Telle une pilule le vote du nouveau code électoral qui stipule qui exclut la carte consulaire comme document de votation a du mal à être avalé par les députés de l’opposition politique burkinabè. Aussi ont-ils introduit un recours contre la modification du code électoral auprès du Conseil constitutionnel depuis le jeudi 02 août 2018. C’est l’information qu’ils ont livré ce mercredi 08 août à travers une déclaration.
Les Sages du Conseil Constitutionnel sont à nouveau sollicité pour trancher définitivement sur les dispositions du nouveau code électoral relues le 30 juillet dernier par la représentation nationale. En effet, l’opposition parlementaire composée des Groupes parlementaires de l’Union pour le progrès et le changement (UPC), du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) et de Paix, Justice et Réconciliation Nationale (PJRN) qui avaient claqué la porte le jour du vote du nouveau code électoral pour montrer leur désapprobation quant aux dispositions qui y figurent ont introduit depuis le 02 août dernier, un recours contre la modification du code électoral auprès du Conseil constitutionnel. En effet, pour ces parlementaires, ce nouveau code électoral qui divise la classe politique « permet au Mouvement du peuple pour le progrès (MPP), de préparer des fraudes à grandes échelles aux prochaines échéances électorales et ce, sans laisser de trace, grâce notamment, à l’arrimage de la liste de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) à celle de l’Office national d’identification (ONI), contrôlé par le Gouvernement d’une part, et d’autre part, grâce au système d’enrôlement des électeurs par SMS et par appels téléphoniques ». Pour eux, il est indéniable que ce nouveau code va entacher le processus électoral de 2020 comme c’est le cas actuellement au Mali où l’opposition dénonce l’enrôlement de plus d’un million d’électeurs fictifs par le pouvoir.
Outre ce système d’enrôlement, l’opposition parlementaire s’indigne du fait que la carte consulaire ne soit pas retenue comme document de votation. Pour elle, cela est d’autant plus incompréhensible que le MPP et la plupart de ses alliés (UNIR/PS, PDS/Metba, RDS, et des dizaines d’autres partis), qui étaient représentés au Conseil national de la transition (CNT) en 2015, avaient marqué leur accord pour que les Burkinabè de l’extérieur votent avec la carte consulaire biométrique. Aussi, selon elle, cette remise en cause de la fiabilité de la carte consulaire met en danger les Burkinabè de l’extérieur.
Aussi, le groupe parlementaire UPC et ses paires estiment que ce nouveau code électoral confine les lieux de vote des électeurs burkinabè de l’étranger dans les ambassades et dans les consulats. Pour eux, cette restriction entrainera, sans doute, un très faible taux de participation de la diaspora aux prochains scrutins. « Techniquement, ces lieux (au nombre de 04 en Côte d’Ivoire par exemple) n’ont pas et n’auront pas les capacités de recevoir tout le monde. Les distances à parcourir achèveront de décourager la participation aux scrutins de la plupart des électeurs », ont-ils noté dans leur déclaration.
Toute chose qui amène ces élus du peuple à se demander pourquoi le Burkina, qui a autorisé les résidents maliens vivant sur son sol à voter dans certaines écoles, ne pourrait-il pas négocier les mêmes possibilités avec les pays d’accueil de notre diaspora. Pour eux, le gouvernement s’est enlisé dans un méli-mélo absolu tant les déclarations des ministres comportent des contradictions. « On le voit aisément, les arguments du pouvoir ne résistent pas à l’analyse, ce qui explique une communication gouvernementale désastreuse en ce moment, se traduisant par les déclarations contradictoires des membres du gouvernement, qui se livrent laborieusement à des justifications ridicules dans les médias », notent-ils.
En tout état de cause, l’opposition parlementaire ne compte pas restée les bras croisés face à ce qu’elle appelle un passage en force et une exclusion. « L’Opposition parlementaire invite les citoyens burkinabè de l’intérieur comme à l’étranger, à se mobiliser et à se tenir prêts pour la lutte engagée contre cette loi qui consacre le recul de la démocratie dans notre pays », insiste t-elle.
Où mèneront ces tractations entre opposition et majorité et sur quel pied les Burkinabè de l’intérieur et de l’extérieur vont-il danser ? Wait and see…
Candys Solange PILABRE/YARO