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Couverture médiatique de la campagne électorale : « Il est très important que les médias terminent le travail qu’ils ont si bien commencé », Mathias Tankoano, président du CSC

maatisDébutée le 31 octobre dernier, la campagne électorale pour les élections couplées du dimanche 22 novembre prend fin ce vendredi à minuit. Radars Info Burkina a pris langue avec Mathias Tankoano, président du Conseil supérieur de la communication (CSC), pour savoir son appréciation de la couverture médiatique de cette campagne. 

Radars Info Burkina (RB) : Comment peut-on aujourd’hui envisager l’accès des candidats à la présidentielle et aux législatives aux publics ? Quelles ont été les actions menées dans le cadre de cette forme de communication politique ? 

Mathias Tankoano (MT) : Conformément à la loi, le CSC, en période électorale, veille à l’égal accès des candidats et des partis politiques aux médias publics  ainsi qu’à l’équilibre et au pluralisme, s’agissant des médias privés.

En ce qui concerne les médias publics, nous avons pris des décisions par le truchement du collège des conseillers en vue d’un passage équitable de tous les candidats à la présidentielle et de ceux en lice pour les législatives. Ainsi, pour la présidentielle nous avons eu deux passages pour chaque candidat  au niveau de la Radio télévision du Burkina (RTB) et un passage pour les partis politiques et liste d’indépendants.

Nous pouvons aussi vous assurer qu’en ce qui concerne la RTB télé, la RTB radio et le quotidien d’Etat Sidwaya, tous les candidats ont eu un traitement   égalitaire. Il est important de le souligner, car c’est là une première. Je félicite également les premiers responsables de ces médias d’Etat qui ont respecté scrupuleusement les décisions du CSC. Nous avons suivi ensemble au jour le jour l’application de cette décision. A l’heure où nous parlons, nous tirons vraiment une légitime satisfaction du bilan de la gestion de la campagne électorale par les médias d’Etat.

RB : Au-delà de certaines productions du CSC, qu’en est-il des contenus des sessions d’information ?

campain 2MT : En ce qui concerne les contenus des sessions d’information, nous avons procédé de la même façon. Tous les candidats à la présidentielle ont eu droit à 13 reportages de leurs meetings et activités. Donc au niveau de la présidentielle, tous les candidats ont eu droit au même nombre de reportages pendant les sessions d’information de la télévision et de la radio publiques. Concernant les législatives, nous avons 126 listes en compétition. Nous étions obligés donc de faire une répartition proportionnellement aux circonscriptions   électorales où ces listes se présentaient. Il y a eu des listes ou partis politiques qui ont eu droit à 6 reportages et les plus grands partis qui couvraient les 45 provinces ont eu droit à 16 reportages. Même lors des sessions d’information pendant les journaux parlés et pendant les émissions spéciales, l’équilibre a été respecté.

RB : On pourrait donc en déduire que le principal souci du CSC dans le cadre de la communication électorale réside au niveau des médias privés. Qu’en est-il précisément ?

MT : Dans l’ensemble, les médias privés ont respecté les principes de pluralisme et d’équilibre. Nous y avons veillé. Nous avons travaillé en étroite collaboration avec les faîtières des médias, ce qui nous a permis vraiment d’avoir  un tandem efficace. Cette année, nous saluons les médias privés  qui ont respecté le principe d’équilibre. Bien que les propriétaires de certains médias privés soient membres du gouvernement ou même candidats de l’opposition à la présidentielle, lesdits médias se sont conformés à la ligne tracée par le CSC. Je crois que c’est exceptionnel qu’on voie cela dans un pays. Cette manière de faire rassure sur notre processus démocratique. C’est la preuve qu’on peut et qu’on doit le consolider sur des bases et sur des principes établis et non sur des intérêts personnels. Bien sûr, il y a eu des dérapages, comme cela peut toujours arriver, mais ils ne sont pas de nature à remettre en cause le principe qui a été établi.  

RB : Parlant justement de dérapages, qu’en est-il des messages véhiculés par les candidats ?  Est-ce que ces messages transmis aux électeurs n’ont pas été par moments diffusés sur les médias burkinabè, ce qui pourrait être considéré comme des dérives ?

MT : Non. Dans l’ensemble les manquements ne concernent vraiment pas des propos tenus qui sont de nature à troubler la cohésion sociale.  S’agissant du discours politique, je vous fais une confidence : nous n’avons pas eu à censurer un seul mot des messages des candidats et des partis politiques. Cela  veut dire qu’il n’y a pas eu de volonté de tenir des propos haineux ou portant atteinte à la cohésion sociale.   

Les manquements constatés avaient plutôt trait au traitement de l’information, certains n’ayant pas pu manifestement  respecter le pluralisme ou l’équilibre. Ce sont des situations qui pourront être corrigées à l’avenir. Il y a également eu des manquements au Pacte de bonne conduite qui avait été signé par tous les acteurs.

Dans l’ensemble, nous pouvons dire que nous sommes satisfaits du contenu du discours politique que nous avons écouté et suivi cette année.

Toutefois, il reste un défi ; le plus grand d’ailleurs. En effet, il faudra que les gens respectent la « journée du silence » qu’est celle du samedi 21 novembre, d’une part, et d’autre part que dans la proclamation des résultats, les médias suivent vraiment la Commission électorale nationale indépendante (CENI). La CENI est la seule habilitée à proclamer les résultats provisoires. Cette année, cette institution proclamera les résultats provisoires commune par commue à travers les médias. Ce sont les médias qui auront la primeur de l’information. Il ne sert donc à rien que certains candidats ou leurs partisans créent la polémique en proclamant des résultats partiels ou se laissent avoir par des fake news.

Pour finir, je dirai qu’il est très important que les médias terminent le travail qu’ils ont si bien commencé.

Propos recueillis par Richard Tiéné et Aly Tinto