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Cireur de chaussures : Une activité qui nourrit son homme

cirage uneLa situation socio-économique du Burkina pousse beaucoup de jeunes burkinabè à l'aventure, à la recherche de la pitance quotidienne. Si dans certaines communes c'est le travail d'orpailleur ou de maçon qui est beaucoup pratiqué, dans la ville de Ouagadougou, ce sont plutôt des métiers comme celui de cireur qui ont le vent en poupe.

Le métier de cireur n'est plus réservé aux jeunes étudiants en quête de revenus quotidiens pendant les congés ou les vacances. Plusieurs jeunes ruraux « venus se chercher en ville », comme on dit couramment, ont aussi décidé d’opter pour cette activité. C'est le cas de Mohamed Zampou, jeune élève de 14 ans qui s’est retrouvé à Ouagadougou depuis 2021 après l’obtention de son Certificat d’études primaires (CEP), et d’Abdoul Salam Kora ainsi que de Sambo Nana, deux adultes. Le premier cité, que nous avons rencontré le mercredi 8 juin 2022 à Ouagadougou, portait en bandoulière un sac à dos contenant son matériel de travail, notamment des boîtes de cirage de marques Kiwi et Lude, des brosses, un chiffon, un bidon contenant du savon liquide et un petit tabouret. Il était habillé d'un tee-shirt noir fleuri, d'un pantalon noir et de baskets kaki. L’air serein, l’adolescent nous raconte qu’il a dû quitter son village pour venir chercher un emploi à Ouagadougou, sur ordre de son père. C’est ainsi, nous confie-t-il, qu’il s’est lancé dans le cirage de chaussures grâce au soutien financier de sa mère qui a financé l’achat du matériel (à hauteur de 3 000 FCFA) pour qu’il puisse commencer.

cirage 2Le coût du cirage d’une paire de chaussures est de 100 FCFA et Mohamed nous a avoué faire une recette journalière moyenne de 2 000 FCFA, soit un gain mensuel de l’ordre de 60 000 FCFA. Vivant avec sa sœur, il arrive à mettre un peu d’argent de côté afin de pouvoir honorer plus tard ses frais de scolarité car, nous a-t-il dit, c’est par manque de moyens financiers qu’il a dû arrêter ses études.

Quant à Abdoul Salam Kora et Sambo Nana, les deux autres cireurs avec lesquels nous avons échangé, ils nous ont affirmé qu’en ce qui les concerne, le marché est morose et la vie chère ne leur facilite pas les choses. Par exemple, le pinceau pour le cirage qu’ils achetaient auparavant à 100 FCFA est passé à 200 et celui qui coûtait 200 F leur est vendu à présent à 300 FCFA. cirage 3La boîte à cirer de marque Kiwi qui était à 400 F est passée à 500 FCFA. Et les deux hommes d’ajouter que les clients ne se bousculent plus pour faire cirer leurs pompes. « Avant je pouvais avoir 30 paires de chaussures à cirer par jour mais aujourd'hui, je suis à 15 », nous dit Nana. Kora, lui, déclare être passé de 20 chaussures à 10, voire 5 par jour.

Comme c’est le cas dans toute activité, ces personnes rencontrent des difficultés dans l'exercice de leur métier. A ce propos, le jeune Mohamed cite comme problème l'appréciation des clients. « Souvent, il y a des clients qui estiment que le travail n'a pas été bien fait parce que, selon eux, la chaussure doit bien briller après cirage. Or, cela est lié parfois à la qualité de ladite chaussure et non à ma manière de cirer », explique-t-il. Mais ces difficultés ne sauraient constituer un frein au travail du jeune Mohamed car il s’est fixé un objectif : faire des économies afin de pouvoir reprendre le chemin de l’école. Pour ce qui est des deux adultes, la rareté des clients et la cherté du matériel de travail constituent leurs difficultés majeures. Mais ils caressent l'espoir de meilleurs lendemains.

Flora Sanou