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Défaite des Etalons face aux Palancas Negras : « Duarte a fait un mauvais coaching dans ce match », Moussavou Bila, journaliste sportif

une étalonsLe dimanche 18 novembre 2018 à Luanda, pour le compte de la 5e journée des éliminatoires de la CAN 2019, les Etalons du Burkina Faso ont été battus par les Palancas Negras d’Angola sur le score de deux buts à un (2-1). Obligés de gagner pour demeurer dans la course, les Palancas Negras ont trouvé la faille dans le temps additionnel de la première période grâce à Mateus Galiano (45e+1). Déjà auteur d’une pareille performance face à la Mauritanie le mois dernier, l’attaquant d’Arouca a signé un doublé au retour des vestiaires (57e). La réduction du score d’Issoufou Dayo (69e) a remis les Etalons dans le match, mais les hommes de Paulo Duarte n’ont pas réussi à égaliser. Cette victoire permet aux hôtes de dépasser leurs adversaires du jour au classement de ce groupe I, dans lequel la Mauritanie est d’office qualifiée après sa victoire sur le Botswana. Dans les colonnes de Radars info Burkina, Moussavou Bila, journaliste reporter d’images, chef du desk sport de la télévision  3tv, décortique et analyse cette contre-performance de Paulo Duarte et de ses poulains. Pour lui, la responsabilité de cette défaite est imputable au coach.

Radars info Burkina : Le dimanche 18 novembre 2018, les Etalons du Burkina Faso sont tombés face aux Palancas Negras d’Angola. Ce qui compromet, du coup, les chances de qualification de Paulo Duarte et de ses hommes à la CAN 2019, car ils n’ont plus leur destin en main. Qu’est-ce qui, véritablement, n’a pas marché pour les Etalons ?

Moussavou Bila : De mon point de vue, le premier souci dans ce match, c’est le manque de réalisme des Etalons. Quand on se fait des occasions, il faut les marquer, d’autant plus qu’on a eu moins d’occasions précises ; cela, car on avait une attaque qui n’arrivait pas à donner. Malheureusement, le choix de Duarte a été posé sur un 4*3, notamment Pitroipa, Cyrille Bayala, Bertrand Traoré au devant. Malheureusement, Pitroipa et Cyrille Bayala n’étaient pas dans le match. Ce qui n’a pas permis au jeune Bertrand Traoré de combiner comme il se doit. Le match aurait pu avoir une autre tournure si le coup de Bertrand Traoré qui va sur la barre partait au fond des filets. Le deuxième point, c’est le coaching de Paulo Duarte. Quitte à être dur avec lui, il faut reconnaître que son coaching n’était pas le meilleur. Faire débuter Steve Yago sur le côté sachant qu’au regard de sa méforme, il ne peut pas jouer 90 minutes, c’est commencer le match avec un probable changement. Conséquence, vers la fin du match, il a été obligé de faire sortir Steve Yago pour Patrick Malo. Aussi, il faut savoir prendre ses responsabilités. Quand un joueur même s’il a été un grand joueur pour la sélection, lorsqu’il n’est pas dans son jour, il faut l’accepter et le faire sortir. C’était hier le cas de Pitroipa et de Razack Traoré qui ne donnaient pas et que le coach a tenu à garder. Donc pour me résumer, ce fut le manque de réalisme des étalons et ce mauvais coaching de Paulo Duarte qui ont fait que les Etalons ont mal chevauché en tombant devant les Palancas Negras d’Angola.

RIB : Vous n’êtes pas tendre avec le sélectionneur après cette défaite. Cela veut dire que pour vous, Paulo  est en partie responsable de ce mauvais résultat ?

MB : Oui, cette contre-performance est beaucoup plus imputable au sélectionneur. C’est quand les joueurs se retrouvent au pied du mur qu’on reconnaît le génie de l’entraîneur, mais dans ce match, cela n’a pas été senti. On n’a pas senti un Paulo Duarte qui maîtrise ses hommes et qui est capable à travers un système de jeu de pouvoir renverser un match. C’est vrai qu’on a encaissé deux buts, mais en tant que coach, il devait avoir les stratégies et tous les moyens pour refaire son équipe d’autant plus qu’il avait des attaquants de fixation comme Mohamed Touré qui était sur le banc de touche. Il y a une manière de pouvoir rechanger et repenser les choses quant à 15 minutes du match, vous faites rentrer un latéral à la place d’un autre latéral, on ne peut pas ne pas se poser des questions par rapport à l’entraîneur. Je ne suis pas contre la direction de Nacoulma, mais on ne devait pas le faire entrer en plein match. Bien au contraire, le jeu devait commencer avec lui et lorsqu’il se fatigue, on le remplace. On ne devait pas le faire entrer en cours de jeu dans un match aussi important que celui d’hier. Cette défaite est donc beaucoup plus imputable à l’entraîneur, qui n’a pas opéré des choix qui pouvaient apporter du punch au match.

WhatsApp Image 2018 11 19 at 16.41.22RIB : Avec cette défaite, quel scénario se dessine maintenant pour les Etalons notamment pour leur qualification à la CAN 2019 ?

