mardi 21 janvier 2025

mceni uneLe Chef de file de l’opposition politique (CFOP), dans une correspondance adressée au ministre d’Etat, de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, s’oppose à la candidature d’un commissaire de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) à la présidence de ladite institution pour le compte des Organisations de la société civile (OSC). Raison invoquée : celui-ci appartiendrait à un parti politique. A la suite de cette correspondance, le ministre d’Etat en charge de l’Administration territoriale, Clément P. Sawadogo, a donné sa lecture, ce mardi 13 juillet 2021, de ce Nième point de désaccord entre majorité et opposition.

Le ministre a réagi aux différentes oppositions manifestées contre la candidature du chef traditionnel Sao Naaba, représentant des OSC, pour la tête de la CENI. Selon Clément P. Sawadogo, son département ne dispose pas des éléments juridiques pour surseoir à la candidature d’un membre à la présidence de la CENI. « Le département dont j’ai la charge n’a pas les éléments matériels et juridiques pour engager une procédure de récusation de la candidature de Bonaventure Dimsongdo Ouédraogo ‘’Sao Naaba’’ pour siéger à la CENI », a-t-il déclaré. mceni 2Selon le ministre Clément Sawadogo, il y aura une délibération sur la question de l’appartenance politique. De même, il rappelle les dispositions établies par la loi burkinabè dans le Code électoral. « La loi ne prévoit pas une validation de la désignation de chaque représentant par les autres composantes. Elle dit que chaque composante désigne son représentant », précise-t-il. Et d'ajouter : «  Nous (Ndlr :  le ministère de l’Administration) sommes chargés de recueillir les désignations, de faire un rapport au Conseil des ministres pour leur nomination », explique M. Sawadogo.

Un autre mouvement, le Réseau des mouvements du Burkina, dans la même veine, a aussi demandé la récusation de Tasséré Sawadogo, militant de l'Alliance démocratique et la fédération/Rassemblement démocratique africain (ADF/RDA), nommé au compte du CFOP, pour « son activisme politique débordant sur les réseau sociaux ». mceni 3A ce sujet, le ministre Sawadogo a répondu ceci : « La loi ne dit pas qu'il est interdit à un commissaire à la CENI de continuer à être membre de son parti ».

En rappel, la CENI est composée de représentants de tous bords de la société burkinabè ainsi qu’il suit : 5 représentants des partis de la majorité au pouvoir, 5 membres de l’opposition politique, 5 représentants des OSC à raison de 3 représentants des communautés religieuses, 1 représentant de la chefferie coutumière et 1 représentant des associations de défense des droits humains.

Initialement prévue le 12 juillet dernier, l'élection du président de cette institution chargée de l'organisation des élections a été repoussée au jeudi 15 juillet prochain pour donner du temps aux acteurs et permettre de peaufiner le processus.

C’est le décret 2021-0715 du 12 juillet 2021 qui nomme les membres de la commission de la CENI en vue du renouvellement de cette institution. Les nouveaux membres prendront officiellement fonction le 1er août 2021.

Sié Mathias Kam (stagiaire)

Dr Karim Sango imgEntamé le jeudi 17 juin 2021, le dialogue politique entre acteurs politiques burkinabè avait pour objectif, entre autres, de proposer des solutions au terrorisme qui hante le Burkina depuis maintenant 6 ans. Pour Abdoul Karim Sango, président du Parti de la renaissance nationale (PAREN), la sécurité est un sujet tellement sérieux qu'elle ne saurait être abordée exclusivement dans un environnement de « politique politicienne ».

