samedi 12 octobre 2024

pcl 2Dans plusieurs quartiers de la ville de Ouagadougou, après avoir fait le tour de nombreux supermarchés et boutiques, nous avons constaté dans les rayons de la plupart une quasi-absence du sucre de la Société nouvelle Société sucrière de la Comoé (SN Sosuco). Quelles en sont les raisons ? Non sans avoir effectué une incursion dans les locaux de la SN Sosuco pour mieux comprendre les raisons de cette pénurie, nous avons rencontré quelques commerçants mais aussi des consommateurs.

Ils sont certainement nombreux, ces Burkinabè qui ont constaté le manque du sucre Sosuco et s’interrogent sur les raisons de cette ‘’disparition’’.  

En effet, depuis le mois d’avril 2023, le sucre de la Société nouvelle Société sucrière de la Comoé (SN Sosuco) commençait à se faire rare dans les boutiques et supermarchés à Ouagadougou. Depuis trois à quatre mois, ce produit a pratiquement disparu. Les commerçants justifient cela par son indisponibilité au niveau de la société.

Issouf Sebego, commerçant à Kamsaontinga (secteur 53 de Ouagadougou), indique qu’il y a véritablement un manque du sucre Sosuco. « Il y a rupture depuis plus de trois mois. Les clients viennent en demander à chaque fois mais repartent bredouilles et ça me fait mal parce que c’est de l’argent qui s’en va. Mais on nous a fait comprendre que le sucre serait disponible à partir du mois d’octobre et j’espère que ça va être le cas », a-t-il affirmé.

Julien Ouédraogo, commerçant également, confirme que « le sucre Sosuco est introuvable sur le marché ». « J’ai cherché en vain ce sucre. Il n’y en a plus », a-t-il indiqué.

« Dans mon quartier à Karpala (ex-secteur 30 de Ouagadougou), j'en cherche en vain parce que je ne veux surtout pas consommer du sucre importé », a déclaré Marina Bognini qui confie en avoir cherché par l’intermédiaire d’une amie depuis Banfora mais le sucre est indisponible. Pcl une« La société a-t-elle arrêté d’en produire ? » s’est-elle interrogée.

Jules Ouédraogo, citoyen lambda, lui soutient que cette situation pourrait être due au fait que la demande dépasse l’offre. Et il espère que les choses vont rentrer dans l’ordre pour satisfaire tous les consommateurs.

Par ailleurs, même les produits qui sont disponibles ne sont pas accessibles à tous du point de vue de leurs coûts élevés, en l'occurrence le savon Citec. En effet, la boule qui était autrefois vendue à 225 F est à 300 ou 325 FCFA aujourd'hui et celle de 350 F est vendu au prix unitaire de 450 ou 500 FCFA, selon les boutiques que nous avons visitées. Pourtant, les prix sont réglementés.

pcl 3Le gouvernement encourage et prône la consommation des produits locaux mais comment les Burkinabè peuvent-ils consommer les produits « made in Burkina » si ceux-ci ne sont pas en permanence disponibles sur le marché ?

De ce fait, les autorités compétentes sont interpellées pour d’une part promouvoir une production des produits locaux en quantité et en qualité et d’autre part veiller au respect des prix par la réglementation sur le marché pour le bonheur de la population.

Flora Sanou

aadengueL’épidémie de dengue qui sévit en ce moment au Burkina Faso est une tueuse silencieuse. Les chiffres officiels annoncés par les autorités sont bien loin de la réalité (8 355 cas suspects dont 3 335 probables et 31 décès.) Des raisons conjoncturelles ou liées à une méconnaissance des signes de cette infection virale causée par un moustique sont des terreaux favorables à sa propagation. Généralement confondue au paludisme dont l’agent vecteur est l’anophèle femelle, la dengue est une maladie transmise par un moustique appelé « tigre » qui pique les êtres humains le jour. Il faut toutefois admettre que des efforts, en matière de communication, sont faits en vue de sensibiliser les populations à cette maladie et aux dispositions à prendre pour l’éviter. Atteints de dengue, de nombreux Burkinabè continuent de suivre un traitement antipaludique. Cette automédication est le plus souvent liée au coût du test de diagnostic de la dengue, qui est de l’ordre de 7 000 F dans les centres de santé publique et atteint, voire dépasse, 10 000 F dans certains services sanitaires privés. Pourtant, le test de diagnostic rapide du paludisme est gratuit. Dans un pays où le Salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG) est estimé à 45 000 F (NDLR, entré en vigueur le 1er juillet 2023), le citoyen lambda peut-il avoir le courage de se présenter dans un dispensaire ou une clinique pour se faire une idée du type de mal qui lui donne des maux de tête intempestifs, des courbatures terrifiantes ou une effroyable fièvre ? La plupart du temps, il déduit hâtivement qu’il s’agit des symptômes du paludisme et, sans le savoir ou le vouloir, dégrade sa santé déjà précaire. L’Etat ne peut pas tout prendre en charge dans un contexte où les urgences sont incommensurables. Par contre, en subventionnant le test de diagnostic de la dengue, les autorités sanitaires donneraient un coup de pouce aux citoyens qui sauront exactement de quoi ils souffrent et se soumettront à un traitement approprié. Sous-estimer le coût élevé du test dengue pourrait avoir des conséquences dramatiques sur la santé des populations.

