samedi 12 octobre 2024

bbprojet uneLes membres de l'Assemblée législative de transition (ALT), au cours d'une séance plénière ce mardi 21 novembre 2023 à Ouagadougou, ont examiné et voté à l'unanimité le projet de loi organique portant attributions, composition, organisation et fonctionnement du Conseil supérieur de la communication (CSC).

 

"Pour les défenseurs de la liberté de presse et d'expression, ce 21 novembre 2023 est un triste jour à l'image du 19 novembre 2019 où le Parlement a voté la loi modificative portant Code pénal", a déclaré le secrétaire général adjoint du  Syndicat autonome des travailleurs de l'information et de la culture (SYNATIC), Aboubacar Sanfo, à l'issue de l'adoption de la loi.

Pour lui, c'est "une remise en cause des acquis démocratiques concernant la liberté d'expression et de presse" qui  avait été dénoncée par les organisations professionnelles de médias il y a quelques semaines suite à l'adoption de l'avant-projet de loi par le gouvernement lors du Conseil des ministres du 4 octobre dernier. "Malheureusement, les inquiétudes que nous avions soulevées sur les différents aspects n’ont pas été prises en compte par les députés car les votes  ont maintenu les dispositions relatives à la nomination du président du CSC par le Chef de l'État", a-t-il déploré, ajoutant cela aurait des conséquences sur la vie de l'institution et sur la régulation des médias.

Cette loi prévoit un renforcement des sanctions contre des journalistes, notamment le retrait de la carte de presse par le CSC. Eu égard à cela, M. Sanfo dit inviter les journalistes à exercer leur métier avec professionnalisme.

bbprojet 2"Si un journaliste a fauté, il est normal que la loi s'applique à lui. Mais concernant cette disposition de la nouvelle loi relative au retrait de la carte de presse, nous estimons que ce n'est pas au CSC de prendre de telle sanction. Il s'agit du comité technique de la carte presse qui est amené à statuer sur le retrait ou non d'une carte de presse qu'il a délivrée à un journaliste", a-t-il notifié.

Pour le ministre de la Communication, représentant le gouvernement, l'adoption de ce projet de loi par les députés à l'unanimité des 70 votants est « la preuve qu'à l’Assemblée législative de transition il y a également une prise de conscience des enjeux de la régulation de la communication publique en général ».

À l'en croire, cet avant-projet de loi organique  permet désormais d'avoir une instance de régulation plus forte, plus indépendante, avec plus de moyens et qui garantit d'avoir une instance en phase avec les enjeux et les grands défis du moment.

De plus, le ministre Ouédraogo dit ne pas voir en quoi cet avant-projet de la loi va ouvrir la voie à un musellement de la presse, comme le prétendent les professionnels des médias.

"Je pense que tant qu'un journaliste ou un média n’enfreint pas la loi, il n'a rien à craindre parce que le Conseil supérieur de la communication (CSC) qui sera issu de ce projet de loi va travailler dans le strict respect de la loi, d’après ce que les textes ont prévu", a-t-il soutenu. 

Et de rassurer que " les journalistes n'ont pas à s'inquiéter tant qu'ils travaillent dans le respect de la réglementation et que leur travail ne porte pas atteinte à la réputation des individus qui peuvent porter plainte, à la cohésion nationale et que leur travail n'est pas porteur de germe de crise et de rupture de l'harmonie sociale de notre société".

Selon le rapport de la commission des affaires générales, institutionnelles et des droits humains présenté au cours de la séance plénière, l'une des raisons justifiant la nomination du président du CSC par le chef de l'État est que l'institution fait face à une absence d'autonomie financière, ce qui fragilise son indépendance.

À ce sujet, Hama Ly, député du groupe des forces vives des régions, s'est interrogé sur pourquoi chercher forcément l'autonomie financière pour le CSC.

bbprojet 3De son point de vue, "ce n'est qu'une modalité dans l'apport au niveau des ressources de la structure. Le mode de gestion, c'est l'autonomie de gestion en attendant les ressources de l'État. Ce que nous craignons ici, c’est que cette autonomie financière ne cache d'autres calculs tels qu’aller se tailler des barèmes avec des émoluments qui ne respectent pas les réalités du pays".

En outre, pour lui, les raisons invoquées par le gouvernement concernant l'élection du président du CSC par les membres "ne sont pas très pertinentes car nous avons vu des membres du CSC qui ont élu leur président et l'autorité, en son temps, avait refusé de prendre le décret pour le nommer".

"Nous avons vu aussi qu'à un certain moment, les membres du CSC n'ont pas pu élire leur président et que le président du Faso a violé les textes en nommant le président du CSC", a-t-il ajouté.

Toutefois, si le chef de l'État nomme le président du CSC, ce dernier doit avoir envers lui « un devoir d'ingratitude, c'est-à-dire qu'il n'est plus sous sa coupe et doit trancher les questions dans le respect des textes », a-t-il insisté.

Flora Sanou

anneauxmariage uneL’année tire à sa fin. Comme à l’accoutumée, c’est la période où il y a une multitude de mariages. Dans nos sociétés, qu'est-ce qui symbolisait le mariage auparavant ? Comment les personnes mariées étaient reconnues ? Qui dit mariage aujourd’hui dit port d’alliances au doigt, signe de l’union entre deux personnes.  Comment et pourquoi les alliances ont intégré nos sociétés ? Pourquoi de plus en plus, certaines personnes ne portent pas régulièrement leur alliance après le mariage ou ne la portent carrément plus ? Radars Burkina a recueilli les avis de quelques citoyens. Patrice Kouraogo, sociologue, s’est également exprimé sur le sujet.

