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Soutenance en génie civil : Ibrahima Coulibaly « passe au tamis » le sable de rivière et celui de carrière

coulbSi la plupart d’entre nous savent que le sable fait partie des agrégats dont l’utilisation est quasi indispensable en matière de construction, beaucoup ignorent en revanche que deux types de sable sont généralement utilisés sur les chantiers : le sable de carrière et le sable de rivière. Y a-t-il une différence entre les deux ? Lequel de ces types de sable est le plus approprié en matière de construction dans une ville comme Ouagadougou ? Existe-t-il une période propice pour avoir du sable de qualité ? Après avoir mené une « étude comparative entre le sable de carrière et le sable de rivière », Ibrahima Coulibaly, en fin d’études d’ingénieur de conception en génie civil, a apporté des éléments de réponse aux interrogations susmentionnées, lors de la soutenance de son mémoire, le mercredi 9 août 2023 à Ouagadougou.

C’est devant un jury de trois membres qu’Ibrahima Coulibaly a défendu les résultats de son travail de recherche. Selon lui, c’est au regard de la récurrence des effondrements de bâtiments au Burkina Faso qu’il a décidé de mener des recherches scientifiques pour en connaître les causes. Ainsi, il révèle que ces effondrements sont dus, entre autres, à « la convergence massive des agrégats (sable de rivière, sable concassé) dans la capitale (Ouagadougou) et à la mauvaise utilisation de ces agrégats due à l’absence d’essais en laboratoire, à la méconnaissance de la technique dans la construction ou à un défaut de mise en œuvre, ainsi qu’au non-respect des prescriptions techniques et du cahier des charges ».

De ce fait, la nécessité de prélever des échantillons de sable dans différentes villes et carrières du pays (Manga, Tenkodogo, Dakola et Kongoussi), de les analyser et d’interpréter les résultats s’est imposée à lui. Et selon les résultats de cette analyse, précise M. Coulibaly, il existe une différence entre le sable de carrière et le sable de rivière.

« Le sable de carrière est obtenu par le broyage des granulats (granites) dans les carrières (centrales) à l’aide d’un dispositif de machine et acheminé dans les villes par des camions bennes, tandis que le sable de rivière est un dépôt de faible masse qui, charrié par la rivière, s’enterre sur le fond et les berges du cours d’eau, se recouvre de limons, de terre végétale puis est récolté. Il est composé d’argile et l’argile facilite la mise en œuvre du béton sans en altérer la résistance. Mais cette argile est quasiment absente du sable concassé », a-t-expliqué. 

C’est pourquoi il est parvenu à la conclusion que du sable contenant de l’argile dans des proportions qui permettent de faciliter la mise en œuvre du béton tout en garantissant la résistance souhaitée est un sable naturel de qualité. En outre, s’appuyant sur les résultats des essais réalisés au Laboratoire national du bâtiment et des travaux publics (LNBTP) sur le prélèvement des échantillons de sable, leur analyse et leur interprétation, il a affirmé que le sable provenant de Dakola présente des caractéristiques techniques plus satisfaisantes.

En sus, la meilleure période indiquée pour avoir un sable de qualité est « la sortie de la saison pluvieuse (septembre, octobre et novembre) », a-t-il déclaré, précisant qu’à ce moment-là, « l’eau de pluie a pu entraîner les grains de sable disloqués vers les lits des rivières en quantité et en qualité »

Avant de conclure son exposé scientifique, M. Coulibaly a fait des propositions pour des bâtiments et des ouvrages de qualité. Il s’agit de : faire respecter pendant l’exécution des travaux les CPT (Cahiers des prescriptions techniques) issus des études pour la réalisation des travaux ; employer des techniciens qualifiés (directeurs des travaux, contrôleur, chef d’équipe, maçonss, ferrailleurs…) pour l’exécution des travaux ; confier le contrôle, pendant la réalisation des travaux, à des contrôleurs et/ou des bureaux d’études chevronnés et rigoureux puis faire respecter le planning d’exécution lors du déroulement des travaux.

Par ailleurs, à ceux qui veulent construire, il conseille d’avoir le réflexe de se référer toujours au Laboratoire national du bâtiment et des travaux publics (LNBTP) afin d’obtenir des résultats sur différents essais (sol, agrégats, fer, ciment, sable, béton…) qui leur permettront d’avoir un bâtiment très résistant, d’être à jour sur le plan administratif (authenticité des papiers de la parcelle, en règle vis-à-vis des impôts), de se procurer du matériel adéquat et adapté aux conditions du terrain (camion, bétonnière, vitrière)  et d’utiliser une main-d’œuvre qualifiée (ingénieurs et techniciens qualifiés et expérimentés).

Le travail de recherche du désormais ingénieur de conception en génie civil, qui a été hautement apprécié par le jury, a reçu la note de 17/20.

Flora Sanou