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Processus électoral : De l’efficacité des observateurs électoraux

obsv uneLes Burkinabè sont appelés aux urnes le 22 novembre prochain pour élire et le président du Faso et les députés de la 8e législature. Comme d’habitude, des observateurs électoraux sont attendus le jour du vote dans le but de participer à la crédibilisation du scrutin.  Radars Info Burkina a pris langue avec le Pr Djibrihina Ouédraogo, enseignant-chercheur en droit public dans l’objectif de savoir l’efficacité des missions d’observation électorale pour des élections crédibles et transparentes.

Des observateurs nationaux et internationaux interviennent dans les missions d’observation électorale en vue de crédibiliser les élections.  Les institutions telles la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), l’Union européenne (UE) et l’Organisation des Nations unies (ONU) déploient des observateurs. Sur le plan national, en général, certaines organisations de la société civile  vont s’engager également.

« Il faut relever le problème de recrutement des observateurs électoraux. Si ceux qui doivent aller sur le terrain pour faire les observations ne sont pas aguerris, ne maîtrisent pas les règles du contentieux, voire les règles électorales, on ne va pas atteindre l’impact souhaité », a d’abord expliqué le Pr Djibrihina Ouédraogo. 

En plus, se pose la question de la capacité de mobiliser suffisamment d’acteurs pour l’observation électorale. Selon lui, s’il n’y a pas suffisamment de délégués pour se rendre sur le terrain et observer les élections, l’impact sera faible.  «L’exemple le plus patent, ce sont les élections générales de décembre  2018 en RDC. La mission d’observation électorale de l’Eglise catholique a fait un travail incroyable. L’Eglise a mobilisé des milliers d’observateurs de sorte qu’ils étaient partout sur le territoire national », a-t-il poursuivi.

Malheureusement ici, avec le faible nombre d’observateurs, ce sont des échantillonnages qui sont faits. Pourtant l’échantillonnage n’est pas représentatif, a dit l’enseignant-chercheur.

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Pour rendre efficace le processus d’observation électorale, il faut que les délégués soient aguerris, qu’ils soient suffisamment formés  aux règles électorales. Car selon le Pr Ouédraogo, les formations qui sont faites souvent sont trop basiques et liminaires.

«Le deuxième élément est la représentativité. Il ne faut pas envoyer quelques délégués dans quelques localités qui reviendront faire un rapport pour dire que les élections étaient transparentes. J’ai envie de dire que les élections sont plutôt supervisées qu’observées », a-t-il soutenu.

Il a estimé que pour atteindre l’impact souhaité, le vrai modèle, c’est celui que l’Eglise catholique a pu faire en RDC. C’était la plus grande mission d’observation électorale présente dans le pays avec le déploiement de 41 000 observateurs sur le territoire. Mais ce modèle de l’Eglise catholique en RDC exige des moyens colossaux.

« Pour avoir ces moyens colossaux, il faut déjà une synergie  entre les différentes structures qui vont s’engager dans l’observation pour éviter un chevauchement sur le terrain. Les observateurs ne sont pas suffisamment représentatifs. Ce sont des échantillonnages qu’ils font. On peut atteindre l’impact souhaité s’il y a une synergie », a fait savoir le Pr Djibrihina Ouédraogo.

Outre ces missions d’observation, le Conseil constitutionnel envoie également des délégués pour l’observation. « Dans les rapports, le Conseil constitutionnel dit qu’il n’a pas suffisamment de moyens  pour mobiliser davantage d’observateurs. Il aurait été intéressant que le Conseil constitutionnel ait suffisamment de moyens  pour mobiliser des délégués qui pourront faire des rapports  qu’on va confronter à ceux de la CENI », a-t-il indiqué.

Enfin, il faut s’assurer que les Organisations de la société civile (OSC) accréditées  pour faire l’observation  soient crédibles. « Souvent, derrière certaines OSC, ce sont en réalité des partis politiques qui avancent masqués. Il faut s’assurer que les OSC qui enverront des observateurs soient elles-mêmes crédibles », a conclu  l’enseignant-chercheur en droit public.

Aly Tinto