Dans nos sociétés africaines, inspirées des traditions et des coutumes, le mariage symbolise beaucoup de choses.  Selon Patrice Kouraogo, sociologue, « le mariage entre deux êtres humains, homme et femme, c'est d'abord la rencontre entre deux familles, ensuite entre deux communautés. Enfin, c’est l’union de deux villages. Le mariage est une forme de solidarité, dans les bons et mauvais moments, la garantie d’une protection mutuelle. On peut dire que c’est une institution ».

En plus, le sociologue indique qu’il n'y avait pas des alliances qui symbolisaient le mariage. Ainsi, les personnes mariées, surtout les femmes, étaient reconnues dans la société à travers des coiffures qui symbolisaient une alliance et qui montraient que l’on avait affaire à une femme mariée. L’habillement féminin également distinguait la femme mariée de celle qui ne l’était pas. Les femmes des rois, quant à elles, portaient des gourmettes pour se différencier des autres femmes mariées. Cependant, il n'y avait pas de marque visible sur l'homme qui montrait qu'il était marié. Tout cela semble être remplacé de nos jours par des bagues et des alliances.

En effet, on retient des explications de M. Kouraogo que les alliances ont intégré nos sociétés par le biais de l'emprunt culturel et par l'adoption des religions révélées.  « Que ce soit sur le plan moderne ou sur celui religieux, on a adopté maintenant les bagues et les alliances. Sinon autrefois, c'était par exemple par des dons de choses à la famille de la femme, qui elle-même les aurait réclamées, que le futur mari et sa famille exprimaient la demande de main et ensuite suivait le mariage. C'est le don de ces choses qui montrait que désormais le lien était scellé », a-t-il dit, précisant que l’usage des alliances est importé de la culture égyptienne.

anneauxmariages 2Mais à l’en croire, l’alliance « symbolise tout ». « L'alliance est ronde. Il n'y a pas de voie de sortie. On est dans un cercle d’où personne, en principe, ne peut encore sortir. Ça exprime l’éternité. On reste ensemble pour le bon et pour le mauvais et on ne se marie pas en ayant à l’idée qu'on va quitter le foyer un jour. On s'est mis volontairement dans un cercle infernal d’où personne ne peut sortir et laisser l'autre », a-t-il expliqué.

Mais pourquoi certains hommes ou femmes refusent de porter leurs alliances après le mariage ?

Pour Hervé Nikiéma, marié depuis 10 ans, « certains mariés le font parce qu'ils ne connaissent pas l'importance de l'alliance. Mais d'autres ne la portent pas, parce qu’ils veulent cacher leur situation matrimoniale ».

Et ce citoyen qui a requis l’anonymat, marié il y a un an, de dire : « La seule raison, c'est pour que les gens ne sachent pas qu'ils sont mariés et ainsi ils peuvent tout se permettre. Avoir des aventures avec des hommes ou des femmes autres que leurs partenaires ». Pour lui, « ne pas porter son alliance après le mariage est un signe d’infidélité ».

Sara Dramé estime qu’il peut y avoir plusieurs raisons à cela. En effet, selon elle, « certaines personnes ne sont pas habituées à porter du métal. Donc ça les dérange. Le mariage, ce n’est pas l’alliance. L’alliance est juste un symbole ». Elle ajoute que des marié.es retirent l’alliance parce qu’il « n’y a plus d’entente dans le foyer et ils ne veulent pas rester emprisonner par cette alliance. Ils veulent être libres dans l’optique d’entamer une autre relation ».

Par ailleurs, elle pense que la grossesse peut aussi être une raison pour certaines femmes d’enlever leur alliance parce qu’elles prennent du poids et risquent de se créer des soucis si toutefois leur alliance ne peut pas être retirée.

 Flora Sanou

aadiabete uneChaque 14 novembre est célébrée la Journée mondiale du diabète. Le diabète est une maladie chronique caractérisée par la présence d'un excès de sucre dans le sang appelé « hyperglycémie ». « Accès aux soins du diabète », tel est le thème de cette année 2023. L’alimentation n’est pas en marge des soins, car elle fait partie du traitement du diabète. À l’occasion de cette journée, Radars Burkina a échangé avec certains malades du diabète qui ont fait des confidences sur leur alimentation.

Habituées à un régime alimentaire qui ne nécessitait pas probablement d’exigence, les personnes atteintes du diabète doivent se soumettre à un régime alimentaire pour réduire les symptômes et les conséquences dangereuses de la maladie, notamment les hypoglycémies et les risques de maladies cardio-vasculaires, en vue de mieux vivre avec la maladie. S’adapter à un nouveau régime alimentaire n’est pas chose aisée pour certains diabétiques.aadiabete 3

Salamata Goueme, une quiquagénaire, affirme avoir été diagnostiquée atteinte du diabète en 2021. Depuis lors, ses habitudes alimentaires ont connu un chamboulement. « On m’a conseillé de consommer des aliments comme le riz étuvé, la patate douce, le poisson, les fruits de mer, les légumes, les fruits, surtout les agrumes, la pomme, la poire, l’avocat, le haricot, les pois de terre, les lentilles et le soja », a-t-elle indiqué. Selon elle, c’est un régime assez difficile à suivre mais qu’elle fait l’effort de respecter.

