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Rencontre chefs d’Etat : « Il y a eu de l’amateurisme dans l’organisation » (Serge Atiana Oulon, journaliste d’investigation, écrivain)

amatrLa rencontre prévue entre l’actuel chef de la transition burkinabèPaul Henri Sandaogo Damiba, et les anciens présidents du Faso ne s’est pas passée comme prévu. En effet, sur 5 ex-chefs d’Etat invités, seuls 2 ont répondu à l’appel, les autres ayant invoqué diverses raisons pour justifier leur absence. L’entrevue a tout de même eu lieu et l’écrivain journaliste Serge Atiana Oulon estime que cela sonne comme un désaveu, un échec par rapport à ce qui avait été annoncé. Pour lui, le président de la transition a pu constater que les Burkinabè ne sont pas d’accord avec ce format de réconciliation, mais plutôt une réconciliation basée sur la vérité et la justice.

 

D’après le journaliste-écrivain Serge Atiana Oulon, il y a eu de l’amateurisme, de l’impréparation dans l’organisation de cette réunion. « Cela sonne comme un fiasco, un échec dans la mesure où on ne peut pas imaginer qu’à ce haut niveau, on organise une rencontre et qu’on se retrouve avec des gens qui font défection. On peut se demander comment on peut produire un communiqué pour annoncer une rencontre à quelque 72h sans avoir pris les précautions pour que les questions de santé ou celles administratives ne constituent pas des obstacles», a-t-il affirmé.

Le journaliste écrivain ajoute que cette rencontre a conduit à amplifier les divergences entre Burkinabè. Ceux-ci se retrouvent plus que jamais divisés et cela ne favorise pas le processus de la réconciliation. « Il y a comme une confrontation en perspective des différentes forces sociales, politiques qui s’organisent puisqu’avec ce format, on a vu les sorties médiatiques des différentes composantes de la société, notamment dans le milieu syndical, de certaines Organisations de la société civile comme le MBDHP. Au niveau des partis politiques aussi, on a vu la réaction des uns et des autres, donc on peut dire qu’on s’achemine vers une sorte de bras de fer, voire d’opposition entre différents blocs et cela n’est pas de nature à permettre d’atteindre l’objectif de réconciliation », a-t-il précisé.

« Réconciliation ne signifie pas impunité »

Pour ce qui est de la réconciliation nationale, Serge Atiana Oulon affirme que « la façon de conduire a toujours posé problème depuis plus de 20 ans puisqu’on n’est pas à la première expérience d’une réconciliation au Burkina. Il faut se rappeler la Journée nationale de pardon organisée en 2001 mais qui n’a pas permis d’apaiser les cœurs ».

C’est ce format que le président Damiba tente d’appliquer, selon le journaliste d’investigation et écrivain, et on assiste dans les autres composantes à « une organisation pour s’opposer à cette forme de réconciliation que le président Damiba tente de faire passer ».

Pour une réconciliation véritable, Serge Atiana Oulon déclare qu’il n’y a pas de recette magique et tous les acteurs sont d’accord qu’on ne peut pas enjamber l’étape de la vérité et de la justice pour aller à la réconciliation. « Le schéma tracé par le ministère de la Réconciliation sous Roch Kaboré précise que ce ne sont pas des questions d’arrangements entre hommes politiques, mais c’était une vision beaucoup plus holistique, globale pour que tout le monde puisse se retrouver, parler, avouer les fautes afin que les victimes puissent pardonner », a-t-il poursuivi.

Il fait remarquer que c’est un travail de longue haleine parce qu’il ne s’agit pas de faire un passage en force ni d’imposer les choses d’autant plus que le pardon ne se force pas. « L’Etat crée les conditions afin que les différentes parties se regardent, puissent discuter. Ce processus ne doit pas être comme un passage en force avec un agenda caché », a-t-il conclu.

 

Nafisiatou Vébama