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Assassinat Thomas Sankara et 12 autres : « Le 15 octobre 1987 était une catastrophe », dixit Philippe Ouédraogo

iprc uneLes témoins affluent à la barre des audiences du procès Thomas Sanakara et 12 compagnons, tués au Conseil de l’entente le 15 octobre 1987. Philippe Ouédraogo, ministre des Equipements et des Communications, Nongma Ernest Ouédraogo, ministre de l’Administration territoriale, et Mousbila Sankara, ambassadeur du Burkina en Libye, au moment des faits étaient tous à la barre ce lundi 29 novembre 2021 au tribunal militaire, délocalisé dans la salle des banquets de Ouaga 2000.

Selon Philippe Ouédraogo, c’est inéluctablement les divergences internes qui ont été à l’origine les évènements du 15 octobre 1987. Ce sont justement elles qui auraient éjecté son parti du CNR. « Nous avions plusieurs points de frictions avec le CNR, particulièrement avec Thomas Sanakara. Nous voulions conserver notre liberté d’appréciation et de jugement sur ce qui se passait et donner notre point de vue. Mais cette indépendance d’esprit n’était pas appréciée par tout le monde : les militaires et même les civils au sein du CNR », a-t-il indiqué. iprc 2Outre cela, il fait remarquer que Thomas Sankara foulait aux pieds les décisions prises aux différentes réunions, notamment concernant le quota de participants aux réunions. Selon le témoin, 4 jours après le 15 octobre, Blaise Compaoré l’a appelé pour lui expliquer certaines divergences qu’il y avait entre lui et le président Sankara. A ce propos, le président du Front populaire aurait mentionné le fait que Thomas Sankara voulait créer un parti unique communiste et dissoudre tous les autres partis marxistes. A en croire Philippe Ouédraogo, Blaise Compaoré lui aurait confié que le président ivoirien Félix Houphouet-Boigny lui aurait fait don de 10 millions F CFA à l’occasion de son mariage. Le président Thomas Sankara aurait décidé que cette somme soit versée dans la caisses de l’Etat burkinabè. Une proposition qui n’était pas du goût de Blaise Compaoré. iprc 3Ce dernier aurait donc proposé au président de répartir la somme en deux, c’est-à-dire une moitié pour lui et l’autre pour son épouse. Lui, Blaise, verserait sa part dans les caisses de l’Etat ; chose que le président Thomas Sankara aurait refusée. Pour le témoin Philippe Ouédraogo, le 15 octobre 1987 est « une catastrophe » pour le Burkina. Et sans ces évènements, affirme-t-il, le Burkina serait loin de nos jours car Thomas Sankara était un « vrai révolutionnaire ». A sa suite, Nongma Ernest Ouédraogo, ministre de l’Administration territoriale sous le CNR, est intervenu de façon brève sur certains points concernant la Force d’intervention du ministère de l’administration territoriale et de la sécurité (FIMATS). Mousbila Sankara a pris le relais. Ambassadeur du Burkina en Libye au moment des faits. Dans sa déposition, il a dit que c’est des Etats-Unis qu’il a appris le coup d’Etat. Il a alors appelé au Conseil de l’entente et c’est avec Blaise Compaoré qu’il s’est entretenu. Ce dernier lui aurait dit : « On nous a eus, j'ai été débordé » et même qu'il lui a demandé de rester à son poste d'ambassadeur et de lui venir en aide en armement. « Ce qui me fait mal, c'est que j'ai été naïf. Moi, je croyais que c'était la révolution qui continuait. J'ai fait venir des armes de la Libye pour aider Blaise. J'ai su pour son manège quand ils sont allés attaquer le BIA à Koudougou », affirme ce témoin. C'est après ces événements qu'il a rendu sa démission de son poste d’ambassadeur. Mais aussitôt rentré au pays, il est arrêté et incarcéré 2 ans durant, soit de 1987 à 1989, à la gendarmerie nationale sur ordre de Mori Aldiouma Jean Pierre Palm. S'ensuivirent tortures et autres sévices corporels. Il est ensuite relaxé mais du 23 décembre 1989 au 7 avril 1989, il sera de nouveau détenu, cette fois-ci au Conseil de l'entente sur ordre de Gilbert Diendéré. Selon lui, il lui était reproché un soutien à Boukary Kaboré "le lion".

Après sa déposition, l'audience a été suspendue et reprend le mardi 30 novembre avec les questions des différentes parties.

Sié Mathias Kam