Donatien Kyélem, un sexagénaire, lui, est sous régime diabétique depuis près de 6 ans. D'après lui, « les consignes alimentaires pour diabétiques sont favorables aux personnes nanties. « Manger beaucoup de légumes, de fruits, de riz étuvé, etc., c’est difficile pour les personnes qui se débrouillent comme moi ». Mais puisque « vivre avec le diabète, c’est se plier à un régime alimentaire difficile, surtout quand on ne veut pas vite mourir ou se faire amputer un membre, on est obligé de s'y soumettre », a-t-il dit d’un air triste.

aadiabete 2Selon les agents de santé, le diabétique doit veiller à éviter certains aliments, car en plus d’augmenter le risque d’hypoglycémie, ils nuisent à l’organisme à long terme. Ce sont, entre autres, les aliments riches en sucre ajoutés tels les yaourts sucrés, les vinaigrettes et sauces en conserve, les biscuits, les gâteaux et les confitures. A cela s’ajoutent les acides gras saturés que l’on retrouve généralement dans certains beurres, crèmes, fromages, viandes grasses et charcuteries.

Les aliments industriels tels les boissons gazeuses et les sirops sont à proscrire et la consommation d’alcool à modérer.

Les personnes diabétiques doivent donc changer considérablement leur style de vie, surtout leur régime alimentaire, pour éviter toute complication (la cécité, l’amputation, les urgences cardiaques), parce que l’alimentation joue un rôle important dans leur bien-être.

Flora Sanou

surmen uneVoilà maintenant plus d’un mois que les élèves ont repris le chemin de l’école. Les évaluations ont certainement débuté et l’heure n’est peut-être plus aux jeux. De plus en plus, les parents, surtout ceux des apprenants en classe d’examen, multiplient les activités afin de mieux les préparer. Aux exercices et leçons à l'école s’ajoutent l’encadrement du répétiteur, sans oublier le sport, la catéchèse pour les enfants catholiques et bien d’autres activités. Ainsi, certains enfants n'ont quasiment pas de repos. Quelle perception ceux-ci ont-ils cet état de fait ? Qu’en disent leurs parents ? Dans ces conditions, les scolaires ne courent-ils pas des risques de surmenage ? Comment les aider à y échapper ? Certains apprenants et parents se sont exprimés sur le sujet. Madina Touré/Sako, coach scolaire, donne aussi des directives à suivre.

De nombreux élèves, particulièrement ceux en classe d’examen, sont soumis le plus souvent à des programmes chargés.

Pour certains parents, cela est nécessaire pour un élève en classe d’examen, parce qu’il doit s’exercer, apprendre suffisamment et c’est juste pour un laps de temps précis. « Au bout des 9 mois de cours, l’élève pourra se reposer. Il faut donc vraiment mettre le paquet, faire en sorte qu’il soit studieux afin d’avoir de bons résultats en fin d’année », affirme Arnaud Tapsoba, parent d’élève. Cependant, tous les enfants supportent-ils cette pression ?

La réponse semble être « non » car selon Mme Oui, son enfant en classe de cours moyen deuxième année (CM2) prend parfois la fuite pour sortir se détendre parce qu’il étudie 7 jours sur 7.

Habib Traoré, élève en classe de troisième, affirme que ce n’est pas facile, mais « je m’efforce de m’adapter pour rendre mes parents fiers de moi ».

Que dit la spécialiste en éducation sur cette question de programme chargé des jeunes apprenants ?

Selon elle, les enfants courent un risque de surmenage parce qu’il n’existe pas de risque zéro. « Il y a toujours un risque qu’un enfant soit surmené s’il a trop d’activités ».

Les alertes de risque de surmenage

A en croire la coach, le surmenage est très similaire au burn out (épuisement professionnel pour les adultes), car on ne constate les signes que lorsque ça fait des ravages. « C’est lorsque les dégâts sont déjà causés qu’on se rend compte qu’il y a un problème et là, on est déjà face aux conséquences », précise-t-elle. surmen 3Les signes de surmenage, souligne-t-elle, sont l’extrême fatigue de l’enfant, le désintérêt total pour les activités auxquelles il est soumis malgré lui, un désintérêt pour les cours, l’apprentissage de leçons, les cours d’appui ou d’autres activités extrascolaires, entre autres. Il agit alors en « mode automatique » parce qu’il ne réfléchit plus. Cela peut créer un manque de confiance en soi, car la surcharge entraîne un manque de concentration avec pour conséquence un rendement qui n’est pas à la hauteur des attentes des parents ou des attentes de l'apprenant lui-même.

Aider les enfants à éviter le surmenage

Des explications de Madina Sako/Touré on retient qu’il est certes intéressant de mettre des programmes d’activités en dehors de l’école, mais il faut aussi faire attention à ne pas meubler entièrement tout le temps de l’enfant. Les parents doivent prendre les mesures nécessaires en amont, faire de leur mieux pour soumettre les enfants à un programme acceptable, pas à un programme chargé. L’enfant, en fonction de son âge, doit respecter le volume horaire de sommeil requis. Il a également besoin d’heures d’oisiveté ; cela est extrêmement important, parce qu’il lui permet de développer sa créativité, son imagination. Il faut lui laisser un temps libre où il peut décider de ce qu’il fait.

Les attitudes à observer en cas de surmenage

La coach scolaire indique qu’il faut suivre les enfants de près, s’assurer qu’il y a vraiment un surmenage. Il faut échanger avec l’enfant pour essayer de comprendre ce qu’il ressent, ce qu’il vit, comment il perçoit tout son programme, son fonctionnement, ne pas être critique, essayer, par le langage corporel ou procéder par des dessins pour que l’enfant se sente compris.

En cas de signes de surmenage après un diagnostic, il y a lieu d’y remédier immédiatement. « On n’attend pas de faire face aux conséquences d’un net ou partiel surmenage avant de chercher une solution », a-t-elle conseillé.

