samedi 12 octobre 2024

aarestau uneDans la ville de Ouagadougou, il n’est pas rare de trouver des restaurants sur les voies non bitumées, surtout celles au trafic élevé, et cela en dépit du nuage de poussière qui s’en dégage. La restauration de rue est une pratique assez fréquente chez les habitants de la capitale burkinabè. En cette période d'harmattan où vent et poussière s'imposent, comment les restaurateurs aux abords des voies non bitumées s'y prennent? Existe-t-il des mesures d'accompagnement pour réduire un tant soit peu la poussière en attendant un probable bitumage ?  Une équipe de Radars Info Burkina  a fait le constat à Nagrin, secteur 30, dans l'arrondissement 7 de la ville de Ouagadougou.

 

Ce sont plus d’une dizaine de restaurants communément appelés « restaurants par terre ou restaurants bon marchés », de « dèguèdrome », et de kiosque que l'on  trouve sur la grande voie qui passe devant le Centre de santé et de la promotion sociale (CSPS) de Nagrin.

En effet, de ce que nous avons constaté, face à la poussière, chaque vendeur tente de couvrir son repas.

Contenue dans un sachet plastique transparent, puis déposée dans un récipient fermé, le tout couvert par une nappe sur une table, c'est ainsi que Madame Ilboudo Fatimata, vendeuse de haricots, communément appelé (Benga en langue nationale mooré) protège sa nourriture pour attendre les éventuels clients sur cette voie où la poussière brouille parfois la vue.

À l'en croire, l'état de la voie empiète sur son business. « À cause de la poussière, les clients se font rares. Je n'arrive pas à vendre la quantité que je prépare », a-t-elle déploré tout en souhaitant un bitumage du tronçon pour le bonheur de tous les habitants de Nagrin.

aarestau 2À quelques mètres de dame Ouédraogo se trouve le kiosque de madame Isabelle Zoundi. Elle relève les mêmes difficultés. « À cause de la poussière les clients refusent de s'asseoir pour manger. Donc je m'arrange à prévoir des kits. Cela me permet d'éviter les méventes », a-t-elle indiqué.

Mais étant donné qu'il est difficile d'éviter la poussière, la probabilité d'en consommer à travers les repas achetés sur cette voie est grande.

aarestau 3Quand bien même les consommateurs seraient conscients du risque sanitaire qu’ils encourent, ils avouent ne pas avoir le choix, en raison du prix accessible des repas vendus.

Selon Arthur Ouédraogo, un client que nous avons trouvé avec un plat de haricots, c'est par contrainte qu'il consomme. « Au regard de la poussière qui se dégage, on mange malgré nous. La poussière nous fatigue beaucoup. La nourriture est exposée tout le temps sous la poussière. Dès fois, on n'a pas le choix quand on a faim», a déclaré M. Ouédraogo.

Pour réduire la souffrance des usagers, une séance d'arrosage du tronçon du CSPS  est faite de façon journalière (1 ou 2 fois ), nous a confié certains usagers, précisant que c'est comme une goutte d'eau dans la mer car la voie est beaucoup empruntée.

Malgré les efforts, la question de l’hygiène  demeure un problème et cela pourrait impacter négativement la santé des consommateurs. Les restaurants doivent davantage renforcer les mesures de protection.

Flora Sanou

obsvatoire uneDe nos jours, les réseaux sociaux servent de canaux de communication pour faire passer une information. Cependant, ces plateformes sont de plus en plus utilisées comme vecteurs de désinformation et de diffusion de discours de haine. Ainsi, dans un pays en crise comme le Burkina, lutter contre la désinformation et les discours haineux ne pourrait-il pas contribuer à lutter contre l’insécurité et favoriser la cohésion sociale ? C’est en réponse à cette question que l’Observatoire citoyen des réseaux sociaux (OCRS) a vu le jour. Dans une interview accordée à Radars Info Burkina, Cyrille GUEL, président d’Educommik, responsable de cet outil de veille, nous en dit plus.

 

Radars Info Burkina : Qu’est-ce qui a motivé la mise en place de l’Observatoire citoyen des réseaux sociaux (OCRS) ?

Cyrille GUEL : Les médias sociaux font partie intégrante du quotidien des Burkinabè et ont un impact non négligeable sur le débat public et sur la formation de l’opinion publique concernant surtout des questions importantes pour la société.

S’il est vrai que les réseaux sociaux numériques ont donné aux citoyens d'énormes possibilités de communiquer, d'apprendre, de s’informer, de s'engager et de se connecter, en même temps qu’ils ont permis à la société burkinabè d’engranger d’énormes acquis, force est de reconnaître néanmoins qu’ils sont de plus en plus utilisés comme vecteurs de désinformation, de diffusion de discours de haine, de théories du complot et d'autres contenus potentiellement préjudiciables à la démocratie, aux droits de l'homme et à la cohésion sociale comme c’est le cas actuellement au Burkina Faso et dans certains autres pays du Sahel où la désinformation numérique est devenue une caractéristique de plus en plus courante du paysage politique.

