jeudi 2 mai 2024

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Collaboration Niger-Mali-Burkina : « Aujourd’hui ce n’est pas un choix, c’est une obligation », Adama Amadé Siguiré, écrivain professionnel

siguiré Le mercredi 26 juillet 2023, le président Mohamed Bazoum a été destitué de ses fonctions par des militaires. Suite à ce coup d’Etat, plusieurs sanctions ont été prises par des institutions et pays, dont la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), contre le Niger avec à l’appui des menaces. Cependant, les gouvernements du Burkina Faso, du Mali et de la Guinée Conakry ont exprimé leur soutien aux tombeurs de Bazoum et au peuple nigérien. L’Algérie a également mis en garde la CEDEAO contre toute intervention militaire au Niger. Dans une interview accordée à Radars Burkina, l’écrivain professionnel consultant en relations humaines, en leadership et en management des cellules sociales, enseignant de philosophie, donne sa lecture des choses.

 

Radars Burkina : Le dimanche 30 juillet 2023, les chefs d’Etat membres de la CEDEAO, avec à sa tête Bola Ahmed Tinubu, ont à l’issue d’un sommet extraordinaire donné un ultimatum d’une semaine aux militaires nigériens pour réinstaller Bazoum sur son fauteuil et menace de faire usage de force en cas de non-respect de leurs décisions. Cette menace peut-elle intimider le général Abdourahamane Tiani et ses hommes à se soumettre ?

Adama Amadé Siguiré : Je ne crois pas que cette menace puisse intimider les putschistes et les amener à se soumettre parce qu’à ce stade, je pense qu’on est déjà à un niveau assez avancé. Le coup d’Etat est pratiquement consommé. Bazoum a été destitué, il n’est plus président. Les militaires qui ont fait le coup d’Etat ont choisi leur chef en la personne de Abdourahamane Tiani, je me demande comment ils vont revenir en arrière ! J’attends de voir, sinon je ne crois pas.

Radars Burkina : Les gouvernements burkinabè, maliens et guinéens ont exprimé leur soutien aux autorités et au peuple nigériens et se désolidarisent des sanctions de la CEDEAO. Ils menacent également de quitter l'institution si celle-ci tente une intervention militaire contre le Niger. Quelles peuvent être les conséquences de ces décisions ?

Adama Amadé Siguiré : Il faut d’abord reconnaître qu’on ne pouvait que s’attendre à cette décision parce qu’avant tout, ce qui se passe au Sahel est une guerre géopolitique qui ne dit pas son nom. C’est un peu la guerre contre l’Occident et la Russie qui se déporte malheureusement au Sahel. Le Mali et le Burkina étant plus proches de la Russie que du bloc occidental, de la France et de ses alliés, il va de soi que ces pays décident de soutenir le Niger. C’est tout à fait logique. Mais, il faut aussi reconnaître qu’il y a des inquiétudes. Prions Dieu pour que cela n’arrive pas parce que si effectivement la France et le CEDEAO décident d’intervenir au Niger et que le Burkina et le Mali décident de soutenir le Niger, je crois que ça va créer un véritable chaos dans le Sahel surtout en Afrique occidentale. On risque de se retrouver avec cette situation libyenne qui a été même à l’origine du terrorisme. Si encore la situation dégénère au Mali, au Burkina et au Niger, je crois qu’on va vivre des moments très difficiles. Pour le moment, comme ce sont des menaces, personnellement je pense que ce sont des choses qui n’arriveront pas.

Radars Burkina : Ces décisions peuvent-elles avoir un impact sur l'élan de la CEDEAO ?

Adama Amadé Siguiré : Oui, ces décisions peuvent avoir un impact sur l’élan de l’institution sous-régionale. Elle saura aussi que le Niger a ses alliés et qu’il n’est pas seul. Aujourd’hui, il faut que les présidents de la CEDEAO pèsent ce qu’ils gagnent et ce qu’ils perdent. À partir du moment où beaucoup de pays se disent solidaires du Niger, je pense que cela peut freiner l’élan de l’institution. Je voyais la chose pratiquement difficile et avec cette sortie du Burkina, du Mali, du Niger et de la Guinée, ça complique encore la situation de la CEDEAO.

Radars Burkina : Le président Ibrahim Traoré a évoqué une possible collaboration au cours de son séjour en Russie avec le Niger dans la lutte contre le terrorisme si les autorités nigériennes vont dans la même direction que le Burkina. Pensez-vous que les nouveaux dirigeants du Niger accepteront une collaboration avec le Burkina ?

Adama Amadé Siguiré : Je pense bien que c’est l’unique solution. Comme les dirigeants ont leur lecture qui n’est pas souvent rationnelle, sinon aujourd’hui la collaboration avec le Burkina s’impose parce que c’est la marche de l’histoire. C’est un moment où les populations victimes du terrorisme qui les frappent depuis des années, ont décidé de s’assumer et de revendiquer leur souveraineté. Si le Niger veut s’en sortir, il faut que les militaires qui viennent de prendre le pouvoir collaborent avec le Burkina et le Mali. De toute façon, ça sera vraiment absurde si ces derniers décident de ne pas coopérer avec le Burkina et le Mali. L’on se demandera pourquoi ils ont pris le pouvoir. Au stade actuel, je pense que c’est cette donne qui est affichée et je pense que les nouvelles autorités nigériennes savent que la collaboration aujourd’hui n’est pas un choix, mais une obligation entre les trois pays. Autrement dit, leur prise de pouvoir ne servirait à rien si ce n’est qu’une perte de temps.

Radars Burkina : Dans un communiqué publié hier 1er août, le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) a exigé le retour au pouvoir de Bazoum. Quel commentaire en faites-vous ?

Adama Amadé Siguiré : Les hommes politiques sont devenus comme des gens qui font des gags parce qu’ils sont toujours en déphasage avec la situation nationale, surtout en déphasage avec les réalités politiques, sociologiques des pays. C’est de bonne guerre que le MPP décide de soutenir Bazoum parce que ce dernier était leur allié quand ils étaient au pouvoir. Mais ce que les membres de ce parti oublient, c’est qu’eux-mêmes ont été victimes d’un coup d’Etat. S’ils doivent se battre pour le retour de Bazoum, c’est mieux de le faire pour eux-mêmes d’abord pour revenir au pouvoir. S’ils n’ont pas pu faire cela et que c’est Bazoum qu'ils soutiennent, je pense que c’est absurde, ça n’a pas de sens.

Propos recueillis par Flora Sanou

 

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