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 Ralentisseurs érigés sur des voies non bitumées : Gare aux abus !

ral uneLe décret n°2012-1111 du 31/12/2012 pris en Conseil des ministres fixe les normes de conception et de construction des ralentisseurs routiers de vitesse. Il précise les différents types de ralentisseurs ainsi que les modalités de construction. En dépit de cela, on constate que l’érection des ralentisseurs hors normes prend des proportions inquiétantes sur certaines routes du Burkina. Et ils sont malheureusement à l’origine de fréquents accidents.

Les ralentisseurs hors normes poussent comme des champignons sur certaines routes du Burkina, surtout celles non bitumées. Ces dispositifs communément appelés « gendarmes couchés » sont érigés illégalement par certains riverains qui ne tiennent pas compte des dimensions normales de construction, pas plus qu’ils ne prennent le soin d’implanter un panneau de signalisation pour prévenir les usagers de la route comme le prévoit le Code de la route. Selon certains usagers de la route, la prolifération anarchique des ralentisseurs serait à l’origine de graves accidents de la circulation. Ayant été témoin d’un accident de la route, Richard Balma raconte que des voies difficilement praticables à la base ont occasionné plusieurs accidents dont les séquelles restent visibles. « J’ai été témoin d’un accident à Katr-yaar il y a des mois. Quand la victime a emprunté le matin la voie, il n’y avait pas de ralentisseurs mais la nuit à son retour, elle est tombée sur un ralentisseur d’une hauteur anormale. D’abord, l’idée d’ériger des ralentisseurs sur cette voie ne respecte pas les normes, ensuite la conception de ces ralentisseurs même pose problème et enfin, la voie en question n’est pas éclairée la nuit. Et le problème, c’est que les concepteurs, qui sont le plus souvent les propriétaires des cours en bordure des voies non bitumées, se lèvent un jour, parce qu’ayant constaté l’excès de vitesse de certains élèves, et construisent de hauts ralentisseurs qui, en plus de provoquer des accidents, abîment les amortisseurs des engins », a-t-il affirmé.

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De ce témoigne l’on peut retenir que le décret portant définition des normes de conception et de construction ainsi que des conditions d’implantation et de réalisation des ralentisseurs routiers de vitesse au Burkina n’est pas véritablement mis en application dans la capitale burkinabè. Mais que disent les textes sur la construction des ralentisseurs sur les voies non bitumées ?

Selon le directeur des Infrastructures et de la Mobilité urbaine, aucun décret portant normes de conception et de construction des ralentisseurs routiers de vitesse des voies non bitumées n’a été pris jusqu’à ce jour. Toutefois, il précise que s’il y a une certaine exagération dans la construction des ralentisseurs qui pourraient occasionner des accidents, la mairie est habilitée à intervenir pour interpeller les responsables afin de faire respecter quelques normes. ral 3« Quand la construction des ralentisseurs est dangereuse et susceptible d’occasionner des accidents, la mairie vient avec la police municipale et procède à la construction de ceux-ci. Malheureusement, dès que ceux-ci ont le dos tourné, ces mêmes personnes reviennent la nuit pour reconstruire avec les insuffisances », a-t-il indiqué. Ibrahim Toé a rappelé que lui et son équipe ont plusieurs fois interpellé des constructeurs de ralentisseurs qui ne respectent pas un minimum de normes sur des voies non bitumées.

La prolifération de ces ralentisseurs sur les voies non bitumées ne serait-elle pas due en partie à la non-règlementation de la construction de ceux-ci ? Selon l’Organisation mondiale de la Santé, le Burkina Faso fait partie des 15 pays au monde où l’on meurt le plus sur la route. Selon des études réalisées par l’Office national de la sécurité routière (ONASER), en moyenne 13 personnes perdent la vie chaque jour sur les routes au Burkina et des centaines d’autres sont blessées. Parmi les facteurs de survenue des accidents de la circulation, figurent l’excès de vitesse, la conduite en état d’ébriété ou sous l’influence de substances psychoactives, le non-respect ou l’absence de dispositions de sécurité (casque, ceinture de sécurité, siège-auto pour enfants, etc.), la distraction au volant en raison de l’usage du téléphone portable, le mauvais état des infrastructures routières ainsi que le non-respect du Code de la route. Si des efforts ne sont pas consentis à divers niveaux, cette situation peu reluisante risque de s’aggraver, d’où l’urgence de la prise d’initiatives pour la prévention des accidents de la route.

Quoi qu’il en soit, chaque usager de la route, en attendant qu’un décret soit pris par les autorités, est invité à faire preuve de vigilance. Chacun doit rouler à une vitesse raisonnable sur les voies non bitumées, lesquelles sont en général déjà difficilement praticables en raison des nids-de-poule qui les parsèment et de l’action humaine sur l’environnement.

Bruno Bayala