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Insécurité : « La première chose qu’on demande à une personne désirant acquérir une arme à feu, c’est une autorisation d’achat d’arme » (Ibrahim, armurier)

Insecurite armurierLa recrudescence des attaques terroristes et des braquages donne des sueurs froides au peuple burkinabè. D’où proviennent ces armes et comment contrer ce fléau ? Ibrahim (Ndlr : Il s’agit d’un nom d’emprunt) est armurier dans la ville de Ouagadougou. Il a bien voulu se prêter à nos questions.

Vendeur d’armes depuis une trentaine d’années, Ibrahim précise que l’achat et la possession d’arme à feu nécessitent quelques autorisations. « La première chose qu’on demande à une personne désirant acquérir une arme à feu, c’est une autorisation d’achat d’arme. Si ladite personne en dispose, on lui vend l’arme qu’elle désire acheter. Si elle n’a pas d’autorisation, on lui explique la procédure à suivre pour se la procurer », détaille Ibrahim. Cette procédure, d’après ce quadragénaire aguerri dans la vente d’armes, inclut la constitution de dossiers et passe par une enquête dite de moralité effectuée par la police. « Les dossiers vont du casier judiciaire au certificat de résidence en passant par l'enquête de moralité, qui consiste à investiguer dans la vie du demandeur pour faire des recherches approfondies jusqu’à ce qu’il soit admis à recevoir l’autorisation ou que son dossier soit rejeté», ajoute notre interlocuteur du jour.

Selon lui, le problème des braquages, de plus en plus fréquents au Faso, peut être résolu si les Burkinabè sont armés et qu’ils se servent de leurs armes pour se protéger. « Un seul coup de feu peut sauver tout un quartier des braqueurs en les faisant fuir. Dans ce sens, l’armement est nécessaire. Il faut accélérer cela parce que quand X sait par exemple que Y est armé, il fait attention », dit-il. Et de préciser que « même le voleur a peur quand il entend la détonation d’un fusil et s’il sait que tu peux lui faire du mal il réfléchit par deux fois avant de t’attaquer ». Dans ce sens, il propose la création d’une police spéciale. « Il faut créer une police particulière afin que les enquêtes de moralité se fassent le plus rapidement possible et dès qu'un demandeur est déclaré apte à détenir une arme à feu, que l’autorisation lui soit délivrée afin qu'il puisse acquérir son arme ».

La réglementation en vigueur sur l’achat, le port d’arme et la vente des munitions a été revue et une loi votée à l’Assemblée nationale le 18 mai dernier vient durcir les choses. Toujours selon notre interlocuteur, le problème réside dans les exemptions de la Cedeao qui défavorisent le Burkina Faso puisqu’il (le Burkina) ne peut pas s’acheter et se faire livrer des armes comme il le souhaite. « Le gouvernement signe des autorisations d’achat d’armes pour des gens mais les exemptions de la Cedeao nous empêchent d’avoir la matière première que sont les armes pour pouvoir les vendre », explique Ibrahim. A qui la faute ? « Je ne sais pas si c’est la faute à l’Etat ou à la Cedeao, mais ces exemptions ne sont pas favorables au Burkina », clame Ibrahim.

Pouvant coûter jusqu’à 500 000 mille FCFA l’unité, les armes à feu circulent et tout porte à croire que les armuriers sont pour quelque chose dans cette situation. « Les armes qui circulent ne sont pas des armes que nous vendons. Ce sont peut-être des armes venues d’autres pays », affirme Ibrahim. « Le travail devient difficile pour nous. Notre souhait est que le gouvernement facilite la commande afin qu’on puisse avoir la marchandise et la vendre », a conclu Ibrahim.

Mathias Kam (Stagiaire)