www.radarsburkina.net

ppier uneAu Burkina Faso, chercher une maison à louer se fait avec l'aide d’un démarcheur moyennant une somme de 2000 F comme frais de déplacement. Cependant l’acquisition de la maison est conditionnée par le paiement d’un certain nombre de frais par le locataire parmi lesquels une commission équivalant auparavant à 50% du loyer. Mais de nos jours, tout locataire doit payer auprès du démarcheur, comme frais de commission, l’équivalent d’un mois entier de loyer. En plus de cela, il doit verser deux mois de caution et deux mois de loyer au bailleur. Pourquoi cette augmentation de frais de commission ? Qu’en pensent les locataires ? Que disent les bailleurs ? Reportage.

Entendez par « démarcheur", une personne qui, en sa qualité d'intermédiaire, propose ses services pour la réalisation d'un contrat. 

 Au départ, à Ouagadougou tout comme ailleurs, le locataire n'avait aucun frais de commission à verser au démarcheur. La négociation se faisait entre le bailleur et ce dernier. Mais aujourd'hui le locataire doit obligatoirement donner un mois de loyer au démarcheur.

ppier 2En effet, selon René Legma, démarcheur à Ouagadougou, pour la location des maisons « c'est 100% du loyer que le locataire doit payer au démarcheur. Le bailleur quant à lui, donne selon son bon vouloir ». Pourquoi le paiement de 100% du loyer par le locataire ? « C’est parce qu’on estime lui avoir rendu service. Avant c'était 50% mais comme dans tout travail on cherche de l’amélioration c'est pourquoi les frais de commission sont passés à 100% ».

En outre, il réfute l’idée que des démarcheurs augmenteraient le loyer. « « Il y a toujours des brebis galeuses, sinon c'est inadmissible qu'un démarcheur puisse augmenter le loyer sans l'accord du bailleur » a-t-il soutenu.

Sur la question de la cherté du loyer, un bailleur qui a requis l'anonymat justifie cela par la cherté des agrégats et les matériaux de construction. "Cela fait suite à l'augmentation tous azimuts des prix" a-t-il fait savoir, ajoutant qu'il y a un déficit de l'offre car "on remarque une demande croissante dû au déplacement des populations des campagnes vers la ville", dit-il.

Pour Yannick Sanou, citoyen à la recherche d’une maison, c’est la mer à boire pour les locataires. « Cette affaire de commission n'arrange pas la population. A mon avis il ne revient pas au citoyen qui est à la recherche de payer jusqu'à un mois de loyer comme commission et pendant ce temps le bailleur de son côté réclame l'argent de deux mois comme caution et une avance de deux mois. C'est insupportable pour la population au regard du coût élevé des loyers ».

Ainsi, il invite les autorités à se pencher sur cette affaire.

« Je pense qu'il faut recadrer les acteurs de ce domaine car il y a trop de désordre. J'appelle donc l'autorité à porter un regard critique sur cette activité afin de soulager la population », a-t-il souhaité.

Notons que le gouvernement a adopté un texte plafonnant les loyers. Il s’agit notamment de la loi n°103/2015 portant bail d’habitation privé au Burkina Faso, qui indique en son article 6 que le loyer est fixé en fonction de la valeur locative plafonnée à 7 % du coût de réalisation du local à louer. Cependant, cette loi semble ne pas être encore entrée en vigueur à la lumière des loyers qui ne cessent de grimper.

Flora Sanou

coope uneDévelopper le partenariat économique entre la Guinée et le Burkina Faso pour une meilleure intégration, améliorer le climat des affaires. C’est dans ce cadre que des chefs d’entreprises burkinabè, parmi lesquels figurent des représentants de Road Energie, et guinéens se sont réunis à Conakry pour discuter et explorer les opportunités d’investissements en Guinée.

