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Filière haricot vert au Burkina : Elle a commencé à revivre grâce à la forte demande nationale 

 

haric uneEn ce mois de décembre, les marchés de légumes sont inondés de haricot vert au Burkina, surtout à Ouagadougou, la capitale. Si aujourd’hui la demande est essentiellement au niveau national, il faut relever que dans les années 80 le haricot vert faisait la fierté du Burkina Faso hors de ses frontières, précisément sur le continent européen. Radars Info Burkina a pris langue avec Seydou Eric Ouédraogo, producteur semencier-maraîcher et animateur-formateur à la Confédération paysanne du Faso (CPF), pour connaître la technique de production de cette culture et l’état de la filière.  

 Awa Kaboré est vendeuse de légumes au bord d’une artère de la ville de Ouagadougou. Sous son hangar, plusieurs plats contiennent du haricoter vert.  Elle s’approvisionne dans les marchés. Elle a acheté deux sacs de haricot vert la veille à 12 500F l’unité. Mais les prix varient selon l’abondance du produit. Pour la vente au détail, le kilogramme du haricot qui commence à se faner coûte 250F tandis que le haricot bien frais coûte 350F le kilogramme.

La culture du haricot vert au Burkina date des années 1920. « Avant, le haricot était exporté à 100%. Ce qui était trié était destiné aux animaux», a indiqué Seydou Eric Ouédraogo. Les Burkinabè n’avaient pas intégré cette culture dans leurs habitudes alimentaires.

Selon lui, les premières coopératives qui ont commencé à produire le haricot vert sont l’UCABO et la Société de coopérative du Lac Bam (La SCOO-BAM). 

haricCes coopératives livraient leurs productions à l'Union voltaïque des coopératives agricoles et maraîchères (UVOCAM) pour l’exportation vers l’Europe. UVOCAM, qui s’est lancée dans la production et l’exportation des fruits et légumes depuis 1968, est devenue par la suite Union des coopératives et maraîchers du Burkina (UCOBAM) pendant la Révolution. Par la suite, des coopératives se sont créées à Kaya, Ouahigouya, Bourzanga et Kongoussi. «Toutes ces coopératives livraient directement leurs productions à l’UCOBAM. Il y avait un planning exceptionnel. Les semis et la vente étaient planifiés. Les contrats étaient biens signés avec les partenaires européens », a expliqué le  producteur semencier.

Pour lui, en décembre   le haricot vert est beaucoup demandé.  Dans le mois de janvier le marché est saturé. La deuxième phase très intéressante est comprise entre mars et avril.

« Le Burkina était le premier producteur de haricot vert en Afrique dans les années 80. La SCOO-BAM à l’époque produisait 1000 tonnes par an pour l’exportation en Europe », a-t-il fait savoir.

haric 3La filière haricot vert prospérait. L’UCOBAM amassait des milliards de francs CFA et les coopératives obtenaient des centaines de millions. « Malheureusement c’est à ce moment-là que les vautours se sont invités dans la filière. Ce sont des gens qui sont venus créer un marché noir. Ils sont allés en France négocier des marchés de vente pourtant qu’ils ne disposent pas  de périmètres qui produisent le haricot vert », a-t-il regretté. 

Ce faisant, ces personnes partaient acheter la production à travers les coopératives qui vendaient leurs productions à UCOBAM. 

Par conséquent, le planning de vente d’UCOBAM a été bouleversé. « Quand on dit au client qu’on va lui livrer 100 tonnes en décembre, 50 en janvier, 100 en mars, on se retrouve dans l’impossibilité d’honorer cet engagement dans une telle situation », a précisé l’animateur-formateur à la CPF.

Les exportations commencent alors à stagner. Ce qui suscite la « mort de la filière ».  « Mais sous la Révolution, Thomas Sankara incitait les populations à consommer le haricot vert. Il aimait dire ‘’consommons ce que nous produisons. Si les gens ne viennent pas acheter nos produits,   nous devons les consommer’’ », a-t-il souligné.

C’est ainsi que le haricot vert est entré dans les habitudes alimentaires des populations, surtout pendant les fêtes de fin d’année.

Donc les producteurs cultivent le haricot vert maintenant pour la consommation au niveau national et la demande devient de plus en plus forte. Les principales zones de production du haricot vert sont Kongoussi, le Sourou, Ouahigouya et Kaya.

« C’était une filière porteuse du Burkina avant, et qui a commencé à revivre », a soutenu Seydou Eric Ouédraogo. On continue d’exporter le haricot vert mais en très faible quantité. L’exportation se fait encore avec une société de la place.

 En matière de techniques de production, le haricot vert est cultivable dans toutes les zones où la culture maraîchère est pratiquée. Il n’est pas adapté en saison pluvieuse. Donc l’irrigation est le système adapté.  Il faut 13 planches de 100 mètres sur un hectare.

« On doit arroser le 13e  jour après les semis. Le 14e  jour on doit sarcler. Le 35e  jour on doit faire le buttage (surélévation de terre autour du pied d’une plante). Le 45e  jour on commence à récolter. Sa production est très rapide et on peut faire 12 récoltes », a détaillé M. Ouédraogo

C’est une plante très productive. Sur un 1 hectare de production, on peut avoir un rendement de 9 tonnes.

Le haricot vert est un légume riche en micronutriments protecteurs dont la consommation est source de nombreux bénéfices pour l’organismeIl compte parmi les légumes les mieux pourvus en protéines et sa teneur en eau dépasse 90 %. Le haricot vert apporte au consommateur de la vitamine C, de la vitamine B5 qui intervient dans la performance cognitive, l’énergie, la réduction de la fatigue, un peu de provitamines A, ainsi que de la vitamine E. Il contient aussi des sels minéraux tels le potassium, le calcium et le magnésium, en concentration assez importante. On relève également la présence de nombreux oligo-éléments comme le manganèse, le zinc, le cuivre et le sélénium. En consommant régulièrement du haricot vert, il est possible de traiter naturellement le diabète de type 2 grâce à sa forte teneur en fibres et en protéines.

Aly Tinto