Au Burkina Faso particulièrement, depuis 2020, les réseaux sociaux numériques sont devenus une source de fragmentation du tissu social, eu égard à la recrudescence de contenus de plus en plus dangereux qui y sont publiés. En témoignent les affaires dites « appel à incendier le palais du Moogho Naaba » ainsi que les appels à assassinat et menaces proférées, souvent même à visage découvert (par vidéo), sur les réseaux sociaux par des individus, entre autres. Face à cette situation, une veille renforcée des réseaux sociaux numériques s’avère plus qu’indispensable. C’est pourquoi notre organisation, EducommuniK, dans sa stratégie consistant à engager efficacement les citoyens, particulièrement les jeunes dans un processus de changement social positif, a décidé d’apporter sa contribution par la mise en place d’un Observatoire citoyen des réseaux sociaux (OCRS).

Radars Info Burkina : Quel est l’objectif visé à travers la mise en place de cet outil ?

Cyrille GUEL : La mise en place de l’Observatoire citoyen des réseaux sociaux répond à une volonté de contribuer à assainir un tant soit peu l’espace numérique au Burkina Faso par le suivi et l’analyse des tendances de l’opinion publique issues des médias sociaux numériques en vue de développer des actions correctives pertinentes.obsvatoire 2

Radars Info Burkina : Comment fonctionne l’Observatoire ?

Cyrille GUEL : Il est constitué, pour le moment, d’une équipe de 10 jeunes détectives (80% de femmes) équipés de Smartphones pour parcourir quotidiennement les plateformes de réseaux sociaux les plus utilisés au Burkina Faso (Facebook, Instagram, TikTok et les groupes populaires sur WhatsApp) afin de suivre, détecter et répertorier tout contenu de désinformation et d'incitation à la haine et à la violence susceptible de constituer un préjudice hors ligne. Les détectives juniors font un rapport quasi quotidien à l’équipe administrative d’EducommuniK qui, à son tour, après analyse et vérification approfondie, signale les contenus jugés préjudiciables à son partenaire de confiance META ou saisit, si nécessaire, les autorités compétentes (le bureau du procureur du Faso, la Brigade centrale de lutte contre la cybercriminalité) pour traitement et mesures à prendre.

Sur la base des cas de désinformation et de discours de haine avérés, l’organisation mène des actions correctives pertinentes en ligne et hors ligne pour un changement de mentalités et de comportement des citoyens.

A la lumière des rapports journaliers des détectives juniors, l’équipe administrative produit tous les 2 mois un bulletin faisant le point des cas de désinformation répertoriés et des discours de haine distillés. Ce travail est fait avec le concours d’une cellule d’analyse constituée de représentants d’organisations de la société civile partenaires et de personnes-ressources.

Radars Info Burkina : Les réseaux sociaux sont un vaste espace ; pensez-vous vraiment pouvoir lutter efficacement contre la désinformation et les discours de haine qui y sont diffusés avec cet outil ?

Cyrille GUEL : La désinformation et le discours de haine sont des phénomènes qui ont toujours existé et qui continueront à exister tant que l’être humain existera. Avec l’avènement des réseaux sociaux numériques, ces phénomènes ont pris de l’ampleur. A notre niveau, nous nous sommes donné pour mission d’utiliser l’Education aux médias et à l’information (EMI) pour contribuer à réduire énormément l’impact de ces phénomènes sur les populations, particulièrement sur les jeunes. Pour ce faire, nous développons des initiatives innovantes visant à renforcer les connaissances et les compétences susceptibles d’aider les individus, particulièrement les jeunes. La mise en place de l’Observatoire participe de cette lutte et nous espérons qu’ensemble, avec tous les autres acteurs de la société, nous parviendrons à un résultat acceptable.

Radars Info Burkina : Quelles sont vos attentes ? 

Cyrille GUEL : Quand on met en place un produit, la première attente est de voir que ce produit est vraiment utile à ceux pour qui on l’a fait. Cela dit, notre plus grande attente est de voir l’OCRS figurer parmi les dispositifs de veille citoyenne les plus efficaces au Burkina Faso et même au-delà. Savoir que le public s’est approprié l’Observatoire et que cet outil contribue véritablement à un changement positif de comportement sur les réseaux sociaux numériques et, partant, dans la vie réelle, tel est notre souhait.

Propos recueillis par Flora Sanou

aadgttm uneLa Direction générale des transports terrestres et maritimes (DGTTM) a tenu ce mardi 12 décembre 2023, à Ouagadougou,  une conférence de presse. Objectif : donner l'information juste sur la fermeture de certaines auto-écoles dans la commune de Ouagadougou.

 

Selon le patron de la DGTTM, le colonel Kanou Coulibaly, c'est sur instruction du ministre burkinabè des Transports que l’institution qu’il dirige a entrepris de fermer les auto-écoles ouvertes sans autorisation préalable.

L'opération, qui s'est déroulée du 7 novembre au 4 décembre 2023, a permis la fermeture de 118 auto-écoles dans la commune de Ouagadougou, essentiellement des annexes, a-t-il précisé.