En sus, pour les parents qui font déjà face aux conséquences d’un surmenage, il convient de trouver une solution le plus rapidement possible pour ne pas en arriver au point ultime car au-delà du désintérêt, l’enfant va détester l’école. Il ne voudra plus aller à l’école ou étudier. Il va se désengager complètement, prévient-elle. Il faut faire en sorte que l’enfant se sente partie prenante à l’élaboration de son programme.

« Lorsque les conséquences sont trop graves, il faut recourir à des professionnels comme les psychologues, les coachs scolaires, les thérapeutes qui ont les outils nécessaires pour communiquer plus aisément avec les enfants, mettre le doigt sur ce qui ne va pas et trouver des solutions concrètes », a-t-elle insisté.

Flora Sanou 

papsanou uneAu cours d’une conférence de presse tenue le lundi 6 novembre 2023 à Ouagadougou, les organisations partie prenante au meeting du 31 octobre dernier ont dénoncé et condamné la récente vague de réquisitions visant certains de leurs membres, des leaders d’opinion, des journalistes ainsi que des hommes politiques. Ils exigent « l’annulation pure et simple desdites réquisitions » et disent tenir « le capitaine Ibrahim Traoré et son MPSR 2 pour responsables de toute atteinte à l’intégrité physique et morale » de leurs camarades et de tous les citoyens victimes de ces « pratiques répressives ». Ils entendent, par ailleurs, « utiliser tous les moyens légaux pour refuser ces réquisitions punitives ».

 

La religion des conférenciers du jour est faite : ce sont exclusivement « ceux qui émettent des avis critiques vis-à-vis de la gestion du pouvoir qui sont concernés par les réquisitions » et « cela n’est pas l’esprit de la loi. Ces réquisitions ne respectent ni l’esprit de la loi encore moins le besoin de la lutte contre le terrorisme ».

Ils poursuivent : « La loi dit que c’est sous l’expression des besoins de la lutte contre le terrorisme qu’on émet les réquisitions. Par exemple, le président de l’ODJ est professeur titulaire de sociologie. Jusqu’à l’émission de sa réquisition, nous n’avons pas appris que dans le cadre de la lutte, il y a un besoin spécifique de recrutement de professeur titulaire de sociologie pour aller au front ».

Refuser les réquisitions n’est-il pas un manque de patriotisme ?

Bien au contraire, selon ces organisations ! « Il faut que les gens évitent de croire que la lutte contre le terrorisme, c’est ceux qui sont au front. Non ! L’enseignant qui est à Ouagadougou, qui fait ses cours, les médecins qui sont à Yalgado et soignent les blessés qui reviennent du front, luttent contre le terrorisme ».

papsanou 2À la question de savoir pourquoi c’est maintenant qu’ils exigent l’annulation des réquisitions d’autant plus qu’il y en a eu plusieurs dans le passé, Nicolas Ouédraogo répond : « Nous avons entrepris de créer une coalition qui sera un regroupement ayant une certaine force afin de donner de la voix sur des dérives que nous estimons qu’il faut dénoncer ici et maintenant. Nous ne pouvons pas continuer à nous taire ». Yempani Lankoandé, secrétaire général adjoint du bureau exécutif national de l’Organisation démocratique de la jeunesse du Faso d’ajouter : « Il n’est jamais trop tard pour bien faire. Nous avons pris le temps d’observer. Ce sont les faits qui nous permettent de voir que les réquisitions ne sont pas faites conformément à l’esprit et à la lettre de la loi. C’est bien que ça soit maintenant ».

Ils ont appelé leurs militants et sympathisants « à s’organiser pour résister à l’arbitraire et à toutes formes de manifestation d’injustice et à rester à l’écoute de tout mot d’ordre que recommanderait l’évolution de la situation ».

Cette exigence d’annuler les réquisitions sera-t-elle entendue ?

En tout cas, Yempani Lankoandé, secrétaire général adjoint du bureau exécutif national de l’Organisation démocratique de la jeunesse du Faso l’espère car il estime « qu’il y va même  de la valeur accordée à ces réquisitions ».

Les organisations syndicales plaignantes entendent attaquer la décision en justice

Les organisations syndicales et de la société civile disent avoir pris contact avec leurs conseils pour  voir quelle action judiciaire entamer parce qu’elles sont, disent-elles, attachés à l’État de droit. « On n’exclut rien ! Nous allons utiliser tous les moyens légaux en fonction de l’évolution de la situation pour refuser d’être embastillés de la sorte. Pour avoir exprimé notre opinion, nous n’allons pas accepter cette punition. C’est hors de question. Il y va de l’avenir de la nation. et de la victoire dans cette guerre contre le terrorisme. Nous ne pouvons pas continuer à nous taire… nous allons nous assumer », ont martelé les tenants du crachoir.

papsanou3Par ailleurs, les conférenciers ont dénoncé « l’attitude partisane du président de la délégation spéciale de la commune de Ouagadougou, Maurice Konaté », lui reprochant d’avoir refusé leur meeting du 31 octobre 2023 et dans le même temps autorisé la tenue d’un meeting à d’autres organisations de la société civile, mais aussi d’avoir été « silencieux face aux menaces » contre leurs organisations.

Pour eux, « si tous les citoyens sont égaux devant la loi, il y a là, du deux poids deux mesures. Nous avons l’impression qu’il y a certains citoyens qui ont le droit de faire tout ce qu’ils veulent, même sans tenir compte de loi, et qu’il y a d’autres, même si leurs actions sont conformes à la loi on leur refuse ; ce n’est pas acceptable. C’est plutôt cette gouvernance qui permet aux uns de tout faire et qui bafoue les droits des autres qui est source d’aggravation de la fracture sociale ».

