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Indemnisation des travailleurs des ex-garderies populaires : « Ce n'est que justice rendue » (Alouna Traoré)

alountraoreLe gouvernement burkinabè a adopté un rapport relatif à l'indemnisation de 548 moniteurs et monitrices volontaires des ex-garderies populaires, dont l’incidence financière est estimée à 1 660 084 234 F CFA. Est-ce la réparation d’une injustice ? Alouna Traoré, conseiller juridique de Thomas Sankara, ancien membre des Comités de défense de la révolution (CDR), nous en dit plus dans cette entrevue.

 

Radars Burkina : A quoi servaient ces garderies populaires ?

Alouna Traoré : La garderie populaire, c’est à l’image des crèches. Les agents de l’Administration publique, ceux qui allaient chercher leur pain quotidien, laissaient leur progéniture dans ces garderies populaires. C’était un soulagement pour les fonctionnaires.

Radars Burkina : Que pensez-vous de cette décision du gouvernement ?

Alouna Traoré : On nous a appris très tôt que le bien produit le bien. Heureusement, le Conseil des ministres est revenu là-dessus. Un bienfait n’est jamais perdu. À César ce qui est à César. La justice commence par la reddition. Ce que chacun a fait, il le mérite. Quand vous avez fait le bien et que les gens de bien sont au pouvoir, ils se rappellent tout ce que vous avez fait. En Afrique, notre éducation commande le respect des anciens pour ce qu’ils ont été dans le maintien du socle de tout ce que les générations passées ont apporté à la communauté. Cette mesure est salvatrice ; elle permet à ces travailleurs de savoir que tout ce qu’ils ont produit pour la communauté nationale n’a pas été vain. Merci au gouvernement d’y avoir pensé.

Radars Burkina : D’aucuns estiment que dans ce contexte de lutte contre l'insécurité où le pays est en quête permanente de fonds, l’indemnisation de ces travailleurs des ex-garderies populaires n’est pas une priorité. Que leur répondez-vous ?

Alouna Traoré : J’ai peur de ces savants de ces dernières générations. Tout ce qui peut arranger le pays et les gens de ce pays pour les sortir de cette lutte, ils y sont opposés. Il y a des gens qui connaissent le bien, ils savent où on doit destiner les fonds, mais ils ne font jamais le bien. Ils ne luttent que pour leurs propres intérêts. Il n’y a que ceux qui sont repus et qui sont au service de l’argent facile et du gain facile qui n’apprécient pas ce qui arrive, parce que cela n’a pas été enseigné dans les écoles de leur maître que le bien produit le bien ; il n’y a que l’exploitation qui soit bien à leurs yeux.

Radars Burkina : Est-ce que cette action du gouvernement est réparatrice du tort passé ?

Alouna Traoré : Nous sommes en train de lutter contre l’injustice de ceux qui nous exploitent au quotidien, sans panser les plaies passées. Je suis parfaitement d’accord avec le fait que le gouvernement répare ces torts, surtout qu’on est en train de lutter pour libérer le pays. Il faut désinfecter le pays de toutes les injustices passées et regarder droit devant nous. Ce n'est donc que justice rendue.

Radars Burkina : Pensez-vous que cette indemnisation peut contribuer à la lutte contre le terrorisme ou être un facteur de cohésion sociale ?

Alouna Traoré : Quand on répare un tort, c’est la satisfaction. Cette frange de la population qui ne pouvait pas participer à cette guerre, une fois ces réparations faites, ne serait-ce qu’une prière à l’intention de ceux qui luttent, c’est déjà quelque chose. C’est donc également un facteur de cohésion.