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Soins dans les centres de santé au Burkina : le témoignage d’un habitant de Manga

décès mangaDans le rapport 2018 du Réseau national de lutte anti-corruption (REN-LAC), la corruption au sein des centres de santé a été décriée. Selon ce rapport, certains agents détournent l’argent des frais de consultation des patients et les produits destinés aux enfants et aux femmes enceintes dans le cadre de la gratuité des soins. Nous avons rencontré un habitant de Manga, Amado Dipama, qui a nous a fait un témoignage sur les conditions de décès de sa femme.

« Je me suis rendu au Centre médical avec antenne chirurgicale (CMA) de Manga avec ma femme enceinte le 29 octobre 2018. Les agents de santé m’ont fait comprendre que nous devions d’abord aller au Centre de santé et de promotion sociale (CSPS) et que c’étaient aux agents de santé là-bas de juger de la nécessité ou non de nous référer à leur niveau. Après plusieurs vaines interventions pour que ma femme soit auscultée, nous sommes donc allés au CSPS. Arrivés, ils m’ont remis une ordonnance. Mais les produits manquaient au dépôt pharmaceutique du CSPS. Un des agents de santé traitant m’a alors dit qu’il pouvait me fournir les produits que je cherchais.  Comme j’étais préoccupé par la santé de ma femme, je lui ai dit de venir administrer les produits. Après les soins, il m’a appelé dans son bureau pour que je règle la facture qui s’élevait à sept mille francs CFA et sans reçu.

 Le lendemain, ils m’ont fait comprendre que ma femme s’était évanouie et qu’on devait l’évacuer à Ouagadougou, à l’hôpital de district de Bogodogo. Quand nous y sommes arrivés, nous avons été reçus  et le lendemain de son accouchement, mon épouse est décédée. Je pense que si nous avions été reçus au CMA les premières heures, cette malheureuse situation n’allait pas se produire. Ce que j’ai constaté au niveau du CSPS, c’est que les agents de santé du jour ne maîtrisaient pas leur travail. Ils étaient en majorité des stagiaires et avant chaque acte, ils passaient des appels téléphoniques pour recevoir des instructions.  Pire, ils nous ont vendu des produits qu’eux-mêmes ont prescrits. Je doute beaucoup de la pertinence de ces produits. Je voudrais interpeller le ministre de la Santé sur cette question de hiérarchisation des centres de santé et sur celle de la prise en charge gratuite des femmes enceintes et des enfants. Il doit être plus regardant sur le traitement réservé aux patients car il y a des infirmiers et des médecins qui font du commerce dans les centres de santé.

Saâhar-Iyaon Christian Somé Békuoné