 

Pour le porte-parole des chefs d’entreprises burkinabè, Ibrahim Ouédraogo, « la Guinée est un eldorado pour l’Afrique, au regard de son potentiel ».

A l’en croire, les différents P-DG et DG burkinabè ont eu la possibilité de rencontrer les différents chefs d’entreprises guinéens, le patronat et les personnalités de la chambre de commerce de Guinée à travers un B to B. Ceux-ci ont l’appui politique, donc seront contents d’y implanter leurs entreprises.

« La Guinée est un pays riche en culture, en histoire. Nous avons un potentiel immense pour le développement économique et social. Cependant, pour réaliser ce potentiel, nous avons besoin de partenariats solides avec nos voisins africains et de la sous-région. C’est pourquoi nous nous engageons à faciliter les investissements étrangers, à créer un environnement favorable aux affaires et à encourager la collaboration entre les nations africaines », a déclaré le Premier ministre de Guinée Conakry, Bernard Goumou.

road energy« Je crois fermement que l’avenir de l’Afrique réside dans notre unité, notre solidarité et notre détermination à relever les défis qui se dressent devant nous. Le panafricanisme est plus qu’une idée ; c’est un appel à l’action et nous sommes prêts aujourd’hui à y répondre », a-t-il soutenu.

« Je prends solennellement devant vous l'engagement que le gouvernement guinéen mettra tout en œuvre pour faciliter, trouver les voies et moyens pour que vos investissements soient sûrs », a promis le chef du gouvernement guinéen.

Ce forum d’information a été un creuset de réflexion en vue de bâtir une communauté forte et prospère qui va faciliter le financement des projets de développement. L’accent a été mis sur la valorisation des entreprises qui doivent créer des emplois tout en apportant de la valeur ajoutée en vue de renforcer l’économie.

Radarsburkina.net

isticsout une"Analyse comparée du traitement de l'information sur les PDI à L'Observateur Paalga et Sidwaya de juillet à décembre 2022". C'est sous ce thème que Céline Elola, élève conseiller à l’Institut des sciences et techniques de l’information et de la communication (ISTIC), s’est défendue ce lundi 25 septembre 2023 devant un jury à Ouagadougou.

 

Selon Céline Elola, le Burkina Faso est en proie, depuis 2015, à une crise humanitaire avec de nombreuses conséquences socio-économiques et politiques, et c’est ce qui explique qu’elle ait porté son choix sur la question des Personnes déplacées internes (PDI).

Dans sa présentation, elle a relevé que le quotidien d’Etat Sidwaya a été plus productif que le quotidien privé L’Observateur Paalga parce que sur la période concernée par l’étude, Sidwaya a produit 52 articles et L’Observateur Paalga 23, soit un total de 75 articles sur une production de 248 numéros.

Au terme de cette étude, Elola Céline dit être parvenue à la conclusion que le traitement de l’information sur les PDI était insuffisant dans L’Observateur Paalga et Sidwaya au regard de certaines données sociopolitiques, notamment certaines restrictions du gouvernement sur l’accès aux sites des PDI et une autocensure des journalistes eu égard à la non-maîtrise de la question des PDI.

Le traitement de l’information sur les PDI dans ces deux médias « a failli quelque peu au respect du pluralisme de l’information et à la dignité des PDI. A ce propos, elle s'est justifiée en déclarant que les deux médias ont utilisé des termes comme « 10 000 âmes » pour désigner le nombre de PDI, d’où l’atteinte à leur dignité.  Elle a en outre souligné que la parole n’a pas été donnée à tous les acteurs pour équilibrer l’information dans les articles qui ont été produits sur cette période.

istic sout2De plus, Elola Céline a fait des suggestions aux responsables des médias et aux journalistes. Ainsi, elle demande aux responsables des médias de faire un plaidoyer auprès du ministère chargé de l’Action humanitaire pour lever les lourdeurs administratives, faciliter le respect de la liberté d’expression, assurer la formation continue des journalistes au traitement de l’information en situation de crise humanitaire, et favoriser la production d’articles d’initiative. En ce qui concerne les journalistes, elle leur propose de s’intéresser davantage au traitement de l’information sur les PDI en donnant la priorité aux articles d’initiative et aux articles d’opinion, de respecter davantage le pluralisme et l’équilibre de l’information ainsi que la dignité des PDI dans les reportages.

Comme perspectives, elle propose une « étude de l’influence de la médiatisation de la crise des PDI sur l’aide humanitaire ».