 De l'avis d’Abdoul Karim Sango, « Le cadre du dialogue politique n'est même pas approprié pour traiter de la question sécuritaire nationale, parce que  c'est un sujet tellement sérieux qu'il ne saurait être abordé exclusivement dans un environnement de politique politicienne ».  Et de marteler : « Exiger la démission de X ou Y n'est pas l'idéal. L'opposition, en  faisant cela, fait ce que j'appelle de la politique politicienne. »

« Pour résoudre la question sécuritaire au Burkina Faso, des solutions existent », s'est empressé d’ajouter notre interlocuteur. « L’essentiel, c’est de les opérationnaliser », a-t-il souligné. Le président du PAREN propose, à cet effet, ses solutions pour venir à bout de l'hydre terroriste. Dans un premier temps, M. Sango suggère que les Burkinabè resserrent  les liens qui les unissent.  « Il faut renforcer chez les Burkinabè le sentiment que ce pays appartient à tout le monde. Il faut que celui qui est à Gorom-Gorom, par exemple, sente la présence d'un État qui peut lui garantir un minimum de droits en matière d’éducation, de santé, d’eau potable, d’infrastructures routières et  d'emploi, car toutes ces zones délaissées ont finalement fait le nid du djihadisme et du terrorisme avec certainement la complicité des populations qui sont grillées des deux côtés », a-t-il dit. Et de poursuivre : « Il faut un plan Marshall d'investissement réel transparent dans ces zones. » Ensuite, le premier responsable du PAREN propose au gouvernement d'investir dans l'armée afin de permettre aux soldats qui sont sur le terrain de riposter efficacement en cas d'attaque. Voici sa 3e proposition de solution contre l'insécurité : il faut une bonne coordination sur le plan hiérarchique. Il faut revenir à cette règle de base de l'armée qu'est la discipline. Enfin, l'ancien ministre de la Culture Sango pense que le renseignement est déjà un atout pour réussir sur le terrain. « Tous les éléments dont je dispose me confortent que le dispositif de renseignement burkinabè fonctionne parfaitement. Par exemple, concernant ce qui s'est passé à Solhan, selon les informations que j'ai lues dans la presse et que j'ai entendues de part et d’autre, on savait ce qui s'y préparait. Je crois qu'on a les moyens. Le véritable problème, c'est l'organisation que nous mettons en place », a-t-il conclu.

Bessy François Séni.

 

Constitution du 2 juin« La Constitution du 2 juin 1991 face aux crises sociopolitiques de 1991 à 2020 », c'est le thème sur lequel a exposé à Ouagadougou le Dr Luc Marius Ibriga à l'occasion des 30 ans de la Constitution burkinabè du 2 juin 1991, célébrés par la Société burkinabè de droit constitutionnel (SBDC) le samedi 19 juin 2021 au cours d’un panel. Selon le Dr Ibriga, la Constitution de 1991 n'est pas sans mécanismes de résolution de crises sociopolitiques. Malheureusement, tous sont demeurés inefficaces à les juguler.

 « Les conflits et les crises sont inévitables dans toutes les sociétés. Mieux, ils peuvent constituer un moteur du changement social. Mais pour éviter qu'ils ébranlent la cohésion sociale et emportent la société, des mécanismes de régulation sociale sont institués : les uns pour anticiper ces crises ou conflits, les autres pour les juguler et en tirer profit. En démocratie, le système de régulation des conflits repose, entre autres, sur les libertés fondamentales telles que les libertés d'expression, d'opinion, d'information, la recherche du dialogue, de la négociation et du compromis ». C’est en ces termes que le Dr Luc Marius Ibriga a débuté son intervention. Il a cité à titre illustratif les grandes crises sociopolitiques qui  ébranlent le Burkina Faso depuis 1998. Il s'agit, selon lui, des manifestations consécutives au drame de Sapouy (13 décembre 1998 ), des émeutes de 2003 consécutives à l'incendie du marché central Rood-woko, de la révolte contre le port du casque en 2006, des affrontement entre policiers et militaires en décembre 2006, du saccage des bars ‘’Kundé" en 2007, des émeutes contre la vie chère de 2008, des mutineries de 2011, de la crise née de l'instauration du Sénat en 2012, de la révision de l'article 37 de la loi fondamentale burkinabè, de l'insurrection populaire de 2014 et du contexte sécuritaire consécutif à l'expansion du terrorisme en 2019-2020.