Cette opération se poursuivra dans les régions de l’intérieur du pays dans les prochains jours, en collaboration avec les directeurs régionaux des Transports, de la Mobilité urbaine et de la Sécurité. À cet effet, un travail préalable est en cours pour identifier les auto-écoles qui fonctionnent sans autorisation, a confié le colonel Coulibaly, qui a indiqué que l’objectif principal de cette opération, c’est d’amener les promoteurs d’auto-écoles à se conformer à la réglementation en vue de fournir des prestations de qualité aux citoyens dans le cadre de l’enseignement pour l’obtention du permis de conduire des véhicules terrestres à moteur.

À en croire le premier responsable de la Direction générale des transports terrestres et maritimes, cette opération qu’on pourrait qualifier de salubrité publique a déjà porté ses fruits, car 32 demandes d’ouverture d’auto-écoles ont été enregistrées à ce jour, lesquelles permettront de régulariser la situation des auto-écoles fermées.

Une inquiétude sur le sort réservé aux permis de conduire issus de ces annexes d’auto-écoles et sur comment les identifier a été soulevée.

aadgttm 2À ce sujet, le DG Kanou Coulibaly a fait observer que les demandes des candidats envoyées par les promoteurs à la DGTTM le sont toujours sous le couvert des sièges, donc il est difficile de savoir si elles proviennent d’annexes d’auto-écoles qui sont en porte-à-faux avec la réglementation nationale.

"Les apprenants des annexes viennent à la DGTTM sous le couvert des sièges et l'évaluation se fait sur la base des codes dont disposent les différents sièges des auto-écoles", a-t-il expliqué.

S'agissant des sanctions qu’encourent les promoteurs qui persisteront dans l’illégalité, le tenant du crachoir a martelé qu’elles consisteront au retrait des autorisations des sièges dont sont détenteurs lesdits promoteurs, ainsi qu’en la fermeture du siège et de toutes les annexes de ces auto-écoles en situation irrégulière. S’ensuivra leur mise sous surveillance, a indiqué le colonel Coulibaly. Cela, conformément à l'article 36 du décret 589 de 2016 qui dispose que "toute opération ponctuelle ou l'exploitation d'une annexe ou d'une succursale d'auto-école, non autorisée par l'administration des transports, est strictement interdite sous peine de poursuites judiciaires et de retrait temporaire ou définitif de la licence d'exploitation. En outre, le matériel ayant servi à la pratique illégale de l'enseignement peut être confisqué par l'autorité compétente".

Par ailleurs, des mesures seront prises pour lutter contre les fraudes au niveau des auto-écoles, notamment par la mise en place d'un système qui réduit ces pratiques. Ce système consistera à séparer le moniteur du candidat. Le jour de l'examen, le candidat fera uniquement face à une machine. Il en sera de même pour la conduite. Ainsi, le jour de l’examen, le candidat sera seul avec l'examinateur dans le véhicule.

Flora Sanou

 

Lire en encadré les conditions d'obtention d'une autorisation d’ouverture

Encadré

Il ressort des explications du directeur de la Circulation routière et de la Normalisation, Baowendmanégré Zoungrana,  que l'ouverture des auto-écoles est autorisée aux personnes physiques et morales de l'espace UEMOA (Union économique et monétaire ouest-africaine) et de la CEDEAO (Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest). aadgttm 3Pour avoir l'autorisation, il faut :

 - Justifier d'une capacité professionnelle : pour les personnes morales, il faut payer une quittance de 200 000 FCFA. Elle est de 100 000 FCFA pour les personnes physiques ;

- Avoir trois moniteurs disposant du certificat d'aptitude à la conduite des automobiles,   un directeur technique pour les personnes morales ;

- Être âgé d'au moins 21 ans ;

- Avoir des locaux et des véhicules répondant aux normes, etc.

Les conditions d’ouverture des annexes d’auto-école sont les mêmes que celles des sièges.

F. S.

acoordi uneUne importante quantité de produits composés de tabac et de boissons frelatées a été présentée à la presse et incinérée ce vendredi 8 décembre 2023 par la Coordination nationale de lutte contre la fraude (CNLF) à Tanghin Dassouri, à la sortie ouest de Ouagadougou.

 

Dans l’exercice de sa mission régalienne consistant à traquer la fraude fiscale ainsi que celles économique, douanière et environnementale, la Coordination nationale de lutte contre la fraude (CNLF) a saisi 278 000 paquets de cigarette, soit 5 560 000 bâtons. Une marchandise dont la valeur totale est estimée à 222 400 000 FCFA. À cela s'ajoutent des boissons frelatées communément appelées "kirou kirou", contenues dans 67 bidons de 25 litres.

Sir King Size, Bond Syreet, Walden, Platinum, Mile, Yes, Bon international, Excellence, Team, Fency, Gold Seal, Craven, Oris Double Apple, Oris Chocolate, Liberté Blondes, Marlboro, Gold et Time, voilà, entre autres, les marques de cigarettes qui figuraient parmi ces 278 000 paquets incinérés par la CNLF.

acoordi 2Selon le coordonnateur national de cette structure, le Dr Yves Kafando, cette opération d'incinération publique se veut un message civique et patriotique envoyé à tous les Burkinabè. "C'est une action de salubrité, d'hygiène publiques. Ces produits saisis et incinérés ne sont pas homologués ; leur vente n’est pas autorisée. Ils ne répondent pas à toutes les conditions d'étiquetage et autres qui permettent leur commercialisation sur notre territoire ", a-t-il expliqué.

