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Mendicité à Ouagadougou : Le petit Amadou rêve de devenir menuisier

enfant mendiantOuagadougou est une ville où la mendicité est très développée. Si ceux qui font la manche sont remarquables par leur nombre, les motifs qui les ont conduits à la mendicité sont divers. Comme Amadou, nombreux sont ceux que la crise sécuritaire a poussés dans cette situation, ayant été dépouillés de toutes leurs richesses, y compris leurs terres. Radars Info Burkina s’est entretenu avec Amadou, ce petit bonhomme qui veut tenter le tout pour le tout afin de mettre fin à sa situation de mendiant.

Enfant mendiant à Ouagadougou, Amadou est arrivé de Dori avec ses parents, tous poussés par la crise sécuritaire qui sévit dans le Sahel. Lui et ses mamans sont tous les jours postés à des feux tricolores, où ils font la manche auprès des passants, chose qui leur permettrait d’assurer leur ration quotidienne. Et cette pratique, Amadou, ses mères et d’autres personnes dans la même situation s’y adonnent depuis plus de deux ans. Le sort semble donc s’acharner sur eux. « A quand la fin de cette routine quotidienne qui n’a que trop duré ?» s’interroge le petit bonhomme, âgé d’environ 13 ans ?

Si aujourd’hui le jeune homme sait très bien pratiquer la mendicité aux abords des voies, au début ce ne fut pas facile. « On avait honte au début. On ne voulait pas se résoudre à mendier dans la rue auprès des passants. On n’a pas appris à le faire parce qu’on n’était pas musulmans au départ », confie le jeune garçon qui admet qu’ils n’ont pas eu le choix, tant lui que ses mamans. C’était la seule issue de survie qui s’offrait à eux. « Ce qui nous a donné du courage, c’est le fait que personne ne nous connaissait à Ouagadougou. On se disait à quoi bon avoir honte devant une personne avec qui l’on ne partage aucune familiarité », soutient-il.

Si Amadou est obligé de mendier aujourd’hui pour survivre, il avait pourtant foi en un avenir radieux. En effet, l’adolescent était écolier dans un village de la province de l’Oudalan. Selon lui, tout se passait bien et l’école lui réussissait. C’est en 2018 que le cauchemar d’Amadou débutera. Tout son village a été contraint à la fuite par les terroristes qui s’étaient rendus maîtres des lieux. Et c’est ainsi qu’Amadou et sa famille trouvèrent refuge dans la ville de Dori. Trouver à manger étant devenu difficile, lui et ses parents prirent le chemin de Ouagadougou en décembre 2020. Arrivés dans la capitale, ils s’installent d’abord à Bendogo puis à Kalgondé chez un imam du quartier. C’est de Kalgondé qu’Amadou et d’autres enfants, accompagnés parfois de leurs mères, vont de feu tricolore en feu tricolore pour pratiquer la mendicité. Une situation qu’ils avaient pensée éphémère dans l’espoir que l’armée burkinabè réussisse à inverser rapidement la tendance et les réinstalle chez eux. Mais cela semble peine perdue pour Amadou, qui au fil des années a constaté que le mal continue de gagner du terrain, et se rapproche même de Ouagadougou.

Mais comme dit le dit un adage, même quand tout semble perdu, l’espoir, lui, demeure. Malgré la situation difficile, qui semble devenir le sort qu’il va devoir accepter, Amadou ne compte pas finir dans la mendicité. « Certains se complaisent ici, mais moi, cette situation me déplaît » s’insurge-t-il. Et de poursuivre : « Auparavant, même si les récoltes n’avaient pas été bonnes, nous on avait toujours à manger, on avait du lait de temps à autre ». Ce qui relevait du devoir des parents, à savoir se démener pour apporter à manger en famille, est devenu aussi l’affaire de ces enfants, qui sont traumatisés lorsque la moisson n’a pas été bonne la journée. Amadou, pour sa part, a déjà entrepris des démarches auprès d’un patron menuisier en vue d’apprendre la menuiserie. « J’ai déjà pris contact avec un patron menuisier qui est prêt à m’engager comme apprenti. Ma mère est d’accord. Grâce à ce métier, je pourrai dire adieu à la mendicité en 2023. Et si la guerre finit un jour, je pourrai continuer la menuiserie à Gorom », a-t-il confié.

Etienne Lankoandé