Promotion de paix et de cohésion sociale : L’Association des femmes scientifiques du Burkina veulent panser les blessures des femmes et filles victimes des conflits armés et les convertir en artisanes et actrices de Paix
L’Association des femmes scientifiques du Burkina (AFSCIB), en collaboration avec la direction générale de la promotion de la femme et du genre, ainsi que l’Institut national des sciences des sociétés (INSS), ont procédé au lancement officiel d’un projet dénommé « Promotion de l'approche Cercle de Paix pour la transformation des conflits pour un meilleur enracinement de la paix, de la cohésion sociale et du vivre-ensemble au Burkina Faso ». C’était au cours d’un atelier présidé par le ministre de l’Enseignement Supérieur, de la recherche et de l’innovation, représenté par son conseiller technique Dr Habib Ahmed Djiga, ce vendredi 14 février 2025, à Ouagadougou.
La finalité du projet est de contribuer à la consolidation de la paix et au renforcement de la résilience des communautés.
De l’avis de la coordonnatrice du projet, Dr GUE Julienne, les femmes et les filles des localités touchées par l'insécurité subissent des agressions sex-uelles lors des attaques terr0ristes. Dans ce contexte, l'accès des survivantes à une prise en charge appropriée est crucial pour leur restauration physique, psychologique, sociale et économique. Cependant, le système de prise en charge des vi@lences s6xuelles fait face à de nombreux défis grandissants, comme la réticence des survivantes elles-mêmes, à solliciter les services de prise en charge face aux risques de frustrations, de non-respect de la confidentialité, de représailles et de la stigmatisation sociale.
Aussi, une faible prise en charge psychosociale et médicale dû à une faible disponibilité des ressources surtout humaines et financières, des infrastructures, occasionnent un manque de kits de premiers soins sanitaires dans de nombreux centres de santé.
Face à cette situation, l’association des femmes scientifiques du Burkina s’engage à disséminer les « cercles de paix » dans les régions du Nord et du Centre-Nord du Burkina, en réhabilitant et en relevant le moral des femmes et filles déplacées internes, victimes de vi@ls. L'approche permet de panser les blessures et de convertir les femmes et filles victimes, en artisanes et actrices de Paix.
L ’approche cercle de paix est une initiative centrée sur l’individu et le groupe, notamment sur les femmes et les filles victimes (directes ou indirectes) des conflits armés. Elle est basée sur la communication (échanges/dialogues intra-personnels, intra-intercommunautaires) pour l’accroissement d’un sentiment de confiance en soi et aux autres.
Concrètement, c’est un outil qui permet de panser les blessures des femmes, de les aider à surmonter ce qu’elles ont vécu en termes de vi@ls, de sévices, de façon à les transformer elles-mêmes, en actrices, artisanes de paix, qu’elles soient le cheval de bataille dans la sensibilisation, la conviction des autres femmes blessées, meurtries, à accepter de pardonner et à surmonter la douleur. », dira la Coordonnatrice Dr GUE.
Selon l’AFSCIB porteuse du projet, 24 femmes du ministère du genre et d’organisations féminines de la société civile ont déjà été formées. Et les premières évaluations ont montré des « effets très positifs en matière de pansement des blessures, d’apaisement des cœurs des victimes, de leur transformation pour un réinvestissement en tant qu’actrices de promotion de la paix et de la cohésion sociale. »
Donc, la finalité du projet est de contribuer à la consolidation de la paix et au renforcement de la résilience des communautés par la mobilisation du leadership des femmes. « Nous pensons que c’est un outil qui permet d’opérationnaliser toute action qui vise le relèvement ou la réhabilitation morale d’une femme ou d’une fille blessée », a soutenu Dr GUE.
Dr Habib Ahmed Djiga, représentant le ministre de l'Enseignement supérieur de la recherche et de l'innovation, indique que la contribution des femmes à la promotion de la paix est un élément important dans le contexte actuel du Burkina, puisqu'il n'est pas possible de vouloir résoudre un conflit, sans impliquer la cohésion sociale et le vivre ensemble.
Pour lui, le projet s’inscrit en droite ligne avec la mise en œuvre du plan d’action pour la stabilisation et le développement en matière de renforcement de la cohésion sociale.
De ce fait, il a invité les femmes à un engagement patriotique qui doit se « reposer sur la recherche du savoir et la recherche des connaissances, une approche basée sur des légalités mais qui doit aussi mettre en avant, la volonté de tout un chacun pour non seulement assurer la cohésion sociale, mais aussi permettre d’avoir une paix durable dans notre pays ».
Le projet sera mis en œuvre sur une période de trois ans. Le Budget alloué est de 29 millions de FCFA grâce à l’appui technique et financier du Fonds national de la recherche et de l’innovation pour le développement (FONRID). À termes, l’AFSCIB souhaite couvrir toutes les treize régions du Burkina et compte de ce fait, sur l’appui financier d’autres partenaires pour y parvenir. Pour l’heure, le projet s’applique aux femmes, mais à l’avenir, l’approche sera également adaptée à la prise en charge psychologique des hommes victimes de sévices, a annoncé la Coordonnatrice.
Flora Sanou