Au Burkina Faso, en dépit de la répression menée par le gouvernement, les médicaments de la rue sont toujours visibles dans les marchés de la ville. En effet, plusieurs actions ont été menées pour sensibiliser la population quant au danger imminent lié à la consommation de ces médicaments. Même les distributeurs et les revendeurs ont déjà fait l’objet de répression. Des tonnes de médicaments ainsi ont été brulées pour mettre le pauvre citoyen a l’abri du danger lié à ces produits. Malgré cela le mal existe.
Les médicaments de la rue sont un phénomène qui a la peau dure au Burkina Faso. En effet, après plusieurs années de lutte, de répression ce fléau continue de sévir dans les villes du pays. Ils sont nombreux ces commerçants qui font toujours de la vente de ces produits leur gagne-pain. Ils sont installés dans les marchés, aux abords des voies, d’autres même sont des marchands ambulants qui font du porte-porte à la recherche d’une victime potentielle.
Au marché de Nioko 2 par exemple, ces vendeurs de poison sont dans tous les coins. En effet, ils sont plus d’une dizaine installée les uns à la suite des autres. Le plus triste, c’est la cliente affluente que ces commerçants arrivent à fidéliser.
Hamado GUIRA, un jeune garçon de 15ans, comme bon nombre de jeunes, vendent ces produits au marché de Nioko 2. Travaillant aux services de son oncle, Hamado nous confie que leur fournisseur est au grand marché de la ville de Ouagadougou. A la question de savoir s’il est conscient de la dangerosité du son activité, il nous explique qu’aucun de ses clients n’est déjà venu se plaindre ou n’a déjà eu de problème suite a l’utilisation de ses produits. « Bien au contraire, les gens nous remercient, parce que grâce à nos produits, ils recouvrent rapidement la santé et à moindre coût », se réjouit-il.
Confiant de la qualité de ses produits, il nous tend un médicament en plaquette dont il vente très vite les mérites. Selon lui, la plaquette qu’il nous recommande est un vrai remède contre le paludisme et serait l’idéale en cette période d’hivernage.
Sur le tablier de ce « docteur-tueur », on y voit toutes sortes de produits, sous forme de comprimés, de crèmes, de sirops, de poudres et de gélules. Des poisons qui selon le degré de dangerosité, peuvent conduire immédiatement à la morgue où se révéler être des tueurs silencieux. Mais ce petit vendeur est convaincu avoir la solution à presque toutes les maladies.
Sur les lieux, notre regard fut attiré par la quantité spectaculaire de produits exposés, qui ont la magie selon les vendeurs de modifier la physionomie de la femme (grossir la poitrine, le postérieur, ainsi que les bassins). Il faut noter que les femmes sont majoritairement séduites par ces produits. Sur les lieux c’est donc un défilé de mode de la gente féminine. Nous y avons rencontré une jeune dame, mince, de grande de taille, le teint pas tout à fait uniforme, en quête de produit pour faire grossir son postérieur. « Tiens ça, c’est vraiment efficace. En trois jours tu va commencer à voir le résultat. En plus ça ne coûte pas cher, c’est cinq cent franc seulement ». explique Hamado, le vendeur de médicaments à la dame.
En plus de vendre des poisons aux gens, ces revendeurs de médicaments de la rue ignorent les composants de leur « guéri-tout ». Le plus dangereux également dans la consommation de ces produits est que les vendeurs ne connaissent même pas les produits qu’ils vendent encore moins la posologie. Notre jeune frère nous tend une plaquette de pilules contraceptives dont il ignore complètement l nom. Pour lui c’est un produit pour ne pas concevoir. « Il faut en prendre un comprimé après chaque rapport non protégé si tu ne veux pas d’enfant », conseille-t-il à ses clientes.
Outre les luttes, il est temps que la population elle-même prenne conscience de la dangerosité du fléau et que individuellement chaque personne en cas de besoin ait le reflexe de l’hôpital et de la pharmacie.
Edwige SANOU
Alexiane YAMEOGO