Et de renchérir que « si les actions des autorités font  qu’il y a déjà des catégories de citoyens, nous croyons que c’est un très mauvais signal envoyé dans la lutte contre le terrorisme »

C’est une douzaine de personnes qui ont reçu récemment des notifications de réquisition. Il s’agit, entre autres, de : Zinaba Rasmané, Bassirou Badjo, Issaka Lengani, Ablassé Ouédraogo, Gabin Korbeogo, Ladji Bama. Ils sont réquisitionnés pour une durée de quatre mois allant du mardi 7 novembre 2023 au 6 février 2024. « Le conditionnement se fera d’abord dans la région du Centre-Nord et le déploiement sera fait dans le grand Ouest du pays », a précisé Zinaba Rasmané, l’une des personnes réquisitionnées

Flora Sanou

bbnutri2L'épidémie de dengue est toujours d’actualité au Burkina Faso. Selon le ministère de la Santé, du 1er janvier au 15 octobre 2023, c’est un total de 50 478 cas suspects qui ont été notifiés, dont 25 502 cas probables et 214 décès. Dans le cadre de la lutte contre cette maladie virale, des mesures individuelles et collectives de protection ont été recommandées. Ainsi, Radars Burkina, en recueillant des témoignages de personnes affectées, s'est intéressé aux types d'aliments dont il sied de privilégier la consommation en cette période de pandémie. Sylvain Ouédraogo, nutritionniste, nous en parle.

 

Des consignes d'alimentation sont données aux personnes malades de dengue. C’est en tout cas ce constat que nous avons fait, à la lumière des témoignages de certaines personnes ayant pu venir à bout de cette maladie virale.

« Je buvais trois bidons d’1,5 litre d’eau minérale par jour et je me contentais de prendre de l’Efferalgan quand j'avais de la fièvre. Je prenais beaucoup de remontants comme le CAC 1000 et le Biofar, car je n'avais pas d'appétit », nous confie R.T., un patient guéri.

« Quand je souffrais de la dengue, on m'a conseillé de consommer beaucoup de fruits comme la banane et l'orange. Je buvais aussi des jus de fruits et beaucoup d’eau », ajoute V.N.

« Moi, il m'avait été conseillé de boire 3l d'eau par jour et de sucer 3 oranges. Quand je faisais la fièvre ou quand j'avais des douleurs, je prenais des produits pharmaceutiques comme le CAC 1000, le Biofar. J’en prenais toutes les 4h  au lieu de toutes les 6h comme indiqué, car la douleur était intenable », fait savoir Y.B.

Quels aliments faut-il consommer ou du moins privilégier en cette période de pandémie de dengue ?

bbnutriSelon Sylvain Ouédraogo, le traitement proposé jusque-là contre la dengue est symptomatique, c’est-à-dire qu’il vise juste à soulager la douleur des patients. Il est donc important de renforcer le système immunitaire de ces derniers pour leur permettre  de faire face à l’agression du virus de la dengue.

« À cet effet, l’alimentation est cruciale, car elle joue un rôle très important dans le maintien et le renforcement des capacités de réponse de notre système immunitaire. C’est pourquoi il faut privilégier une alimentation qui permet de renforcer ce système de défense et qui donne les capacités nécessaires à l’organisme de combattre le virus », dit-il.

« Il y a un certain nombre de nutriments contenus dans des aliments qu’il faut consommer, ce qui va permettre de booster le système immunitaire. Parmi ces nutriments, on peut citer les vitamines A, C et E, les vitamines du groupe B (B6, B9, B12), le zinc et le magnésium. Les aliments riches en vitamine C sont, entre autres, les agrumes (oranges, pamplemousses, citrons), les légumes comme les épinards, les brocolis, les fraises. Ce sont des aliments à consommer afin de booster le système immunitaire et d’augmenter la capacité de réponse de l’organisme.

Comme aliments riches en zinc, on peut citer les noix de cajou, les abats (le foie, le cœur, la moelle épinière, la langue, la queue, les pattes…), les fruits de mer ou crustacés (crevettes, crabes, langoustes, écrevisses), les cacahuètes, le sésame. S’agissant de la vitamine A, nous avons la citrouille, la patate douce à chair orange (PDCO), les mangues, les melons, la courge, les épinards. Ce sont des micronutriments qui jouent un rôle essentiel dans la production des cellules du système immunitaire et même dans la réponse du système de défense à l’agression de la dengue », a-t-il expliqué. Le spécialiste en nutrition dit que s’il insiste sur ces aliments, c’est « parce qu’il n’y a pas de médicament qui vise le virus ».

« En ce qui concerne le virus, c’est la réponse naturelle de notre organisme qui doit nous permettre d’y faire face, d’où l’importance de renforcer la capacité de réponse de notre organisme, c’est-à-dire du système immunitaire, et l’alimentation y joue vraiment un rôle crucial. En cette période d’épidémie, il faut avoir une alimentation variée et diversifiée, consommer au moins 5 groupes d'aliments par jour et mettre l’accent sur les fruits et légumes », a-t-il déclaré.

« Toutefois, il ne faudrait pas réduire l’alimentation uniquement à ces micronutriments parce qu’on ne peut pas vivre seulement de ceux-ci. Ce sont des aliments qu’on peut consommer pour améliorer notre apport quotidien à l’organisme. Il y a bien évidemment d’autres aliments qu’il faut continuer de consommer tels que les céréales, parce que la nutrition, c’est la consommation d’aliments variés et diversifiés, au moins un groupe d’aliments », a-t-il nuancé.

