Aujourd’hui 26 novembre, était attendue la proclamation des résultats provisoires du scrutin présidentiel du 22 novembre 2020. Comment les militants des différents partis vivent-ils ce moment d’attente de la proclamation desdits résultats ? Radars Infos Burkina est allé prendre le pouls de la situation au siège du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) et à celui de l’Union pour le progrès et le changement (UPC).
C’est un siège du CDP quasi désert qu’il nous a été donné de voir. Aucune animation comme c’était le cas lors de la nuit des élections. L’attention de quelques-unes des rares personnes présentes sur les lieux est captée par un petit écran installé dans une des salles du parti ; d’autres par contre sont toujours dans les bras de Morphée, toujours affalés.
Un hall vide, des chaises empilées, une cour quasi vide de monde, voilà l’aspect que présente le siège du CDP. L’engouement ne semble pas au rendez-vous. La fièvre des élections semble être retombée, laissant place à une ambiance post électorale assez morose.
Si au siège du CDP la fièvre semble être déjà passée, ce n’est pas le cas au siège de l’UPC. Cependant, l’atmosphère y est assez calme avec quelques jeunes rassemblés dans un coin de la cour et une faible ambiance sonore animant les lieux. Quelques autres militants du parti attendent devant le petit écran la proclamation provisoire des résultats qui sera diffusée en direct sur les ondes hertziennes.
A l’heure tant attendue, tous sont suspendus aux lèvres de Newton Ahmed Barry, président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), qui proclame les résultats. Après, c’est un silence de mort qui règne au siège du parti du « Lion ». On peut lire tristesse et désolation sur le visage des quelques militants présents sur les lieux. « Je ne suis pas contente », nous confie Samira qui souhaitait la victoire de son candidat. M. Justin, quant à lui, bien que déçu, dit qu’il reconnaît le verdict des urnes et encourage les candidats malheureux. « Que les perdants ne se découragent pas. Je félicite tous les Burkinabè, c’est le meilleur qui a gagné», a conclu notre interlocuteur.
La Commission électorale nationale indépendante (CENI) a déclaré le président sortant, Roch Kaboré, vainqueur de l’élection présidentielle de 2020. Après la proclamation des résultats, Roch Marc Christian Kaboré a adressé un message au peuple burkinabè. Le candidat du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) y soutient que cette élection est historique parce qu’elle confirme l’existence d’une réelle démocratie au Burkina. Il a également soulevé les questions pertinentes auxquelles il compte apporter très rapidement des réponses.
« C’est avec humilité et grande émotion que j’accueille les résultats provisoires qui ont été annoncés ce matin par la CENI concernant l’élection présidentielle du 22 novembre 2020. Je voudrais, dans un premier temps, traduire toute ma reconnaissance au peuple burkinabè, tant à mes compatriotes de l’intérieur qu’à ceux de la diaspora, pour leur engagement et la foi qu’ils ont en la démocratie», a indiqué le président réélu.
Pour Roch Kaboré, cette élection est historique pour plusieurs raisons. « La première, c’est le contexte dans lequel cette élection s’est déroulée, à savoir le contexte d’insécurité. La seconde, c’est que c’est la première fois que des Burkinabè de la diaspora participent aux élections. La troisième enfin confirme l’ancrage de la démocratie dans notre pays », a-t-il détaillé. Le président réélu n’a pas manqué de saluer tous les autres candidats qui ont participé à ces élections couplées en ces termes : « J’ai un profond respect pour leur engagement et pour les différents programmes qu’ils ont déroulés durant cette campagne ».
S’agissant du programme qu’il a présenté tout au long de la campagne électorale, Roch Kaboré s’engage à le mettre en œuvre. « Il est vrai que c’est une victoire que nous avions obtenue, ce qui nous réjouit, mais c’est également une responsabilité importante, celle d’être le président de tous les Burkinabè sans exception », a fait remarquer le président du Faso. Roch Kaboré affirme que les questions comme la sécurité, la réconciliation nationale, le développement, ainsi que l’amélioration des conditions de vie des Burkinabè sont pertinentes et qu’il va s’atteler très rapidement à y apporter des éléments de réponses.
« Je voudrais encore une fois vous remercier pour votre attention et dire que je souhaite que Dieu bénisse le Burkina Faso et qu’ensemble, fils et filles, nous puissions bâtir notre pays dans la paix, la sécurité et le développement. Je vous remercie », a dit pour conclure Roch Kaboré.
