mardi 16 avril 2024

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Autorisation de lâchers des moustiques OGM : « Il y a un suicide collectif, une intention manifeste de propager des maladies au Burkina et cela est un scandale, c’est un génocide qui se prépare », Ali TAPSOBA, porte-parole du CCAE

IMG 20180925 145203Dans le but de venir à bout du paludisme qui fait des milliers de victimes au Burkina Faso chaque année, le gouvernement du Burkina Faso, à travers l’Agence nationale de biosécurité (ANB) a donné son aval pour le projet Target malaria. En rappel ce projet vise à lutter contre le paludisme avec des moustiques génétiquement modifiés. Ce qui a fait l’objet d’une marche organisée par le Collectif citoyen pour l’agro-écologie (CCAE) le 02 juin 2018, qui dépeint ce projet comme un génocide de la population burkinabè. En plus d’être controversée, cette décision de l’Agence nationale de biosécurité, a fait  couler beaucoup d’encre et de salive au Burkina Faso. Pour en parler Radars info Burkina a rencontré le porte-parole du CCAE, Ali TAPSOBA.

 

RIB : On sait que récemment, l’Agence nationale de biosécurité a donné son aval pour les lâchers des moustiques génétiquement modifiés. Quelle appréciation faites-vous de cette décision ?

AT : Comme son nom l’indique, c’est une autorité de régulation qui a donné l’autorisation des lâchers. Nous avons été désagréablement surpris, déçu, étonné, écœuré, le vocabulaire nous manque pour qualifier le fait qu’il ont osé donner l’autorisation des lâchers, parce que pour nous, à partir de l’instant où depuis pratiquement deux ans nous avons manifesté notre « niette » par rapport à ce projet de moustiques génétiquement modifiés en démontrant avec des arguments scientifiques à l’appui que la modification des moustiques pourraient engendrer d’autres maladies. Cela peut créer des conséquences désagréables dans l’environnement, en emmenant   des échecs comme cela a été le cas dans des zones comme la Malaisie, les Iles Caïmans, le Brésil. En manifestant avec plus de 1 000 personnes dans la rue, nous ne pouvons pas comprendre que l’agence nationale de biosécurité ose se permettre de donner cette autorisation. Le collectif considère cela comme un mépris de la population burkinabè, parce que pour nous il y a un suicide collectif, il y a ce qu’on appelle une intention manifeste de propager des maladies au Burkina et cela est un scandale, c’est un génocide qui se prépare au Burkina Faso.  On ne peut pas comprendre que des individus osent se permettre cela sans consulter le public. Vous savez dans un pays normal, lorsque des milliers de personnes descendent dans les rues  pour dire non à une situation, s’il n’y pas des milliers d’autres  personnes qui disent oui, c’est que ce n’est plus un sujet à controverse. Mais aujourd’hui, ils ne peuvent pas dire qu’il y a d’autres sociétés civiles qui ont dit oui à ce projet. Nous n’en connaissons pas, qu’ils citent les sociétés civiles qui ont donné leur accord, personne.  Ni à une conférence de presse, ni dans un article de presse, ni à une manifestation de rue pour dire oui. Nous sommes les seules organisations à avoir dit non. Alors, ne serait-ce que par le principe du respect de la population, on ne devrait pas se permettre de donner l’autorisation du lâcher.

 

34502238 2186095224764540 282647348163641344 nRIB : L’Agence nationale de biosécurité regroupe des gens bien avisés du domaine. Malgré cela le collectif est toujours contre le projet.  Est-ce-à- dire que tout ce qui est OGM est négatif ?

