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E-Concours 2020 : Dr CONVOLBO dit ne pas savoir qui est le cadre démissionnaire en guise de protestation pour la plateforme

convolb une Joint au téléphone depuis Tokyo au Japon par Radar Info Burkina, le Dr CONVOLBO, dans les lignes qui suivent, parle de la technologie mais aussi revient sur l'idée du ministre de la Fonction publique de faire contribuer la diaspora aux projets de transformation digitale au sein de son ministère.

Radar Info : Dr CONVOLBO, pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?

Dr CONVOLBO : Je suis Wendkuuni Moïse CONVOLBO, titulaire d’un PhD en Informatique et je suis actuellement le Manager des Infrastructures Cloud et des Données chez Arm Treasure Data, une entreprise basée dans la Silicon Valley. Mes domaines de recherche sont surtout le Cloud, les Datacenters Géographiquement distribués et l’Intelligence Artificielle, domaine dans lequel j’ai des brevets d’inventions. Je suis par ailleurs Délégué au Conseil Supérieur des Burkinabè de l’Étranger au Japon.

Radar Info : Vous êtes inventeur dans le domaine de l’Intelligence Artificielle ? Parlez-nous de vos derniers brevets d’invention.

Dr CONVOLBO : Je travaille sur les algorithmes inspirés du cerveau humain pour analyser et anticiper le comportement des hommes. Particulièrement, je me spécialise dans le comportement des clients pour anticiper leurs actions. Je suis parvenu à proposer une plateforme qui prédit si un client pourrait ou pas rencontrer des difficultés sur un site e-Commerce et ce, en utilisant les données historiques des clients. Cela m’a permis non seulement de prendre place dans la communauté scientifique mais aussi de me retrouver partenaire de grandes entreprises dans le domaine des services en ligne. Ensuite, j’ai utilisé les éléments du terroir national pour faire une autre plateforme appelée “BangreNaaba” (littéralement traduit : '' Le chef de la connaissance”). BangreNaaba permet de prédire si un client qui entre dans une boutique va acheter quelque chose ou pas, juste en analysant ses premières étapes dans un service en ligne. La particularité de BangreNaaba est qu’elle n’a pas besoin de beaucoup de données pour commencer à fonctionner. Donc, même sans disposer d'informations en quantité suffisante sur un client, on arrive à prédire ses intentions. Vous pouvez l’imaginer, c’est un outil très performant dans la main des marketeurs. Avec Rakuten, mon ancienne entreprise, nous avons étendu le champ d'action de BangreNaaba pour couvrir des domaines comme la détection des fraudes, les octrois de crédit en banque, la sécurité, etc. Le 16 septembre, nous avons soumis un autre brevet aux États-Unis, mais permettez-moi de ne pas parler de cela, pour le moment (rire).

Radar Info : Justement, nous vous avons connu à Rakuten, le géant du E-Commerce au Japon et maintenant vous êtes responsable des infrastructures et des données de Arm Treasure Data. C’est vrai qu’en matière de Management, le Japon est une référence. Est-ce à dire que les grandes entreprises s'arrachent les compétences burkinabè comme des petits pains ? Peut-on dire en même temps qu’on n’est pas prophète chez soi ?

Dr CONVOLBO : (Rires) Pour la première partie de la question, je peux dire que j’ai eu la chance de m'être investi très tôt dans le domaine du Cloud. En effet, c'est dès 2009 que je me suis intéressé à la recherche sur le Grid et le Cloud. Cela a été un avantage certain quand on sait que ce n’est qu’en 2010 que le Cloud est devenu un sujet d’engouement dans les conférences avec l'entrée sur le marché de Microsoft Azure. Donc ayant bénéficié de cette expérience de première heure dans le Cloud et le Big Data, j'ai pu faire des publications portant déjà sur les Datacenters géographiquement distribués. Cette combinaison est vraiment avantageuse et définit un profil très recherché de manager technique. C’est ce qui, à l'époque, avait attiré l'attention de Rakuten sur ma modeste personne. J’ai vraiment beaucoup appris à Rakuten ; j’ai également apporté une contribution dont je reste fier. Arm Treasure Data est une autre aventure ; je m'y suis retrouvé à la tête d’une équipe répartie sur plusieurs pays. Donc le challenge est plus grand pour moi. D'autant plus que nos plateformes sont très énormes et donc difficiles à gérer. Imaginez les difficultés de gestion d’une plateforme dont un seul client peut compter pas moins de 300 milliards d'entrées de données par mois. C’est un grand défi de maintenir un tel système et de rendre les données disponibles 24heures/24, pour permettre des recherches en temps réel. Au regard de tels enjeux, je dirais plutôt que les entreprises se veulent pragmatiques et objectives et sont avant tout à la recherche de ceux qui peuvent relever les défis qu’elles ont. Si donc un Burkinabé remplit leurs critères, surtout que le burkinabè est connu pour son ardeur au travail, elles mettront tout en œuvre pour l'arracher à son premier employeur. (Rires)

Pour répondre maintenant à la deuxième partie de votre question, je dois dire sans ambages que je ne me vois pas comme prophète. En outre, nos autorités savent bien, j'en suis convaincu, que la diaspora regorge de compétences sur lesquelles le pays peut compter. Par exemple, nous avons été appelés par le ministre de la Fonction publique, le Pr Mahamadou Seni OUEDRAOGO, pour contribuer à la transformation digitale de son département. C’est une bonne vision, il faut le dire. Au-delà de ma modeste personne et de celles de tous ceux qui, depuis la diaspora, apportent leurs contributions, c’est une politique de retour des compétences qui est en marche. Donc, soyez assurés que la diaspora, dont je suis, est déjà et sera de plus en plus appelée à contribuer. Par ailleurs, vous avez raison de préciser qu'en dehors du domaine de la technologie, les Japonais sont encore connus pour leur sens élevé de responsabilité et leurs qualités managériales. C’est donc dans un tel milieu que j'ai la chance de me trouver depuis quelques années maintenant. Ce qui me vaut des acquis que je mets au profit de mon pays, à chaque fois que de besoin. Le Burkina ne mérite pas moins que le meilleur de chacun de ses filles et fils. 

convolb 2Radar Info : Faisant partie des acteurs de la transformation digitale au Pays depuis quelques années déjà, comment appréciez-vous le progrès du Numérique au Burkina ?