De plus, pour lui, c'est une action qui permet d'éviter de compromettre le fonds de soutien patriotique d'une valeur de 83 millions 400 mille FCFA, allusion faite aux taxes imposées sur la cigarette par les autorités de la Transition.

acoordi3À en croire le Dr Kafando, ces produits consumés par les flammes proviennent aussi bien de pays frontaliers du Burkina que d'origine inconnue.

"Les contrevenants écoperont de sanctions pécuniaires, notamment du paiement des amendes  et des pénalités prévues en la matière", a-t-il indiqué.

En outre, Yves Kafando a insisté sur le fait que les contrebandiers ont intérêt à renoncer à la fraude parce que la coordination restera toujours vent debout  contre toute activité tendant à saper l'économie nationale.

"Nous allons les traquer là où ils se trouvent, ce avec l'accompagnement de toute la population qui veille au grain", a-t-il martelé.

Par ailleurs, à en croire le coordonnateur Yves Kafando, la CNLF compte mobiliser les acteurs de l'économie nationale afin qu'ils contribuent pleinement au fonds de soutien patriotique et cet engagement est une ferme volonté de sa structure de répondre à l'appel du président de la Transition en matière de lutte contre le terrorisme. Car  "ne pas y répondre serait un crime contre son propre pays", a-t-il terminé.

Flora Sanou

aafax uneDans la capitale burkinabè, depuis quelques mois, la police municipale procède à la saisie de boissons alcoolisées de marque Vody, Faxe, etc., dans les boutiques aux encablures des établissements scolaires. Comment certains commerçants apprécient-ils ces actions de salubrité publique ? Qu’en dit la ligue des consommateurs ?

 

Bien que conscients des dégâts de ces boissons (Cody's, Vody, Faxe…) sur la santé humaine, certains commerçants ne décolèrent pas face à ces opérations de saisie menées par la police municipale.

L’un d’eux ayant requis l’anonymat prétend même qu’il ignorait l’existence de la loi interdisant la vente de ces breuvages. « Je ne savais pas que c’était interdit de vendre ces boissons ». Cependant, il estime que c’est une « partie de son gagne-pain quotidien » qui est partie. « C’est une boisson qui ne tarde pas dans le frigo puisque beaucoup aimée et consommée par les jeunes. Donc c’est vraiment une perte pour moi », dit-il. Tout compte fait, il dit avoir compris leçon et n’entend plus vendre ces types de boissons « pour éviter d’avoir des problèmes ».

Selon Abdoul Karim Zongo, commerçant, « c'est vrai que la vente de ces boissons rapporte de l'argent, mais un parent soucieux de l'avenir des enfants ne devrait pas en vendre ». Donc c'est normal que la police municipale embarque les stocks des marchands qui s’obstinent à en vendre. Néanmoins, il estime que « le problème vient de l'État ». « Ces bières ont traversé la frontière pour se retrouver au Burkina ; les responsabilités doivent donc être situées à ce niveau ».

Pour lui, la consommation de ces boissons est en partie à l’origine de l’insécurité grandissante dans les villes.

bbfaxe 3« Quand on regarde, certains braquages à Ouagadougou sont l’œuvre d’enfants. En réalité, ce sont ces excitants qu'ils prennent.  C'est vrai que je suis commerçant, mais je dirai que ce sont des commerçants qui sont à la base de la destruction de la vie des enfants simplement parce qu’ils veulent se faire de l’argent », indique-t-il. Et d’enfoncer le clou en ces termes : « Si ce sont ces enfants qui doivent diriger le pays demain, le Burkina n'ira nulle part ».

A son avis, les commerçants qui contreviennent à la loi interdisant la vente de ces tord-boyaux « doivent être emprisonnés » pour que cela serve de leçon aux autres.

Pour Assamiyou Compaoré, chargé à l'organisation du bureau exécutif national de la Ligue des consommateurs du Burkina (LCB), cette initiative de la police municipale est à saluer. « Nous encourageons la police communale à poursuivre cette opération », a-t-il lancé.

Mais « c'est dommage qu'aujourd'hui, ces boissons envahissent pratiquement toutes les contrées du Burkina et que des enfants s’adonnent au quotidien à leur consommation. Ils s’en servent comme remontant et cela est très dangereux, au regard de leurs taux d'alcool respectifs : Vody : 18%, Faxe : 10% », a-t-il déploré.

bbfaxe 2La conviction de M. Compaoré, c’est que ces poisons tuent à petit feu les gosses qui s’en abreuvent, chose qui compromet leur avenir et, partant, celui du pays, car ils sont la relève qui est censée assurer le développement du pays. Cependant, pour lui, embarquer ces boissons alcoolisées vendues tout au long des établissements n'est pas vraiment la solution au problème. « Il faut plutôt s'attaquer à la source d'approvisionnement et la tarir, sinon la police va beau ramasser ces boissons, les commerçants vont continuer à en vendre si ça s’achète. Ces boissons doivent être interdites au Burkina. Nous demandons aux autorités compétentes de se pencher sur la question pour sauver la vie de nos enfants. Il faut que le secteur économique de la boisson soit régulé et qu’on revoie les sanctions prévues contre les contrevenants. Même si l'on ne peut pas empêcher les enfants de boire ces bières à fort taux d’alcool, l’État peut et doit empêcher l'entrée sur le territoire national de ces produits très toxiques qui sont en train de détruire lentement mais sûrement la vie scolaire des enfants. Il y a un rôle que l'État doit jouer, lequel rôle consiste à empêcher l’entrée de ces boissons. Il faut couper le mal à la racine », a-t-il longuement plaidé.