Il faut dire que ce n’est pas forcement tout OGM qui est négatif. Mais lorsqu’on veut utiliser les OGM dans l’agriculture et dans l’alimentation, c’est totalement négatif. On peut faire des manipulations génétiques à l’échelle  laboratoire  juste pour certaines recherches, mais pas des organismes génétiquement modifiés et libérés dans la nature. Vous savez, il y a beaucoup de manipulation qu’on fait au niveau labo, mais qui ne sort pas à niveau ouvert. C’est vrai que l’Agence nationale de biosécurité regroupe d’éminents chercheurs, du reste je dirais que le Burkina à les meilleurs chercheurs  en Afrique de l’Ouest, on peut le dire, parce que cela se traduit dans les publications, seulement quand vous regardez ce qu’on appelle commission d’éthique, ce qu’on appelle observatoire au niveau du laboratoire, elle regroupe essentiellement des institutionnelles qui sont souvent sous les ordres des différents ministres. D’ailleurs, cela ne fonctionnent pas bien, nous avons les preuves que ça ne fonctionnent pas. Néanmoins,  nous estimons que quand ont dit instance de régulation, c’est pour jouer à l’arbitre, ce n’est pas prendre une position ou un camp. Quand on est arbitre le minimum, c’est de prendre position pour un camp majoritaire dans une république qui se respecte. Le minimum c’est d’ouvrir l’information à toutes les populations pour permettre aux gens de prendre conscience de la situation et de prendre une position. Alors que là, l’agence nationale de biosécurité, contrairement à la loi 064, portant régime de biosécurité et de et de biotechnologie au Burkina Faso, qui prévoit dans un article qu’il aurait fallu une consultation du public avant de donner l’autorisation, ici l’agence ne l’a pas fait. Le moustique est un être vivant qui se déplace, ou qu’on peut déplacer, il ne va pas rester seulement dans le petit cercle de Bana et de sourkoudiguin. Dans les mêmes villages, n’importe quelle Burkinabè ou Africain peut être de passage  et peut être piqué. Par conséquent, l’information du public devrait concerner l’ensemble de toutes les couches de la société burkinabè. Quel Burkinabè a été touché par l’agence nationale de biosécurité pour être sensibilisé et informé de la question pour qu’il se fasse une opinion. Nous n’en connaissons pas. Donc il y a ce qu’on appelle un forçage juridique au Burkina Faso. Il y a aussi un forçage social par rapport à cette autorisation qu’on a donné  pour les lâchers des moustiques génétiquement modifiés.

 

RIB : Que prévoyez-vous comme action pour empêcher les lâchers ?

Vous savez, nous n’avons d’autre arme que la république. Nous sommes un mouvement citoyen, un mouvement pacifique, les armes de la république dont nous disposons nous allons bientôt les exploiter. Il s’agit essentiellement de « reapprocher » les autorités administratives et politiques, avec qui, nous avons déjà échangé, le ministre de l’environnement, le ministre de l’agriculture, le ministre de la santé et le ministre de la recherche scientifique, pour les notifier une fois de plus nos préoccupations avec cette fois-ci des publications scientifiques au niveau international qui démontrent la dangerosité du projet. Nous allons interpeller des autorités, des notabilités comme les chefs coutumiers, les chefs religieux, sa majesté des Bobo Mandarè, sa majesté le Moogho Naba, son imminence le Cardinal, les communautés musulmanes et protestantes, nous allons les approcher pour leur permettre d’avoir une lecture de la situation et certainement de prendre position. Nous allons organiser des conférences publiques  pour encore attirer l’opinion, parce que comme nous avons l’habitude de le dire nous n’avons que notre petite voix pour interpeller. Mais, le reste il  appartient à l’opinion nationale de se faire son opinion et de prendre position. Nous n’avons pas cette force de dire que parce que nous ne sommes pas d’accord avec une situation, on ne l’applique pas. Notre petite voix est de soulever le lièvre, de donner les informations que nous avons.  Il appartient à l’opinion nationale de prendre toutes ses responsabilités,  comme je le disais, il y a un suicide, un génocide qui se prépare dans ce pays, et nous pouvons tous en être victime et il faudrait que chacun prennent position et les jours à venir ces actions que je viens de citer vous allez les voir se dérouler.  Il y aura au moins une quarantaine d’organisations qui vont être autour de ces actions qui ont déjà signé d’ailleurs des pétitions que nous allons remettre à l’Agence nationale de biosécurité.  Ils  signeront également une déclaration nationale qui va appuyer les conférences et nous espérons qu’à la fin, de ce énième round de consultation, de sensibilisation et d’information, le gouvernement de ce pays va prendre conscience et demander à l’agence nationale de biosécurité de sursoir à cette autorisation. D’ailleurs, du point de vue juridique, nous allons déposer un recours puisque la loi 064 nous le permet dans un délai de 60 jours. Nous espérons donc qu’une juridiction va demander à l’Agence nationale de biosécurité de sursoir à son autorisation de lâchers des moustiques test.

Propos recueillis par Edwige SANOU

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