Dr CONVOLBO : Le numérique est vecteur de développement. Ces dernières années, il y a de l’engouement à tous les niveaux au Burkina et c’est déjà encourageant. Mais il faut aller vers des résultats tangibles. Nous ne sommes pas bien lotis en termes d’infrastructures et de connexion à internet. En matière de collecte et d'utilisation des données, nous avons aussi des efforts à faire. Vous savez, plus de 80% des données générées au Burkina ont été faites ces 2 dernières années uniquement. Ce qui veut dire qu’il y a une certaine vélocité à prendre en compte.

Mais je crois en une chose, la jeunesse burkinabè s'intéresse au numérique et semble mieux connaître ses enjeux pour le développement. Si nous vulgarisons internet, tout en prenant soin de mettre en place un écosystème de confiance, la jeunesse pourrait elle-même se prendre en charge à travers le numérique. C'était le cas à Singapour, en Inde ou actuellement en Indonésie.

Radar Info : Vous avez votre empreinte dans l’organisation des concours de la fonction publique cette année. Quel bilan faites-vous de ce processus ?

Dr CONVOLBO : Comme je l’ai déjà dit, le ministre de la Fonction publique a eu cette idée de faire appel à des Burkinabè de la diaspora, pour soutenir les efforts de son département dans un certain nombre de projets dont les concours avec composition en ligne et correction automatique et instantanée. Il faut se dire que c’est un projet audacieux, au regard de l’instabilité de la connexion internet et de la faiblesse de la couverture au niveau national, autant de facteurs qui peuvent à tout moment rendre les choses difficiles. Mais tous les pays se sont développés en réalisant des projets audacieux et en les améliorant au fur et à mesure. Le ministre fait donc preuve d'une grande clairvoyance que nous saluons. Nous ne sommes certes pas encore à l’heure du bilan, mais mon analyse personnelle de situation est que nous avons une certaine communication à faire pour expliquer les plateformes de mise en œuvre du e-Concours et les avantages de celui-ci. Les concours directs sont toujours en cours et les corrections seront automatiques, de même que pour les concours professionnels. Nous tirerons les enseignements de cette expérience et prendront en compte les critiques constructives pour avancer.

Radar Info : Nous lisons dans la presse que celui-là même qui devait assurer le suivi de la plateforme au niveau du ministère de la Fonction publique a démissionné en guise de protestation. Cela ne constitue-t-il pas une tache noire dans le processus ?

Dr CONVOLBO : A vrai dire, je ne sais quoi vous dire sur ce point. Moi aussi, j’ai lu cela dans la presse.  Je ne me souviens pas d'avoir eu des échanges avec ce cadre de la fonction publique ; encore moins, de lui avoir fait un transfert de compétence sur la plateforme. Tout au long de notre travail, le ministre nous a instruit de travailler en étroite collaboration avec les cadres de la fonction publique. Je puis vous assurer que c’est ce que nous avons fait et ils étaient vraiment disponibles. Nous avons présenté la plateforme de composition en ligne à la presse en juin en présence des cadres du ministère et des informaticiens sur place. L’article dit que ledit agent aurait démissionné en août, en guise de protestation. Je crois que s’il avait été impliqué, je m’en serais souvenu certainement. J'en conclus que la raison de sa démission pourrait être tout autre. Les compositions en ligne étaient un défi. Aujourd’hui, c’est un défi relevé et nous devons en être fiers. La rubrique 'Inscription' a connu des difficultés les premiers jours, mais tout est rentré dans l’ordre après identification et résolution du problème. J’admire la capacité du Burkinabè à interpeller à chaque fois qu’un service est en deçà de ses attentes et à demander une amélioration des choses. A chaque fois que des critiques constructives sont faites, tout le monde y gagne. Par contre, il ne faut pas se laisser aller à une critique systématique du changement, car c’est au prix de l’inconfort du changement que nous ferons ensemble bouger les lignes. Même dans les grandes entreprises, les transformations digitales ne sont pas faciles à faire. En tant que spécialiste des données, nous devons faire face, au quotidien, à des oppositions de tout genre. Cependant, on arrive à discuter et à faire avancer les choses.

Radar Info : Votre mot de la fin ?

Dr CONVOLBO : Je vous remercie pour votre initiative d’aller à la recherche de l’information juste.  Pour avoir déjà conduit divers projets de transformation digitale, j'en connais bien les difficultés. Une transformation digitale, c’est certes la transformation de la technologie, des outils, des méthodes de travail, mais c'est aussi et surtout la transformation des hommes. Dans le domaine du numérique, le Burkina pourrait jouer un grand rôle, si nous mettons l’accent sur les infrastructures et la connexion internet. Quant aux défis, j'espère voir encore plus de projets audacieux dans le numérique avec des résultats concrets et des plans d’optimisation et d'amélioration.

www.radarsburkina.net