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Lutte contre la désinformation : Un outil de veille sur les réseaux sociaux mis en place

obsvatoire uneDe nos jours, les réseaux sociaux servent de canaux de communication pour faire passer une information. Cependant, ces plateformes sont de plus en plus utilisées comme vecteurs de désinformation et de diffusion de discours de haine. Ainsi, dans un pays en crise comme le Burkina, lutter contre la désinformation et les discours haineux ne pourrait-il pas contribuer à lutter contre l’insécurité et favoriser la cohésion sociale ? C’est en réponse à cette question que l’Observatoire citoyen des réseaux sociaux (OCRS) a vu le jour. Dans une interview accordée à Radars Info Burkina, Cyrille GUEL, président d’Educommik, responsable de cet outil de veille, nous en dit plus.

 

Radars Info Burkina : Qu’est-ce qui a motivé la mise en place de l’Observatoire citoyen des réseaux sociaux (OCRS) ?

Cyrille GUEL : Les médias sociaux font partie intégrante du quotidien des Burkinabè et ont un impact non négligeable sur le débat public et sur la formation de l’opinion publique concernant surtout des questions importantes pour la société.

S’il est vrai que les réseaux sociaux numériques ont donné aux citoyens d'énormes possibilités de communiquer, d'apprendre, de s’informer, de s'engager et de se connecter, en même temps qu’ils ont permis à la société burkinabè d’engranger d’énormes acquis, force est de reconnaître néanmoins qu’ils sont de plus en plus utilisés comme vecteurs de désinformation, de diffusion de discours de haine, de théories du complot et d'autres contenus potentiellement préjudiciables à la démocratie, aux droits de l'homme et à la cohésion sociale comme c’est le cas actuellement au Burkina Faso et dans certains autres pays du Sahel où la désinformation numérique est devenue une caractéristique de plus en plus courante du paysage politique.

Au Burkina Faso particulièrement, depuis 2020, les réseaux sociaux numériques sont devenus une source de fragmentation du tissu social, eu égard à la recrudescence de contenus de plus en plus dangereux qui y sont publiés. En témoignent les affaires dites « appel à incendier le palais du Moogho Naaba » ainsi que les appels à assassinat et menaces proférées, souvent même à visage découvert (par vidéo), sur les réseaux sociaux par des individus, entre autres. Face à cette situation, une veille renforcée des réseaux sociaux numériques s’avère plus qu’indispensable. C’est pourquoi notre organisation, EducommuniK, dans sa stratégie consistant à engager efficacement les citoyens, particulièrement les jeunes dans un processus de changement social positif, a décidé d’apporter sa contribution par la mise en place d’un Observatoire citoyen des réseaux sociaux (OCRS).

Radars Info Burkina : Quel est l’objectif visé à travers la mise en place de cet outil ?

Cyrille GUEL : La mise en place de l’Observatoire citoyen des réseaux sociaux répond à une volonté de contribuer à assainir un tant soit peu l’espace numérique au Burkina Faso par le suivi et l’analyse des tendances de l’opinion publique issues des médias sociaux numériques en vue de développer des actions correctives pertinentes.obsvatoire 2

Radars Info Burkina : Comment fonctionne l’Observatoire ?

Cyrille GUEL : Il est constitué, pour le moment, d’une équipe de 10 jeunes détectives (80% de femmes) équipés de Smartphones pour parcourir quotidiennement les plateformes de réseaux sociaux les plus utilisés au Burkina Faso (Facebook, Instagram, TikTok et les groupes populaires sur WhatsApp) afin de suivre, détecter et répertorier tout contenu de désinformation et d'incitation à la haine et à la violence susceptible de constituer un préjudice hors ligne. Les détectives juniors font un rapport quasi quotidien à l’équipe administrative d’EducommuniK qui, à son tour, après analyse et vérification approfondie, signale les contenus jugés préjudiciables à son partenaire de confiance META ou saisit, si nécessaire, les autorités compétentes (le bureau du procureur du Faso, la Brigade centrale de lutte contre la cybercriminalité) pour traitement et mesures à prendre.

Sur la base des cas de désinformation et de discours de haine avérés, l’organisation mène des actions correctives pertinentes en ligne et hors ligne pour un changement de mentalités et de comportement des citoyens.

A la lumière des rapports journaliers des détectives juniors, l’équipe administrative produit tous les 2 mois un bulletin faisant le point des cas de désinformation répertoriés et des discours de haine distillés. Ce travail est fait avec le concours d’une cellule d’analyse constituée de représentants d’organisations de la société civile partenaires et de personnes-ressources.

Radars Info Burkina : Les réseaux sociaux sont un vaste espace ; pensez-vous vraiment pouvoir lutter efficacement contre la désinformation et les discours de haine qui y sont diffusés avec cet outil ?

Cyrille GUEL : La désinformation et le discours de haine sont des phénomènes qui ont toujours existé et qui continueront à exister tant que l’être humain existera. Avec l’avènement des réseaux sociaux numériques, ces phénomènes ont pris de l’ampleur. A notre niveau, nous nous sommes donné pour mission d’utiliser l’Education aux médias et à l’information (EMI) pour contribuer à réduire énormément l’impact de ces phénomènes sur les populations, particulièrement sur les jeunes. Pour ce faire, nous développons des initiatives innovantes visant à renforcer les connaissances et les compétences susceptibles d’aider les individus, particulièrement les jeunes. La mise en place de l’Observatoire participe de cette lutte et nous espérons qu’ensemble, avec tous les autres acteurs de la société, nous parviendrons à un résultat acceptable.

Radars Info Burkina : Quelles sont vos attentes ? 

Cyrille GUEL : Quand on met en place un produit, la première attente est de voir que ce produit est vraiment utile à ceux pour qui on l’a fait. Cela dit, notre plus grande attente est de voir l’OCRS figurer parmi les dispositifs de veille citoyenne les plus efficaces au Burkina Faso et même au-delà. Savoir que le public s’est approprié l’Observatoire et que cet outil contribue véritablement à un changement positif de comportement sur les réseaux sociaux numériques et, partant, dans la vie réelle, tel est notre souhait.

Propos recueillis par Flora Sanou