Relation patronne-fille de ménage : De la complicité à la rivalité

fillr de menageDe nos jours, trouver une fille de ménage à Ouagadougou n’est pas chose aisée. Ce problème  qui passe un peu inaperçu dans la société  est de plus en récurrent dans les foyers, au point d’en constituer pour les maîtresses de maison, un véritable casse tête chinois.   Toutefois, pour celles qui ont pu en dénicher une, ce n’est pas toujours une partie de plaisir dans la mesure où la cohabitation n’est pas toujours évidente et se transforme parfois même en un cauchemar.

Compte tenu des changements et de la difficulté de la vie,  les femmes de nos jours sont obligées de travailler pour venir en aide aux maris dans les dépenses de la maison. Toute chose qui les contraint à avoir recourt aux filles de ménage pour l’entretien de la maison, la garde des enfants, etc.

Mais, de plus en plus il est difficile de trouver une fille de ménage à Ouagadougou, cela parce que beaucoup de parents dans les villages scolarisent de plus en plus leurs filles. A l’instar de cette difficulté, tomber sur une fille travailleuse, relève aujourd’hui d’une loterie selon les maitresses de maison. « Certes de nos jours, il est difficile de trouver une fille ménage, mais le véritable problème c’est d’en avoir une qui veuille vraiment travailler » explique, Mme OUEDRAOGO, une patronne de femme de ménage.

Outre cette difficulté de trouver une fille de ménage, la cohabitation entre « ces perles rares » et leur patronne est souvent teintée d’éclairs. En effet, plusieurs problèmes peuvent en découler, il y a entre autres  la maltraitance et l’exploitation des filles de ménages liées aux conditions de travail de ces filles, qui sont souvent atroces, dans la mesure où elles  sont les premières à se réveiller et les dernières à aller au lit et ce, pour  recevoir à la fin du mois un salaire nettement en deçà du Salaire Minimum Interprofessionnel Garanti (SMIG).

Aussi, une autre difficulté majeure de ce « binôme » réside dans  les conflits qui naissent souvent entre elles. En effet, les aide-ménagères sont souvent victimes  de violences corporelles (bastonnades, privation de nourriture etc.) et morales (injures, moquerie, propos blessants). Pour Mme Martine ZERBO, chargé du placement des filles de ménage, « certaines  filles de ménage ne sont pas sérieuses. « En plus d’être paresseuses, d’autres sont pratiquement rebelles. Cela peut créer des mésententes avec la patronne », estime t-elle.

 Même son de cloche pour Mme OUEDRAOGO. Selon elle, certains problèmes peuvent subvenir du fait du manque de respect et de la de la mauvaise foi des filles de ménage dans l’exécution de leurs tâches. « Quand tu prends une fille de ménage chez toi, tu la prends en charge entre autres tu la nourris, elle dort chez toi, alors que tu la payes un salaire à la fin du mois et elle ne veut pas travailler  convenablement, t’obligeant à  faire souvent toi-même ton travail, je peux comprendre la violence de  certaines femmes, même si je trouve que cela n’est pas la solution » explique-t-elle. « Personnellement si ma fille de ménage déconne je parle pour la ramener à l’ordre, si je sens qu’elle n’a aucune volonté, je préfère me séparer d’elle que de la violenter » ajoute-t-elle.20180718 122645

Certaines filles de ménage, à l’instar de Flora  pense ne pas être les seules fautives dans les problèmes qui résultent de la cohabitation, en ce sens que   ces problèmes sont dus à la rigueur de certaines  patronnes qui n’essaient pas toujours de se mettre à leur place et qui ne les traitent pas souvent comme des humains. « Les difficultés résident  dans le fait que souvent on blâme trop les filles de ménage,  en plus du fait qu’il y a des patronnes qui sont trop compliquées.  A la moindre erreur, ce sont des paroles et des coups. Personnellement, je veux  que si je fais quelque chose de mal, je ne veux pas qu’on parle trop sur moi. Il faut simplement me montrer comment je dois  faire la prochaine fois », a-t-elle confié.

Egalement, il faut noter que ces filles de ménage sont souvent victimes  d’injustice et même de harcèlement de la part de certains patrons. « Souvent, dans les maisons si quelque chose disparait, ou s’il y a un problème on ne cherche même pas à comprendre, on accuse directement la fille de ménage, même si ce n’est pas elle. Certaines  même sont victimes de harcèlement de la part de leurs patrons, mais les femmes accusent les filles de ménages de coucher avec leur mari, en ignorant la responsabilité de ces derniers », explique Flora.

Toutes ces raisons en plus de l’alphabétisation, pourraient expliquer la rareté des filles de ménage dans les centres urbains qui préfèrent de plus en plus faire autre activité que d’être aide-ménagères dans une famille.

Edwige SANOU