Le Conseil des ministres du mercredi 22 septembre 2021 a adopté un décret portant fixation des conditions de la fourniture locale dans le secteur minier. Ayant participé à l’élaboration de l’avant-projet soumis audit Conseil, Yves Zongo, génie mécanicien et par ailleurs président de l’Alliance des fournisseurs burkinabè de biens et services miniers (ABSM), nous explique les tenants et les aboutissants de ce décret.
« Ce décret est attendu depuis pratiquement 2003. C’est donc un grand jour pour notre secteur parce qu’avec ce texte juridique, les sociétés minières ont l’obligation, dans la chaîne d’achats, de réserver un pourcentage aux entreprises locales », s’est réjoui le ministre des Mines et des Carrières, le Dr Bachir Ismaël Ouédraogo. D'après Yves Zongo, ce décret met en commun les libertés des uns et des autres pour qu’ils sachent qu’il y a une loi, une réglementation en vigueur visant à donner de la plus-value à l’expertise nationale. Si le Burkina Faso peine à tirer profit de l’exploitation minière de son sous-sol, ce décret vient sûrement réparer ce tort. Et selon M. Zongo, ce qui va changer est très significatif. Déjà, souligne-t-il, s’il y a ce changement, c’est que les habitudes ont commencé à être différentes. Les uns et les autres ont compris que ce secteur peut propulser le pays haut dans son processus de développement. « Ce décret est une étape. C’est comme une guerre. Cette guerre ne peut être remportée que si nous continuons à gagner de petites batailles», affirme M. Zongo. Selon le ministre des Mines et des Carrières, un mécanisme tripartite qui regroupe les entreprises minières, l’administration et les fournisseurs pour suivre pas à pas ce qui est fait a été mis en place. Les mines, poursuit-il, ont l’obligation de donner leur programme d’achats pour l’année n+1.
Si ce décret promeut le transfert de compétences et de technologies au profit des nationaux, M. Zongo soutient que des Burkinabè capables, il y en a dans toute la chaîne minière. « Les Burkinabè ont un ressort terrible. Si vous cherchez les meilleurs géologues, les meilleurs métallurgistes, ceux qui sont assermentés sont nos compatriotes. Même en Australie, pour pouvoir faire une signature ou un montage de dossier pour que le dossier soit financé par la Bourse, il y a pas moins de six Burkinabè », confie notre interlocuteur. Qualifié « d’historique » par le ministre des Mines et des Carrières, ce choix « gagnant-gagnant » constituera par la suite le socle chez les Burkinabè pour être demain prestataires dans les autres pays miniers, nous dit M. Zongo. « Désormais ça va être plus historique quand nous aurons une vision étatique, une stratégie en la matière, parce que les Burkinabè auront compris que c’est un levier important pour le développement du pays », conclut M. Zongo.
Ce décret, faut-il le rappeler, vise l’application de l’article 101 de la loi n°036-2015/CNT du 26 juin 2015 portant Code minier au Burkina Faso, qui dispose que « les titulaires de titre minier ou d’autorisation ainsi que leurs sous-traitants accordent la préférence aux entreprises burkinabè pour tout contrat de prestations de services ou de fournitures de biens à des conditions équivalentes de prix, de qualité et de délais ».
Sié Mathias Kam