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Avenue Kwame-Nkrumah : Ambiance nocturne d’une rue qui tente de surmonter ses traumatismes

krum uneC’était une rue très fréquentée avant janvier 2016. Cette avenue située au centre-ville de la capitale burkinabè était prisée par de nombreux burkinabè issus de la classe moyenne ainsi que des expatriés occidentaux. Mais successivement en 2016 et 2017, elle a été la cible d’attaques de groupes terroristes. Plusieurs personnes y ont perdu la vie et d’autres ont été blessées. Comme on pouvait s’y attendre, ces attaques ont eu des répercussions sur l’affluence sur cette avenue. Depuis lors, Kwame-Nkrumah tente tant bien que mal de retrouver son lustre d’avant-attaques. Radars Info Burkina a fait un tour sur la « plus belle avenue de Ouaga ».

« De nos jours, l’ambiance est timide. Kwame Nkrumah, c’était le show », affirme un habitué des lieux. Sur cette principale avenue de la capitale burkinabè qui va du rond-point des Nations unies jusqu'à l’intersection de l’avenue de l’aéroport, on aperçoit quelques personnes dans des cafés ou des restaurants. Elles y passent leur fin de soirée. Une timide fréquentation qui rend nostalgiques ceux qui fréquentent cette rue depuis belle lurette.

Tovoito Coulibaly est animateur dans une radio sise sur cette avenue. Malgré les deux attaques qu’a connues Kwame-Nkrumah, il continue d’animer ses émissions lors des tranches d’antenne qu’il assure. Selon lui, l’ambiance n’est absolument plus la même sur ce qui était appelé la «plus belle avenue de Ouaga » depuis ces attaques terroristes répétées. « La vie n’y est plus comme auparavant. Beaucoup de gens sont partis. L’un des restaurants qui était très fréquenté par des Occidentaux a même emménagé ailleurs. La peur et la psychose tenaillent encore les gens», nous a-t-il confié.

Il souligne néanmoins que tous les départs ne sont pas dus aux attaques terroristes. « Avant, on ne trouvait les boîtes de nuit, les plats occidentaux et d’autres loisirs que sur cette avenue. Mais de nos jours, dans presque tous les quartiers de la capitale il y a des restaurants, des glaciers et des boîtes de nuit qui offrent les mêmes prestations qu’ici. Ainsi, beaucoup ne voient plus la nécessité de venir jusqu’ici pour avoir accès auxdites prestations. Certaines personnes ont également déménagé parce qu’elles ont trouvé un autre local», assure-t-il.

Talato Sanogo travaille dans une boutique de prêt-à-porter située à proximité du Splendid Hôtel et du café Cappuccino, les deux principaux sites ayant été la cible d’attaques terroristes. « Kwame-Krumah est devenue nase. Depuis les attaques, la clientèle a baissé. La journée, ça va un peu. Mais  la nuit, ce n’est plus ça. A partir de 22h, les gens commencent à partir», nous informe-t-il.

Mais  cette ambiance timide sur cette rue autrefois considérée comme la plus belle et la plus animée ne décourage point ceux qui y travaillent. Certains estiment même que la baisse de l’affluence en ce lieu est due à la mauvaise communication sur la situation sécuritaire. krum 2« Les gens communiquent très mal sur la situation sécuritaire, surtout sur les réseaux sociaux. Même parmi les journalistes, il y en a qui contribuent à faire fuir les gens. En Europe par exemple, il y a eu des attentats mais les gens reviennent fréquenter leurs rues. Que ce soit au Bataclan ou ailleurs, les gens reviennent pour ne pas donner force aux terroristes», argumente Mathieu Zongo. Il ajoute : « Si vous désertez l’avenue Kwame-Nkrumah, les terroristes auront gagné. Il faut que les gens recommencent à fréquenter ce lieu. Moi, je travaille ici de 18h à 23h. Les deux attaques se sont passées en ma présence, mais je continue d’y travailler tous les soirs. Ce n’est pas facile mais je considère cela comme une forme de résistance.»

« Nous continuons tous les soirs de placer des chaises dehors avec un écran de télévision pour encourager les gens à rester. Le Cappuccino, le Splendid Hôtel et d’autres lieux sont aussi animés, même si ce n’est plus comme auparavant. Nous espérons que la situation va s’améliorer», nous dit un gérant de maquis.

Depuis les attaques contre le Splendid Hôtel et le café Cappuccino en janvier 2016 ainsi que contre le café Aziz Istanbul en août 2017, l’avenue Kwame-Nkrumah panse ses blessures. Des concerts et spectacles y sont organisés par des particuliers ainsi que les autorités municipales afin d’inciter les Ouagavillois à fréquenter de nouveau cette rue de la capitale.

L’avenue Kwame-Nkrumah, malgré l’acharnement des groupes terroristes qui l’ont tachée du sang de ses visiteurs, garde ses beaux immeubles. Plusieurs personnes continuent à la fréquenter jour et nuit et c’est une forme de résistance qui doit être soutenue. Le Dr Kwame Nkrumah, premier président du Ghana dont cette rue porte le nom, ne fut-il pas lui-même un grand résistant ? 

Péma Néya