Comment la Constitution du 2 juin 1991 a permis de résoudre ces crises à répétition ? À cette interrogation,  le Dr Ibriga répond que « bien que la Constitution ait prévu des mécanismes de sortie de crise, ces deniers se sont révélés inefficaces tant dans la prévention que dans la résolution des crises sociopolitiques ». Ce fut le cas avec le drame de Sapouy, dont la résolution de la crise s'est faite par l'entremise d'un collège de Sages, la mise sous éteignoir de la Constitution par la charte de la Transition suite à l'insurrection populaire et avec l'intervention du Mogho Naaba lors du putsch de septembre 2015. Cette incapacité de la Constitution du 2 juin 1991 à juguler les crises est, selon Luc Marius Ibriga, liée aux conséquences d'une transition par le haut, parce que contenant un processus insuffisamment inclusif ou consensuel, l'orientation présidentialiste qui fait que le débat constitutionnel tourne presque toujours autour du sort du chef de l'État. Cette incapacité est aussi liée à son faible ancrage, parce que la Constitution n'est pas que l'agencement de relations entre les instances de pouvoir ; elle n'est pas qu'une «mécanique » du pouvoir, elle demeure aussi un « ordre de valeur ».

Le Dr Luc Marius Ibriga a conclu son intervention en ces termes :  « Le grand mérite de la démocratie est d'avoir mis au premier plan de la vie collective le sort du plus grand nombre. C'est pourquoi il importe de se souvenir, dans l'écriture de la Constitution, que les citoyen(ne) s attendent de leurs gouvernants : plus d'équité dans la redistribution des richesses, plus de transparence dans la gestion des affaires publiques, ainsi que plus d'éthique dans les comportements sociaux et politiques, plus de participation à la définition, à la mise en œuvre et à l'évaluation des politiques publiques ».

Bessy François Séni

 

Massacres a SolhanCe jour 15 juin 2021, l’Association des ressortissants du Yagha (ARY) a tenu à Ouagadougou une conférence de presse sur « la situation sécuritaire et humanitaire de la province du Yagha au lendemain du drame de Solhan ». C’était en présence du maire de la commune de Sebba et du 1er adjoint de l'édile de Solhan.

Cette rencontre a été l’occasion pour l’ARY non seulement de revenir sur la tragédie survenue dans la nuit du 4 au 5 juin à Solhan, mais surtout de présenter aux hommes de médias les actions qu'elle mène pour venir en aide aux déplacés internes.

La situation sécuritaire et humanitaire dans la province du Yagha, en particulier dans la commune de Solhan, inquiète plus d'un. Elle s'est dégradée depuis l'attaque terroriste, dans la nuit du 4 au 5 juin 2021, qui a coûté la vie à 132 civils, selon le bilan officiel du gouvernement. L’ARY est montée au créneau pour condamner cet acte barbare et elle a sollicité une aide d'urgence pour les personnes déplacées de ladite province. Pour le président de cette association, Amadou Diallo, les besoins de ces personnes sont énormes et il y a urgence à agir. « Pour ces habitants, il est question de subsistance : manger, se soigner, dormir et retrouver leur terres », souligne-t-il. Toujours selon Amadou Diallo, il nous faut faire preuve d’unité et de solidarité afin de surmonter cette épreuve. Ce sont plus de 7 644 personnes qui ont afflué à Sebba après l’attaque de Solhan, a-t-il fait remarquer. « L’association a procédé à Sebba à la remise de dons en nature (riz, huile, sucre, savon) d’une valeur de 1 300 000 francs CFA au comité provincial d’urgence au profit d’une soixantaine de déplacés internes », précise le président de l’ARY. A cela s’ajoutent des visites aux blessés évacués dans les centres hospitaliers de Ouagadougou. 8 y sont d’ailleurs toujours internés.

