vendredi 19 avril 2024

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Assassinat de Thomas Sankara et 12 autres : « Je suis, depuis lors, un homme vide» (Yacouba Traoré, témoin)

skr uneSuite des témoignages dans le procès Thomas Sankara et ses 12 compagnons assassinés au Conseil de l'entente le 15 octobre 1987. Ce jour 17 décembre 2021, 3 témoins ont déposé devant la Chambre. L’un d’eux, Yacouba Traoré, à l'issue de son audition, a déclaré qu'il est un «homme vide» depuis la mort de Thomas Sankara.

Directeur général de la Société nationale de cinéma (SONACI) en 1987, Yacouba Traoré a replongé la Chambre, durant son témoignage, dans le contexte qui était celui d’octobre 1987. Selon ses dires, le mardi 13 octobre 1987, il a reçu la visite d'un soldat, qui avait l’air très inquiet, qui l'a informé que « ça ne va plus entre Blaise et Thomas et l'heure est grave ». Il ajoute que quand il fut reçu quelques instants après par son ami Thomas Sankara, ce dernier lui avoua qu'il avait tout fait pour ramener la situation à la normale, mais que ça n'allait pas. « A la fin de notre échange, je l’ai informé que je me rendrais chez Blaise aussi pour avoir sa version des faits et c’est là que Sankara m’a dit à la porte, en larmes : "Mon type, tu ne veux pas que je fuie !" » a relaté le témoin Traoré. Mais Blaise Compaoré, trop occupé, ne recevra jamais son ami Yacouba Traoré. skr 2« Il m'a appelé le jeudi 15 octobre 1987 pour s'excuser et m'a promis de passer me voir à la maison après le sport », confie le témoin. Le soir, les armes ont commencé à crépiter au Conseil de l'entente. « Dès les premiers coups de feu, un jeune que je logeais, qui venait d'avoir sa licence en sciences politiques et qui collaborait avec Thomas Sankara sur certains dossiers, a escaladé le mur. Depuis ce jour-là, il n'a plus jamais retrouvé ses esprits (NDLR : A ces mots, le témoin fond en larmes). » « Pourquoi en être arrivé jusqu'à l'assassinat ? » demande-t-il. Et de poursuivre en ces termes : « Il y a des événements qui marquent la vie d’un homme. La mort de Thomas a fait de moi un homme vide…Je demande à ceux qui ont fait cela de reconnaître leur crime. Je voudrais aussi leur dire que le linceul n'a pas de poche. » C’est par ces mots que Yacouba Traoré a conclu son témoignage.

skr 3Après le témoignage de Traoré, c’est Amidou Ouattara qui lui a succédé à la barre. « J'ai vu Vincent Sigué le 14 octobre à l'ÉTIR avec des soldats et un véhicule. Mais je ne peux pas vous dire si oui ou non il est réparti sur Ouaga avec des armes », a notifié le témoin, qui était chef de magasin Tir-Armement-Munitions de l'ETIR. Et concernant la mort le 15 octobre 1987 de son chef de corps, Michel Koama, le témoin affirme que c'est après 3 jours qu'il a appris la nouvelle et qu’il a même participé à l’inhumation de celui-ci, sans toutefois donner le nom de l’assassin de son chef de corps.

Yaya Dramé était également à la barre en tant que témoin ce 17 décembre. Cet officier de police en service à la Divion de la surveillance du territoire (DST) au moment des faits a confié avoir déjoué trois tentatives de coup d'État provenant de la Côte d'Ivoire. Espion qu'il était à l’époque, il dit avoir su qu’il y avait des contradictions entre les deux leaders de la révolution et ajoute que certains officiers avaient même pris position pour Blaise Compaoré, notamment Mori Aldiouma Jean Pierre Palm, accusé dans ce procès. Selon le témoin, le 16 octobre 1987 à 10h, Jean Pierre Palm leur a rendu visite et il était content du renversement de Sankara, car son humeur le montrait. «Gilbert Diendéré est venu nous voir le 16 octobre et il nous a dit qu'il avait des renseignements. Il a affirmé que notre chef, Askia Vincent Sigué (chef de la FIMATS), préparait un coup d'État et qu’à l'issue de cela il allait renommer le pays République du Manding. Car, selon Gilbert Diendéré, Vincent Sigué prenait des cours de sciences économique et politique», a déclaré Yaya Dramé. «Pourquoi en être arrivé jusqu'à l'assassinat ? Il y avait des dissensions, mais cela aurait dû se régler autrement. Si j’étais un gradé de l'époque, j'allais m'opposer à un tel acte. Je regrette l'attitude des gradés de l'époque», a-t-il dit pour clore son témoignage.

L'audience reprend le lundi 20 décembre avec les témoins suivants.

Sié Mathias Kam

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