La mission conjointe d’observation électorale Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) – Union africaine (UA) a tenu une conférence de presse ce mercredi 25 novembre à Ouagadougou, soit 3 jours après les élections présidentielle et législatives, à l’issue de ses observations. La mission de la CEDEAO indique que globalement le processus électoral s’est déroulé dans un environnement paisible, sans incident majeur, et celle de l’UA affirme que « les élections se sont déroulées de manière satisfaisante ».
La Mission d’observation électorale (MOE) de la CEDEAO est dirigée par Kabiné Komara, ancien Premier ministre de la République de Guinée. A partir du 29 octobre 2020, la Commission de la CEDEAO a déployé une équipe de quatre (4) experts spécialistes d’opérations électorales, de questions juridiques, genre et prévention des conflits et médias et communication. Cette équipe a été renforcée par l’arrivée d’une Mission d’observation électorale à long terme (MOELT) de 10 membres au Burkina.
A ces deux missions s’est ajoutée une Mission d’observation électorale à court terme (MOECT) de 70 membres. Au total, la MOE de la CEDEAO, forte de 84 membres, a été déployée dans 29 provinces de toutes les 13 régions du Burkina Faso pour observer les phases pré-électorale, électorale et post-électorale.
En ce qui concerne la campagne électorale, la mission note qu’elle a eu lieu dans toutes les régions du pays, à l’exception des régions où il avait été déjà convenu que les élections ne pourraient pas avoir lieu pour des raisons de sécurité. Tout en regrettant l’attaque terroriste du 11 novembre au Sahel qui a coûté la vie à 14 soldats, la mission souligne que l’Etat a pris des dispositions pour assurer la sécurité des candidats à l’élection présidentielle pendant la campagne et plus généralement tout au long du processus électoral.
Selon la mission, 380 bureaux de vote dans 29 provinces des 13 régions ont été visités par les observateurs de la CEDEAO. Sur 72 bureaux de vote visités à l’ouverture, deux incidents ont été enregistrés ; les 72 bureaux de vote visités à l’ouverture disposaient du matériel électoral et tous les agents étaient présents ; aucun problème opérationnel ni logistique majeur n’a été signalé ou observé. Les listes d’électeurs n’étaient pas affichées à l’entrée de la plupart des bureaux de vote, les opérations de vote ont commencé à 6h et se sont terminées à 18h dans la majorité des bureaux de vote visités.
Les insuffisances relevées au fur et à mesure par les observateurs de la société civile après l’ouverture du scrutin ont été portées à la connaissance de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), laquelle y a trouvé des solutions au fur et à mesure. Les représentants du MPP, de l’UPC et du CDP étaient présents dans la plupart des bureaux de vote visités. Certains partis, notamment Agir ensemble, l’ADF-RDA, le MCR, le MPS, l’OPA-BF, Le Faso Autrement et Vision Burkina étaient par endroits assez bien représentés.
Toujours selon la MOE, la plupart de leurs observateurs ont attesté de la qualité de la centralisation au niveau communal.
S’agissant des recommandations, la MOE de la CEDEAO demande, entre autres, l’amélioration substantielle de l’affichage des listes électorales dans les centres de vote, l’amélioration de la communication entre la CENI et les acteurs politiques engagés dans la compétition de façon que les mesures prises arrivent très rapidement à ceux qui doivent les mettre en œuvre.
Concernant les réserves formulées par les candidats signataires de l’Accord politique de l’opposition, la mission conjointe CEDEAO-UA, dans le but de trouver une solution consensuelle à cette situation de derrière minute, s’est associée à celles de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) et des Nations unies (NU) pour entreprendre des actions de bons offices. Elles ont rencontré successivement les partis de l’opposition, ceux de la mouvance présidentielle, des OSC et la CENI.
La MOE de la CEDEAO « s’est félicitée qu’à la suite de toutes ces initiatives, les 5 commissaires représentant l’opposition qui s’étaient retirés du travail de centralisation aient décidé de reprendre leur place (ce mercredi 25 novembre, Ndlr)», s’est réjoui, Kabiné Komara.
Quant à la mission d’observation électorale de l’UA (MOEUA), elle a déployé douze (12) équipes d’observateurs dans les provinces du Kadiogo, du Ganzourgou, de l’Oubritenga, du Houet, du Ziro, du Boulgou, du Boulkiemdé et du Bam. Celles-ci ont visité 143 bureaux de vote.
En matière d’appréciation globale du double scrutin, la MOE de la CEDEAO indique que le processus s’est déroulé dans un environnement paisible sans incident majeur, en dépit du contexte général sécuritaire tendu et de certaines contraintes logistiques.