La période des fêtes est une aubaine pour la jeunesse de s’adonner à une consommation exagérée de l’alcool, surtout les boissons dont la consommation est interdite. Or, cela accroît le nombre d’accidents. C’est aussi une période où le marché est inondé par tout type de boisson. Nous sommes à quelques jours des fêtes de fin d’année. Il serait donc judicieux pour les autorités d’avoir un regard rigoureux sur les frontières pour empêcher l’entrée de toute boisson dont la consommation est susceptible de nuire.

Flora Sanou

aaretrait uneAprès le départ du Mali en 2022, ce fut au tour du Burkina et du Niger de quitter tous deux la force anti-djihadiste G5 Sahel le 2 décembre dernier. Comment ce retrait est-il apprécié des Burkinabè ? Ce départ des 3 Etats sonne-t-il le glas du G5 ? Les 2 pays restants (la Mauritanie et le Tchad) pourront-ils assurer la mission initialement dévolue aux 5 ? Le retrait du Burkina et du Niger de cette institution n’est-il pas un signal fort sur la consolidation de l’Alliance des Etats du Sahel (AES) ? Radars Burkina a recueilli quelques avis de citoyens. Adama Kaboré, éditorialiste, et Atiana Serge Oulon, journaliste et écrivain, donnent également leur lecture de la situation.

 

Pour nombre de citoyens interrogés, le G5 Sahel a existé depuis plusieurs années sans actions concrètes. Donc le retrait du Burkina et du Niger de ce regroupement est une bonne chose. Certains estiment même que cela aurait dû se faire plus tôt.

Selon Adama Kaboré, éditorialiste, il n'y avait plus de raison pour le Burkina Faso et le Niger de rester dans le G5 Sahel.

« Le G5 Sahel était fini dès sa naissance en 2014, donc la récente sortie du Burkina et du Niger vient acter cette fin. C’en est fini depuis la sortie du Mali. Le Mali a quitté le G5 Sahel depuis mai 2022, donc il allait de soi, avec la création de l'AES, que ces deux pays lui emboîtent le pas. Ils ont traîné jusqu'au 2 décembre pour faire ce communiqué parce que déjà le 23 octobre dernier, l'Union européenne avait annoncé la suspension de son aide au Niger et au Burkina dans le cadre du G5 Sahel, y compris la force conjointe », soutient-il.

Sa conviction est que si ces 2 pays restaient dans cette instance « téléguidée par des puissances extérieures », « c'était comme avoir une chose et son contraire étant donné que la création de l'Alliance des Etats du Sahel venait dénoncer l'incapacité des Etats et l'incapacité même de la CEDEAO à prendre à bras-le-corps la question sécuritaire au Sahel ».

Donc « cette sortie est la bienvenue. Même si elle est arrivée un peu tardivement, mieux vaut tard que jamais et je pense qu'ils pourront mieux se concentrer au niveau de l'AES pour les questions de sécurité et de développement », ajoute-t-il.

A son avis, théoriquement c’en est fini du G5 Sahel, mais institutionnellement parlant, il va peut-être demeurer encore quelque temps. « Nous nous acheminons vers la fin systématique, institutionnelle du G5 Sahel parce que 2 pays n'auront pas les mêmes objectifs que 5 pays qui n'ont pas les mêmes espaces géographiques ni les mêmes frontières », a-t-il déclaré.

À la question de savoir si ces « départs » constituent un signal fort en ce qui concerne la consolidation de l'AES, il estime que ce n'est pas seulement un signal fort que ces deux pays envoient par leur retrait.

« C'est un signal de confiance que le Burkina et le Niger ont envoyé au Mali, qui est parti du G5 Sahel et de la Force conjointe depuis 2022 ; cela va consolider davantage les relations dans le cadre de la mise en œuvre de l'Alliance des Etats du Sahel et permettra d'accentuer la lutte contre le terrorisme », a-t-il indiqué.

Mieux, il affirme que « c'est une nouvelle géostratégie qui est en train de se dessiner à l'intérieur de l'espace CEDEAO qui, si l'on n’y prend garde va emporter cette institution sous-régionale d'autant plus qu'il y a déjà d’autres pays d'Afrique de l'Ouest qui veulent rejoindre l'AES. « C'est cette consolidation qui risque de faire voler en éclats la CEDEAO dans sa formule actuelle si elle ne change pas », clame M. Kaboré.

aaretrait2Atiana Serge Oulon, journaliste et écrivain, lui, pense que le G5 Sahel était déjà dans une situation de léthargie depuis un bon moment.