Concernant la quantité d’eau à ingurgiter par jour, il faut, selon M. Ouédraogo, éviter que l’organisme se déshydrate. C’est pourquoi il est conseillé de boire beaucoup d’eau ; dans les normes pour un individu sain, c’est 1,5 litre/jour en moyenne. « Mais ceux qui ont la dengue ont besoin de s’hydrater davantage, donc ils doivent boire très régulièrement, mais cela ne veut pas dire qu’il faut nécessairement boire 4 ou 5l d’eau par jour », a-t-il conclu.

Flora Sanou

insurr uneLe président de la Transition, chef de l’Etat, le capitaine Ibrahim Traoré, a présidé ce jour mardi 31 octobre 2023, au monument des Héros nationaux à Ouaga 2000, la cérémonie d’hommage aux fils et aux filles de la nation tombés pour la patrie lors de l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014 et du putsch manqué du 16 septembre 2015. Etaient présents à cette commémoration certains membres de l’actuel gouvernement.

 

Parents et amis de victimes, associations des victimes et autres mouvements/associations étaient nombreux à venir rendre hommage aux victimes de l’insurrection de 2014 et du coup d’Etat manqué de 2015.

Après le retentissement de la sirène à 10 heures symbolisant l'heure à laquelle est tombée la première victime de l'insurrection populaire, suivi d’une minute de silence, le chef de l’Etat a procédé au dépôt d’une gerbe de fleurs à la mémoire de ces martyrs tombés pour la nation.

Les blessés de l’insurrection, par la voix d’Issouf Nacanabo, l’un des leurs, ont prié le capitaine Ibrahim Traoré de se pencher sur leurs dossiers respectifs en ces termes : « Notre appel aux autorités de la transition, c’est de porter un regard sur le processus d’indemnisation des victimes de l’insurrection parce qu’ils ont des soucis ».

insurr 2De ses explications il ressort que les victimes devraient soumettre au comité chargé de l’indemnisation un certain nombre de documents.

« Certains ont dû s’endetter pour pouvoir établir ces documents », selon lui. « Il faut que ce comité fasse tout pour passer à l’indemnisation et s’il y a des raisons qui l’en empêchent, qu’il s’explique », a-t-il martelé.

Les parents de victimes, eux, attendent toujours que justice soit faite. Seydou Belem, parent de victime, réclame en premier lieu la justice sur tout ce qui s’est passé, même s’il reconnaît qu’il est impossible de ramener à la vie une personne morte. « Il y a eu des morts et des blessés. La première réclamation, c’est donc la justice, pour savoir ce qui s’est réellement passé. C’est vrai qu’on ne peut pas ramener à la vie une personne décédée, mais il faut faire en sorte que les parents puissent savoir la vérité », a-t-il indiqué. Selon lui, à ce jour, il n’y a aucune avancée dans le traitement des dossiers. « Il semble que c’est la Haute Cour de justice qui traite ce type de dossiers. Depuis 2018, jusqu’à l’heure où je vous parle, le dossier, à notre sens, n’a pas bougé parce qu’on nous avait convoqués pour comprendre ce qui s’était passé. Les parents sont allés expliquer ce qu’ils savaient mais jusqu’à présent, on attend toujours que la justice soit faite pour pouvoir faire le deuil de nos disparus », a-t-il déclaré.

insurr3Il ajoute que cette commémoration est une reconnaissance que des gens se sont battus pour la liberté et la démocratie dans notre pays.

À la question de savoir si ces valeurs pour lesquelles ces personnes ont perdu la vie en 2014 sont d’actualité au Burkina, il répond : « Il est difficile de porter un jugement au regard du contexte sécuritaire. Même si nous avons perdu nos parents, il y a des gens qui continuent de faire l’effort de défendre l’intégrité du territoire national. Tout n’est pas rose comme on le souhaite, mais des efforts sont faits ».

Alpha, un autre parent de victime, confie avoir perdu sa femme lors de l’insurrection de 2014. Il explique que le coup est très dur. « C’est la descente aux enfers. L’Etat n’a rien fait pour nous jusqu’à présent », a-t-il déploré.

Il y a une avancée globale dans le traitement des dossiers des victimes, selon le président des parents de victimes. P. K. Victor Pouahoulabou, président des parents des personnes décédées de l’insurrection populaire, soutient, contrairement aux autres, en ce qui concerne l’état des dossiers des victimes, qu’il y a une avancée globale.

« Courant 2019-2020, sous le régime du président Roch Marc Christian Kaboré, nous avons évalué les blessés qui étaient toujours en situation d’urgence. Ceux qui nécessitaient des opérations ont été opérés », informe-t-il. « Malheureusement, beaucoup rechutent aujourd’hui et il n’y a pas de service technique vers qui ces derniers peuvent se tourner pour se faire prendre en charge », a-t-il déploré. C’est pour cela que « nous avons lancé un appel au chef de l’État à se saisir de la question et à la gérer une fois pour toutes ».

insurr4À l’en croire, il y a même une personne qui vit toujours avec une balle logée entre ses poumons et l’opération est très risquée. « Cela nécessite que l’intéressé soit pris en charge continuellement jusqu’à la fin de ses jours parce que c’est une opération qui ne peut pas se réaliser facilement. »

Sur la question de l’indemnisation, « un comité interministériel a été mis en place par la transition. Nous demandons au chef de l’État de donner au moins des instructions, pour que d'ici à la fin de l’année 2023, les blessés soient indemnisés et que les familles puissent faire définitivement leur deuil », a-t-il souhaité.