Elle félicite le peuple burkinabè et le gouvernement pour les dispositions prises pour la tenue de ces élections. La mission salue le patriotisme, la patience et le civisme dont les électeurs ont fait preuve au cours du double scrutin. Elle encourage les électeurs à maintenir leur comportement exemplaire jusqu'à la proclamation définitive des résultats et les exhorte à garder ce sens élevé de responsabilité et à préserver les valeurs de tolérance et de paix.
Par ailleurs, la mission lance un appel aux candidats aux deux élections à respecter les résultats issus des urnes et les exhorte à recourir, en cas de besoin, aux voies légales pour le règlement de tout contentieux électoral. Enfin, la mission observera les développements post-électoraux.
De l'avis du chef de la mission d’observation électorale de l’UA, Bernard Makuza, malgré les crises sécuritaire, humanitaire et sanitaire, les élections couplées du dimanche 22 se sont déroulées de manière satisfaisante.
Deux jours après la tenue des élections du 22 novembre, la Coalition des organisations de la société civile pour l’observation domestique des élections (CODEL) a fait face aux hommes de médias une déclaration sur le déroulement du scrutin. Elle se félicite de la tenue effective de ce double scrutin et appelle l’ensemble des acteurs en compétition à suivre les voies de recours légales en cas de contestation des résultats. En ce qui concerne les réserves émises par l’opposition politique, CODEL va aller vers les différents acteurs pour une approche de médiation.
Pour les élections couplées du 22 novembre 2020, la CODEL a élaboré une stratégie qui lui a permis de se prononcer sur la régularité des opérations de vote. Selon elle, la méthodologie adoptée, basée sur le déploiement proportionnel des observateurs, est éprouvée dans plusieurs pays. Le dispositif adopté a permis de suivre activement le déroulement du scrutin et d’interpeller directement les organes de gestion des élections en vue de la correction des incidents et manquements qui leur ont été rapportés tout au long de la journée.
Le monitoring a permis de collecter, d’analyser et de diffuser des informations sur le déroulement du scrutin en temps réel afin d’en garantir la crédibilité, la fiabilité et la transparence ; d’optimiser un système d’alerte précoce le jour du scrutin ; de dissuader toute velléité de fraude par la présence massive des observateurs dans les bureaux de vote ; de contribuer à corriger tout dysfonctionnement constaté le jour du scrutin en saisissant les autorités et institutions chargées de l’organisation, de la supervision et de la gestion du processus électoral.
La CODEL a déployé 121 observateurs du processus d’enrôlement des électeurs et 200 moniteurs de la violence électorale sur l’ensemble du territoire pour suivre et faire remonter tous les incidents de violence liés à la mise en œuvre du processus électoral, mais également apprécier le niveau de tension électorale. Il a aussi déployé 10 journalistes et acteurs de la société civile pour la sensibilisation sur les fake news et la promotion du fact checking.
Ce sont au total 3800 citoyens mobilisés par la CODEL sur toute l’étendue du territoire qui ont rendu compte de ces élections aux différentes parties prenantes par le truchement de la CODEL sur le site www.burkinavote.org et sur les réseaux sociaux à travers le hashtag burkinavote2020.
A la suite des observations faites sur le scrutin, la CODEL présente les constatations suivantes comme premières données. Au niveau de l’observation classique, plusieurs dysfonctionnements leur ont été remontés dès l’ouverture des bureaux de vote. On peut citer l’indisponibilité du matériel électoral dans certains bureaux de vote ; la distribution erronée des bulletins de vote des législatives ; l’absence ou l’arrivée tardive de forces de sécurité dans certains bureaux de vote dans la région du Nord (cas de Mako, Kasseba samo, Zoongo, Zondoma/Gourcy, Tangaye) ; l’absence des noms de certains électeurs sur la liste électorale ; les changements opérés dans les bureaux de vote qui ont désorienté certains électeurs.
Au total, sur plus de quarante alertes, 90% ont été résolues par la Commission électorale nationale indépendante (CENI).
En matière de violence électorale, de la date du 10 au 22 novembre, le groupe d’analystes a reçu 165 alertes de violence. La majorité des alertes a porté sur les violences verbales, saccage d’affiches, intimidations et achats de conscience, nuisances sonores, affrontements entre militants de partis politiques, etc. Les auteurs de ces violences sont principalement les militants des partis politiques. Et la victime provenait du même groupe.
Plus de 200 sites web, réseaux sociaux (Facebook, WhatsApp, Twitter) stations radio, et de partis et leaders politiques ont été recensés et suivis. Une cinquantaine de publications partagées par diverses sources a fait l’objet d’analyse et de vérification des faits. Plusieurs tentatives de désinformation liées aux dysfonctionnements de certains bureaux de vote, à l’achat de conscience, à la fraude et à la violence électorale ont été identifiées. Des cas de fausses informations (fake news) ayant un degré de gravité élevée ont été traités de manière à restituer la bonne information au public.