« Ça ne date pas d’aujourd’hui. La structure, dès sa création, était confrontée à des problèmes de financement. Cette situation était prévisible parce que depuis un certain temps, cette structure ne fonctionnait pas ».

De plus, pour lui, ce n'est pas évident que la Mauritanie et le Tchad puissent tenir et assurer la mission qui était assignée au départ aux 5 pays du G5 Sahel.

aaretrait3« C’est une structure qui était censée regrouper un certain nombre de pays pour agir principalement au Mali. Dès lors que 3 pays, dont le Mali qui est considéré comme le cœur du problème, sont partis, je ne vois pas comment ça pourrait fonctionner encore.

Il faut donc constater plus ou moins la mort du G5 Sahel tout simplement », a-t-il indiqué.

Contrairement à ceux qui estiment que le retrait du Burkina et du Niger du G5 Sahel est un signal fort sur la consolidation de l'Alliance des Etats du Sahel, Louis Oulon, lui, pense que cela n'a pas de lien. « La preuve en est que le Burkina est membre d'autres organisations. Ce n'est pas parce que ces pays se sont retirés du G5 Sahel que ça renforce l'AES. L'AES est une autre tentative de regroupement qui fera face aussi à ses difficultés, à ses défis et à son agenda. Ça n'a rien à voir avec ce retrait. Il ne faut pas faire d'amalgame », a dit cet intervenant.

Flora Sanou

sitarail uneDans le souci de défendre leurs emplois et, par ricochet, l'intérêt de l'ensemble du peuple burkinabè, des travailleurs du chemin de fer ont, au cours d'une conférence de presse tenue ce mardi 28 novembre 2023 à Ouagadougou, dénoncé et condamné le blocage de la voie ferrée par  “un groupe d'individus se réclamant Association des commerçants du chemin de fer” pour empêcher les trains voyageurs et ceux marchandises, ainsi que les engins de maintenance, de circuler depuis le 21 novembre 2023, ce qui a entraîné l'arrêt de l'activité ferroviaire sur une bonne partie du réseau.

 

D'emblée, les conférenciers ont tenu à préciser que cette association responsable du blocus de la voie ferrée à Bingo, commune rurale de la province du Boulkiemdé, et dans la capitale burkinabè  "n'a aucune reconnaissance légale" et même les faîtières des associations des commerçants des gares de trains s'en sont démarqués.

En effet, au cours de cette conférence, les travailleurs du chemin de fer ont exprimé leur inquiétude quant à ces barricades érigées. "Cette perturbation de l'activité nous inquiète, en ce sens que nos emplois seront menacés si le blocage perdure", ont-ils indiqué.

À les en croire, "1500 cheminots, dont près de la moitié sont des Burkinabè, risquent de se retrouver au chômage technique si rien n'est fait".

sitarail 2En sus, "plus de 3 000 personnes dont l'activité dépend de l'activité ferroviaire, à savoir les manutentionnaires, les prestataires de services se retrouveront aussi sans emploi parce que le train ne circule plus. La survie de plus de 25 000 personnes vivant de l'activité ferroviaire est également menacée", ont-ils fait savoir.

"Nous gardons toujours les douloureux souvenirs des chômages techniques lors des arrêts d'activité de 2002 (18 mois de chômage technique) et de 2010 (3 mois de chômage technique) dont certains passifs d'ailleurs restent toujours en quête de solutions, donc nous ne sommes pas prêts à revivre cela du fait d'une poignée d'individus", ont martelé les conférenciers du jour.

Et d'ajouter : "La conséquence est énorme. Nous sommes payés en fonction de ce qu'on transporte. En termes de statistiques de tonnage, nous serons en baisse et cela peut affecter certaines primes".

En outre, les conférenciers du jour n'ont pas manqué d'alerter sur un risque d'inflation des hydrocarbures, des produits pharmaceutiques et alimentaires en raison de ce blocage.

sitarail 3"Le train transporte une très grande quantité de produits de première nécessité pour le Burkina Faso, comme l'essence, l'huile, le riz, les pâtes alimentaires, etc. Si la situation de blocage des trains de marchandises perdure, une pénurie ou inflation de produits alimentaires, pharmaceutiques et d'hydrocarbures sera inévitable", a prévenu Halidou Zallé, porte-parole des travailleurs de la Société internationale de transport africain par rail (SITARAIL) lors de la conférence.

Ainsi donc, ces travailleurs dénoncent et condamnent fermement ce blocage de la voie ferrée "qui n'est autre que l'œuvre de quelques individus à la recherche de leurs intérêts personnels"

Par ailleurs, ils sollicitent l'intervention des autorités compétentes pour mettre fin à cette tension et permettre la continuité de l'approvisionnement de notre pays. Ils confient néanmoins avoir déjà rencontré les premières autorités ainsi que les manifestants en vue d'une issue favorable.

"Notre but est de trouver des solutions apaisées et de manière pacifique et non de créer d'autres tensions au regard de ce que traverse déjà notre pays", a conclu Halidou Zallé.