Revenant sur le carnage du 4 juin, le 1er adjoint au maire de Solhan, Issoufou Sow, a affirmé que les terroristes sont revenus dans la nuit du samedi 5 au dimanche 6 juin 2021, soit le lendemain du massacre. Il a précisé que cette fois, ils ont saccagé des boutiques, brûlé des structures administratives, notamment le CSPS, et massacré des animaux.

Amadou Diallo, pour sa part, salue les efforts du gouvernement et l’engagement des FDS et des VDP, ainsi que les actions de générosité des organisations humanitaires et des bonnes volontés, parmi lesquelles l’équipe nationale de football des Etalons. Son souhait le plus ardent est que soient déployées des forces de l’ordre dans toutes les 6 communes que compte le Yagha, à savoir Sebba, Mansila, Tankougounadié, Titabé, Boundoré et Solhan.

En rappel, l’Association des ressortissants du Yagha (ARY) a été créée le 20 avril 2014 pour susciter, promouvoir un esprit de solidarité et d’entraide entre les ressortissants du Yagha et participer au développement de cette province.

Pour le soutien et la solidarité, l’ARY a créé deux comptes mobile money pour recevoir les dons en nature et en espèces. Ce sont :

- Orange money : 06 81 20 82

- Moov money : 01 34 11 11.

Un compte RCPB (caisse populaire) a en outre été ouvert pour les dons en espèces. C'est le 3301B131053.

Sié Mathias Kam (Stagiaire)

Reconciliation nationaleLe ministre d’Etat chargé de la Réconciliation nationale et de la Cohésion sociale, Zéphirin Diabré, a tenu un point de presse à Ouagadougou ce 1er juin 2021. Au cours de ce face-à-face avec les journalistes, il a procédé à une présentation générale des éléments de la feuille de route dont fait partie le Conseil national d’orientation et de suivi (CNOS) pour la réconciliation nationale. Cette conférence de presse a été l’occasion pour le ministre Diabré de se prononcer sur sa récente visite à Abidjan.

Début mai 2021, le ministre d’État auprès de la présidence du Faso, chargé de la Réconciliation nationale et de la Cohésion sociale, Zéphirin Diabré, a rencontré à Abidjan l’ancien président burkinabè Blaise Compaoré. Ce tête-à-tête entre Diabré et Compaoré avait, on se rappelle, défrayé la chronique au pays des hommes intègres.

« L’objectif de cette visite était d’adresser un message du président Roch Kaboré à son homologue ivoirien, Alassane Ouattara, sur la réconciliation nationale », a précisé le ministre d’Etat. A l’en croire, initialement il n’était nullement question d’une visite à l’ex-président Blaise Compaoré. « C’est le président ivoirien qui a estimé qu’au regard du sujet abordé, il était important que le message soit directement porté à l’intéressé (ndlr Blaise Compaoré) », a-t-il affirmé. Et d’ajouter que c’est à ce titre qu’une rencontre entre lui et Blaise Compaoré a été arrangée par la partie ivoirienne. Zéphirin Diabré, dans la même veine, invite d’ailleurs tous les exilés politiques ou tous ceux qui se considèrent comme exilés à rentrer au Burkina. « Celui qui n’a pas de dossier en justice pourra vaquer librement à ses occupations. Le gouvernement se propose de veiller à sa sécurité au cas où celle-ci serait menacée », a assuré le ministre qui s’est empressé de préciser : « L’exilé qui rentre au pays et qui a un dossier en justice devra au préalable y faire face et il n’est pas question pour le gouvernement d’interférer dans les dossiers de justice. »

Cette conférence a été également l’occasion pour le ministre d’Etat chargé de la Réconciliation nationale de donner des éclaircissements sur le décret adopté en Conseil des ministres le lundi 24 mai dernier, lequel crée un Conseil national d'orientation et de suivi (CNOS) pour la réconciliation nationale et la cohésion sociale. Ce Conseil, faut-il le rappeler, sera sous la présidence du Premier ministre, Christophe Joseph Marie Dabiré, et sera composé d’une centaine de membres. « Tous les présidents d’institution et les anciens chefs d’Etat feront partie du CNOS ; ces personnalités sont au-dessus de moi, donc c’est logique que, outre le chef de l’Etat, ce soit le Premier ministre qui le préside », a expliqué M. Diabré.