A l’ouverture, dans les zones sécurisées, 90% des bureaux de vote ont ouvert avant 6 heures 15 mn. Dans 98,20% des bureaux de vote observés, les présidents étaient présents. 18 % des présidents des bureaux de vote étaient des femmes. Les forces de l’ordre étaient présentes dans 94,40% des bureaux de vote observés.
Dans les zones rouges, 77% des bureaux ouverts à l’heure avant 6h15mn. Dans 94% de bureaux le président était présent à l’ouverture. 12% de bureaux de vote étaient présidés par les femmes. 70% de bureaux de vote étaient sécurisés.
Du matériel électoral et procédures d’ouverture dans les zones sécurisées : Dans 70% des bureaux de vote, le matériel était complet. 94% des bureaux de vote ont respecté les procédures d’ouverture.
Dans les zones rouges : 71% des bureaux de vote, le matériel était complet. 96% des bureaux de vote ont respecté les procédures d’ouverture. De manière spécifique, le problème de matériel a concerné les procès-verbaux de dépouillement dans 22% de bureaux de vote, suivront ensuite les enveloppes sécurisées (4%), la liste des électeurs (3%), la liste d’émargement (2%), etc.
Dans les zones sécurisées, dans 98% des bureaux, les électeurs ont émargé sur les listes. 100% des électeurs ont reçu un seul bulletin par scrutin. 82 % des électeurs n’ont pas eu de difficulté à voter. 91% des électeurs ont prouvé qu’ils n’avaient pas déjà voté.
Dans les zones rouges, dans 100% des bureaux, les électeurs ont émargé sur les listes. 100% des électeurs ont reçu un seul bulletin par scrutin. 94 % des électeurs n’ont pas eu de difficultés à voter. 87% des électeurs ont prouvé qu’ils n’avaient pas déjà voté.
En ce qui concerne la clôture dans les zones sécurisées, 98% des bureaux de vote ont fermé à l’heure. 85 % des bureaux de vote ne présentaient pas de file d’attente à la clôture.
Dans les zones rouges, 97% des bureaux de vote ont fermé à l’heure. 87% des bureaux de vote ne présentaient pas de file d’attente à la clôture.
Quant au dépouillement dans les zones sécurisées, dans 59 % des bureaux de vote le dépouillement s’est déroulé sans incidents. Dans 11 % des bureaux de vote, des réclamations ont été consignées sur les procès-verbaux.
Dans les zones rouges, dans 66 % des bureaux de vote le dépouillement s’est déroulé sans incidents. Dans 20% des bureaux de vote des réclamations ont été consignées sur les procès-verbaux.
La plupart des réclamations et des désaccords concernaient la non-réception des copies des résultats par les représentants des candidats, l’absence de consensus sur l’appréciation de la qualité des bulletins nuls, le non-affichage des résultats du dépouillement à l’entrée du bureau de vote (entre 20 à 23 %).
S’agissant de l’appréciation globale du processus, la CODEL se félicite de la tenue effective de ce double scrutin dans un contexte de crise sécuritaire, humanitaire et sanitaire. « C’est l’occasion de féliciter l’ensemble des acteurs du processus électoral pour leur sens de responsabilité. La CODEL félicite plus particulièrement les forces de défense et de sécurité pour la sécurisation de l’ensemble du processus électoral.
La CODEL se félicite, pour une première, d’avoir déployé 12 observateurs pour le vote des Burkinabè de l’étranger, plus spécifiquement en République de Côte d’Ivoire. Selon nos observateurs, le vote s’est déroulé sans incidents avec un taux de participation appréciable, même s’il faut regretter le faible taux d’enrôlement », a-t-elle indiqué.
Elle a malheureusement observé la persistance de plusieurs dysfonctionnements dans l’organisation matérielle des élections. Elle déplore également les violations de la loi électorale, notamment sur la corruption électorale, les violences verbales, les affichages anarchiques, etc.
La CODEL appelle l’ensemble des acteurs en compétition à suivre les voies de recours légales en cas de contestation des résultats.
En ce qui concerne les réserves émises par l’opposition politique, la CODEL dit qu’elle va aller vers les différents acteurs pour une approche de médiation.
Elle a également formulé des recommandations à l’endroit de la CENI, des partis politiques, des médias, etc.
