Le gouvernement de la transition a élevé, le 4 octobre 2023, feu le capitaine Thomas Sankara au rang de héros de la Nation. Comment cette nouvelle est-elle accueillie par les Burkinabè ? Qu’en est-il des 12 compagnons d’infortune du père de la révolution burkinabè ? Ne sont-ils pas oubliés ? Norbert Zongo, mort pour son combat pour la liberté d'expression et de presse, ne peut-il pas aussi être considéré comme un héros national ? Roland Bayala, président de la Coalition des patriotes africains (COPA/BF) et d’autres citoyens burkinabè donnent leurs points de vue sur ces questions.
Pour Edouard Zoungrana, citoyen lambda, élever le père de la révolution burkinabè au rang de héros n'est que justice au vu du rôle qu'il a joué dans l'histoire du Faso, et même de l'Afrique.
« Sankara mérite même plus que cela, eu égard au sacrifice suprême qu’il a consenti pour la restauration de la dignité et de l'intégrité du Burkina. C'est celui qui a montré la voie à suivre, les aptitudes et les habitudes à adopter et la marche à emprunter », a-t-il affirmé.
Yacouba Démé, lui, estime que c’est une vision éclairée de la part du gouvernement, avant d’ajouter : « Mais il ne faut pas oublier les oubliés de la révolution, même si je ne vais pas citer de noms ».
Mais que dit la Coalition des patriotes africains (COPA/BF) ?
Pour Roland Bayala, président de ce regroupement, c’est une très grande victoire d’étape qui a été remportée, parce que cet homme historique qui a tant donné au Burkina Faso, à toute l’Afrique et même au monde entier, se devait d’être élevé à un tel titre. « Ce n’est que justice qui est rendue à ce très grand homme pour ses hauts faits : le combat pour le respect des droits de la femme, l’autosuffisance alimentaire, la considération de l’homme noir à sa juste valeur comme ayant les mêmes droits et devoirs que les autres peuples, l’indépendance et l’intégrité du peuple burkinabè », a-t-il poursuivi.
D’ailleurs, il souligne que bien avant que Thomas Sankara ne soit élevé par le gouvernement au rang de héros, « les populations l’avaient fait depuis longtemps. Il est héros de toute l’Afrique et du monde entier. Nous remercions le président Ibrahim Traoré et son gouvernement et nous les encourageons à ne pas s’arrêter là, mais de continuer sur la voie tracée par Thomas Sankara », a-t-il indiqué.
Concernant les compagnons d’infortune de Thomas Sankara, qui semblent être oubliés, notre interlocuteur estime que ces défunts sont aussi des héros qui, de leur vivant, ont œuvré aux côtés du capitaine Thomas Sankara, ont épousé son idéologie et ont accepté de le suivre dans le sillon qu’il avait tracé, et cela, jusqu’à mourir même avec lui. C’est pourquoi, de son point de vue, ils méritent aussi la reconnaissance de la nation. « Je pense que même si on ne veut pas les élever au rang de héros nationaux, ils méritent au moins que la mémoire collective se souvienne d’eux de quelque manière que ce soit. Quelque chose doit donc être fait à cet effet et c’est une invite que nous lançons là aux autorités actuelles », a-t-il soutenu.
S’agissant de Norbert Zongo, qui a aussi lutté, au prix de sa vie, pour la liberté d’expression et de presse au Burkina, le président de la COPA/BF estime que sa reconnaissance viendra aussi avec le temps, vu qu’il y a pour le moment un procès sur sa mort.
« Si vous prenez le dossier Thomas Sankara, il a d’abord été jugé en justice, les coupables ont été connus. C’est après cette vérité qu’on a cherché à redorer le blason de ses héros. Je pense que pour Norbert Zongo, il n’est pas tard, déjà qu’il y a une université qui porte son nom, c’est une grande avancée. Une fois que justice sera faite, je crois qu’il va aussi bénéficier de cette reconnaissance », a affirmé Roland Bayala.
Et de conclure : « Nous (COPA/BF) avons confiance en cette transition qui, visiblement dans ses actions, montre qu’elle est décidée à marcher dans les pas de ces différents héros pour que le Burkina retrouve son lustre d’antan ».
Flora Sanou