En rappel, quelques jours après la reprise du train voyageurs, qui part de Ouagadougou à Bobo-Dioulasso, et vice versa, des manifestants ont bloqué la voie ferrée à Bingo, commune rurale de la province du Boulkiemdé, dans la région du Centre-Ouest, pour exiger que le train voyageurs aille jusqu'à Abidjan, en République de Côte d'Ivoire.

Flora Sanou

harmatan uneBeaucoup de vent et de poussière, telle est la réalité du moment à Ouagadougou et dans d’autres contrées du Burkina, chose qui annonce le début de l'harmattan. Et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’un tel climat peut provoquer des dégâts sur notre santé. Comment s’y prendre pour éviter au maximum les maladies liées à l'harmattan ? Quelles sont les habitudes de protection observées par la population ?

En ce temps d’harmattan, les maladies respiratoires, en l'occurrence le rhume, l’angine et la toux, sont très fréquentes. En vue de les prévenir, les uns et les autres adoptent des mesures de protection.

Pour certains, se mettre du beurre de karité dans les narines suffit à se protéger de la poussière, car, disent-ils, il leur est difficile de respirer avec un cache-nez. Pour d'autres, la protection se fait par un turban ou foulard enroulé autour de la tête et qui couvre aussi bien les oreilles, la bouche que les narines. D'autres encore procèdent au port de bavette avec des lunettes, le tout accompagné d'un casque.

Cependant, bien qu’utiles, ces mesures ne sont pas suffisantes, selon Gaston Nana, attaché de santé au centre médical urbain du secteur 52 de Ouagadougou.D’après lui, certaines parties du corps telles que les mains et les pieds refroidissent plus vite, donc elles doivent être protégées à l’aide de gants, de chaussures fermées, etc.

harmatan 2Il est important aussi de se couvrir la tête avec un bonnet ou un foulard qui couvre les oreilles. En outre, il est préférable de superposer plusieurs couches de vêtements plutôt que de se contenter d’un seul gros pull-over. À cet effet, l’accent doit être surtout mis sur les enfants, d’autant plus qu’ils sont particulièrement vulnérables à ce climat. Pour terminer, l’attaché de santé souligne qu’avant de balayer un endroit poussiéreux, il faut au préalable asperger le sol d’eau.

Flora Sanou

miseaupoint uneTarget Malaria est-il à l’origine de la flambée des cas de dengue au Burkina ? À cette interrogation, des chercheurs de l'institut de recherche en science de la santé (IRSS) ont répondu par la négative le mercredi 22 novembre 2023, au cours d'un atelier d'échanges avec des experts de l'information et de la communication.

 

En effet, une partie de l'opinion tente de lier la flambée de dengue au lâcher de moustiques effectué depuis 2019 dans les Hauts-Bassins. À ce propos, Emmanuel Nanéma, délégué général du Centre national de la recherche scientifique et technologique (CNRST), assure que le CNRST, à travers l'IRSS, travaille à trouver des solutions aux problèmes. « Nous sommes des Burkinabè, nous travaillons pour le Burkina. Nous ne travaillons pas à décimer cette population dont nous faisons entièrement partie », a-t-il déclaré.

Pour lui, il y a une confusion faite par la population entre la dengue et le paludisme. « Sachez que la dengue existe au Burkina Faso depuis 1925. Il y a des périodes de forte poussée et des périodes de baisse. Tout cela est lié aux différentes saisons. Les moustiques qui transmettent la dengue sont différents de ceux transmettant le paludisme, donc ils ne doivent pas être confondus. Les actions que nous avons menées dans le cadre du lâcher de moustiques portent sur les moustiques du paludisme et non sur ceux de la dengue. Nous ne sommes pas le premier pays à enregistrer une poussée de la dengue. Elle est périodique. Actuellement, des pays n'ayant même pas mené de recherches sur la dengue connaissent également cette situation. C’est, par exemple, le cas du Togo », a-t-il poursuivi.

A l’en croire, des recherches très poussées sur la dengue feront bientôt l'objet d'ouverture d'un axe de recherche comme ce qui s'est passé avec le coronavirus qui est apparu brutalement et a provoqué des recherches et des résultats ont été atteints.

À sa suite, le Dr Moussa Guelbeogo, président de la commission de la lutte antivectorielle, a également fait une mise au point. miseaupoint 2« Même si les symptômes de la dengue s'apparentent à ceux du paludisme, le pathogène responsable de la dengue et celui responsable du paludisme sont totalement différents. C'est comme comparer un coq à un mouton. En outre, même s’il est vrai que ces maladies sont transmises par un moustique, il ne s'agit pas de la même variété de moustiques. Les moustiques qui transmettent le paludisme sont des anophèles et le pathogène responsable est le plasmodium, alors que les moustiques qui transmettent la dengue sont des Aedes avec pour pathogène un virus. Il n'y a pas d'échange de gènes possible entre eux parce que la nature même protège l'intégrité génétique de chaque espèce. Il n'y a donc pratiquement pas de possibilité quelconque que les moustiques lâchés soient à l’origine de la flambée des cas de dengue qu'on observe », a martelé le chercheur.

