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Propositions de réforme du fichier électoral : « Si nous avions adopté cette réforme, nous n'aurions pas eu de soucis pour l’enrôlement des électeurs dans les 9 000 villages », Newton Ahmed Barry, président de la CENI

nab uneAu premier numéro du Club de la presse physique initié par le Centre national de presse Norbert-Zongo (CNP-NZ) le 1er août 2020, qui avait pour thème «Organisation des élections couplées de 2020 : Etat des lieux du processus électoral», Newton Ahmed Barry, président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), qui en était l’invité, a abordé la question des propositions de réforme du fichier électoral faite à son arrivée à la tête de l'institution chargée de l'organisation des élections.  Une situation qui avait en son temps occasionné une crise au sein de ladite structure.

Selon Newton Ahmed Barry, « l’une des tares de notre système d’enrôlement des électeurs est que le système actuel permet que les partis politiques contrôlent l’électorat. Ils savent comment les faire enrôler. Ce que nous proposions comme réforme échappait totalement aux partis politiques ».

Ainsi, il a d’abord proposé l’utilisation de la base de données de l’Office national d’identification (ONI), à savoir la Carte nationale d'identité burkinabè (CNIB), pour constituer le fichier électoral.

«La loi dispose que le fichier électoral doit être biométrique. Les cartes d’identité burkinabè sont biométriques. Selon les prévisions de l'Institut national de la statistique et de la démographie (INSD), depuis 2015 déjà on nous dit que nous pouvions avoir plus de 8 millions d’électeurs. En 2020 normalement nous avons 10 millions d’électeurs selon les projections de l’INSD.   Il se trouve que depuis 2012, on atteint  difficilement 5 millions d’électeurs.  Est-ce parce que les projections de l’INSD sont fausses ? La seule façon de vérifier cela, c’est d’interroger l’état civil. Or notre état civil le plus organisé aujourd’hui, c’est la base de données de la carte d’identité », a expliqué le président de la CENI.  «Quand je suis allé faire ce travail je me suis rendu compte qu’il y avait près de 8 500 000 Burkinabè qui avaient leur CNIB à jour et qui avaient 18 ans et plus. Donc normalement nous devrions au minimum avoir un ficher électoral de 8 500 000 électeurs potentiels. Alors, pourquoi on doit se fatiguer et parcourir les campagnes, dépenser chaque année 9 milliards de francs CFA pour aller recruter moins de 600 000 nouveaux électeurs?», s’est interrogé Newton Ahmed Barry.

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Toujours au titre de la mobilisation des ressources, il a fait savoir que désormais il faut prévoir pour chaque révision du fichier électoral près de 15 milliards FCFA pour l’enrôlement des Burkinabè de l’étranger. Et l’année où on change de kits, il faut prévoir entre 30 et 40 milliards FCFA.

«Le travail, simple, consistait en deux choses qui nous auraient permis d’économiser près de 35 milliards cette année. D'abord, au lieu de se faire établir chaque fois des cartes d’électeurs qui ne servent qu’une seule fois, on prend la CNIB comme carte d’électeur. Ensuite, au lieu de parcourir les campagnes, on prend la base de données de l’ONI. Mais comme on ne peut pas transvaser la base de données de l’ONI dans le fichier électoral, il fallait mettre au milieu un dispositif technique performant qui permet de satisfaire l’obligation de consentement. Comme la loi le dit, l’inscription sur le fichier électoral est volontaire.  En plus, nous avons aussi la base de la téléphonie mobile. En 2018, il y avait près de 16 millions de Burkinabè qui avaient un numéro de téléphone portable. Donc en combinant intelligemment ces données, on arrive à mettre une plateforme qui permet de faciliter l’enrôlement des électeurs », a-t-il soutenu.

En outre, dans cette réforme du fichier électoral, il avait proposé un dispositif pour extraire les morts du fichier électoral. « Selon le Code électoral, la CENI peut radier les morts. Dans chaque village, nous avons une liste. On peut trouver trois personnes-ressources à qui on va soumettre la liste du village et qui vont nous communiquer les noms des personnes décédées. Par la suite, la CENI prend la précaution de contacter les familles », a précisé M. Barry.

«Les hommes politiques aiment les situations de confort, En d'autres termes, ils sont à l’aise avec ce qui existe actuellement. Pourtant normalement un fichier électoral doit être intègre, fiable et à la disposition des élections. Autrement, on bascule dans ce qu’on appelle l’électorat captif, ce qui est un poison pour la démocratie. Les partis politiques étant surreprésentés à la CENI, naturellement il fallait s’attendre à une fronde de leurs représentants, auxquels se sont adjoints des représentants de la société civile.

Quand je faisais ces propositions, la situation sécuritaire n'était pas celle d'aujourd’hui. Si nous avions adopté cette réforme du fichier, nous n'aurions pas eu de soucis pour l’enrôlement des électeurs dans les 9 000 villages. Nous serions actuellement en train de concentrer nos efforts sur la sécurisation du vote », a-t-il conclu.

Aly Tinto