mercredi 13 novembre 2024

Que reprochent les jeunes Africains à la coopération franco-africaine ?

frc uneLa France a beau voler au secours des pays africains à travers son Etat par son assistance économique, militaire etc. Ses ONG ont beau poser des actes caritatifs au profit des populations africaines, plusieurs jeunes voient toujours en elle une puissance colonialiste et impérialiste. Et de plus en plus, des mouvements de jeunes activistes anti-impérialistes et panafricains sonnent la mobilisation contre le pays de Charles de Gaulle. Des tacles qui montent jusqu’au sommet de certains Etats africains avec des réactions inattendues de certaines figures importantes du continent noir. « Mais que reprochent-ils exactement à la « grande » France » ?

 

Mi-novembre 2019, l’artiste interplanétaire Malien Salif Kéita dans une vidéo de quelques minutes postée sur les réseaux sociaux  interpellait le président malien en ces termes : «  Koro si tu as peur de dire la vérité à la France, si tu ne peux pas gérer ce pays, quitte le pouvoir, celui qui n'a pas peur le prendra, tu passes ton temps à te soumettre à ce petit Emmanuel Macron, c'est un gamin. Koro tu n'es pas au courant que c'est la France qui finance nos ennemis (djihadistes) ?» Une déclaration brève certes, mais qui a naturellement fait bouger la représentation diplomatique française dans ce pays qui a été prise à contre-pied par des internautes africains.

Cette sortie médiatique du descendant de Soundjata Keita, vient réconforter plusieurs jeunes et même des intellectuels qui n’ont jamais cru à la sincérité de la France dans la lutte contre le terrorisme ainsi qu’à sa politique globale dans ses anciennes colonies. Certains d’entre eux, ne voient toujours pas de différence entre la France colonisatrice et la France partenaire d’Afrique. 

frc 2« De mon humble avis je crois que la coopération a été  engagée à une période de l'histoire ou l'Afrique était en véritable position de faiblesse. De ce fait il serait paradoxal de croire que cette coopération est sincère ou équitable. En un mot je la considère comme taillée sur mesure en faveur de l'ancienne puissance colonisatrice. » Croit toujours Djibril dit Baba Guiendé président d’un mouvement citoyen dans la capitale burkinabè.

Un autre jeune leader du côté de la lagune Ebrié soutiendra que : « Ce n'est pas un reproche qui fonde en premier notre attitude vis-à-vis de forces étrangères, c'est d'abord une nécessité et une exigence historique sinon un droit fondamental de tous les peuples. Il n’y a pas et il n'y aura jamais de coopération franco-africaine si nous ne nous donnons pas les moyens de proscrire les prédations politiques économiques culturelles qui ont toujours caractérisé ces rapports de "coopération". On pourrait poser la question autrement : nos armées ont-elles évolué avec la France ? Au regard de ce nous observons la réponse est non! Si en plus de 60 ans une assistance n'est pas capable de produire l'autonomie de l'assisté il faut avoir le courage de dire qu’elle est nocive. »

 Soutient Fougnigué Silué président du Club panafricain Universitaire en Côte d’Ivoire.

Et de poursuivre « La situation politique économique sécuritaire actuelle de l'Afrique ne peut être comprise en dehors des enjeux géopolitiques et géostratégiques qui plongent leurs racines dans un passé esclavagiste et colonialiste. C'est bien pourquoi  le seul leadership salutaire pour l'Afrique et les Africains est celui d'une souveraineté et d'une responsabilité assumée. C'est de ce leadership que je me réclame. Celui qui nous permet de mériter un minimum de dignité auprès des autres peuples et aussi auprès des générations africaines à venir en nous donnant les moyens d'assumer entièrement les responsabilités de notre existence. »

 La rue africaine n’est pas la seule à faire des déclarations tumultueuses qui tordent les règles de courtoisie de la diplomatique. Sur sa page Facebook, l’ex-Ministre de la Femme Nestorine Sangaré du dernier de Blaise Compaoré ne s’est gênée de s’attaquer à la politique Française aux Burkina Faso.

 Dans le même mois de novembre, dans une correspondance dite confidentielle le Chef d’État-Major Général des armées burkinabè sommait la France de ne plus faire voler ses aéronefs sur les théâtres d’opérations sous peine de les abattre pure et simple. La fuite de cette note sur la toile, a été largement saluée et relayée par des activistes et même des personnalités publiques habituellement réservées sur ces genres de questions.   Toutefois,  il n’a pas manqué de voix conformistes pour critiquer les auteurs de cette fuite, certains parlent même de sentiment Anti-Afrique.

Doumbia Ibrahim, activiste panafricain considère les accusations les taxant d’anti Français de stratégie mise en place par l’ex puissance coloniale dans le but de discréditer les opinions discordantes.


La pénétration de la France en Afrique ne s'est pas faite avec douceur. Que de cités africaines ont été détruites par les expéditions de Napoléon ? Que  de royaumes et d’empires ont été engloutis dans le Dahomey l’ancien Bénin, au Sénégal chez les Bwaba au Burkina Faso ou encore à Dimbokro en terre ivoirienne ? Combien de rois et de personnalités historiques du continent ont été capturés, humiliés et tués par la France pendant la période coloniale ? Emmanuel Macron a beau refuser et nier  en 2017 à Ouagadougou d’appartenir à la génération des colons et celles de la françafrique les rues africaines en grande partie n’y croient pays encore. C’est du moins ce que l’on constate. N’est-ce pas l’occasion pour l’Hexagone de revoir et moraliser sa politique en Afrique ?

Péma Néya 

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