Le CNOS est un organe consultatif qui aura pour missions de superviser la démarche et de donner les orientations jugées nécessaires en matière de réconciliation nationale et de cohésion sociale. S’agissant de ses attributions, cette structure est chargée : de donner son avis sur les différents aspects des politiques menées en matière de réconciliation nationale et de cohésion sociale ; d’étudier et de faire des propositions sur les politiques, stratégies et dossiers relatifs à la réconciliation nationale et à la cohésion sociale qui lui sont soumis par le gouvernement, notamment la stratégie de cohésion sociale, la stratégie nationale de lutte contre l’extrémisme violent, la stratégie de réconciliation nationale ainsi que le pacte de vivre- ensemble, et enfin de contribuer à l’organisation du Forum national de la réconciliation.

Le CNOS se réunira chaque fois en cas de besoin sur convocation de son président et intégrera toutes les couches de la société. « Le CNOS est la traduction de la volonté du gouvernement de faire en sorte que le processus de réconciliation soit vraiment participatif », a précisé, en guise de conclusion, Zéphirin Diabré.

Sié Mathias Kam (stagiaire)

 

sanka uneL’ambassade de France au Burkina Faso a procédé ce samedi 17 avril 2021 à la remise du troisième et dernier lot d’archives demandé par le juge d’instruction du tribunal militaire de Ouagadougou. C’est des mains de l’ambassadeur Luc Hallade que Maxime Koné, ministre délégué aux Affaires étrangères, représentant le gouvernement burkinabè, a reçu la pile de documents devant permettre au juge burkinabè de continuer son travail d’instruction dans l’affaire Sankara.

« Le président français Emmanuel Macron l’avait annoncé en novembre 2017 lors de sa première visite officielle sur le continent africain à Ouagadougou ». C’est par ces mots que le diplomate français a introduit son discours lors de la remise de ce troisième lot d’archives à propos du dossier Sankara. Selon Luc Hallade, le président français a pris la décision que tous les documents produits par les administrations françaises pendant le régime de Sankara et après son assassinat, couverts par le secret national, soient déclassifiés et consultés en réponse aux demandes de la justice burkinabè.

C’est pourquoi, continue-t-il, les services d’État français ont fait diligence pour que les archives françaises demandées dans le cadre de la commission rogatoire internationale ouverte par M. François Yaméogo, juge d’instruction au tribunal militaire de Ouagadougou, soient, quand cela le nécessitait, déclassifiées et mises à la disposition de la justice.

sanka 2« En effet, toutes les demandes de transmission d’archives sur l’assassinat de Thomas Sankara ont été étudiées favorablement. Et elles ont toutes été transmises en toute transparence selon les termes de la partie burkinabè, c’est-à-dire dans le cadre d’une coopération entre les deux pays qui ont signé des accords d’entraide judiciaire », s’est-il réjoui.

Les deux premiers lots ont été transmis aux autorités burkinabè en octobre et décembre 2018. Le diplomate français a précisé qu’il s’agissait de productions issues à la fois des administrations centrales et des postes (pour l’essentiel Ouagadougou, Abidjan, Lomé, Dakar et Alger). Ces documents, à l’en croire, ne comportent pas uniquement des notes diplomatiques, mais aussi et surtout des notes d’analyse, des notes de renseignements ou encore des documents locaux.

 En ce qui concerne le troisième lot de documents remis ce jour, il s’agit des archives du ministère de l’Intérieur en lien avec le contexte de l’assassinat de Thomas Sankara. Certaines étaient détenues par les Archives nationales et d’autres par la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI). 8 documents déclassifiés de la Direction générale de la police nationale proviennent des Archives nationales. Ce sont les archives du Service de coopération technique internationale de police (SCTIP), du Service de coopération policière présent au Burkina Faso eu sein de l’ambassade de France, aujourd’hui Direction centrale de la coopération internationale (DCI). Les autres documents étaient détenus par la DGSI.

