en arrière, le patient a extrêmement mal. D’autres signes beaucoup plus subtils peuvent également se présenter et conduire à un retard dans le diagnostic.

RIB : Est-ce qu’il existe plusieurs souches de méningite ?

AED : Il existe d’abord plusieurs types de microbes. A l’intérieur des bactéries, on a plusieurs types de bactéries. Il y a des bactéries qui sont plus fréquentes dans notre contexte : c’est soit le pneumocoque, soit le méningocoque, l’Haemophilus influenzae. A l’intérieur de chaque type de bactérie, il existe plusieurs souches. Le méningocoque A était celui qui était le plus fréquent au Burkina et d’une manière générale en Afrique et qui a tué le plus de personnes. Heureusement, il y a quelques années, il y a un vaccin qui est apparu et qui a permis de venir à bout de cette maladie et aujourd’hui on n’a pratiquement plus de cas. Une fois que le méningocoque A a baissé, d’autres types de maladies, donc de méningites, ont pris le dessus avec d’autres types de microbes. C’est le cas du pneumocoque mais aussi des autres types de méningocoque comme le W135 et le C qui sévit actuellement à Diapaga. Au sein d’un groupe de microbes, il y a plusieurs types de stéréotypes. Et les manifestations peuvent varier d’un microbe à l’autre. Il y a des microbes qui sont plus virulents que les autres.

RIB : Quel est l’état actuel de l’épidémie de méningite au Burkina Faso ?

AED : Selon les données qui sont rapportées par le ministère de la Santé à travers la Direction de la protection de la santé des populations, jusqu’à la semaine dernière nous avions 1 335 cas à travers le pays, dont 91 décès. Cette année, il y en a un peu plus que les années antérieures. Il y a un foyer épidémique de type C qui sévit à Diapaga. L’Etat a pris toutes les dispositions à travers une vaccination réactive, l’isolement des cas, le traitement des personnes de l’entourage, pour rapidement enrayer l’épidémie. C’est actuellement dans la zone de Sebba que nous avons une alerte. Nous ne sommes pas encore arrivés au seuil épidémique.

RIB : Quelles sont les situations à risque qui peuvent exposer à la contamination ?

AED : C’est d’abord lorsqu’on se trouve dans un milieu confiné à plusieurs, on est plus à risque d’avoir des situations épidémiques de méningite. Deuxièmement, une situation à risque ou un facteur de risque, c’est l’âge. Les enfants de moins de 5 ans et les personnes âgées qui présentent des tares médicales, notamment une drépanocytose par exemple ou d’autres types de maladies, sont exposé à une méningite, parce que la personne ne se défend déjà pas bien. Il y a également les personnes vivant avec le VIH, les drépanocytaires, les grands fumeurs, les alcooliques ; ce sont autant de situations à risque. Troisièmement, ce sont les personnes qui ont des maladies respiratoires connues déjà, à répétition. Il peut s’agir d’une allergie respiratoire, toutes les maladies de la gorge, du nez, notamment les rhinites, les sinusites aussi, qui fragilisent la muqueuse et facilitent le passage des microbes jusqu’aux méninges.

RIB :   Quelles peuvent être les conséquences de la méningite ?

AED : La première conséquence, c’est le décès. Une méningite peut rapidement se compliquer si on ne prend pas très tôt en charge le patient. Autres conséquences, ce sont les séquelles qui peuvent en découler. 10 à 30% des personnes qui ont eu une méningite peuvent s’en sortir avec des séquelles, tout étant fonction du délai de prise en charge. Sur le plan scolaire, on note également un retard intellectuel qui peut s’installer, des troubles de la parole, des troubles auditifs, qui peuvent être très variables, allant d’une baisse de l’audition jusqu’à la surdité complète ou à une baisse de la vue qui peut évoluer jusqu’à la cécité. Ces conséquences peuvent handicaper la personne le reste de sa vie. Les conséquences de cette maladie, c’est non seulement sur le plan individuel mais aussi social. C’est bien sûr le fardeau que la personne peut constituer pour sa famille et la société, d’autant plus que nous sommes dans un pays où il n’y a pas de moyens financiers en ce qui concerne les structures pouvant prendre en charge les handicapés. Sur le plan économique, lorsqu’on a un problème de santé, notamment une maladie comme la méningite, on est amené à débourser beaucoup d’argent pour le malade en espérant qu’il n’y ait pas d’autres personnes qui soient atteintes dans la famille. Sur le plan démographique, lorsqu’il y a une épidémie dans une zone et qu’on n’y prend pas garde, ça conduit à des décès et bien sûr à réduire l’espérance de vie. C’est autant de conséquences que peut avoir la maladie. 

RIB : Quelles sont les dispositions à prendre, les conseils pour éviter la maladie ?

AED : Pour éviter la maladie, d’abord il faut que toutes les personnes à risque que sont les enfants de moins de 5 ans et les personnes âgées puissent être vaccinées. C’est la toute première mesure et la plus importante. En dehors de cela, nous sommes dans un contexte où la fréquence est assez élevée, donc tout le monde doit être vacciné. La vaccination est réalisée à partir de l’âge de deux mois. Et une fois qu’on est vacciné, la durée de la validité est de 3 à 5 ans. La deuxième mesure, c’est de traiter assez précocement les personnes qui ont des infections respiratoires que sont les bronchites, les angines, les pneumonies, les sinusites, parce que c’est de là que vont les germes. Troisièmement la protection des voies respiratoires. Cet aspect est assez controversé, car on entend souvent qu’il faudrait se mettre du beurre de karité dans les narines, mais jusqu’à présent aucune étude n’a montré cela. Dans la logique de certaines personnes, lorsqu’on enduit d’un produit graisseux les muqueuses nasales, on a tendance à les rendre moins fragiles. Mais d’un autre côté, il y a certaines personnes qui disent qu’il est plus facile dans ce cas de capter les microbes et de les fixer au niveau des muqueuses nasales.  Donc c’est une pratique qui est très controversée. Mais la bonne mesure préventive, c’est que lorsqu’on a une suspicion à côté, il faut rapidement faire consulter la personne. Cela permet de prévenir tous les autres cas.

Armelle Ouédraogo

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