Le Dr Ousmane Paré, journaliste, rapporteur au cours de la soutenance, a affirmé que le traitement de ce thème peut aider à susciter l’aide humanitaire. De ce fait, il estime que le journalisme de problème a montré ses limites, donc il suggère de recourir au journalisme de solution (SOJO) pour proposer des solutions aux différents problèmes.

Pour le président du jury, Aristide Somda, directeur des Affaires humanitaires au ministère de l’Action humanitaire, Céline Elola a fait un très bon travail de façon générale. Le thème traité a été jugé très pertinent au regard du contexte actuel du Burkina. « Avec le contexte que nous vivons, ce thème est le bienvenu. » Cela permettra aux différentes autorités du ministère chargé de l'Action humanitaire de tenir compte des observations faites par l’intéressée pour une bonne orientation en ce qui concerne les prises en charge.

Cependant, pour ce qui est de la restriction de l'accès aux sites de personnes déplacées internes, le directeur des Affaires humanitaires a relevé qu'il n'y a pas de difficultés, contrairement à ce qu’a déclaré Céline Elola dans sa présentation.

« Il n'y a pas de refus du ministère d’autoriser les journalistes à aller sur le terrain, notamment le site des PDI », a-t-il déclaré. Il suffit de suivre la procédure mise en place, c'est-à-dire se faire d'abord délivrer une autorisation au ministère en se référant soit aux conseils régionaux de secours d'urgence, soit aux conseils provinciaux de secours d'urgence, soit encore aux conseils départementaux de secours d'urgence ou au secrétariat permanent du conseil national de secours d'urgence. Si cela est respecté, il n'y a aucun problème, a-t-il assuré.

Le document de l’étudiante a été jugé recevable et son travail sanctionné par une note de 16/20.

Flora Sanou

immb unePour rendre opérationnelle la nouvelle loi sur la promotion immobilière, le gouvernement burkinabè a annoncé que les promoteurs immobiliers doivent désormais déposer une caution de 250 millions de F CFA dans un compte qui va être destiné essentiellement à l’aménagement des sites réservés à l’activité de promotion immobilière pour obtenir un agrément dont la durée de validité est de 5 ans. Comment cette nouvelle est accueillie par certains Burkinabè à Ouagadougou ? Que dit l’association des promoteurs immobiliers du Burkina à ce propos ?

 

Etienne Kaboré, résident d’une cité construite par une société immobilière, pense que c’est là une très belle initiative. Il soutient que c’est une garantie qui couvre certains engagements des promoteurs immobiliers. « On va utiliser les 250 millions de francs CFA pour aménager les voies, les canaux d’évacuation des eaux, disponibiliser l’eau courante et l’électricité dans un espace restreint de 5 ha. Cela est compréhensible d’autant plus que l'agrément est payant et renouvelable. Les promoteurs seront donc obligés d’honorer leur contrat avant l’échéance fixée ».

D’après une citoyenne ayant requis l’anonymat, cette mesure gouvernementale sonne « la fin de la promotion immobilière, mais cette caution devrait même être revue à la hausse et portée à 400, voire 500 millions de francs, car ces promoteurs ne sont pas à 250 millions près ». Et d’ajouter : « Je pense que c’est là un début de solution au problème de logement auquel nous, les pauvres, sommes confrontés ».

immb 2Pour Issouf Tapsoba, par contre, il faut proposer un système de lotissement complètement différent  de ceux appliqués jusque-là, car « toutes ces lois ne vont pas permettre aux citoyens lambda d'avoir un logement décent… Elles risquent de promouvoir plutôt les non-lotis, qui sont en train de pousser un peu partout »

Lassina Belem, quant à lui, souhaite que l’Etat interdise carrément aux promoteurs immobiliers de vendre des terrains dans les zones rurales et, mieux, qu’il récupère même les espaces acquis et parcellés par ces derniers et cela, dans un souci de préservation du climat social.

Dans un souci d’équilibre du traitement de l’information, nous avons cherché à rencontrer l’association des promoteurs immobiliers du Burkina pour recueillir son avis sur le sujet, mais jusqu’au moment où nous tracions ces lignes, notre démarche était restée infructueuse.

Flora Sanou

commerceouaga uneDe plus en plus, le commerce semble devenir une pratique de presque tous les citoyens burkinabè. Sur les réseaux sociaux, pour les ventes en ligne, dans les villes, les boutiques de vente poussent un peu partout, les mini-marchés se créent çà et là. Salariés du public ou du privé, étudiants, ils sont nombreux à vendre quelque chose à Ouagadougou et dans plusieurs autres villes du Burkina. Le commerce est-il devenu la mode pour les Ouagavillois ou plus généralement pour les Burkinabè ? Une équipe de Radars Burkina a échangé avec quelques citoyens à ce propos.