« Ces archives sont arrivées à l’ambassade sous plis scellés », a précisé Luc Hallade avant d’ajouter que la qualité de la justice burkinabè est telle que les éléments contenus dans ces dossiers d’archives françaises et portés au dossier d’instruction par le juge burkinabè ne doivent pas nous faire oublier que cette même justice a des moyens d’investigations propres. 

« Le dossier de l’instruction judiciaire qui a amené cette semaine la chambre du tribunal militaire à rendre mardi 13 avril son verdict dans son délibéré contient certainement bien plus d’éléments que les seules archives françaises, sur lesquelles l’opinion se focalise », a conclu le diplomate français.

Bessy François Séni

poli uneLe 13 avril dernier, Blaise Compaoré a été mis en accusation par le tribunal militaire pour attentat à la sûreté de l’État, complicité d’assassinat et recel de cadavre dans le dossier Thomas Sankara. Parlant de cette affaire justement, demain samedi 17 avril 2021, l’ambassade de France au Burkina procédera à la remise du dernier et troisième lot d’archives demandé par le juge d’instruction du tribunal militaire de Ouagadougou. Radar Info Burkina vous propose les avis et impressions du citoyen lambda sur le sujet.

Voilà plus de 34 ans que les familles des victimes du 15 octobre 1987 attendent que justice soit faite, que les restes de leurs parents leur soient restitués afin qu’elles puissent organiser leur inhumation et enfin faire leur deuil. L’attente n’a que trop duré, s’indignent-elles.

Selon Narcisse Gansonré, étudiant en année de licence au département d’histoire et archéologie de l’université Joseph Ki-Zerbo, la France a des intérêts au Burkina qu’elle veut éviter de mettre en péril, donc cette restitution n’est en réalité qu’un dédommagement. « La France n’a pas intérêt à ce que l’affaire Thomas Sankara soit mise au jour, car cela susciterait la révolte de certains peuples victimes de l’assassinat de leur président par la complicité de l’ancienne métropole », argumente-t-il.

poli 2On se rappelle qu’en novembre 2017, le président français, Emmanuel Macron, alors en visite officielle à Ouagadougou, avait promis la restitution des documents administratifs pendant le régime de Sankara et après son assassinat couverts par le « secret national », mais la lenteur que prend ladite restitution laisse à penser que tout n’a pas été fait du côté de l’Hexagone pour que soit élucidé cet assassinat. Les archives constituent donc un enjeu important pour faire la lumière sur l’affaire Thomas Sankara.

Toujours  selon Narcisse Gansonré,  il importe que ces archives soient au préalable authentifiées pour qu’on ait la preuve qu’elles sont vraies et bonnes.

De l’avis d’Adama Badini, également étudiant en histoire, « la France est complice et on ne peut pas compter sur nos bourreaux d’hier pour faire notre justice ».

Quoi qu’il en soit, le moins qu’on puisse dire, c’est que la mise en accusation de l’ancien président Blaise Compaoré et la restitution des archives susmentionnées par l’ancienne métropole constituent une avancée significative dans cette affaire historique.

« Espérons que la justice fera bon usage de ces archives pour qu’on sache enfin qui a fait quoi et pour quelle raison », souhaite, quant à elle, Zoénabo Ouédraogo du département d’études anglophones de l’université Joseph Ki-Zerbo de Ouaga.

Sié Mathias Kam (stagiaire)

bcbaA l’occasion du bilan mensuel de la situation de la maladie à coronavirus au Burkina Faso, le Dr Brice Bicaba,  directeur du Centre des opérations de  réponse aux urgences sanitaires (CORUS), était face aux hommes de médias le vendredi 26 mars 2021 au Service d’information du gouvernement (SIG).

