Cela fait maintenant 58 ans que le Burkina Faso s’est affranchi des chaînes du colon. Une indépendance et une souveraineté qui devaient en principe faire renaitre le pays et lui permettre d’amorcer efficacement son développement économique, social et politique. Malheureusement plus d’un siècle après avoir chassé le colonisateur, le Burkina Faso à l’instar des autres pays africains peinent toujours à trouver ses marques et à se développer sans son bourreau d’hier.
05 Août 1960- 05 août 2018. Il y a 58 ans, la Haute-Voltait devenue Burkina Faso en 1984, à la faveur de la révolution, accédait à la souveraineté internationale. Cela après avoir manifesté le désir de sortir du jupon colonial.
Mais, tel un nouveau né, le Burkina Faso à l’instar de ses paires qui ont acquis aussi leur indépendance en 1960, apprend toujours à marcher et recherche en vain ses repères. Pour preuves, nous avons des politiques qui ont encore la main tendue vers leurs anciens bourreaux qui dictent toujours leur volonté. L’aide et les dettes extérieures sont le socle du développement, creusant chaque année le déficit budgétaire. En effet, L’AFD octroie en moyenne une centaine de millions d’euros par an de subventions et prêts au Burkina Faso, soit environ 66 milliards de francs CFA. L’autosuffisance alimentaire n’est une réalité que dans les discours politiques et populistes. En outre, la jeunesse est désemparée face au chômage, car les curricula de formation du primaire au supérieur ne préparent pas les jeunes apprenants à s’auto-employer. Conséquence, les enfants naissent et grandissent avec l’idée de l’Etat providence. La misère et la pauvreté sont devenues le quotidien de la majorité des Burkinabè, qui au fil des ans sont tombés dans le fatalisme et n’espèrent plus à des lendemains meilleurs. Cela, car Le sens du bien commun et du service public a fait place à la corruption, aux détournements de deniers publics, à l’absentéisme dans les services publics et à l’incivisme sous toutes ses formes. Pour couronner le tout face aux poids du terrorisme, le Burkina Faso et certains pays de l’Afrique peinent à sécuriser leurs populations et sont obligés de tendre militairement la main à la France. On a par exemple, l’opération Barkhane, menée au Sahel et au Sahara par l’armée française, en partenariat avec les États de la zone qui vise à lutter contre les groupes armés salafistes djihadistes. Selon l’Ambassade de France à Ouagadougou, le montant de l’aide directe octroyée au Burkina Faso par la Direction de la Coopération de Sécurité et de Défense française s’élève à environ 3 millions d’euros, soit 2 milliards de francs CFA.
Pourtant, le Burkina Faso indépendant et souverain a maintenant l’âge de la sagesse. Il est donc temps que le sens du sacrifice et de la nation prenne place dans les cœurs et les esprits des fils et des filles de ce pays pour qu’ensemble nous puissions construire un Burkina Faso harmonieux, basé sur ses propres valeurs et ses potentialités. C’est un secret de Polichinelle, la main qui nourrit a toujours le dessus. Alors, si l’on veut véritablement se développer et sortir du joug de nos « anciens-nouveaux » bourreaux, il est impératif que cette transfusion extérieure s’arrête.
Candys Solange PILABRE/YARO