 

« Pour les étudiants, on peut comprendre : s’ils n’ont pas encore eu quelque chose à faire, c’est compréhensible qu’ils fassent cela comme activité en attendant. Mais les fonctionnaires dans les services, dont la majorité sont des femmes, qui font le commerce bloquent nos affaires, parce que nous, les commerçants, on ne peut plus vendre, on n’est vraiment pas content », déclare un commerçant ayant requis l’anonymat.

Tout en reconnaissant que le commerce est une activité libérale et que quiconque en a les moyens peut s’y essayer, notre interlocuteur semble ne pas digérer la pratique du commerce par les fonctionnaires. « Tout le monde est devenu commerçant. Tu ne peux travailler dans un service et faire le commerce. Deux choses à la fois, ce n’est pas possible, c’est pour gâter le nom des commerçants. Moi, je suis vraiment contre ».  

commerceouaga 2Selon Yacouba Kaboré, étudiant entrepreneur dans la vente de compléments alimentaires, c’est le commerce qui fait le monde aujourd’hui au regard des réalités qui s’imposent. Donc, il estime que c’est normal pour un fonctionnaire de pratiquer cette activité connexe, car « ce n’est pas facile de joindre les deux bouts avec le salaire. De nos jours, tout a augmenté alors qu’il n’y a pas mal de responsabilités à gérer ».

Arnaude Tapsoba, journaliste dans un média privé, concilie activité professionnelle et commerce, chose qu’elle trouve difficile mais elle dit que c’est la réalité des choses qui l’impose. « Faire à la fois le commerce et travailler, ce n’est pas simple. Mais de nos jours, le salaire ne suffit pas, on sait que l’argent ne peut pas suffire mais ce qu’on perçoit à la fin du mois ne nous permet pas de couvrir nos dépenses. C’est pourquoi je jongle avec le commerce pour arrondir mes fins de mois. C’est pour ne pas rester à la maison sans rien faire, sinon ce qu’on gagne à la fin du mois au travail, ce n’est pas grand-chose », a-t-elle expliqué.

Mais, selon elle, même ceux qui peuvent atteindre la fin du mois avec leur salaire vendent aussi quelque chose. « Tout le monde est devenu commerçant à Ouagadougou. Tes clients d’aujourd’hui sont tes concurrents de demain. C’est devenu un phénomène répandu, au point qu’on ne sait pas comment l’expliquer. Faire du commerce est peut-être la nouvelle tendance au Burkina, la mode », a-t-elle déclaré.

commerceouaga3Nafisiatou Kaboré, secrétaire dans une structure privée de la place, abonde dans le même sens que Mme Tapsoba. « Le salaire seul ne peut pas couvrir mes besoins donc je vends les boucles d’oreilles et d’autres accessoires pour compenser », a-t-elle indiqué.

Lors de la commémoration de la Journée internationale de la jeunesse le 12 août 2023 à Ouagadougou, le chef de l’État, le capitaine Ibrahim Traoré, a encouragé les jeunes à se lancer dans l’entrepreneuriat. « N’ayez pas peur du risque. Initiez quelque chose. Nous vous accompagnerons. Même ceux qui ont de l’emploi, chercher à investir », a-t-il lancé. Certainement les jours ou les années à venir, l’on constatera un nombre plus élevé de commerçants puisque c’est l’entrepreneuriat qui semble le plus simple à réaliser, selon nombre de nos interlocuteurs.

Cependant la question que l’on est tenté de se poser, est la suivante : si tout le monde devient commerçant, finalement qui achètera les articles de qui, puisque ceux qui exercent le métier vendent pratiquement les mêmes choses ?

Flora Sanou

doc nikiémaAu Burkina Faso, plus de 8 000 cas suspects de dengue ont été enregistrés depuis le début de l’année 2023, dont environ 3 000 cas probables avec 31 décès, selon le Comité national de gestion des épidémies (CNGE).  Le ministère de la Santé a par ailleurs donné l’alerte sur une flambée anormale des cas de dengue ces dernières semaines, essentiellement dans les régions des Hauts-Bassins et du Centre. Les populations ont ainsi été invitées à observer des mesures individuelles et collectives de protection. Quelles sont ces mesures de prévention ? Le Dr Alice Nikiéma, médecin généraliste, apporte des éléments de réponse dans cette interview qu’elle a accordée à Radars Burkina.