Au cours de ce point de presse, le Dr Brice Bicaba, directeur du CORUS et par ailleurs coordonnateur du comité sectoriel Santé, a annoncé « la préparation du pays pour la réception de doses de vaccin grâce à l’initiative COVAX ». Après un bref rappel sur l’évolution de la pandémie de COVID-19 dans la sous-région ouest-africaine et dans le reste du monde, le médecin épidémiologiste a précisé que des efforts sont faits et se poursuivent pour que le Burkina soit techniquement prêt le moment venu pour la réception desdites doses. Il a ajouté qu’une enquête était en cours auprès de la population sur l’acceptation du vaccin.

Le Dr Bicaba, pour terminer, a invité les populations à plus de prudence, à la vigilance et au respect des mesures barrières.

Sié Matthias Kam (stagiaire)

ferro uneLe ministre des Transports, de la Mobilité urbaine et de la Sécurité routière, Vincent Dabilgou, a conjointement animé avec son collègue ghanéen John Peter Amewu une conférence de presse sur l’état d’avancement du projet d’interconnexion ferroviaire et les perspectives entre les deux pays. C'était ce 25 mars 2021 à Ouagadougou.

Dans sa déclaration liminaire, le ministre Dabilgou a fait savoir que théoriquement, il existe une corrélation entre croissance économique et transport, puis entre croissance démographique et besoins de mobilité durable à l’intérieur des Etats et entre eux.  « Les transports jouent un rôle central dans le développement national et local équilibré en permettant d'accéder matériellement aux marchés, sans quoi aucun échange ne serait possible », a-t-il précisé

Selon le premier responsable du département en charge des Transports au Burkina, tout programme de développement est voué à l'échec si les biens produits ne peuvent être acheminés vers les marchés par manque d'infrastructures et de services de transport adéquats.

Le projet d’interconnexion ferroviaire entre les deux pays présente des avantages à plusieurs titres. ferro 2Il est plus compétitif que la route pour l’acheminement des produits pondéreux (céréales, engrais, ciment, hydrocarbures, fibres de coton) sur des distances relativement longues en raison de la  forte dégressivité des coûts en fonction de la distance à parcourir. Exploité dans des conditions normales, il permet d’évacuer rapidement des tonnages plus importants, notamment par la composition de trains blocs il présente une fiabilité sécuritaire pour les personnes et les biens et est moins polluant.

La construction d’une nouvelle ligne moderne entre le Port de Tema au Ghana et Ouagadougou au Burkina Faso, dira le ministre burkinabè, va favoriser le brassage des deux peuples déjà unis par des liens multiséculaires sur les plans historique et géographique.

Sous réserve des résultats des études techniques détaillées, la proposition de l’itinéraire en territoire burkinabè part de Ouagadougou, dessert Kombissiri, Manga, Béguédo, Garango, Tenkodogo, Bagré-Pôle, Zabré, Pô et se termine au lien frontalier Dakola-Paga, soit une distance totale d’environ 320 km.

ferro 3Quant au tracé en territoire ghanéen, il débute au Port de Tema, longe la partie est du pays et chemine vers le port fluvial d'Akosombo pour desservir Ho et Yendi au nord. La ligne rejoint ensuite Tamale pour emprunter la colonne vertébrale centrale et continuer jusqu'à Paga en passant par Walewale, Bolgatanga et Navrongo, soit une distance totale de 782 km. Il faut noter qu’environ 90 km entre le Port de Tema et Akosombo sont déjà en construction sur fonds propres du gouvernement ghanéen.

Quant aux caractéristiques techniques du projet, il sera entièrement exécuté dans le respect des règles de l’art et dans les standards internationaux comme suit : vitesse trains voyageurs 160 km/h et trains marchandises 120km/h et 55 gares dont 10 au Burkina Faso.

