Le président de la Côte d’Ivoire, lors d’une adresse à la nation à l’occasion du 58ème anniversaire de l’indépendance du pays, a déclaré avoir signé une amnistie qui devrait mettre en liberté ou permettre la liberté provisoire de près de 800 prisonniers politiques dont l’ex première dame Simone GBAGBO. Cette nouvelle divise aussi bien l’opinion publique Ivoirienne que Burkinabè. Radars info Burkina a promené son micro pour recueillir l’avis de quelques habitants de la ville de Ouagadougou.
Daouda KINDA, journaliste : « Je pense que c’est une sage décision, qu’il faut saluer parce que la Côte d’Ivoire avait besoin de cela. Avec la crise post électorale, et même avant cela, les cœurs étaient apeurés jusqu'à ce qu’on arrive à la crise qui a occasionné plus de 3000 morts. C’est vrai qu’il y a des gens qui étaient responsables de ces morts. Certains ont été jugés, d’autres pas. Nombreux sont ceux qui pensaient que c’était la justice des vainqueurs, le camp, GBAGBO a été emprisonné. Maintenant sept ans après cette crise, arrivé à libérer le camp pro GBAGBO peut contribuer à détendre l’atmosphère en Côte d’Ivoire. Je pense qu’il faut saluer cette décision, Cependant, je suis inquiet. Ces 3000 morts, est-ce-a-dire qu’il n’y aura pas de justice ? Parce que ce n’est pas tout le monde qui a été jugé. Ne faut-il pas craindre la réaction des parents des victimes? Parce que la condamnation de ces derniers était la seule consolation qu’ils avaient, cette amnistie peut frustrer. C’est cela qui m’inquiète. Sinon à mon humble avis c’est une décision à saluer, puisse que cela contribuera à la réconciliation des Ivoiriens. Pour ceux qui connaissent la Côte d’Ivoire, ils savent que certains ne se parlent plus. Je pense que libérer ces 800 personnes va apporter la réconciliation. Je sais que hier il y a des gens qui ont fêté cette nouvelle, parce qu’on a libéré « la maman nationale ». C’est une victoire pour eux mais c’est aussi une victoire pour la Côte d’Ivoire. C’est difficile d’envisager l’amnistie pour les présumés auteurs du putsch au Burkina dans la mesure il n’y a pas eu de justice d’abord. Il faut juger avant de parler d’amnistie. Le procès est en cours. On ne sait pas quand cela prendra fin. Il faut que le procès prennent fin, qu’on rend le verdict, qu’on condamne certains et libérer d’autres, avant que le président ne proclame l’amnistie s’il le désir. Sinon ce n’est pas le même cas qu’en Côte d’Ivoire ».
Bernard BOUGOUM Journaliste : « Par rapport à la décision du président de la Côte d’Ivoire, Alassane OUATTARA d’amnistié au moins 800 personnes, je pense que cela rentre dans le cadre du processus de réconciliation tant attendu par les Ivoiriens surtout ceux du coté FPI, même si tous cela s’inscrit dans une lutte de politique. En effet le président Alassane OUATTARA appelé affectivement « ado », actuellement n’arrive pas à réconcilier les partis du RHDP, le rassemblement des « houphouetistes », se voit maintenant obligé de lâcher du lest pour un peu équilibrer les positions. Alors qu’avec cette décision vous allez voir que les tendances vont se refroidir. Je pense qu’il sortira gagnant puisse que la plupart quasiment n’avait pas vu venir. Je pense également que cela s’inscrit dans la logique politique, toujours d’avoir une main mise sur les affaires qui vont se décanter en 2020 pour les élections présidentielles. Une probable amnistie des présumés putschistes résulterait du rapport de force en dernière minute, si le rapport de force de l’opposition pèse plus, vous allez voir qu’on ne sera pas forcement obligé de passer par la justice pour avoir la réconciliation, on peut aller à des actions politiques comme ces genres d’actions pour aboutir à la réconciliation. Mais si la majorité à toujours le rapport de force et estime que il faut vraiment la justice comme actuellement il y a l’audience on est à notre vint troisième accusé qui est entendu. Ils vont procéder ainsi jusqu’à la réconciliation. Donc ca dépend du rapport de force qui peut déterminer la décision à prendre. Quoi qu’on dise la réconciliation est une question vraiment qu’il faut prendre en compte, pas seulement pour ce qui ont des démêlés judiciaires, mais même au delà. Cela mérite une réflexion profonde pour que tous les Burkinabè y gagnent ».
Mme Koffi, commercante : « je pense que c’est purement et simplement de la politique. C’est sa manière à lui de montrer qu’il prône vraiment la paix et la réconciliation en Côte d’Ivoire. Il est difficile d’envisager une probable amnistie au Burkina Faso pour le cas des putschistes, car la situation nationale est précaire. Aussi les blessures sont trop récentes. Si on parle d’amnistie pour ces gens, je pense que le pays va connaitre à nouveau un bain de sang ».
Yve patrik, informaticien : « Pour ce qui est de la décision du président de la Côte d’Ivoire d’amnistié plus de 800 personnes, je pense simplement que le président Alassane OUATTARA, essaie pitoyablement de se faire un beau visage avant de quitter la magistrature suprême. Nous avons suivis comment la scène politique ivoirienne a été secouée depuis l’accession au pouvoir de « ado ». Il y a eu plus de désillusion que d’espoir assouvie. Je pense que il n’est pas possible d’envisager l’amnistie pour les présumés putschistes, parce que les tensions aujourd’hui ne concerne pas la politique. Le pouvoir actuelle évolue dans la gestion de contestation et non d’affirmation et de justice. Le faire aujourd’hui serait pour eux d’attirer les foudres d’une partie de l’opinion publique et de certains OSC. Alors qu’ils sont entrain de vouloir amadouer les gens pour 2020 ».
Propos recueillis par Edwige SANOU