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Entrepreneuriat culturel : « Mon père m’avait dit à l’époque que la couture était un métier de femme », Sébastien Baziemo, styliste modéliste, fondateur de la maison Sébastien Baziemo

Entrepreneuriat culturelAu Burkina Faso, l’entrepreneuriat culturel  peine à se faire une place au soleil parce que peu créateur d’emplois. Malgré ce contexte difficile, certains promoteurs culturels ont su transformer leur rêve et en faire une activité qui apporte un plus à l’économie nationale. Sont de ceux-là Sébastien Baziemo, styliste modéliste, fondateur de la maison Sébastien Baziemo, plus connu sous le nom de Bazemsé, et Wenkouni Olivia Ouédraogo, comédienne, conteuse qui sont parvenus non seulement à vivre de leur art, mais aussi à en faire profiter à d’autres personnes.

Plus connu sous le nom de Bazemsé, Sébastien Baziemo est un styliste modéliste burkinabè qui force l’admiration. Aujourd’hui fondateur de la maison Sébastien Baziemo, M. Baziemo fait ses premiers pas dans la couture dès son plus jeune âge. Déjà à l’école primaire il était un mordu de couture et, comme il le dit, «  je n’étais pas un garçon comme les autres parce qu’on trouvait toujours des coupons de tissus et des chiffons dans mon sac d’écolier. Je faisais chaque fois un tour chez le couturier pour ramasser des chiffons et des aiguilles et une fois en classe, tandis que le maître était en train de donner la leçon du jour, j’étais sous la table et je cousais des morceaux de tissus ».

C’est avec une abnégation sans faille qu’il parviendra à convaincre sa mère de l’inscrire dans une école de couture malgré l’opposition de son père qui trouvait ce métier était fait pour les femmes. « A un certain moment, j’ai dit à mes parents que je ne voulais plus continuer l’école. C’était une chose qui était très difficile pour mon père. Il aurait préféré que je fasse la mécanique car pour lui,  la couture était un métier de femme. Il s’est farouchement opposé et c’est ma mère qui a pris ma formation de couturier en charge. Elle m’a conduit chez son couturier pendant un an pour voir si ce n’était pas un caprice d’enfant. Vu ma motivation, elle a décidé de m’inscrire dans une école de couture pour une formation de trois ans. Après ma formation, j’ai commencé difficilement à m’installer à mon propre compte et c’est ma mère qui a été mon premier mannequin », raconte Sébastien.

Wenkouni Olivia Ouédraogo, comédienne, conteuse burkinabè, nous parle de son parcours de pionnière semblable à celui du styliste modéliste. « J’ai commencé en tant que conteuse autodidacte à l’âge  de 13 ans. Au début on m’a dit que l’art ne nourrissait pas son homme et qu’il fallait le  faire seulement pour la passion sans rien attendre en retour. Personnellement, j’ai lancé le défi à mes parents en leur disant que j’allais le faire l’art et même en faire un métier. Aujourd’hui, malgré ma petite carrière j’arrive à vivre de mon art et je ne dirai pas que l’art ne nourrit pas son homme ».

Parvenir à faire fonctionner une entreprise culturelle au Burkina Faso est un grand défi pour les acteurs du domaine. Après 20 ans de métier, Sébastien et Olivia ont fini par comprendre qu’il faut se faire accompagner si on souhaite asseoir une entreprise culturelle viable. Ayant bénéficié de l’appui du programme Afrique Créative, ils sont arrivés à stabiliser leurs entreprises respectives en s’entourant d’une équipe dynamique.

« Il faut dire qu’à  la base je suis créateur de mode et non chef d’entreprise. Il m’a fallu 20 ans pour savoir comment m’y prendre avec une entreprise et ce n’est pas chose aisée. Au départ, c’était moi qui gérais tout mais aujourd’hui j’ai équipe avec  qui je  travaille et maintenant je commence à être soulagé », raconte Sébastien Baziemo.

« Au début, c’était très difficile pour moi. A un moment donné,  je voulais même arrêter. En plus de cela, l’Etat ne nous facilite pas les choses. Dès que tu commences à travailler,  les services  des impôts sont à tes trousses parce qu’on te voit tous les jours à la télé et on se dit que tu as certainement beaucoup d’argent. Entre-temps je me suis même demandé s’il fallait chercher à grandir ou rester petit », s’est-il indigné.

De son côté, Olivia s’est interrogée sur le fait de son retard à comprendre la notion d’entreprise culturelle. «  A mon niveau, je me suis demandée pourquoi  c’est après 20 ans qu’on arrive à comprendre l’idée d’entreprise culturelle. Il fallait alors s’arrêter et corriger tout ce qu’on a eu à mettre en place. Aujourd’hui, j’ai une compagnie de théâtre avec laquelle je fonctionne et je fais des monologues et aussi des spectacles de salons, bien sûr avec une équipe mise en place à cet effet», conclut-elle.

Bessy François Séni