L’interconnexion ferroviaire permettra une demande de trafic passagers estimée entre deux et trois millions de passagers par an. Quant au fret, les prévisions de transport se chiffrent entre sept et dix-sept millions de tonne l’an. Par ailleurs, la réalisation de l’interconnexion ferroviaire entre le Burkina Faso et la République du Ghana, permettra d’atteindre les objectifs suivants : l’amélioration de la balance commerciale des deux pays à travers une facilitation des transports et l’optimisation des coûts d’exploitation des véhicules automobiles par le basculement des surcharges sur le chemin de fer ; la stabilisation des coûts de transport entraînant une réduction du prix des marchandises ; la création de plus de trente mille emplois directs et indirects pendant la phase de construction, l’amélioration des conditions économiques des zones traversées et la création d’activités génératrices de revenus dans les gares et tout le long du chemin de fer ; l’amélioration de l’écoulement des produits de la zone de Bagré-Pole sur le marché ; l’amélioration des exportations de minerais vers les ports ; l’amélioration de la sécurité et de la sûreté des transports terrestres ; la réduction de la pauvreté locale ; la préservation du réseau routier, sujet à des dégradations précoces résultant des surcharges.

Bessy François Séni

wendvenem uneAu Burkina Faso, le débat fait rage au sein de la population, qui est divisée sur le projet de réconciliation promis par le président Kaboré lors de la campagne électorale du scrutin couplé de novembre 2020. Réconcilier les Burkinabè et faire rentrer des exilés comme l’ancien président Blaise Compaoré et l’ancien Premier ministre de la Transition, Yacouba Isaac Zida, c’est ce à quoi ce processus est censé conduire. Des mouvements et partis politiques donnent de la voix en faveur de cette réconciliation. Parmi eux figure le parti de l’ex-président Blaise Compaoré, le CDP.

Selon le chef de file de l’opposition politique, la question de la réconciliation nationale est présentée sous des formes différentes qui laissent entrevoir une certaine inquiétude, voire de la peur. A son avis, la tendance qu’il est donné de constater au niveau de l’actuel pouvoir, c’est la discordance entre certaines déclarations et le vrai processus de réconciliation nationale. « Certaines figures de la majorité se demandent ce qu’elles deviendront si le CDP revient au pouvoir, ce que je n’arrive pas à comprendre. On a l’impression qu’on parle de réconciliation et qu’on a peur dans le même temps. Que l’on soit de l’opposition ou de la majorité, on n’a pas besoin de se regrouper dans un camp pour aller à une réconciliation. Il n’y a pas de raison d’avoir peur, à moins que les concernés craignent d’avoir posés des actes délictueux ou criminels », a déclaré Eddie Komboïgo à ce propos.

Selon les propos tenus par l’expert-comptable, dans la vision du dialogue politiques tenu avec le président Kaboré en 2020, il n’était pas question de la mise en place d’un ministère de la Réconciliation nationale. Le président du Congrès pour la démocratie et le progrès dit donc ne pas comprendre pourquoi tous les travaux effectués en amont avec l’ancien chef de file de l’opposition sont foulés aux pieds. « D’ores et déjà, on se demande pourquoi avoir nommé un ministre d’Etat chargé de la Réconciliation nationale. Ce n’était pas la vision du dialogue mené entre le président Kaboré et l’opposition. Il était convenu de laisser les Burkinabè, notamment les forces vives, s’organiser afin de désigner celui qui allait diriger ce ministère de la réconciliation », a-t-il indiqué.

wendvenem 3S’exprimant sur la question du retour de Blaise Compaoré au Burkina Faso, le président du CDP a affirmé que l’ex-président du Faso désire ardemment rentrer chez lui, se reposer et apporter son soutien dans la gouvernance politique du Burkina. « Parti suite aux événements des 30 et 31 octobre 2014, il souhaite rentrer chez lui. Les questions de réconciliation, de justice et de vérité seront mieux traitées s’il est présent. Mais si on dit qu’il ne rentre pas chez lui, comment mettre en application le triptyque Justice-Vérité-Réconciliation ?» s’est-il interrogé.

Le processus de réconciliation nationale et de cohésion sociale étant « un grand pari » dont la réussite requiert l’implication de tous, le chef de file de l’opposition politique souhaite que l’intérêt général soit mis en avant. 

Bruno Bayala  

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