Lors de sa visite à Ouagadougou dans son discours prononcé à l’université Ouaga I Professeur Joseph Ki-Zerbo, le président français Emmanuel Macron avait déclaré : « Je veux que d’ici 5 ans, les conditions soient réunies pour des restitutions temporaires ou définitives du patrimoine africain en Afrique ». Depuis cette annonce, le débat sur le retour des biens culturels divise les Burkinabè. Pour trancher définitivement la question, un comité d’experts a été installé afin de définir la stratégie pour augmenter les chances de réception de ceux-ci.
Selon le professeur Jean Célestin Ki, président du comité chargé de l’élaboration d’une stratégie sur le processus de restitution et le suivi des biens culturels burkinabè, la question de la restitution des biens est en débat. Dans le cas précis du Burkina, il y a deux groupes, explique-t-il : le premier groupe est celui qui est favorable à la restitution des biens culturels burkinabè et pour qui un objet volé ou frauduleusement soustrait et retiré doit être remis à son propriétaire. Ce sont des objets d’identité, du savoir-faire, du savoir-être des populations du Burkina Faso, qu’il faut absolument avoir afin de s’en inspirer. Selon Jean Célestin Ki, le deuxième groupe, quant à lui, a une position défavorable à la restitution de ces biens culturels. Il se pose des questions de leur utilité. Il se demande en quoi ces objets amélioreraient la vie des Burkinabè si d’aventure ils étaient restitués. Pour lui, la mission du comité dont il est le président n’est pas de prendre position en faveur de l’un ou l’autre groupe, mais de s’inscrire dans la logique de la volonté politique du gouvernement.
Cette volonté politique, le directeur général du Patrimoine culturel, Dr Vincent Sédogo, l’a exprimée en ces termes : « Ce qui nous coûte le plus cher, c’est notre patrimoine. Comme le président l’a dit, c’est une partie de nous-mêmes qui se trouve à l’extérieur. Une partie qui peut éclairer les recherches, qui peut donner des réponses à des questions et une partie qui peut amener la jeune génération à savoir notre origine ». Pour lui, la présence d’artefacts et d’archives burkinabè dans les collections d’institutions patrimoniales françaises est évidente. Cependant, selon lui, jusque-là on ignore le nombre exact et les contextes dans lesquels ces objets se sont retrouvés en France. D’après un rapport d’experts commis par le président français, il est difficile d’avoir un inventaire exhaustif de ces biens culturels. C’est pourquoi la création d’un comité était plus que nécessaire.
Ledit comité est composé de 6 membres qui auront pour principale tâche d’indiquer les voies et moyens par lesquels le Burkina Faso pourra demander avec succès la restitution de ses biens culturels se trouvant dans les institutions patrimoniales françaises.
Saâhar-Iyaon Christian Somé Békuoné