Flora Sanou

aamalaria uneAu cours d'un atelier d'échanges tenu ce mercredi 22 novembre 2023 à Ouagadougou avec des journalistes, animateurs et communicateurs, l'Institut de recherche en science de la santé (IRSS) a présenté ses recherches biotechnologiques sur le moustique génétiquement modifié dans le cadre de l'élimination du paludisme en vue de renforcer les connaissances de ces hommes et femmes des médias sur la contribution du moustique génétiquement modifié à l’élimination du paludisme.

 Le Burkina Faso est l’un des 11 pays où le paludisme persiste, selon le rapport 2018 de l’OMS. En 2022, plus de 11 000 000 de personnes ont été infectées par le paludisme sur une population de plus de 21 millions avec 4 243 décès dont plus de 2 925 enfants de moins de 5 ans et 37 femmes enceintes, selon le Secrétariat permanent pour l’élimination du paludisme 2023.

Malgré l'immensité des efforts de l'État burkinabè dans la lutte contre cette pandémie, elle demeure persistante. Face à la résistance des moustiques aux insecticides utilisés, le Centre national de recherche scientifique et technologique (CNRST), par le truchement du projet de recherche Target malaria de son institut de recherche en science de la santé (IRSS), conduit des recherches sur de nouvelles techniques et de nouveaux moyens pour amorcer la dynamique d’élimination du paludisme, notamment les biotechnologies.

L'objectif de ce projet est double : réduire le nombre de moustiques vecteurs de la maladie par le biais de la modification génétique et assurer une lutte anti-vectorielle efficace. Cependant, force est de reconnaître qu'une croisade d'intoxication et de désinformation se développe autour de cette nouvelle technologie.

malaria 2C’est pourquoi les chercheurs ont voulu donner des éclaircissements en vue de remédier aux informations infondées et autres fake news véhiculées sur les réseaux sociaux en ce qui concerne  la recherche Target malaria.

Dans ce sens, une communication présentée par le Dr Abdoulaye Diabaté, chercheur anthologique médical, a porté sur le thème « Target malaria : Approche de lutte génétique pour combattre les moustiques vecteurs du paludisme ».

Selon le docteur, la lutte génétique est marquée par deux approches, à savoir l’approche de suppression qui consiste à impacter la capacité de reproduction du moustique. Il s’agit là de réduire la densité du moustique au point d’avoir une densité extrêmement faible qui ne peut plus soutenir la chaîne de transmission. La deuxième approche est celle du remplacement, par laquelle on modifie les choses de sorte à rendre le moustique incompatible avec le parasite ou le pathogène. À en croire le chercheur, même si ce moustique prend le pathogène, il ne peut pas se développer dans son organisme. Donc quand de tels moustiques sont lâchés, ils vont passer le gène à pratiquement l’ensemble de la population de moustiques sur le terrain et finalement l’on se retrouvera avec des moustiques incapables de transmettre la maladie, ce qui est une bonne chose.

Pour ce qui est de Target malaria, l’approche de suppression est utilisée à cause du fait que ce moustique transmet le paludisme et d’autres maladies. « Si l’on réduit sa densité, le paludisme sera affecté, ainsi que les autres maladies que ledit moustique transmet », a-t-il affirmé.

L’apport de la modification génétique à la lutte contre le paludisme au Burkina

Selon les dires du Dr Diabaté, la communauté scientifique internationale est unanime que les outils conventionnels disponibles pour lutter contre le paludisme ont atteint leurs limites. malaria 3Ainsi, sans apport d’outils nouveaux pour compléter ce qui existe, il sera extrêmement difficile de lutter contre le paludisme. C’est pourquoi, à la faveur des nouvelles technologies qui se développent à fort impact, l’IRSS a décidé d’opter pour la modification génétique. « Par exemple concernant les moustiquaires qu’on recommande à toute la population d’utiliser, la vérité c’est que seuls ceux qui les ont et les utilisent seront protégés. Si on lâche les moustiques dans un village et que ça marche, cela affectera tout le monde et il y aura une réduction importante. Si on lâche les moustiques dans une contrée donnée, ils prendront eux-mêmes les gènes d’intérêt pour les propager au-delà de ladite contrée et les disséminer chez les moustiques des autres villages », a-t-il expliqué.

Le Dr Abdoulaye Diabaté indique que la recherche n'en est encore qu'à ses débuts et que même si les premiers résultats semblent prometteurs, beaucoup reste à faire. Après la première phase, à savoir celle des «moustiques mâles stériles sans impulsion génétique (lorsque  ces moustiques s’accouplent avec des femelles, les œufs pondus par les femelles n’éclosent pas) », l’équipe Target malaria entamera une phase de recherche sur « les moustiques mâles biaisés sans impulsion génétique (ils sont porteurs d’une modification génétique qui mène à des mâles fertiles qui produisent une progéniture majoritairement mâle sachant bien que seules les femelles transmettent le paludisme) ».

« Au final, nous espérons développer des moustiques porteurs d'un élément d'impulsion génétique qui biaisera l'héritage d'un caractère qui pourrait entraîner une diminution de la transmission du paludisme par les moustiques. Les moustiques à impulsion génétique pourraient donc être un outil puissant de lutte contre le paludisme en Afrique qui pourrait compléter les méthodes de lutte anti-vectorielle existantes », a-t-il déclaré.

Flora Sanou

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