Après avoir suspendu hier 23 novembre 2020 la publication des premiers résultats commune par commue de la présidentielle à cause du retrait de cinq commissaires, Newton Ahmed Barry, président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), a invité les hommes de médias cet après-midi du mardi 24 novembre, pour faire une déclaration sur la situation post-électorale au sein de sa structure. Jusqu’à 15h, les 5 commissaires n’étant toujours pas présents, les 10 autres ont décidé de poursuivre la proclamation des résultats car le quorum était atteint.
Hier 23 novembre à 9h, conformément à la lettre de convocation de la plénière du 22 novembre, les quinze commissaires se sont retrouvés pour commencer la validation et la proclamation des résultats de la présidentielle.
Selon Newton Ahmed Barry, avant le début des travaux, le constat était qu’à côté de la compilation manuelle et conformément à l’article 97 du Code électoral, certains Centres de compilation des résultats (CCR) n’avaient pas fait de compilation manuelle.
Alors, ils ont échangé et délibéré au sein de la commission pour voir si ce facteur pouvait empêcher le début des travaux.
« Nous avons dit que nous allions instruire tous les CCR qui ne l’avaient pas fait afin que dans la diligence ils nous fassent parvenir les compilations manuelles. De façon unanime, nous avons commencé la délibération et la proclamation des premiers résultats des communes », a-t-il expliqué.
Mais vers 16h, alors qu’ils avaient fait deux à trois tours de proclamation des résultats, cinq des commissaires (ceux de l’opposition politique) sont revenus sur la question de la compilation manuelle des résultats.
« Ils ont dit que comme ils n’avaient pas une vue très précise sur le fait que cela a été fait dans la majorité des cas ou pas, il était préférable que nous suspendions la proclamation et que nous nous donnions toute la nuit pour instruire les CCR pour que dans la diligence les compilations manuelles nous parviennent jusqu’à 8h ce mardi pour nous permettre de rependre nos travaux », a précisé M. Barry.
Ce matin à 8h, les dix commissaires étaient présents. L’absence des cinq autres a pu être constatée. « Nous avons pris l’initiative de savoir pourquoi ils n’étaient pas au rendez-vous. Ils nous ont répondu que c’est parce qu’ils n’étaient pas sûrs que la compilation manuelle a pu être faite sur l’ensemble des CCR. Que pour s’en convaincre, c’était mieux de reporter l’heure de la reprise des travaux », a-t-il confié.
Après concertation, les 10 commissaires ont accepté le report pour 10h. A cette heure, les 5 autres n’étaient toujours pas présents.
« Une fois de plus nous sommes entrés en contact avec eux. La question leur avait été posée de savoir éventuellement si le fait de ne pas venir constituait une suspension de leur participation aux travaux de délibération et de proclamation des résultats. Ils nous ont tous assurés qu’il n’en était pas ainsi et que si on se donnait suffisamment de temps on pouvait avoir toutes les compilations manuelles et commencer. Nous avons dit que dans ce cas nous allons proroger les délais de reprise et nous donner comme deadline 14h de ce jour », a poursuivi le président de la CENI.
A 15h, les 5 commissaires n’étaient toujours pas revenus. « Les 10 commissaires ici présents, en application du règlement intérieur de la CENI sur la question du quorum, ont décidé de la reprise de l’examen de la validation et de la publication des résultats », a indiqué Newton Ahmed Barry.
Selon lui, la CENI est tenue par les délais et c’est sa responsabilité de proclamer les résultats provisoires.
« Il appartiendra au Conseil constitutionnel d’en décider en dernier ressort », a conclu Newton Ahmed Barry.
En rappel, hier lundi dans la soirée, 6 candidats de l’opposition politique ont prévenu qu’ils n’accepteraient pas des résultats entachés d’irrégularités.
On a constaté depuis hier, lundi 23 novembre, l’arrêt de la publication des résultats du double scrutin du 22 novembre par la Commission électorale nationale indépendante (CENI). Pourtant, de nombreux Burkinabè étaient impatients d’avoir les résultats finaux de cette élection couplée. Radars Info Burkina a promené son micro dans la ville de Ouagadougou pour recueillir les impressions des citoyens sur cette situation. Lisez plutôt.
Les avis au sein de la population sont partagés. Si pour certains citoyens burkinabè il n’y a pas lieu de contester les résultats des votes, pour d’autres par contre il faut les revoir sans pour autant annuler les élections. Mais il y a aussi ceux qui pensent que les différents partis doivent trouver un consensus pour éviter que la situation dégénère.