Rappelons que les personnes mortes lors de l’insurrection populaire de 2014 sont au nombre de 28 et que celles du putsch manqué de 2015 se chiffrent à 14.

Flora Sanou

cancer seinLe cancer du sein, cette maladie virulente, des milliers de femmes en soufrent dans le monde. En effet, cette pathologie constitue la première cause de décès par cancer chez la femme. Nombreuses sont peut-être les personnes qui en sont atteintes, mais qui l’ignorent. Quels sont les premiers signes de la présence d’un cancer du sein chez la femme ? Pourquoi le nombre de femmes atteintes de ce cancer-là est plus élevé que celui des hommes qui en souffrent ? Sur toutes ces questions, le Dr Alice Nikiéma, médecin généraliste, donne des éclaircissements.

Radars Burkina : Quels sont les premiers signes de la présence d’un cancer du sein chez la femme ?

Dr Alice Nikiéma : Les symptômes peuvent associer des douleurs au sein ou des écoulements du sein qui peuvent être sanguinolents, lactescents en dehors de l'allaitement ; le mamelon peut être rétracté, la peau au niveau du sein prend l'aspect de la peau d'orange et, surtout, on peut sentir la présence d'une boule au cours de la palpation du sein. Cette boule est le premier signe d’un cancer du sein, notamment quand elle devient douloureuse.

Radars Burkina : Quels sont les facteurs de risques qui favorisent le développement du cancer du sein ?

Dr Alice Nikiéma : Ces facteurs peuvent être l’âge, la vie génitale prolongée (âge précoce des premières règles, ménopause tardive). Par exemple, une jeune fille qui voit ses premières règles à l’âge de 9 ans, c’est trop tôt. De même, une fille qui, jusqu’à l’âge de 17 ou 18 ans, n’a pas encore ses premières menstrues, peut-être exposée au cancer. L’âge de la ménopause au Burkina se situe entre 49 et 55 ans. À 55 ans, une femme qui voit toujours ses règles court le risque d’être atteinte de cancer. L’obésité, les antécédents familiaux de cancer du sein (une fille dont la mère a souffert d’un cancer du sein, peut avoir probablement le cancer), les rayonnements ionisants, les contraceptifs oraux, l'inactivité physique, voilà autant de facteurs qui peuvent être cités.

cancer sein 2Radars Burkina : Qu’est-ce qui peut expliquer le taux élevé de décès de femmes atteintes du cancer du sein ?

Dr Alice Nikiéma : La mortalité liée au cancer du sein est généralement liée au diagnostic tardif. En effet, lorsque le diagnostic est fait à un moment où aucun traitement ne peut amener la guérison, c’est la mort qui s’ensuit.

Radars Burkina : Pourquoi le nombre de femmes atteintes du cancer du sein est supérieur à celui des hommes souffrant de cette maladie ?

Dr Alice Nikiéma : Le fait que les femmes soient plus touchées que les hommes pourrait s'expliquer par le fait que le développement du cancer du sein peut être influencé par l’imprégnation hormonale de la femme. En d’autres termes, les taux d’œstrogènes et de progestérone, les hormones sexuelles féminines auxquelles elle est soumise, sont différents.

Radars Burkina : Peut-on guérir du cancer ?

Dr Alice Nikiéma : Oui, on peut guérir du cancer s'il est diagnostiqué précocement.

Radars Burkina : Quelle attitude faut-il adopter pour réduire le risque de contracter le cancer du sein ?

Dr Alice Nikiéma : La prévention repose, entre autres, sur l'adoption d'un mode de vie et d’alimentation sain. Le dépistage par l'autopalpation des seins et la consultation au moindre signe permettent aussi d’éviter le pire.

Propos recueillis par Flora Sanou

bbnanisme uneLe 25 octobre de chaque année, est célébrée la Journée internationale du nanisme. Le nanisme est un défaut de croissance caractérisé par une taille anormalement petite, comparativement à la taille moyenne des individus de même âge et de même sexe. Ce jour, mercredi 25 octobre 2023, marque la 11e édition de cette journée. Elle est placée sous le thème « Visons l’autodétermination ». À cette occasion, une équipe de Radars Info Burkina s’est entretenue avec la présidente de l’Association Elan des personnes de petite taille (Elan APPT) du Burkina Faso, Sara Maïga, pour échanger sur les difficultés rencontrées par les personnes atteintes de nanisme et sur la lutte que mène cette association en faveur de ces personnes. Interview.

 

Radars Burkina : Pouvez-vous nous dire dans quel contexte l’APPT a été créée et en quelle année ?

Sara Maïga : Avant la création de notre association, les personnes de petite taille étaient dans diverses associations. Mais étant donné que chaque type de handicap implique des besoins spécifiques, il était primordial pour nous de mettre en place une structure regroupant exclusivement des personnes de petite taille. C’est ainsi que notre association a vu le jour en 2012 dans le but de réunir les personnes atteintes de nanisme, de les sensibiliser pour qu’elles sachent qu’elles ne sont pas seules dans cette condition de handicap et que malgré la stigmatisation, les stéréotypes, la marginalisation dont elles sont victimes, elles peuvent aller de l’avant, s’épanouir comme les autres êtres humains et mener des activités. En outre, notre regroupement a pour objectif de sensibiliser toute la population au fait que les personnes de petite taille sont des êtres humains comme tout le monde qui ont besoin d’amour et d’accompagnement pour être actifs dans la vie sociale. Aujourd’hui, notre association compte plus de 40 membres.

