lundi 6 mai 2024

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Victimes du putsch de septembre 2015 à la barre : des témoignages qui font froid dans le dos

temoign uneLe passage à la barre des victimes du putsch du CND, débuté hier, s’est poursuivi ce jour au tribunal militaire de Ouagadougou. Récits poignants, confrontations avec les accusés étaient au menu. Plusieurs victimes disent avoir été copieusement bastonnées par les éléments de l’ex-RSP, et d’autres ont vu leurs engins à deux roues partir en fumée.

Ernest Lingani, agent de sécurité, a été roué de coups le 17 septembre 2015. Il dit être sorti avec la mobylette de son épouse. Aux alentours du rond-point de la Bataille du rail, il constate un attroupement où il apprend que le RSP a pris ses aises à ladite place et qu’il est impossible d’y accéder. Pendant qu’il était en pleine discussion avec les autres manifestants, ils sont surpris par une V8 Land Cruiser noire sur laquelle flotte le drapeau du Burkina. Un des occupants du véhicule descend et commence alors une course-poursuite. Ernest Lingani est rattrapé et tiré par le col de sa chemise par son bourreau qui promet qu’il va rendre témoignage. Deux autres militaires à bord du véhicule viennent en renfort au premier et à trois, ils bâtonnent la victime en servant d’un objet dont chacune des  extrémités est en fer. L’infortuné s’en tirera finalement le bras gauche  cassé et une famille sous le choc.

Ousseni Oueremi, gérant de société et responsable de la sécurité du MPP au moment des faits. Il raconte que le 18 septembre vers 10h, il a reçu un coup de fil de feu Salifou Diallo lui demandant du renfort. Le défunt président du MPP aurait appris que des individus avaient pour intention de venir brûler sa concession. Alors avec dix personnes, ils prirent la route du domicile en question, mais seulement cinq d’entre eux y parviendront du fait des barricades. Postés à l’extérieur de la cour, ils remarqueront vers 17h30 un véhicule militaire blindé qui a fait deux fois le tour de la concession. Peu après cela, ils entendent des crépitements de balles et aperçoivent de la fumée qui s’échappe de l’intérieur de la maison. C’est alors le sauve-qui-peut. En tentant de se sauver, Ousseni  Oueremi et le chauffeur de feu Salifou Diallo tombent sur un groupe de jeunes au bout de la ruelle. Le chauffeur arrive à s’enfuir mais la victime, elle, est agressée par les mécontents, qui menacent de lui briser le crâne avec un gros caillou. Ils le dépouillent de ses biens et le laissent s’en aller. Il ajoute avoir appris après l’incendie de la maison qu’un individu exhibait la carte d’électeur de Salifou Diallo et était logé à l’hôtel Ibis par les éléments du RSP. Et cet individu n’était autre que Faycal Nanéma.

Confronté au témoignage de la victime, l’accusé chez qui ont été retrouvés des objets appartenant à Salifou Diallo nie avoir fait partie des jeunes qui ont agressé le sieur Oueremi. Il soutient également que les objets retrouvés en sa possession ont été acquis auprès de deux jeunes gens au rond-point des martyrs et revendus au gérant de l’hôtel Ibis où il était logé. Pour ce qui est de la carte d’électeur, il affirme ne l’avoir jamais eue en sa possession et même qu’il a des preuves que son propriétaire a voté avec aux élections de 2015. L’accusé soutient par ailleurs que le procès-verbal détenu par le parquet est monté de toutes pièces.

Michel Bagbila, une autre victime appelée à la barre, ne témoignera pas finalement. Agé aujourd’hui de 20 ans, il avait 16 ans au moment des faits. Compte tenu du fait qu’il est mineur et en l’absence de son père dans la salle, le président du tribunal a demandé au témoin de rejoindre sa place.

temoign 2Ousmane Paré, pompier, était de garde le 16 septembre avec trois de ses collègues. Appelée pour secourir une personne blessée au niveau de la place de la Nation, l'équipe embarque dans l'ambulance. Lorsqu'ils passent sur le pont Kadiogo, Paré et ses collègues constatent des barricades érigées par des éléments de l'ex-RSP pour chasser les manifestants à proximité. A leur vue, les soldats lèvent les barricades pour les laisser passer, mais à peine le véhicule des pompiers les a-t-il dépassés qu’ils ouvrent le feu sur l'ambulance et touchent le pompier Paré à l'épaule. Ses collègues le conduisent directement à l'hôpital Yalgado Ouédraogo où il sombre dans le coma pendant deux jours. La victime avoue que jusqu'à présent, la balle est toujours logée dans sa poitrine et qu'il en ressent souvent les douleurs. Le parquet et le conseil de la partie civile, Me Prosper Farama, se sont offusqués du fait que les éléments de l’ex-RSP aient eu le courage de tirer d'une part sur leurs frères d'armes et d'autre part sur une ambulance, chose qui ne se fait pas, même en temps de guerre.

Attaché de santé, Jean Firmin  Nacoulma déclare avoir été poursuivi et battu par un militaire à l’aide d’une cordelette le 20 septembre derrière l’hôtel Laïco. Après l’avoir passé à tabac et laissé évanoui, le soldat a emporté son téléphone portable et sa tablette. Grâce à une application qu’il avait installée sur ladite tablette, il recevait dans son compte Gmail toutes les photos prises avec l’appareil, avec spécification du lieu et de la date. C’est en  comparant les photos reçues dans son compte et celles publiées dans les journaux pour rechercher des éléments de l’ex-RSP en fuite suite à l’attaque de Yimdi, qu’il reconnaîtra le militaire responsable de sa bastonnade. Il s’agirait du soldat Seydou Soulama. Mais celui-ci ne reconnaît pas les faits qui lui sont reprochés et soutient que grâce aux réseaux sociaux il est très facile d’avoir les photos d’une personne. Le parquet a battu en brèche cette affirmation, invitant plutôt l’accusé à reconnaître avoir été piégé par la technologie. Seydou Soulama est resté constant dans ses déclarations, soutenant qu’il n’a ni battu le sieur Nacoulma, ni retiré ses appareils comme celui-ci l’a affirmé.

Yacouba Manli, fonctionnaire de police, était en service au domicile de feu Salifou Diallo en septembre 2015. Il raconte que le 17 septembre, des manifestants ont essayé par trois fois de saccager la résidence. Il a dû faire des tirs de sommation pour les disperser. La troisième fois, ils sont revenus avec des éléments du RSP. « Un sergent a alors demandé qui avait tiré et j’ai dit que c’était moi. Il a ordonné à deux de ses éléments de rentrer récupérer l’arme. Quand nous sommes ressortis, il m’a ordonné de me déshabiller et en groupe, ils m’ont copieusement fouetté et embarqué pour le camp. Quelqu’un a alors eu l’idée de prévenir Fatoumata Diendéré, qui a tout de suite appelé son mari, car elle savait que sa vie était menacée », a-t-il narré. C’est le général qui a appelé ses hommes afin que soient vérifiées les entrées et sorties du camp et c’est ainsi que M. Manli a été découvert ensanglanté dans un véhicule. Le fonctionnaire de police dit avoir au cours des évènements perdu son arme, un pistolet automatique, qui jusqu’à présent n’a pas été retrouvé. Les soldats Adama Kaboré et Diessongo, reconnus par la victime comme faisant partie de ceux qui l’ont bastonné, nient les faits. 

Armelle Ouédraogo

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