 

Radars Burkina : Qu’est-ce que la dengue ?

Dr Alice Nikiéma : C’est une infection virale qu'on retrouve généralement dans les zones tropicales.

Radars Burkina : Qu’est-ce qui provoque cette maladie ?

Dr Alice Nikiéma : Elle est causée par un micro-organisme appelé virus de la dengue qui se transmet à l’être humain, principalement par la piqûre d'un moustique de genre Aedes albopictus, encore appelé « moustique tigre ». C'est un moustique qui pique généralement dans la journée, contrairement aux moustiques transmettant le paludisme qui, eux, piquent le plus souvent la nuit. Le virus peut, de manière plus rare, être transmis par transfusion ou lors d’une greffe (d’organes ou de cellules). Il n'y a pas de contamination d'humain à humain.

Radars Burkina : Quels sont les symptômes de la dengue ?

Dr Alice Nikiéma : On peut avoir la dengue pendant un temps donné sans manifester de symptômes. L’intervalle de temps entre la piqûre du moustique et la manifestation de la maladie dans l’organisme est généralement de 3 à 14 jours (4 à 7 jours en moyenne). Pendant cette période, l’on a le virus de la dengue dans l’organisme mais qui ne se manifeste pas encore.

Lorsque la dengue commence à se manifester, le premier élément, c’est la fièvre. C’est une forte fièvre accompagnée d’autres signes tels que les douleurs au niveau des yeux lorsqu’on fait des mouvements oculaires, des maux de tête intenses, des douleurs musculaires généralisées (courbatures, grande sensation de fatigue), des nausées, des vomissements et des saignements dans les cas extrêmes.

Radars Burkina : Il est conseillé d’éviter l’automédication. Qu’est-ce qu’il faut comprendre par là ? Est-ce à dire qu’il ne faut pas boire de décoctions (feuilles de papaye bouillies, citron), puisque certains s’en servent en cas de dengue ?

Dr Alice Nikiéma : Il faut éviter l’automédication en cas de dengue parce qu’il y a des médicaments qui aggravent la maladie. Dans ce cas, lorsque vous prenez les médicaments sans un avis médical et que ces produits contiennent des molécules qui aggravent la maladie, vous vous exposez à faire la forme grave de dengue. Il s’agit des anti-inflammatoires comme le diclofénac et toutes sortes de clofénac, de l’ibuprofène… En ce qui concerne les décoctions, cela peut dépendre puisqu’il s’agit d’un mélange de tout. Par exemple, le citron est composé majoritairement de vitamine C, donc on pourrait dire que ce n’est pas interdit d’en prendre. Mais on ne peut pas se baser sur le cas du citron pour généraliser.

Radars Burkina : Quelles sont les consignes à respecter par un malade affecté par le virus de la dengue ?

Dr Alice Nikiéma : Tout d’abord, il faut suivre le traitement prescrit par le médecin. Ensuite, il faut se reposer suffisamment, boire beaucoup d’eau, les jus naturels, la soupe. Enfin, il faut surtout continuer à se protéger contre les moustiques en utilisant des crèmes anti-moustiques, en dormant sous une moustiquaire imprégnée d’insecticides, en portant des vêtements à manches longues.

Radars Burkina : Quelles sont les mesures préventives en cette période de pandémie de dengue ?

Dr Alice Nikiéma : Il faut éliminer tout ce qui peut être source de moustiques : les eaux usées, stagnantes, les endroits insalubres, utiliser les mesures de protection telles que les moustiquaires, les vêtements à manches longues, les crèmes anti-moustiques, les aérosols. Toujours recueillir un avis médical lorsqu’on a l’un des signes susmentionnés pour être orienté sur la conduite à tenir.

Radars Burkina : Un malade guéri de la dengue peut-il la contracter de nouveau ?

Dr Alice Nikiéma : Bien sûr ! Lorsque vous faites la dengue une première fois, cela ne signifie pas que les années qui suivent ou pendant les périodes de forte pandémie de dengue vous en serez épargné. On peut recontracter la dengue, d’où justement la nécessité de respecter les mesures de prévention durant toute la période de forte pandémie.

Radars Burkina : Est-il possible que quelqu’un souffre à la fois de la dengue et du palu ? Si oui, en pareil cas comment doit-on procéder pour le traitement ?