Jean Camille Ziba dit avoir appris depuis hier dans l’après-midi la suspension de la proclamation des premiers résultats du double scrutin en raison de la fraude dénoncée par l’opposition politique. « Je pense que cet arrêt relève d’une grande sagesse pour ne pas créer plus de polémique et de tension entre les gens. Mieux vaut arrêter, trouver un terrain d’entente pour que tout le monde soit au même niveau de compréhension et qu’il y ait la transparence », déclare-t-il. Et d’ajouter qu’il pense que ce temps mort permettra de calmer la population. Il pense également que l’opposition est dans son rôle quand elle dénonce cette situation. Elle doit porter plainte en cas de fraude et se concerter.
« Nous ne sommes pas sans savoir qu’ils ont également injecté de l’argent dans leur campagne comme tout autre parti et que le Code électoral sanctionne la fraude », lance M. Ziba.
Augustin Zongo abonde dans le même sens, lui qui déclare : « Je pense que la CENI veut aller dans le sens de l’apaisement, au moins écouter les opposants avant de se prononcer sur la suite du processus. » A son avis, cette suspension est une bonne chose et la réaction de l’opposition est normale parce qu’elle a eu ses représentants dans les bureaux de vote. « Il se peut que les opposants aient d’autres informations sur lesdites fraudes, mais la manière de se plaindre n’est pas bonne », affirme M. Zongo, qui ajoute que l’opposition burkinabè est composée d’hommes qui devraient suivre les voies légales de recours en cas de suspicions de fraude électorale.
Selon Cédric Bazié, il n’y a pas eu de magouilles à ces élections. « Si le MPP a gagné, l’opposition doit l’accepter et ceux qui ont perdu devront s’armer de patience et de courage et attendre les prochaines échéances électorales». Pour lui, les membres de l’opposition ne sont que de mauvais perdants.
Pour le Dr Inoussa Zongo, « il faut proclamer les résultats tels que nous les avons actuellement ; il faut aller jusqu’au bout. C’est vrai que l’opposition les conteste au motif qu’il y a eu fraude,mais où sont les preuves de cette présumée fraude ? On entend parler d’irrégularités. Une irrégularité n’est pas forcément une fraude, mais peut être due à une mauvaise organisation du scrutin, donc aujourd’hui tout le monde devrait accepter les résultats de ces élections. »
Si la plupart des citoyens prônent l’entente et la paix, d’autres personnes, à l’exemple d’un commerçant de la place, affirment être prêtes à descendre dans la rue s’il le faut.
Un autre a abondé dans ce sens, lequel a déclaré : « J’adhère à cette contestation des résultats car pour moi, s’il y a eu des irrégularités il faut les dénoncer. »
Arnold Junior Sawadogo et Farida Elise Sawadogo (stagiaires)
Au lendemain de la tenue des élections couplées, pendant que la Commission électorale nationale indépendante (CENI) publiait les premiers résultats de la présidentielle commune par commune, les candidats signataires de l’accord politique de l’opposition se sont réunis au siège du CFOP. Objectif : Fustiger la « mauvaise organisation des élections » par la CENI. Ils ont, dans la foulée, prévenu qu’ils « n’accepteront pas des résultats entachés d’irrégularités et qui ne reflètent pas la volonté du peuple burkinabé ».
Ce sont les candidats à la présidentielle Zéphirin Diabré, chef de file de l’opposition, Eddie Komboïgo, Me Gilbert Noël Ouédraogo, Tahirou Barry, Ablassé Ouédraogo et Kadré Désiré Ouédraogo qui ont convié les hommes de médias pour livrer leur déclaration commune en lien avec les élections du dimanche 22 novembre 2020.
Ils ont d’abord exprimé leur consternation quant à la manière dont les élections ont été organisées.
« Contrairement aux dispositions du Code électoral qui prévoient une compilation manuelle des résultats au niveau des Centres communaux de compilation (CCCR), la CENI a procédé à l’annonce de résultats largement favorables à la majorité sortante sans avoir procédé à cette compilation manuelle », ont-ils dénoncé.
Pour ces candidats, l’ensemble du processus a été fortement émaillé de fraudes. Comme autres irrégularités et insuffisances qu’ils ont relevées, on peut citer la modification, à la dernier minute et de manière informelle, du nombre et de la cartographie des bureaux de vote retenus pour les élections ; l’ouverture tardive et même la non-ouverture de plusieurs dizaines de bureaux sur l’ensemble du territoire national ; le fait que des électeurs détenteurs de cartes d’électeur ont été refoulés des bureaux de vote du fait de l’absence de leurs noms sur les listes imprimées ; le non-affichage des listes des électeurs devant les bureaux de vote comme cela est prescrit par les textes ; la non-prise en charge des représentants des partis politiques dans les bureaux de vote contrairement aux dispositions de la loi électorale.
