jeudi 18 avril 2024

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LIGNE ROUGE : 2019, une année de grands enjeux sécuritaires

édito uneC’est fait ! L’état d’urgence, tel que souhaité par certains observateurs avisés de la situation sécuritaire, a été décrété dans certaines provinces du Burkina ce lundi 31 décembre 2018, au terme d’un Conseil des ministres extraordinaires. Une décision bien accueillie par une frange de la population à l’orée du Nouvel An. Si 2018 a été une année chaotique et meurtrière à bien des égards, 2019 sera véritablement celle d’enjeux sécuritaires au plan national.

En décidant de s’opposer, dès son accession au pouvoir en 2015, aux desiderata des groupes terroristes, Roch Marc Christian Kaboré a rompu un lien incestueux avec « les fous de Dieu ».  En fait, le nouveau régime était confronté à une double équation. Dans un premier temps, il aurait pu garantir la sécurité des populations en coopérant avec les chefs terroristes. Dans un tel scénario, le pays des hommes intègres aurait perpétué de vieilles pratiques et aurait été, de ce fait, un carrefour de blanchiment de capitaux,  de trafic d’armes, de trafic  de drogue ou de toute autre pratique délictuelle. L’autre option, par ailleurs, consistait à éviter de faire du Faso un « Etat voyou » en s’opposant avec véhémence à toute forme de collaboration impliquant les bandes armées. Cette audace, la gouvernance Roch Kaboré va la payer très cher. Ainsi, des civils puis des agents des forces de sécurité et de défense seront la cible d’attaques sanglantes et meurtrières. L’outrecuidance des terroristes atteindra son paroxysme le 2 mars 2018 avec l’attaque de la direction de l’état-major général des armées, au cœur de la capitale, Ouagadougou.

Du nord à l’est et de plus en plus dans l’ouest du pays, des citoyens sont tués, des postes de contrôle incendiés. De téméraires corps habillés vont y perdre la vie en voulant sauver à tout prix, avec des moyens dérisoires, toute une nation. Certains supposés indicateurs (chefs de villages, dignitaires religieux, enseignants, conseillers et des autorités locales) seront enlevés, parfois froidement exécutés pour imposer au reste des habitants, tenaillés par la peur, une « omerta », un silence protecteur. Le meurtre cruel le 8 avril 2018 du maire Hamidou Koundaba dans la commune de Koutougou,  localité située à environ 120  kilomètres de Djibo, en dit long à ce sujet. Ce crime odieux sera ensuite revendiqué  par le groupe Etat islamique dans le grand Sahara (EIGS).

Suite aux menaces des assaillants, 200 écoles seront fermées, ce qui entraînera  la déscolarisation de plus de 20 000 élèves.

édito3Les Burkinabè, même s’ils en doutaient, seront choqués de constater, avec le démantèlement d’un réseau terroriste à Rayongo (dans la périphérie de Ouagadougou), que des fils du pays ont décidé de prendre des armes contre leur patrie. A ce jour, de nombreuses attaques non revendiquées confortent la thèse de certains observateurs qui évoquent plutôt la recrudescence violente d’un règlement de comptes entre anciens dignitaires et pouvoir en place. « Affaiblir les régions, attirer les soldats dans des guet-apens et attaquer la capitale tel que suggéré dans les écoutes téléphoniques entre le général Djibril Bassolé et le patron du Parlement ivoirien, Guillaume Soro, est une stratégie qui est en marche », a confié à Radars Info Burkina un haut gradé de l’armée ayant requis l’anonymat.

La résilience contre le terrorisme

L’armée burkinabè, prise au dépourvu dès les premiers moments de ces incursions terroristes, va toutefois mener de vastes opérations avec, parfois, la collaboration des forces alliées du G5 Sahel. De nombreux terroristes sont appréhendés sans tambour ni trompette. Certains seront tués suite à des échanges de tirs. Cependant, Human rights Watch, dans un rapport à polémique en date du 21 mai 2018, fait cas d’exécutions sommaires perpétrées par les forces de sécurité burkinabè contre des civils dans le nord du pays. Les  populations, dès lors, redoutent autant les terroristes que l’armée.

Dans cette guerre asymétrique, chaque camp fait preuve de résilience. Les terroristes procèdent de plus en plus par des attaques surprises à l’aide d’engins explosifs. 10 gendarmes ont trouvé la mort dans une embuscade le jeudi 27 décembre 2018 à Toéni, une localité de la Boucle du Mouhoun. Les frappes aériennes menées contre des bases terroristes dans l’est du Burkina le 17 septembre 2018 semblent être une panacée incontournable pour éviter plus de morts dans les rangs de l’armée. Toutefois, force est de reconnaître que la base aérienne a aussi ses limites, liées entre autres à l'insuffisance d’aéronefs.

L’heure d’un véritable sursaut patriotique

Une des forces endogènes qui puisse sortir le Burkina Faso du bourbier terroriste, c’est son unité. La cohésion sociale qui a mobilisé les Burkinabè contre le maintien de Blaise Compaoré au pouvoir semble s’étioler de jour en jour. Les déceptions sont quasiment proportionnelles aux attentes suscitées par le retour à l’ordre constitutionnel après une transition relativement chancelante. Les partisans de Roch Marc Christian Kaboré rêvent de le voir réélu en 2020. 2019 sera de toute évidence une année de pré-campagne électorale. L’opposition, surfant sur l’inefficacité du régime en place, ne manquera pas d’arguments pour séduire de potentiels électeurs, déçus notamment de la gestion des crises sécuritaires par la majorité. Les querelles de leadership entre les différents partis, les escarmouches au sein du Mouvement du peuple édito 2pour le progrès (MPP), les règlements de comptes opposant ténors politiques, l’exacerbation de la grogne sociale, qui se traduit par des revendications tous azimuts, sont autant de préoccupations qui risquent de porter préjudice à une réelle mobilisation en vue de lutter contre le terrorisme. L’heure devrait pourtant être à la quête de ressources pour doter les forces de défense et de sécurité nationales d’un arsenal conséquent à même de leur permettre de riposter efficacement aux groupes armés. Pour soutenir les Etalons en route pour la Coupe d’Afrique des nations de football Tunisie 2004, les Burkinabè, dans un sursaut patriotique, avaient pu réunir près d’un milliard de francs CFA. Pour la préservation de leur sécurité, ils sont nombreux nos compatriotes qui sont prêts à consentir des sacrifices financiers majeurs. Cet effort de guerre doit toutefois être encadré par une transparence  dans la gestion des fonds émanant de cette éventuelle souscription volontaire et populaire. Quant aux acteurs politiques,  ils doivent privilégier l’intérêt supérieur. Le pays doit survivre aux hommes afin que l’ultime sacrifice des soldats tombés ne soit pas vain.

 

Boubié Richard Tiéné

www.radarsburkina.net

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