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Semences améliorées : « Si toutes les conditions sont réunies, celui qui utilise des semences améliorées obtient environ 30% d’augmentation de sa production », Dr Saïdou Bonkoungou

menc uneAu Burkina Faso, la campagne agricole humide 2020-2021 a été lancée le vendredi 22 mai 2020. Pour faire face aux effets du changement climatique et accroître le rendement agricole national, des chercheurs ont développé des semences dites améliorées.  Radars Info Burkina a tendu son micro au Dr Saïdou Bonkoungou, chargé de recherche, chef du service Production à l’Institut de l’environnement et des recherches agricoles (INERA), pour en savoir davantage sur ces semences améliorées et leur politique de vulgarisation.  

« Globalement, quand on parle de semences améliorées, c’est comparativement aux semences traditionnelles. Mais dans notre jargon, la modification des semences comporte trois étapes. Dans un premier temps, nous améliorons la variété. Par exemple, si nous voulons améliorer une variété de maïs, nous procédons par la sélection ou l’introduction de nouveaux gènes dans la variété de départ. Mais si nous optons pour la création, alors nous croisons un parent mâle et un parent femelle dans le but d’améliorer la variété », a expliqué, pour commencer, le Dr Saïdou Bonkoungou.   

menc 3« Quand on parle d’amélioration, cela signifie qu’on souhaite avoir, par exemple, une variété de maïs jaune qui, à l’origine, était vulnérable par exemple à une maladie. Par ailleurs, cette variété de maïs peut avoir un goût spécial ou une valeur nutritive spéciale qui fait qu’on l’aime. On peut donc décider d’améliorer ladite variété de maïs pour avoir une nouvelle variété qui a le goût qu’on veut et qui, en plus, va résister aux nuisibles qui font qu’il y a des pertes de rendement.    Les ‘’enfants'', pour ainsi dire, issus de ce croisement sont appelés génération F1 », a-t-il poursuivi.   

Si lesdits « enfants » n’ont pas de maladies, alors on obtient une génération dite « hybride », laquelle est caractérisée par le goût de départ recherché ainsi que sa résistance aux maladies.

« Quand les graines issues du croisement  des hybrides sont semées, elles donnent une bonne production. Mais le hic est que si on les ressème, de nouveaux caractères vont apparaître, d'autant plus que la variété n’est pas stable. Si on continue le processus de sélection, ce n’est qu’à la septième génération qu’on pourra avoir des variétés fixes. A ce moment-là, on pourra toujours ressemer cette variété d’année en année sans trop en perdre  la valeur », a précisé le chargé de Recherche.  

« Le Barka (une variété précoce de maïs) n’est pas une semence qui a été améliorée mais une variété améliorée. Si on met au point la variété améliorée, il faudra maintenir la production de semences de façon  continuelle. L’institut ou le chercheur qui a mis en place cette variété améliorée peut être celui qui va maintenir la variété également. C’est ce qu’on appelle semence souche. A partir de la semence souche, on produit la semence de pré-base et l’année  suivante, on utilise celle-ci pour produire la semence de base », a ajouté le Dr Bonkoungou.

Selon lui, l’INERA produit et vend  la semence de base. La variété est ensuite améliorée. « Le paysan ne sème pas la semence de base. Dans les différentes étapes d’organisation de la production, il a été mis en place l’union nationale des producteurs semenciers et l’union des sociétés privées de semences améliorées. La semence de base produite à l’INERA est achetée par les acteurs de l’union pour produire la semence certifiée qui est vendue aux paysans. Des particuliers également qui ont été formés peuvent acheter la semence de base afin de la produire », a fait savoir M. Bonkoungou.

Si la variété est améliorée, il faut qu’elle soit inscrite dans le catalogue national des espèces et  variétés agricoles. On trouve la semence certifiée de toutes les cultures qui sont produites au Burkina.

A en croire le chercheur, si toutes les conditions sont réunies (fumier, engrais), celui qui utilise la semence améliorée obtient environ 30% d’augmentation de sa production, comparativement à celui qui  utilise la semence traditionnelle.

S'agissant de la vulgarisation des semences améliorées, le ministère de l’Agriculture,  parmi les méthodes qu’il utilise, dit que c’est une distribution de semences améliorées aux paysans pour les encourager à choisir les bonnes semences.  En plus, il y a l’organisation des foires aux semences de variétés améliorées.

Mais qu’est-ce qui explique la réticence de certains paysans à l’utilisation de ces semences améliorées ?

« La réticence peut être due au prix, à la méconnaissance, etc. En plus, lors des premières années de distribution des variétés par l’Etat, il y a eu des erreurs qui ont fait que certains paysans sont restés réticents. Dans le catalogue, il est indiqué que dans telle zone telle variété doit être produite. Au début de la distribution, des paysans du Yatenga, par exemple, se sont retrouvés avec des variétés qui étaient destinées à la région de l’Ouest. Ainsi, des paysans se sont retrouvés avec des variétés produisant au bout de quatre mois. Mais progressivement, ces erreurs ont été corrigées avec le temps », a conclu le Dr Bonkoungou.  

Aly Tinto