MB : Une chose est sûre aujourd’hui : c’est plus facile de dire que le Burkina Faso est éliminé que de dire qu’il va se qualifier, car on dit toujours qu’on peut se qualifier lorsqu’on a son destin en main. Mais quand on n’a plus son destin en mains, il est impossible de se dire qu’on va être qualifié. Pour être au Cameroun en 2019, le Burkina doit nécessairement battre la Mauritanie et espérer aussi que le Botswana fasse courber l’échine à l’Angola. Sauf un miracle, la qualification est difficile aujourd’hui pour les Etalons.

RIB : Cette énième défaite consécutive des Etalons à l’étranger ne montre-t-elle pas à suffisance que le talon d’Achille des hommes de Paulo Duarte, ce sont les matchs en dehors du pays ?

MB : Vous savez, celui-là même qui a appris les Etalons à gagner à l’extérieur, c’est le même Paulo Duarte, mais à la fois, aujourd’hui, c’est lui qui n’arrive pas à trouver la solution. On a eu quatre matchs à l’extérieur qui n’ont pas porté de fruits. On peut donc se demander ce qui ne va pas. Mais personnellement, je pense que le véritable problème, c’est parce que nous gérons mal les matchs et le collectif. Du coup, c’est très difficile. On a remarqué que tout le temps, que sur le onze de départ à l’extérieur, il y a des changements quand il s’agit du onze de départ à Ouagadougou. Tout le temps, on se pose la question pourquoi le coach a fait, pourquoi il a fait cela sur nos différents matchs à l’extérieur. Pour donc me résumer, Duarte a fait un mauvais coaching dans ce match contre les Palancas Negras d’Angola.

RIB : Avec cette performance en dents de scie dont les Etalons font montre depuis 2013, où ils ont été vice-champions d’Afrique, est-ce que cela ne confirme pas les allégations selon lesquelles l’exploit de 2013 fut un coup de chance et non une capitalisation de l’expertise et de l’expérience ?

MB : Aujourd’hui celui qui dit que l’exploit de 2013 fut seulement un coup de chance est forcément quelqu’un qui n’a pas un regard positif sur le football. Il est impossible en football d’aller en final simplement par coup de chance. En 2013, le Burkina a été non seulement en final, mais il a proposé l’un des meilleurs footballs à cette CAN. On ne peut donc pas dire que c’était un coup de chance, même si en 2015, on a fait une mauvaise CAN. Mais en 2017, il ne faut pas oublier que les Etalons ont pris la troisième place. Le football est ainsi fait, on ne peut pas gagner tout le temps. C’est vrai qu’actuellement le Burkina est en contre-performance sur le plan collectif et individuel, mais les résultats passés sont le fruit d’un travail collectif. Aujourd’hui, on ne peut que s’en prendre à nous-mêmes. Il faut repenser cette sélection avec une nouvelle dynamique, une nouvelle façon de faire avec un coach qui doit ouvrir l’œil sur beaucoup de choses et accepter d'être dur avec certains cadres.

RIB : Qu’entendez-vous  exactement par le fait que le coach doit repenser l’équipe ?

MB : Aujourd’hui repenser les Etalons, c’est accepter que très souvent, les joueurs cadre à un moment donné peuvent ne pas être dans un match et prendre des décisions qui visent à les ménager et permettre à d’autres de pouvoir s’affirmer. Repenser l’équipe pour moi, ce n’est pas se lever et se dire que parce que Pitroipa ou Bancé a plus de trente ans, il faut systématiquement les déclasser. Pour moi, c’est de prendre des risques et de permettre à des jeunes  de bousculer ces cadres et que Duarte ait le courage et la force de ménager certains joueurs. Il ne doit pas jouer avec les noms des joueurs, mais avec leur performance. Aujourd’hui, si le coach avait eu le courage de faire sortir un Pitroipa et un Razack Traoré qui n’étaient pas dans le match, il aurait pu donner la chance à des joueurs comme Adama Guira, Ahmed Touré de pouvoir tenter leur chance en apportant de bons résultats.

RIB : Avec cette défaite, l’histoire se répète une fois de plus pour les Etalons, qui sont maintenant à des jeux de calculatrice, car n’ayant plus leur destin en mains. Croyez-vous que comme en 2017, où les Etalons étaient dos au mur, ils pourront réaliser l’exploit de la qualification ?

WhatsApp Image 2018 11 19 at 16.42.16MB : Nous sommes en football ; la qualification du Burkina en 2013, a été on se rappelle très difficile. Pour la Can 2013, il a fallu un doublé d’Alain Traoré dans les arrêts de jeu. Ce qui veut dire que tout peut encore arriver. Seulement, cette année, la grande différence, tout ne dépend pas de nous. On peut gagner, mais derrière, il faudra qu’on compte sur le Botswana qui doit contrecarrer l’Angola. On est en football, la qualification est possible, même si la probabilité de non-qualification est plus de 80%, car on n’a pas notre destin en mains. On peut croire au miracle, espérons et croisons les doigts. On est obligé de bien jouer tout en priant pour le Botswana afin que celui-ci vienne aussi à bout de l’Angola.

Propos recueillis par Candys Solange Pilabré/ Yaro