Radars Burkina : Stigmatisation, stéréotypes, marginalisation, est-ce que les membres de votre association parviennent à surmonter toutes ces difficultés ?

bbnanisme 2Sara Maïga : Il est rare de voir une personne de petite taille en circulation, alors que nous sommes nombreuses. C’est à cause de la marginalisation et des préjugés qu’elles préfèrent s’enfermer à la maison. Il y a des parents qui ne laissent pas leurs enfants de petite taille sortir parce qu’ils ont peur du regard, des moqueries des autres. Certains pensent que ce sont des monstres, des génies. Néanmoins, grâce à la sensibilisation que nous faisons, certains arrivent à surmonter les préjugés mais ils ne sont pas nombreux. Nous continuons d’accompagner les autres afin qu’ils puissent s’en sortir également.

Radars Burkina : 11 ans après la création de l’APPT, avez-vous atteint tous vos objectifs de départ ?

Sara Maïga : On peut dire qu’on a atteint quelques objectifs. Aujourd’hui, plusieurs personnes de petite taille sont inscrites à l’école ; certaines travaillent dans la fonction publique, d’autres mènent des activités génératrices de revenus grâce à l’accompagnement de l’Etat et d’autres structures privées. Cependant, beaucoup de défis restent à relever au niveau de la formation professionnelle et de la prise en charge sanitaire.

Radars Burkina : Quelles sont vos autres difficultés, outre les préjugés ?

Sara Maïga : Les personnes de petite taille ont beaucoup de problèmes d’audition, cardiaques, d’affaiblissement des os mais il n’y a pas de prise en charge et c’est difficile. Nous avons des cartes d’invalidité qui devraient nous permettre de bénéficier de soins médicaux : soit la gratuité, soit une subvention, mais jusque-là ce n’est pas pris en compte. Même pour les frais de scolarité, la loi 012 de la Constitution prévoit l’accompagnement des personnes handicapées mais en réalité ce n’est pas le cas. Les outils dans les centres de formation professionnelle ne sont pas adaptés. Nos moyens roulants sont coûteux parce qu’il faut acheter l’engin mais aussi payer les frais de transformation, chose qui réduit la mobilité de nombreuses personnes atteintes de nanisme. Nos besoins spécifiques, en tant que personnes de petite taille, ne sont pas pris en compte, donc on a besoin de soutien pour pouvoir aller de l’avant et nous pensons que l’Etat peut le faire s’il y a de la volonté.

Radars Burkina : Quel commentaire faites-vous du thème de cette journée ?

Sara Maïga : Lorsqu’une personne est autodéterminée, elle peut s’en sortir mais tant qu’elle ne s’accepte pas comme personne de petite taille et si elle n’est pas forte psychologiquement, elle ne peut pas aller de l’avant. Il faut que la personne accepte sa différence. Nos parents nous assistent mais en leur absence qu’est-ce qu’on devient ? Le thème de cette année nous invite donc à transcender notre handicap.

Radars Burkina : Quels sont vos projets ?

Sara Maïga : Il s'agira pour nous de faire adhérer beaucoup plus de personnes en vue de partager les expériences et de chercher des opportunités pour travailler à s'en sortir. Il y a des personnes de petite taille un peu partout au Burkina mais qui ne peuvent pas se déplacer pour adhérer à l’association. Nous souhaitons avoir les moyens d’aider ces personnes dans les provinces en mettant en place des cellules. Nous souhaitons les former en développement personnel, les accompagner à travers une formation professionnelle et les aider à s'installer avec du matériel pour qu'elles puissent travailler pour se prendre en charge et ne pas dépendre des autres.

Nous prévoyons d’avoir un siège pour l'association ; cela nous permettra de mener beaucoup d'activités parce que jusque-là, nous nous rencontrons dans un domicile privé. L'objectif est de travailler également à avoir des médecins pour le suivi des personnes de petite taille.

Radars Burkina : Quel message avez-vous à lancer à l’occasion de cette journée ?

Sara Maïga : D’abord aux familles, je voudrais dire ceci : si la famille n’accepte pas une personne, il ne faut pas qu’elle s’attende à ce que la communauté l’accepte. Si à la maison on ne vous accorde aucune dignité, vous vivrez renfermé sur vous-même. Donc il faut que les familles des personnes de petite taille acceptent leurs enfants tels qu’ils sont et leur apportent beaucoup d’amour pour qu’ils aient confiance en eux-mêmes.

En outre, j’interpelle la communauté afin qu’elle ait un regard positif sur les personnes de petite taille parce que nous sommes des êtres humains comme les autres. Nous voulons que les gens nous voient comme des personnes ayant une différence, certes, mais faisant partie de l’humanité. Nous ne sommes pas des monstres. Savez-vous que dans certaines contrées du Burkina, quand une personne de petite taille meurt, on ne l’enterre pas ? On la trimbale partout jusqu’à ce que son corps disparaisse. Dans certains pays, ces personnes atteintes de nanisme sont même tuées sous prétexte que certaines parties de leur corps peuvent être source de richesse. Les femmes de petite taille sont violées. Il faut que cela cesse, de même que les moqueries.

Par ailleurs, j’invite les autorités à prendre en compte les personnes de petite taille et leurs besoins spécifiques pour les accompagner. En tant qu’association, on ne peut pas tout faire, on a besoin de l’aide de l’Etat et de toute bonne volonté.

Enfin, j’exhorte les personnes de petite taille à s’autodéterminer, à aller au-delà de tout ce qui est négatif, à s’aimer et à accepter leur handicap pour pouvoir aller de l’avant. Le handicap n’est pas une fatalité.

Propos recueillis par Flora Sanou

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