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Défis sécuritaires au Burkina Faso : «Si tu luttes contre un fou et que tu veux gagner, il te faut devenir un peu fou aussi» Boukari Ouoba, rédacteur en chef du bimensuel «Mutations»

convenn uneL'année 2021 a été très difficile pour le Pays des hommes intègres, surtout sur le plan sécuritaire. Selon des chiffres officiels, le Burkina Faso compte environ un million quatre cent mille déplacés internes du fait des attaques terroristes. Le président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, a pris des engagements pour lutter contre ce phénomène que connaît le pays depuis plus de 6 ans et des mesures ont été prises dans ce sens.  Cependant, les attaques terroristes persistent. Radars Info Burkina s'est entretenu avec Boukari Ouoba, analyste politique  et rédacteur en chef du bimensuel «Mutations». Pour lui, pour avoir la victoire il faut faire la guerre.

Le Burkina Faso a décrété plusieurs deuils nationaux en 2021 du fait des attaques terroristes. Pour Boukari Ouoba, le pays a connu trois faits marquants l'année dernière sur le plan sécuritaire. Il s'agit respectivement des attaques de Solhan, d'Inata et de Titao, le VDP Soumaïla Ganamé alias Ladji Yoro et une quarantaine de civils ayant péri au cours d’une embuscade terroriste  dans la dernière attaque citée. D’après le journaliste d'investigation, si l'on veut inverser la tendance de 2021,  il faut changer de méthode. «Je veux dire simplement que ça fait six ans que nous ne faisons pas la guerre. Nous ne faisons que nous défendre ; en vérité, nous ne faisons que subir. Si on continue avec cette drôle de guerre, chaque nouvelle année sera plus meurtrière que la précédente malheureusement parce que les terroristes y prennent goût et à la limite ça les  amuse», a-t-il déclaré.

convenn 2Selon lui, la seule  chose à faire, c'est de faire la guerre franchement et ouvertement, c'est-à-dire attaquer,  aller traquer les terroristes où ils sont. «Nous savons tous où ils sont parce que nous ne sommes plus en 2016-2018 où ils se cachaient. Depuis un moment, ceux qui nous attaquent ne sont pas cachés. Et ce n'est pas un terrorisme invincible parce que ces terroristes sont particulièrement peureux et même très peureux face à la mort. Le vrai terrorisme, c'est celui des kamikazes, ceux-là qui n'ont pas peur de mourir. Un terroriste qui a peur de mourir ne doit pas nous faire peur», a-t-il soutenu. Certes des changements sont intervenus au sein du commandement militaire, mais cela ne suffit pas, et  ce n'est pas que les hommes qu'il faut changer, tout ou presque doit changer, a-t-il ajouté.

convenn 3«Le Président du Faso a fait fort en annonçant carrément un changement de paradigme. Malheureusement plusieurs semaines après cette annonce, on ne voit pas les signes d'un tel changement. Il faut aller au-delà du changement d'hommes. On chante chaque fois que nous sommes dans une guerre asymétrique, une guerre non conventionnelle. Si on est vraiment conscient de la nature de la guerre, nous devons nous-mêmes sortir de nos stratégies et tactiques symétriques, en finir avec le ‘’conventionnalisme’’. Si tu luttes contre un fou et que tu veux gagner, il te faut devenir un peu fou aussi. Si tu restes attaché à la raison, tu risques de ne pas t'en sortir. Donc ce qu'il nous faut, ce n'est pas tant le changement d’hommes ; c'est plutôt de nous adapter à la guerre telle qu'elle nous est imposée», foi de Boukari Ouoba.

Barthélémy Paul Tindano