vendredi 19 avril 2024

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Yirgou : « Pour le moment aucun des bourreaux, qui sont les milices koglweogo, n’a été entendu », Dr Daouda Diallo

yirgLe 16 mai dernier, le Premier ministre Christophe Dabiré, dans son discours sur l’Etat de la nation, évoquant l’affaire de Yirgou, a annoncé l’audition de plus de 160 personnes. Et concernant l’enquête sur la mort du chef du village de Yirgou, il a déclaré l’enquête bouclée. Radars info Burkina a rencontré le Dr Daouda Diallo, secrétaire général du Collectif contre l’impunité et la stigmatisation des communautés (CISC), pour avoir sa lecture des informations fournies par le chef du gouvernement sur ce drame.

Radars Info Burkina (RIB) : Quelle appréciation faites-vous des informations données par le Premier ministre sur l’affaire Yirgou ?

Daouda Diallo (DD) : Nous avons suivi avec attention le discours du Premier ministre Dabiré. Concernant la situation sécuritaire à Yirgou, où il a fait cas de 160 personnes auditionnées, il faut préciser qu’il ne s’agit que des victimes et des témoins. C’est également important de souligner que du côté des bourreaux, qui sont des milices koglweogo, personne n’a été entendu jusque-là. En plus, au moment même où l’enquête se mène, sur le terrain les violences continuent. Le PM a omis de préciser tout cela dans son discours. Tenez : le 28 janvier il y a eu un enlèvement ; en février il y a eu l’assassinat de Sadou Dicko, un déplacé à Ouirguissou, par des koglweogo, les mêmes qui ont commis les tueries à Yirgou ; en avril il y a aussi eu des enlèvements sur le site des déplacés à Kelbo. C’est donc dire que les bourreaux continuent d’exercer de la violence sur les populations. Je pense que c’est important de porter ça aussi à la connaissance de l’opinion.

RIB : Vous accusez les koglweogo et vous dites qu’ils n’ont pas été entendus.  D’où tenez-vous cette information ?

DD : Nous suivons cette situation de près. Nous entretenons des rapports régulièrement avec le Procureur du Faso près le Tribunal de grande instance de Kaya, qui est en charge du dossier. Nous envoyons des équipes régulièrement vers lui pour comprendre l’évolution du dossier, à savoir : Qu’est-ce qui est fait ? Qu’est-ce qui n’est pas fait et qu’est-ce qui bloque ? Nous avons également eu un rendez-vous avec le ministre de la Justice, qui nous a expliqué l’évolution du dossier.

Ce qu’il faut apporter comme élément nouveau, c’est qu’il y a 130 suspects sérieux pour le moment qui ont été identifiés par le Procureur. Mais s’agissant de leur arrestation, le juge est aussi un peu limité. Il faut que l’autorité mette à sa disposition tous les moyens et les hommes qu’il faut pour que ces suspects sérieux soient arrêtés. Mais pour l’instant, rien n’est fait dans ce sens.

RIB : Quelle en est l’explication, selon vous ?

yirg 2DD : Le problème est qu’ils disent qu’ils ne peuvent pas arrêter les koglweogo parce que ceux-ci sont armés. Pourtant ce n’est pas un argument sérieux. C’est même très dangereux comme argument. Nous sommes dans une dynamique de lutte contre le terrorisme, ce que nous saluons d’ailleurs avec une ferme honnêteté, mais pourquoi les milices koglweogo qui donnent la mort au même titre que les terroristes à des Burkinabè ne sont pas arrêtées ? On s’interroge sur cette anomalie majeure qui entache le fonctionnement du pays. Nous sommes une OSC de veille et travaillons sur le terrain. Ainsi, nous avons l’obligation morale de donner aussi  l’information juste à l’opinion.

Nous voulons justice pour le chef du village qui a été assassiné de façon barbare ainsi que les membres de sa famille, vu que l’enquête a été bouclée. Mais pourquoi rien n’est fait pour arrêter les suspects et coupables ? Jusqu’à présent si rien n’est fait, c’est inquiétant. Pourquoi l’enquête sur un assassinat commis par des individus non identifiés (l’assassinat du chef)  a pu être bouclée tandis que les investigations sur des tueries qui ont été commises par des milices koglweogo, qui sont des gens connus, ne sont toujours pas bouclées ? Il faut se poser cette question. Qu’est-ce qui se cache derrière ? Il ne faut pas rester silencieux aujourd’hui sur cette question et croire que pareille situation tragique ne va pas se répéter. En effet, l’injustice constatée à Yirgou est à l’origine de ce qui est arrivé à Arbinda.  Prochainement ce sera où ?

RIB : Quel appel avez-vous  à lancer ?

DD : En tant secrétaire général du CISC, j’exhorte les plus hautes autorités à ne pas ignorer la question de Yirgou, à accélérer le traitement du dossier et surtout à arrêter les coupables pour que la liste des morts ne s’allonge pas. En plus, il faut une assistance humanitaire à ces populations qui étaient obligées de se déplacer et de fuir leurs bourreaux. Ces populations se sont retrouvées à Kelbo en masse. Il y a plus de 4 000 déplacés à Kelbo qui peinent à dormir, à manger et à se soigner. Pourquoi il n’y a pas d’assistance humanitaire ? C’est simplement pour une question d’insécurité. Mais on doit se donner les moyens de s’occuper des Burkinabè.

Aly Tinto (Stagiaire)

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