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Long-métrage « Ma parcelle ou la mort » : Une salle archicomble pour la projection inaugurale d’un film qui interpelle sur le problème foncier

maparcelle uneLes cinéphiles ont rempli la salle du Ciné Burkina le samedi 5 septembre 2020 à l’occasion de l’avant-première du tout dernier long-métrage « Ma parcelle ou la mort » du réalisateur burkinabè autodidacte Aboubacar Zida, dit Sidnaaba. Parmi les invités d’honneur il y avait le Poé Naaba et le Kamsonghin Naaba, qui représentaient le Mogho Naaba Baongho, Simon Compaoré, ainsi que le maire de l'arrondissement 12, Rasmata Compaoré.

Il était difficile de se trouver une place quelques minutes après le début de la projection du film « Ma parcelle ou la mort », femmes, hommes et jeunes ayant massivement fait le déplacement à cette salle obscure située en plein cœur de Ouaga qu'est le Ciné Burkina. Des sommités du cinéma burkinabè comme Hippolyte Wangrawa, plus connu sous le sobriquet de M'ba Bouanga, Alidou Sawadogo, dit Pagnag-dé, Moussa Sourgou, Roger Zami Guébré, encore appelé le commissaire de Tampy, ont joué dans cette fiction. Et la plupart des techniciens et des acteurs ont participé à la cérémonie inaugurale du film.

Dans « Ma parcelle ou la mort », Pagnag-dé, le chef de terre dudit patelin, décide de prendre ses distances avec M'ba Bouanga, chef du village de Zanmatenga. Il vend les terres à l’insu du chef du village à une société immobilière, déserte par la suite le village pour son nouvel immeuble dans lequel il vit désormais en cachette à Ouagadougou. Les mânes du village s’opposent au projet de la société immobilière et finissent par avoir la peau du chef de terre.

Des applaudissements nourris du public accompagnaient la projection du film.

maparcelle 2«Jean Léonard Compaoré est le parrain de cette cérémonie parce que le film parle du foncier et lui, il fut ministre de l'Habitat sous Sankara. Il a travaillé dans la transparence.  Pourquoi un film sur le foncier? L'idée est venue du Mogho Naaba Baongho. Un jour, je suis allé lui rendre visite et à mon départ il m'a suggéré de conseiller les populations au sujet de la vente accélérée des terrains. Où les enfants qu'elles sont en train de mettre au monde vont habiter ? Où ils vont travailler ? C'est une bombe à retardement. Puisqu’à la radio c'est pour un temps donné et qu’on ne peut pas toucher tout le monde,  j'ai décidé de produire un film sur ce sujet brûlant. C'est ainsi que j'ai commencé à écrire le scénario du film « Ma parcelle ou la mort ». S’il avait fallu réunir une importante somme pour ce film, je n’aurais pas pu le réaliser, car je n'ai pas d'argent pour mobiliser tous ces grands techniciens et acteurs du cinéma burkinabè. Ils ont accepté de contribuer à la réussite du film. Le phénomène de la vente des terrains dans les périphéries des grandes villes nous inquiète beaucoup. Nous nous adressons surtout à ceux qui n'ont pas encore vendu leurs terres.  C'est un film qui vise à interpeller », a expliqué le réalisateur autodidacte, Aboubacar Zida,  dit Sidnaaba.

maparcelle 3Selon le parrain, ce film est très important car « à travers l’histoire, les guerres et conflits ont été des crises de terre. Donc je pense que ce genre de film il faut qu’il soit vu, que cela soit discuté à tous les niveaux et que l’autorité elle-même s’implique pour qu’on puisse résoudre les problèmes à venir demain. Sous la Révolution, la terre appartenait à l’Etat,  qui la destinait en fonction des besoins des populations et en fonction des besoins de développement futur tout en préservant les acquis et en prévenant l’avenir. Donc sous la Révolution, personne ne pouvait se permettre de vendre ne serait-ce qu’un mètre carré de terre. C’est ainsi qu’à l’époque on avait interdit le titre foncier. Ce sont les permis urbains d’habiter, des permis d’exploiter et des permis de mise en valeur qui étaient délivrés. A l’époque, personne ne pouvait avoir plus de deux parcelles. Pour avoir une parcelle, il fallait justifier au préalable sa non-détention d’une parcelle dans la localité où on était en train de lotir. Aujourd’hui malheureusement tout cela est un peu difficile à mettre en œuvre. Pourtant la terre n’est pas extensible ; avec le temps, il y aura forcément des conflits entre les générations », a soutenu Jean Léonard Compaoré, ex-ministre de Thomas Sankara. 

Les acteurs, eux, sont contents d’avoir contribué à la réussite de ce film qui interpelle sur le problème foncier. « Le sujet est très bien. Sidnaaba a sérieusement évolué. Ses films sont de plus en plus professionnellement bons. Chapeau !», s’est réjoui Jacob Sou, acteur et réalisateur.

« Ma parcelle ou la mort » sera projeté au Ciné Burkina à partir d’aujourd’hui, lundi 7 septembre, dans la soirée et au Centre national des arts du spectacle et de l'audiovisuel (CENASA) à partir du 17 septembre.

Aly Tinto