« De ce qui précède, il est constant que la CENI n’a pas été à la hauteur de la mission de bonne organisation des élections qui est à sa charge, chose qui a été relevée expressément par plusieurs observateurs internationaux », ont regretté les candidats signataires de l’accord politique de l’opposition.
Ainsi, pour eux, cette « mauvaise organisation » des élections a deux conséquences majeures : d’abord, elle pénalise les candidats de l’opposition, le pouvoir ayant toujours la possibilité de se réorganiser par rapport à la situation ; ensuite, elle jette le discrédit sur les résultats des scrutins dont la CENI a commencé la proclamation. « En tout état de cause, les signataires de l’accord politique de l’opposition n’accepteront pas des résultats entachés d’irrégularités et qui ne reflètent pas la volonté du peuple burkinabé », ont-ils conclu.
A la fin de lecture de cette déclaration commune par Tahirou Barry, des militants des partis de ces candidats ont fait irruption dans la salle. Dans le brouhaha, ils ont clairement dit qu’ils étaient déterminés à « empêcher une victoire par la fraude ».
Au lendemain du scrutin du 22 novembre, l’heure est à l’attente des résultats des élections, marquée par une atmosphère plutôt morose au siège du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP).
En cette après-midi du lendemain du scrutin, c’est une ambiance plutôt morose qui prévaut au siège du CDP. En attendant les résultats des élections couplées du 22 novembre, c’est le calme et la sérénité au siège du parti de l’épi et de la daba, même si l’atmosphère y est assez morne. Si certains sont affalés du fait de la fatigue consécutive à la veillée électorale organisée au sein dudit siège, d'autres se lancent dans des débats sur le scrutin couplé. Et chacun y va de son commentaire.
Selon l'analyse des militants du CDP, ils ne sauraient concevoir les résultats du scrutin du 22 novembre sans un second tour. « Le second tour est confirmé », scandent-ils. Et ils se disent confiants en la victoire de leur parti.
Par ailleurs, ils polémiquent sur certaines tendances données par quelques médias de la place. « La télévision nationale a publié des résultats de Kaya et il ressort que sur 100 votants, le MPP a obtenu 109 voix ; il y a donc quelque chose qui ne va pas », s'exclament-ils, exigeant des explications de la part de la Commission électorale nationale indépendante (CENI).
Peu après la publication des premiers résultats par la CENI, qui donnent favori le candidat Roch Marc Christian Kaboré du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP), quelques protestations se font entendre. Mais pas pour longtemps, car le calme et la sérénité reviennent aussitôt après.
Tandis que le nombre de militants sur les lieux augmente avec de nouvelles arrivées, les festivités commencent. La musique, des pas de dance et de la boisson s'invitent au siège. «On célèbre notre victoire », peut-on entendre çà et là.
A l'heure où nous quittions les lieux, on notait l'absence des cadres dudit parti.
Le QG du Mouvement du peuple pour progrès (MPP) se prépare à fêter son « coup K.-O. Notre victoire est en téléchargement », affirment d’ores et déjà des militants du parti au pouvoir réunis à son siège national. A l’inverse, le siège national de l’Union pour le progrès et le changement (UPC) est désert.
Au lendemain des élections couplées du 22 novembre, le MPP a déjà dressé un grand podium pour accueillir le candidat dudit parti à la présidentielle dans la soirée. Pour Raoul Dabou, militant du parti du soleil-levant, leur victoire est « en téléchargement », car le parti a battu campagne avec beaucoup de sérieux et d’engagement. « Nous sommes satisfaits des premiers résultats proclamés. La victoire est assurée et notre candidat, Roch Marc Christian Kaboré, pourra continuer les chantiers de développement qu’il a entamés au cours de son premier quinquennat », a-t-il déclaré.
S’agissant de la fraude, il dit que les auteurs seront sanctionnés, qu’ils soient du parti au pouvoir ou de l’opposition. «Le MPP est un parti assez fort pour aller convaincre et mériter ses résultats plutôt que de passer par la petite porte. Je ne crois pas auxdites fraudes, certains candidats, par endroits, ont sûrement vu leurs faiblesses face au MPP, donc ils ont décidé de porter ces accusations. »
Au siège national du l’Union pour le progrès et le changement (UPC), les lieux étaient déserts ; aucune animation. A en croire un militant rencontré sur place, les membres dudit parti, qui dénoncent de multiples « irrégularités ayant entaché le double scrutin », étaient en route pour le CFOP et ont prévenu qu’ils n’accepteraient pas des résultats frauduleux.
Ce dimanche 22 novembre au matin, les candidats de certains partis politiques comme le MPP, l’UPC et le CDP sont allés remplir leur devoir de citoyens en votant. Focus sur ce double scrutin.
