mardi 21 janvier 2025

Pandémie de coronavirus : L’avis de quelques analystes sur l'impact de la maladie sur le processus électoral au Burkina et dans d’autres pays africains

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Notre planète entière est en lutte actuellement contre la pandémie du coronavirus. Au-delà de l'impact économique de la maladie, quelles peuvent être les conséquences politiques liées à la gestion de l'épidémie? Quelles sont les conséquences politiques du COVID-19 dans les pays ouest-africains, notamment le Burkina Faso, la Côte d'Ivoire, la Guinée Conakry et le Ghana, où des élections sont prévues dans la seconde moitié de 2020 ? Pour répondre à ces questions, Radars Info Burkina a contacté tour à tour l'analyste politique Siaka Coulibaly, le juriste et homme politique Amadou Traoré et Me Apollinaire Kyelem de Tambela.

« La crise du coronavirus aura pour effet de désorganiser les sociétés, de bouleverser les repères et d’accentuer la vulnérabilité des populations, sans occulter les scandales de gestion. La gestion de la crise provoquera donc des insatisfactions plus ou moins importantes des populations et même des ruptures d'unions politiques. Dès lors qu’un régime traînait des insuffisances dans sa gouvernance antérieure, la crise sanitaire pourrait bien faire vaciller ses fondements », indique Amadou Traoré. « Les clivages politiques et sociaux classiques localisés au Parlement, dans le débat démocratique et médiatique ainsi que dans le secteur du travail (luttes syndicales) ont été relégués au second plan. Une espèce d’unanimité s’est dégagée autour de la nécessité de résorber prioritairement la pandémie mondiale. Même si la gestion de la crise sanitaire suscite des passes d’armes politiques entre la majorité et l’opposition politique, la contradiction est moindre en ce moment », soutient pour sa part le politologue Siaka Coulibaly.

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Devrait-on s'attendre à des reports d’élections ? « La France a déjà suspendu le processus électoral pour les municipales. Tout dépendra de la durée de la pandémie et de comment chaque régime va la gérer. Les répercussions économiques peuvent aussi influer sur le politique », a répondu Me Kyelem.

Selon Amadou Traoré, il faut s’attendre au report de l’élection présidentielle dans certains pays africains, pour des raisons à la fois objectives et subjectives. « D’abord, la crise sanitaire a par exemple mis un coup d’arrêt (ou va le faire) aux préparatifs administratifs des élections dans certains pays dont le Burkina, où la délivrance massive des Cartes nationales d'identité burkinabè (CNIB) et l’enrôlement des électeurs ont été suspendus. Une reprise de ces activités administratives ne permettra pas la mise à jour de ces fichiers pour des élections avant la fin de l’année. Ensuite, le coronavirus a désorganisé les finances de tous les pays. Les Africains auront du mal à assurer le financement des élections aux dates prévues. En outre, certains gouvernants pourront prétexter la crise sanitaire pour reporter les élections, par peur d’affronter l’électorat avec leur bilan négatif comme au Burkina. Enfin, les crises sociopolitiques consécutives à la crise sanitaire pourront sonner le glas de certains gouvernants avant la date des élections. Cependant, il y a lieu de noter que les élections présidentielles sont prévues par la Constitution. Leur report devra donc se faire sous le contrôle des organes constitutionnels », analyse M. Traoré.

orona 3Pour Siaka Coulibaly, il semble évident que si la pandémie n’est pas jugulée avant six mois, la tenue des élections en fin d’année sera compromise. « Des échanges au sein de la classe politique sont donc nécessaires en vue de trancher les grandes questions politiques et sociétales. Pour le cas particulier du Burkina Faso, le dialogue politique national proposé par certains acteurs devient de plus en plus inévitable. Cette action de portée nationale devrait se tenir dès que possible, en tout cas pas après juin 2020, afin de décider de l’avenir politique et social immédiat>>, a-t-il expliqué.

Dr Abdoul Karim Saïdou, enseignant chercheur en sciences politiques, qui représentait la société civile lors d'un débat sur cette question à la télévision BF1 le mercredi 15 avril, déclare : « Dans les 3 ou 4 mois à venir, il faut qu'on puisse faire l'état de la situation. A ce moment-là, la Commission électorale nationale indépendante (CENI) pourra dire si on pourra respecter ou pas les délais. Si elle estime qu'on ne peut pas tenir des élections à la date indiquée, alors le président du Faso sera obligé de convier les différents acteurs de la vie politique pour analyser les différents scénarios possibles. Au cas où on n'arriverait pas à tenir des élections, le scénario le plus probable serait d'aller à une révision de la Constitution avec en amont un dialogue politique pour prolonger le mandat du chef de l'Etat et celui des députés. La question qui va se poser est de savoir quelle sera la durée de cette prorogation. Ensuite il faudra décider si on met en place un gouvernement d'union nationale ou si c’est la coalition au pouvoir qui continuera la gestion. »

Aly Tinto

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