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Maîtrise de l'énergie et transition énergétique : quelle devrait être la responsabilité des collectivités territoriales ?

Dissa uneA cause des grands consommateurs d'énergie (industries, hôtels, hôpitaux, immeubles et assimilés...), les villes à elles seules représentent 70 à 80% de la consommation totale d'énergie de nos Etats.

Mais nos bourgmestres (maires) et leurs exécutifs locaux sont-ils conscients que la ville est la pierre angulaire de la maîtrise de l'énergie dans toutes ses dimensions et dans la dynamique de mixité fonctionnelle ?

Pour ne pas être long, nous évoquerons juste quelques pistes pour convaincre nos élus locaux de la nécessité de s’intéresser véritablement à cette question plus que cruciale !

Dans un contexte de transition énergétique caractérisé, entre autres, par la recherche de l'amélioration du cadre de vie des populations, où les énergies fossiles, caractérisées par des rejets de gaz nocifs pour la santé humaine, des gaz à effet de serre (ou précurseurs) COx, SOx, les COV..., sont appelées à être mixées ou totalement remplacées, à terme, par les énergies renouvelables, la ville, grande consommatrice d'énergie sous toutes ses formes, devrait se présenter comme le champion de cette transition énergétique par la culture des énergies de faible impact environnemental, la sobriété énergétique par l’optimisation de la consommation, l’efficacité dans l'exploitation énergétique (efficacité énergétique) et la promotion des énergies renouvelables.

Pour ce faire, les maires devraient poser la grue sur chacun des chantiers suivants :

(1)La promotion des énergies renouvelables : à la fois pour les besoins en électricité (éclairage, feux tricolores, espace public, bâtiments administratifs, salles de spectacles, édifices sportifs, espaces récréatifs, les ERP, les marchés ....), en carburant (bioénergie pour trafic urbain, notamment les transports en commun mais aussi pour les taxis et les moulins), pour la production des chaleurs pour les industries et petites industries, en particulier les chaudières des boulangeries et autres. Mais, jusqu’à présent, malgré les projets pour la promotion des biocarburants, en l’occurrence le jatropha, aucune lueur d’espoir quant à l’utilisation de ce biodiesel dans ces différentes applications citées n’est perceptible. Dans le combat pour la promotion des énergies renouvelables, nous espérons qu’une lueur de raison pour la vulgarisation des bioénergies, en l’occurrence les biocarburants, éblouisse nos bourgmestres ! Comparés aux carburants fossiles, ces biocarburants devraient permettent de réduire efficacement les émissions urbaines de façon significative.

dissa 2(2) L’efficacité énergétique : pour réduire et maîtriser la consommation d’électricité des villes, les maires doivent veiller à ce qu’un effort soit fourni à tous les tous niveaux : (i) le contrôle régulier des moteurs de motocyclettes, taxis-motos, taxis, voitures personnelles… bref, de l’ensemble des composantes du transport urbain, doit être rigoureux et un tandem plus serré établi avec le CCVA. En effet, la consommation finale de la ville en carburant est tributaire de la qualité du contrôle des moteurs, peu importe leur puissance ; (ii) les qualités des ampoules pour l’éclairage public comme privé, des installations des industries grandes consommatrices, des systèmes de chauffage électrique,  de l’isolation des bâtiments  isolés doivent être régulièrement vérifiées.

(3) mettre en place la culture de construction d’habitats à faible consommation énergétique par l’utilisation de matériaux locaux. Il a été démontré scientifiquement que les maisons conçues en blocs latéritiques taillés (BLT) offrent de meilleures performances énergétiques en réduisant fortement la charge de climatisation de la maison. Jusque-là, à part les communes urbaines de Houndé et Boromo et des communes rurales riveraines, on ne sent pas, malgré ces données indéniables, un véritable élan de vulgarisation de ce type d’habitat local aux performances énergétiques indiscutables. La disponibilité de la ressource, dira-t-on, est un facteur limitant ; mais rappelons que nous allons souvent chercher du klinker à plus de mille kilomètres pour fabriquer le ciment.

(4) La cogénération ou production d’électricité à partir des déchets urbains : la question fondamentale de la gestion durable des déchets est un gros os qui reste en travers de la gorge de nombreuses collectivités territoriales. A part les déchets ultimes qui n’ont de solution que l’enfouissement, pour une planification urbaine durable, les communes doivent favoriser une gestion durable des ordures ménagères par la valorisation desdits déchets. La valorisation énergétique est l’une des pistes de solution approuvées qui permet à la fois d’éliminer les déchets et de contribuer à l’augmentation de l’offre énergétique de la ville. Moyennant un schéma directeur cohérent de gestion des déchets en plus d’une mise à jour régulière de ce schéma, la plupart des villes de la taille de nos 13 chefs-lieux de région ont la possibilité de mettre efficacement en dissa 3œuvre un système de cogénération des déchets urbains. En plus, en matière de financement, le fonds vert climat dispose de mécanismes de financement propres de projets à portée des collectivités. Les maires peuvent, bien sûr, s’inspirer des expériences d’autres collectivités à travers le monde dans le cadre de la coopération décentralisée.

 

Professeur Alfa Oumar Dissa

Professeur titulaire en Physique Appliquée /Energie solaire et thermique

Ancien ministre de l’Energie