mercredi 13 novembre 2024

Procès du putsch de septembre 2015 : Le sergent MEDARD, personne non grata au RSP à cause de « sa gendarmette »

dehorsJournée marathon au tribunal militaire de Ouagadougou en cette journée du 22 août 2018. Après le sergent Zoubélé Jean Martial OUEDRAOGO, c’était au tour du sergent  Boué Siénimi MEDARD de se présenter devant le tribunal du juge Seydou OUEDRAOGO pour s’expliquer sur les faits qu’il aurait commis en septembre 2015 lors du coup d’Etat. Contrairement aux autres accusés ayant déjà fait leur grand déballage, le sergent MEDARD dit avoir refusé toute mission entrant dans le cadre du soutien au putsch. Mieux, il dit avoir été sous le régime de Blaise Compaoré, une personne non grata au RSP, depuis qu’il s’est fiancée à une gendarme.

 

tribunalComplicité à la sureté de l’Etat, meurtre et coups et blessures volontaires sont les trois chefs d’accusation pour lesquels le sergent  Boué Siénimi MEDARD est poursuivi dans le cadre du coup d’Etat manqué de septembre 2015. Si ce sous-officier ne reconnait pas ces faits qui lui sont reprochés, il affirme avoir été pendant ces évènements, « une mouche prise au piège de la toile de l’araignée ».  En effet, dès les premiers instants, il a montré son refus catégorique de prendre part à ce coup de force perpétré contre les autorités de la Transition. « Je suis descendu le 15 septembre 2015, donc j’avais deux jours de repos. Le 16 septembre, c’était jour de sport, mais je m’y suis pas rendu, car j’étais souffrant. Aux environs de 16h, ma femme (une gendarme) m’a appelé pour m’informer de l’arrestation des autorités de la Transition et m’a demandé de ne pas me rendre camp. Après le coup de file de ma femme, c’est le major BADIEL qui m’a appelé et a demandé ma position. Quand je lui ai dit que j’étais à la maison il m’a dit ne pas se foutre de lui, puis il a raccroché. Dans la journée du 16 donc je n’ai pas mis pied au camp. Le 17 septembre qui était mon jour de service, il y a eu un rassemblement auquel je n’ai pas participé. Le sergent-chef Mahamado BOUDA m’a demandé de garder les autorités de la Transition qu’on avait fait prisonnier. Chose que j’ai refusé sous prétexte que le président Michel KAFANDO allait me reconnaître, car j’étais son chauffeur. Dans la soirée, j’ai eu comme mission d’assurer la sécurité du président Macky SALL. Une mission que j’ai effectué jusqu’au 20 septembre. Au 10e étage de l’hôtel Laïco, j’ai pu voir des élements du RSP frapper des manifestants et brûler leurs engins. Le 22 j’ai pu me rendre à la gendarmerie conformément aux ordres de l’Etat major » a-t-il expliqué.

public audienceEgalement, dans son récit, le sergent  Boué Siénimi MEDARD a expliqué qu’à l’instar du 16, il a de nouveau reçu un coup de fil du major BADIEL qui le sommait de revenir au camp alors qu’il était en belle-famille pour rendre visite à sa femme qu’il avait sécurisé à ces lieux. Malgré le refus de sa femme et de son beau-père, il s’est rendu au camp conformément aux ordres du major. Là, il s’est rendu compte qu’il y avait des mouvements. C’est par appel que sa femme lui a dit de fuir, car les autres garnisons voulaient attaquer le camp Naba koom II. Sa conversation ayant été rapportée au major, il était épié et sous surveillance, donc pas moyen de prendre la poudre d’escampette. Il dit ne devoir son salut qu’à la divulgation d’une liste contenant le nom des putschistes qui avait eu la magie de capter toutes les attentions. Ainsi, par le mur il a pu le 22 septembre sortir du camp et rejoindre le golf club sur la route de Koubri et après se rendre à la gendarmerie.

Selon le parquet, ces déclarations concordent avec celles mentionnées dans le procès verbal. Toutefois, le procureur a noté qu’elles étaient en déphasage avec ce que le major BADIEL et Ali SANOU avaient déclaré le concernant. Aussi, le parquet ne comprenait-il pas pourquoi, le sergent était la personne grata au RSP et pourquoi il fallait qu’il se rende au camp s’il voulait protéger sa famille. A cela, le sergent MEDARD a noté que depuis qu’il s’est fiancé à une gendarme, il était détesté au RSP. Ce qui lui a valu que l’on éjecte au temps de Blaise COMPAORE de son poste de chauffeur du président malgré ses compétences renforcées à la matière en Lybie, pour y mettre de moins compétents. Pour lui, il a commencé à respirer de nouveau au RSP après la chute de l’enfant terrible de ZINIARE où le major BADIEL et le sergent-chef Ali SANOU n’avaient plus assez de poids quant à la sécurisation du président.

avcPour l’accusé, c’est en tout état de cause qu’il a refusé vertement de participer au coup d’Etat. « Je savais que si les choses se passaient dans le sens que certains voulaient, c’était cuit pour moi », a-t-il déclaré. En outre pour lui, sa femme est un maillon essentiel dans sa vie et il ne voulait pas qu’elle paye professionnellement les conséquences de ses actions. « On n’a pas les mêmes problèmes. Je sais où j’ai quitté et je sais où je vais. Si je sais que je vais saboter ma carrière, je ne vais pas pour autant saboter celle de ma femme », a-t-il confié.

C’est pourquoi, pour son conseil, Me Babou BAMA, son client dans cette affaire cherchait des stratagèmes pour ne pas non seulement s’impliquer, mais aussi pour que sa famille ne pâtisse pas de son refus. « Mon client était une mouche prise au piège de la toile de l’araignée. Sans la ruse, la mouche ne peut pas s’en sortir. Il a eu l’information, mais ile pouvait s’en sortir », a-t-il souligné. Aussi pour Me BAMA, son client n’a commis qu’un seul acte pendant les évènements du putsch de septembre 2015. Un acte qui d’ailleurs pour lui, est positif, car il s’agissait d’assurer la sécurité du président de la CEDEAO, venu pour trouver des solutions à la crise. Il considère donc que ce procès est notamment celui des calendriers et où des langues vont se délier. Son client a  pour lui, jouer sa musique, aux autres à présent de porter leur croix.

 

Candys Solange PILABRE/ YARO

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