Le président sortant a voté dans la matinée de ce dimanche 22 novembre 2020 à Ouagadougou, à l’école primaire B de la Patte-d’oie. Après avoir voté, Roch Marc Christian Kaboré a souligné qu’il est important que chaque Burkinabè aille voter pour choisir celui qui guidera le pays demain. « C’est tout ce qu’on demande », a-t-il dit. Il avait à ses côtés le maire de Ouagadougou, Armand Béouindé, et le ministre de la Défense, Chériff Sy.
Au sujet des accusations de fraude électorale portées par de l’opposition politique contre le parti au pouvoir, Roche Marc Christian Kaboré a indiqué qu’il ne va pas réagir parce que l’heure est au vote et non aux polémiques.
« J’aurai l’occasion, en temps opportun, de revenir sur ces questions », a indiqué le candidat Kaboré.
Le candidat de l’Union pour le progrès et le changement (UPC), Zéphirin Diabré, lui, a voté à l’école franco-arabe sise à la zone du bois vers 10 h. « C’est un grand jour pour notre démocratie et j’invite l’ensemble de la population à sortir massivement afin d’exprimer son choix et sa volonté à travers les urnes », a déclaré Zéphirin Diabré. Après avoir accompli son devoir citoyen, le Chef de file de l’opposition politique (CFOP) est revenu sur les points clés de la conférence de presse tenue la veille au siège de ladite institution et au cours de laquelle ont été pointées certaines irrégularités, notamment les achats de conscience et la fermeture de certains bureaux de vote aux dernières heures du double scrutin.
« Je suis un homme de paix, mais je ne suis pas l’idiot du village, encore moins le dindon de la farce », a clamé le candidat au scrutin couplé du 22 novembre. Il félicitera le vainqueur si les résultats sont sincères, sinon il n’acceptera pas une mascarade électorale, a prévenu le candidat du parti dont l’emblème est un lion.
Quelques minutes après Zéphirin Diabré, le candidat du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), Eddie Komboïgo, accompagné de son épouse, a voté vers 11 h à Ouagadougou à l’école Bogodogo 1, sise à la Zone du bois. Après son vote, il a invité ses compatriotes à remplir leur devoir civique comme lui.
« Nous sommes convaincu que nous allons gagner ces élections parce que le peuple a eu le temps de faire la comparaison entre la gestion du CDP d’avant et la gouvernance actuelle, très négative. Et comme je l’ai promis, si le CDP remporte la présidentielle, nous travaillerons afin que la paix revienne au Burkina, non pas par les armes mais par l’intelligence et la voie diplomatique», a précisé M. Komboïgo.
Le président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), Newton Ahmed Barry, a convié les hommes de médias dimanche dans l’après-midi pour leur faire le point du déroulement des opérations de vote.
Selon lui, dans l’ensemble, les bureaux de vote ont ouvert ce matin à 6h dans leur grande majorité et les choses se déroulent plutôt bien.
«Même dans les régions du Sahel et de l’Est où nous avions des inquiétudes, la situation de vote est plutôt satisfaisante. Dans la province du Gourma, 365 bureaux ont ouvert sur les 510. Dans la Gnagna, il y a 436 bureaux de vote qui ont ouvert sur les 528. Par contre dans le Sahel, en temps normal la commune de Djibo a 83 bureaux de vote. On n’a pu ouvrir cette fois qu’à l’intérieur de la ville 38 bureaux de vote.
A Arbinda en temps normal, on a 100 bureaux de vote ; nous avons pu en ouvrir 25», a informé le président de la CENI.
Des difficultés en rapport avec les cartes d’électeur et de certains électeurs qui ne retrouvent pas leur bureau de vote ont aussi été relevées.
«S’agissant des cartes d’électeur, la raison souvent est que beaucoup se sont ré-enrôlés et ils n’ont pas pris le temps de changer de carte d’électeur.
S’ils mélangent les cartes et viennent avec l’ancienne carte pour voter, forcément ils ne se retrouveront pas dans le bureau de vote ancien parce que ce n’est plus le même numéro. Il y a également certaines situations dues à la fusion des bureaux de vote », a expliqué Newton Ahmed Barry.
Selon lui, la solution en pareille circonstance, c’est d’aller sur la plateforme de la CENI en faisant usage de la formule SMS en tapant 3169, d’introduire le message « ceni » en lettres minuscules puis espace suivi de son numéro de carte d’électeur. « Aussitôt, on vous envoie par SMS les données nouvelles de votre situation d’électeur », a-t-il conclu.