Dr Alice Nikiéma : Souffrir de la dengue n’exclut pas qu’on souffre au même moment du paludisme. On peut être piqué par les moustiques qui transmettent le paludisme et également par les moustiques qui transmettent la dengue. Cela veut dire qu’une personne peut avoir dans le même temps et le palu et la dengue. Le traitement du paludisme est bien codifié et connu de tous ; par contre, celui de la dengue reste symptomatique, c’est-à-dire que les médicaments sont administrés en fonction des symptômes. J’en profite pour préciser que, contrairement à ce qu’on entend dire parfois, il n’y a pas de maladie appelée « paludengue ». Soit on souffre du palu, soit c'est de la dengue ou alors on a les deux maladies à la fois.

Propos recueillis par Flora Sanou

younoussNe pas avoir de diplôme ne constitue pas forcément un frein à l’apprentissage d’un métier. S’inscrivant dans cette logique, le Burkinabè Younoussa Sanfo, expert en cybersécurité et en investigation numérique, responsable du laboratoire HorusLabs, a décidé de redonner espoir aux jeunes qui n’ont pas de diplôme universitaire mais ont un niveau secondaire (de la troisième à la terminale) en leur offrant la possibilité d’être maîtres de leur destin. Cela, en dispensant des formations, entre autres, en pilotage de drones, en sécurité numérique et enquêteur web de courte durée (3 à 6 mois). Dans une interview accordée à Radars Burkina, il nous en dit plus.

 

Radars Burkina : Comment peut-on former un sans-diplôme universitaire ou sans-qualification à un métier technique dont l’apprentissage implique parfois la maîtrise de codes très sensibles ?

Younoussa Sanfo : Tous les jeunes n’ayant pas de diplôme universitaire ne sont pas forcément inaptes à l’apprentissage d’un métier, même technique. Derrière un échec scolaire peuvent se cacher plusieurs explications. Nous tendons la main à ces jeunes et leur apprenons un métier valorisant afin qu’ils reprennent confiance en eux. Le but, c’est de leur redonner confiance afin qu’ils ne dépendent de personne en particulier. Le caractère sensible de certaines de nos formations est réel. Par exemple, notre formation d’auditeur de vulnérabilité peut aider un jeune à devenir un pirate informatique. Mais nous avons prévu un tronc commun pour toutes nos formations. La déontologie, le savoir-être, des valeurs comme la probité, l’intégrité et l’honnêteté sont des thèmes obligatoires dans notre centre de formation. Nous pensons que ces précautions nous permettront de canaliser ces apprenants et de former des jeunes sains d’esprit qui pourront contribuer à l’essor économique des pays africains

Radars Burkina : Combien de temps durent les formations ?

Younoussa Sanfo : La durée des formations est de 3 à 6 mois, mais une évaluation nous permettra de vérifier la nécessité d’une mise à niveau. Dans ce cas, le temps de la formation peut excéder 6 mois, mais se fera en moins d’un an.

Radars Burkina : Qui peut être concerné par ces formations et quelles en sont les conditions ?

Younoussa Sanfo : Notre cible prioritaire, ce sont les jeunes scolarisés ayant le niveau de la classe de 4e à la terminale, non titulaires du baccalauréat et qui sont en situation de précarité (chômage). Notre cible secondaire, ce sont les jeunes qui, après le Bac, n’ont pas continué leurs études et n’ont donc pas de diplôme universitaire significatif. La 3e cible, ce sont des gens qui travaillent déjà mais souhaitent acquérir des compétences complémentaires dans un domaine précis. Selon leur niveau, la durée de la formation sera réduite et nous tiendrons compte de la disponibilité desdits travailleurs pour leur proposer un planning adapté. Les conditions sont discutées avec chaque candidat après validation, de commun accord, de la durée de la formation.

À la fin de celle-ci, certains auront des certificats internationaux, c’est-à-dire des certifications valables dans quasiment tous les pays du monde. Même si une attestation globale sera délivrée, dans le domaine de la cybersécurité, c’est essentiellement des certifications qui seront délivrées.

Radars Burkina : Quand commencent ces formations ?

Younoussa Sanfo : Elles ont déjà commencé. Nous dispensons actuellement une formation en pilotes de drones. Ceux qui y prennent part viennent majoritairement des sociétés minières. Nous avons également une formation en cours d’agents de sécurité numérique.

Radars Burkina : Avez-vous des souhaits particuliers ?

Younoussa Sanfo : Nous souhaitons que les parents soient moins désespérés lorsqu’un jeune n’est pas brillant à l’école. L’idéal, c’est que nos enfants réussissent à l’école, avec des diplômes. Mais toutes les trajectoires ne sont pas les mêmes. Il existe une voie pour tout le monde et ensemble, nous pouvons tendre la main à ceux qui ne sont pas dans le moule classique.

