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Bio au Burkina : consommons burkinabè certes, mais consommons surtout sain

bio une« Produisons et consommons burkinabè », telle est la célèbre maxime du père de la révolution burkinabè, Thomas Sankara, qui était d’ailleurs en vogue à cette période de l’histoire politique de notre pays. Mais il reste qu’une chose est de produire burkinabè et une autre est de manger sain. En effet, la conséquence directe de l’utilisation accrue des pesticides dans les champs et jardins potagers est la mise sur le marché de légumes et fruits qui ne sont pas toujours propres à la consommation au détriment du   bio, qui souffre de certains préjugés.

« Le bio, c’est pour les riches » ; « le bio, ça coûte cher » ; « les OGM ne tuent pas les Africains », ce sont autant d’affirmations qu’il n’est pas rare d’entendre. Pourtant, loin d’être un luxe, le bio est même une nécessité vitale. « J’ai plusieurs clients qui viennent prendre des condiments bio sur recommandation de leur  médecin, soit parce qu’ils ont un début de cancer, soit pour suivre un régime alimentaire après une intervention chirurgicale », nous confie Mme Sawadogo, promotrice de l’agrobiologie. 

De l’avis de Mme  Ouédraogo, ménagère, l’accessibilité et la disponibilité du bio seraient le frein au développement de ce type de culture. « Nous voulons bien consommer du bio, mais on ne peut pas le faire régulièrement parce que ce n’est pas disponible sur tous les marchés, sans compter que le coût est élevé », déplore-t-elle. Un point de vue que partage Mme Ilboudo, vendeuse de condiments, qui déclare : « Souvent quand tu vas pour t’approvisionner en bio, il n’y en pas en quantité suffisante alors que la demande en matière de légumes est assez élevée. En plus, quand tu en prends, les clients ne sont pas toujours satisfaits, ils disent que c’est petit et laissent  cela au profit du non-bio ».

bio 2Selon la promotrice Sawadogo,  le bio est accessible à tous, mais c’est surtout les consommateurs qui le refusent, parce que le producteur produit en fonction de la demande. « Vous avez par exemple les oignons bio qui sont très souvent de petite taille. Ils se vendent très difficilement sur le marché, parce que le consommateur préfère ceux qui sont gros et beaux », explique-t-elle. Cependant, le constat est que de plus en plus de  Burkinabè s’intéressent aux légumes bio.  « Quand j’ai commencé à vendre les légumes et fruits bio, 90% de mes clients étaient des expatriés et les 10% étaient des Burkinabè qui ont déjà vécu à l’extérieur. Mais actuellement, je peux dire que cela a tendance à changer parce que les gens viennent chercher l’information, ils ne se basent pas sur des préjugés pour dire que le bio est cher. Donc je peux dire qu’il y a une prise de conscience », souligne Mme Sawadogo.

bio 3Toutefois, peu nombreux sont les Burkinabè en mesure de faire la part des choses entre les légumes bio et les organismes génétiquement modifiés (OGM). De façon générale, on peut définir l'agriculture biologique comme un mode de production qui trouve son originalité dans le recours à des pratiques culturales et d’élevage soucieuses du respect des équilibres naturels. Un produit issu de l'agriculture biologique est soit un produit agricole, soit une denrée alimentaire. Le mode de production exclut l'usage des produits chimiques de synthèse, des OGM et limite l'emploi d'intrants (produits apportés aux terres et aux cultures comme les engrais, les insecticides chimiques, etc.).

 

Edwige Sanou