Nous souhaitons également que, pour une fois, les autorités de ce pays, surtout le ministère chargé de l’Emploi des jeunes, accordent plus d’intérêt à nos projets, qui sont l’aboutissement de 15 ans de travail.
Nous sommes entrés en contact avec certains ministères dans le but de les inciter à s’approprier ce projet pour permettre à plus de jeunes de trouver rapidement de l’emploi, car la demande est forte. Nous attendons toujours la réaction officielle des ministères que nous avons contactés.

Entretien réalisé par www.radarsburkina.net

 

dr baziémo louisLe régime alimentaire est très important dans la vie de tout être humain. En cas d’intervention chirurgicale, il est crucial de savoir quel régime alimentaire suivre. Quels aliments un malade doit-il éviter avant ou après une intervention chirurgicale ? Le Dr Louis Bazimo, chef du service Acupuncture, département de médecine interne et spécialités médicales du centre hospitalier universitaire Yalgado-Ouédraogo (CHUYO), donne des éléments de réponse à ce sujet.

« Les aliments à éviter avant ou après une intervention chirurgicale dépendent du type d’intervention, car l’alimentation est un élément d’un grand groupe d’indications qu’il faut respecter avant, pendant et après l’opération », nous a précisé d’entrée de jeu le Dr Bazimo.

Selon lui, « avant toute opération chirurgicale, il y a un processus de suivi qui permet de détecter les contre-indications pour le patient. L’alimentation en est la dernière étape ».

Des explications du toubib, il ressort que « 8 h avant l’intervention, il est généralement demandé au patient d’être à jeun ou alors, il lui est recommandé d’éviter des repas copieux la veille de son intervention. Par exemple, une intervention au niveau de l’appendice nécessite que l’estomac du patient soit vide pour pouvoir réunir toutes les conditions optimales afin qu’il n’y ait pas d’interférences. Si c’est dans le cas de la gynécologie, par exemple une césarienne, il peut être demandé à la femme d’éviter des repas copieux qui peuvent peser sur l’utérus parce que quand on mange beaucoup, cela exerce une pression sur l’utérus. De plus, la future opérée doit éviter de boire de l’alcool, car la présence de cette substance dans le sang va créer une interférence avec les antibiotiques qui lui seront administrés pour pouvoir maximiser la réponse du point de vue immunitaire. Une intervention au niveau des poumons ne fait pas non plus l’objet des mêmes interdictions que si c’est au niveau du tube digestif ».

Tout compte fait, selon le médecin, quel que soit le type d’intervention, il est toujours conseillé au patient d’être à jeun avant l’acte chirurgical pour pouvoir maximiser l’effet des produits thérapeutiques.

Il a aussi précisé qu’il ne faut pas entendre par « aliments » uniquement ce qu’on consomme au quotidien dans les familles, car les produits administrés aux patients, par exemple lors d’une perfusion, sont aussi considérés comme des aliments.

Et le chef du département de médecine interne de Yalgado de spécifier que quelques aliments sont à éviter avant et après une intervention. Il s’agit des peaux et pelures de fruits, des légumes crus ainsi que des aliments riches en fibres comme les lentilles, les haricots, les petits pois, les tomates, les choux, le pain de blé, le riz et le to.

« Il est conseillé de manger ce qui est léger pour faciliter le transit afin que l’organisme se ressaisisse rapidement selon la spécificité de l’opération. L’alimentation est très importante pour tout être vivant. C’est encore plus délicat pour une personne qui doit subir une opération en ce sens qu’il faut y faire très attention. Une intervention chirurgicale peut entraîner des changements physiologiques : par exemple une accélération ou une décélération cardiaque que certains aliments peuvent influencer », a conclu le Dr Louis Bazimo.

Nombreuses sont certainement les personnes qui ont tendance à négliger ou à ne pas respecter toutes les consignes données par les spécialistes en matière de santé avant ou après une intervention chirurgicale, malgré les risques qui peuvent en découler.

S.P., un opéré de la hernie inguinale, confie n’avoir pas suivi normalement son régime alimentaire. « Je ne devais pas prendre certains repas comme le haricot et le to, mais ma mère me donnait de temps en temps le dernier repas cité. Conséquence : ma cicatrisation a pris plus de temps que prévu », a-t-il indiqué.

Il est donc crucial pour les opérés de suivre à la lettre les consignes des spécialistes en matière de santé pour éviter d’éventuelles complications.

Flora Sanou

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